PORTFOLIO. Née en ex-Yougoslavie, aujourd’hui installée en France où elle s’est expatriée après le siège de Sarejavo, Radmila Dapic Jovandic applique des techniques issues de la gravure à des matières telles que papier et carton, qu’elle traite en volumes, comme dans ses séries « Kimonos » et « Tabliers ».
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Laisser son empreinte. Laisser advenir : art plastique. Emboîter, figurer, broder, perforer, évider, enrouler, froisser, tels sont les gestes minutieux, modestes, délicats mais précis et déterminés qui décrivent le travail de Radmila Dapic Jovandic. Comme une histoire d’amour qui donne vie à l’invisible, en révèle les « possibilités créatives inépuisables » puis le suspend dans l’espace et le met en dialogue avec la lumière.
Le papier kraft est un de ses matériaux favoris dont elle souligne et détourne l’usage, la beauté qui se cache dans l’utile ou plutôt coexiste avec l’utile. Ses séries de Kimonos et de Tabliers le montrent magnifiquement : de la délicatesse d’un traitement à la gouache et de la fantaisie de dessins qui suscitent l’imaginaire à la métamorphose en vêtement de travail vibrant de couleurs.
Et elle explore les formes de bien d’autres supports. « Le carton, lui, est plutôt rigide » dit-elle. « Sa stabilité pour l’installation dans l’espace s’obtient par le pliage et génère des formes architecturales, simples ou géométriques. Il permet de produire formes et contre-formes, sans que les unes ne prévalent sur les autres. La gravure et l’impression considèrent l’expérimentation de nouveaux procédés de production, préoccupation centrale de mes recherches. De la fabrication de la matrice aux choix de sa position et des couleurs, je construis un nouveau langage, un alphabet mystérieux et inattendu. Et le dessin... Des petits carnets aux grands formats, l’émotion et la ligne coulent, celle-ci souple, enlace sans fioriture la forme et le volume des corps. »
Radmila Dapic Jovandic œuvre les matières, transforme papier et carton, les met haut en couleurs en accrochant la lumière. En volume, en trois dimensions, elle crée des boîtes qui n’enferment rien, des moufles pour des mains de géants, pour des mains absentes. Graphiste, elle prépare avec soin l’édition de catalogues ou livres d’art. Elle sait aussi modeler l’argile en mêlant sensualité et humour. A chaque fois se rejoue une sorte de chorégraphie suspendue : ce sont au fond, des œuvres qui dansent intérieurement, conservant la mémoire du geste qui les a façonnées, et se déployant dans des volumes qui déplient l’espace.
Isabelle Favre
Radmila Jovandic Dapic vit et travaille à Limoges. Elle est diplômée de la Faculté des Arts Appliqués et Design de Belgrade (édition et techniques de gravure).
Site internet : http://radmila.fr
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