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Et si l’école prenait l’air ?


Apprendre le français en forêt, les maths dans un parc ? Sortir des murs de l’école pour faire classe dehors : de plus en plus d’enseignant.e.s se lancent dans l’aventure. Dans le même temps, un mouvement naissant prône la végétalisation des cours d’école. L’école Brossolette, à Besançon, a déjà entrepris cette mue.


Faire l’école buissonnière. Cette expression date du XVIe siècle, lorsque plusieurs écoles clandestines furent créées dans les campagnes en opposition aux écoles des villes dirigées par le clergé. Et si l’école publique se mettait aujourd’hui à devenir buissonnière, sans pour autant être contrainte à la clandestinité ? L’association Faire école ensemble et d’autres associations ou fédérations (parmi lesquelles la FCPE, Agir pour l’environnement, Franca Nature Environnement, Profs en transition, la Ligue de l’enseignement, les CEMEA…) ont récemment publié un manifeste pour « soutenir les enseignant.e.s qui veulent faire classe dehors » (Lire ICI) : « Enseigner dehors permet de travailler les apprentissages fondamentaux, de lutter contre le décrochage mais aussi de développer les compétences cognitives et psychosociales, la motricité, de réduire le stress et de favoriser la découverte de la biodiversité. L’école dans la nature est non seulement possible, mais très bénéfique pour les enfants : elle nécessite, bien sûr, une préparation et des situations d’apprentissage rigoureusement conçues… mais, à cette condition, ses effets sont très positifs, comme l’ont prouvé des centaines d’études. »

La classe dehors : une voie à développer en ces temps de crise sanitaire, mais pas seulement. « Les enfants ont besoin de contacts réguliers avec la nature. Or, de manière générale, ils sortent de moins en moins dehors », écrit le groupe Profs en transition ; « au fil des années nos élèves, nos enfants passent trois fois moins de temps à jouer dehors que leurs propres parents. (…) L’espace de nos classes, tel qu’il est pensé aujourd’hui, va à longueur de journée, à l’encontre de ces besoins naturels. Ne va-t-on pas recréer dans ce lieu artificiel, fermé et souvent exigu, les conditions de comportements scolaires inadaptés (irritabilité, ennui, manque de concentration, voire dépression). »

Même si le Réseau Canopé, réseau de création et d’accompagnement pédagogique, a publié sur son site internet une fiche pratique pour aider les enseignant.e.s à faire classe dehors, le ministère de l’Éducation nationale semble, pour l’heure, totalement s’en désintéresser. Ce sont donc des enseignant.e.s qui, individuellement ou à plusieurs au sein d’une école, se lancent dans l’aventure, prêts à emmener leurs élèves dans une forêt, un parc, un square, un jardin public, une friche, sur un littoral, etc. Et la pratique commence à se répandre, encore timidement si l’on en juge par la carte mise en ligne sur classe-dehors.org.

En 2019, Moïna Fauchier-Delavigne et Matthieu Chéreau ont publié chez Fayard un livre qui montrait la voie («L'enfant dans la nature. Pour une révolution verte de l'éducation») et qui commençait à recenser plusieurs initiatives en France mais aussi ailleurs en Europe. Au Danemark, ainsi, le premier « jardin d’enfants de forêt » a vu le jour en 1952, et près de 200 écoles sont établies dans la nature (Lire reportage du Monde, septembre 2018)

VIDEO. Reportage de la télévision australienne (en anglais) sur les écoles danoises de la forêt

A lire et écouter : « Les bienfaits de la classe dehors », reportage de Camille Crosnier, France Inter, 3 mars 2021.

Cour de l’école Brossolette à Besançon. Photo Est Républicain /Franck LALLEMAND


En résumé, donc : pour les écoliers, comme pour le reste de la population, l’exposition à la nature ne saurait faire de mal. Cela vaut pour les écoles elles-mêmes : pourquoi ne pas les végétaliser ? Une pétition récemment publiée par Le Monde, signée par plusieurs enseignants, médecins, chercheurs et défenseurs de l’environnement, plaide ainsi pour la préservation de la ferme école Pêche d’Or, associée à la Bergerie des Malassis, à Bagnolet. Cinq classes de maternelle de plain-pied, une petite cour de récréation, beaucoup de végétation, une soixantaine d’arbres, des animaux… Le maire socialiste de Bagnolet veut raser le tout pour construire à la place un nouveau groupe scolaire, qui s’annonce comme un immense bâtiment de béton.

La Ville de Besançon montre un tout autre chemin : végétaliser plutôt que bétonner. L’école Brossolette est la première à faire l’objet d’un sacré lifting végétal. En lieu et place de la grande cour uniformément recouvert d’enrobé, de multiples espaces ponctués d’îlots de verdure, de carrés de jardinage, etc. (voir article Est Républicain, « L’école Brossolette fait la cour à l’écologie »)

VIDEO : Reportage France 3 Bourgogne-Franche-Comté, 6 septembre 2021.


« Depuis quelques années, de nombreux projets se mettent en place pour enlever tout ou partie du bitume des cours et espaces des lieux éducatifs : crèches, écoles, collèges, centres de loisirs... », écrit le réseau GRAINE, réseau régional de l'éducation à l'environnement et au développement durable : « Ces projets sont montés afin de participer à la lutte contre le réchauffement climatique, les ilots de chaleur et dans le but également de reconnecter les enfants avec la nature. Ces projets peuvent aussi être l'occasion de repenser l'utilisation des cours et de les voir comme des espaces pour éduquer dehors par la nature, avec la nature et dans la nature. » Le réseau GRAINE organise à Lyon, le 1er octobre prochain, une journée d'échanges sur « les enjeux éducatifs de la végétalisation des cours et espaces extérieurs », l'occasion de croiser les enjeux éducatifs de ces projets avec les enjeux liés à la biodiversité, à la santé, au changement climatique et à la résilience des territoires (Programme et inscriptions ICI).

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