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Chili : réconciliation en terres mapuches

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Un groupe de manifestants mapuches près de l'ancien Congrès national, à Santiago, au Chili, en 2021.

Photo Felipe Figueroa / Getty Images.


La restitution des terres aux communautés mapuches ne se limite plus à une mesure symbolique : le Chili s’engage désormais à leur garantir les moyens de les faire vivre et prospérer. Avec le plan proposé par la Commission pour la Paix et l’Entente, l’État cherche à réparer une dette historique tout en construisant les conditions d’une autonomie durable.


Le Chili tente une nouvelle fois de rouvrir le dialogue avec son peuple autochtone le plus nombreux. La Commission pour la Paix et l’Entente (Comisión para la Paz y el Entendimiento), créée en 2023 par le président Gabriel Boric, vient de remettre un rapport historique proposant un accompagnement agricole, social et économique destiné à assurer la viabilité des terres restituées aux Mapuche. Cette démarche vise à sortir enfin d’un conflit enraciné depuis plus d’un siècle dans la Macrozona Sur — un territoire marqué par les violences, la pauvreté et la militarisation permanente.


Fruit de 22 mois de travail et d’un accord transversal entre 19 partis politiques, la commission, composée de huit membres dont quatre Mapuche, a étudié la faisabilité d’un plan de restitution de 486.000 hectares, dont le coût est estimé à près de 4 milliards de dollars. Elle propose la création d’un nouveau système de gouvernance territoriale incluant une formation technique aux communautés bénéficiaires, afin d’éviter que les terres restituées restent improductives. L’objectif n’est plus seulement la réparation symbolique, mais la reconstruction d’une autonomie durable dans le respect des cultures et des économies locales.


Pour le gouvernement Boric, cette feuille de route est un premier pas vers la reconnaissance constitutionnelle des peuples autochtones et vers un modèle de cohabitation fondé sur la justice et le développement. « Restituer la terre, c’est bien plus qu’un geste politique : c’est rendre un souffle à notre mémoire, une continuité à nos enfants », déclare Millaray Cayul, de la communauté mapuche de Temucuicui (1). « Mais la réparation ne sera réelle que lorsque l’État comprendra que la terre n’est pas une propriété, c’est une relation vivante que nous devons honorer ensemble ». Mais dans un pays encore fracturé par le souvenir de la colonisation intérieure, le chemin de la paix demeure fragile.


La rédaction des humanités


(1). Le mouvement territorial de Temucuicui est l’un des foyers historiques et symboliques de la lutte mapuche pour la récupération des terres et l’autonomie dans le sud du Chili. Située dans la province d’Ercilla (région de l’Araucanie), la communauté de Temucuicui s’est constituée à la fin du XIXᵉ siècle après la « Pacification de l’Araucanie », lorsque l’État chilien a conquis et morcelé le territoire mapuche. Les familles locales, notamment les Queipul et Millanao, ont reçu de petites parcelles appelées títulos de merced, tandis que d’immenses domaines passaient aux mains de colons et d’entreprises forestières.

Depuis les années 1990, après la fin de la dictature, Temucuicui est redevenue un épicentre de la mobilisation foncière. Les habitants mènent des actions de récupération des terres par l’occupation de domaines privés considérés comme usurpés. Ce processus s’appuie autant sur une revendication de souveraineté territoriale que sur la défense d’un mode de vie communautaire mapuche fondé sur la relation spirituelle à la terre (Wallmapu). Le mouvement est structuré autour de la Communauté autonome de Temucuicui, qui se revendique indépendante des partis politiques et du gouvernement chilien. Ses dirigeants — notamment les familles Huenchullán et Cayul — incarnent une ligne militante d’autodétermination, souvent confrontée à la répression policière et judiciaire. Pour beaucoup de Mapuches, Temucuicui symbolise la résistance au modèle extractiviste chilien et la quête d’un équilibre entre justice, mémoire et autonomie.

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1 commentaire


D'avoir voyager au Chili et ,notamment dans les "zones de reconnaissance de la culture et du sol Mapuche", le pays n'offre que des paillettes. C'est un terrain pas assez grand grand pour une culture autre que vivrière, une maison à 4 murs et un toit bleu afin de les reconnaître et tout cela au milieu de nulle part, sans école, commerce ou autres facilités... un pacito...

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