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Parce qu’il n’y a pas de planète B.


Portraits d’activistes en Afrique, ravages du charbon et d’autres industries minières, de l’Europe à la Chine, désastres environnementaux en Amérique latine, migrants climatiques du Chili au Bangladesh… Petit tour d’horizons planétaires, en forme de revue de presse.


Avant la COP26, les humanités avaient proposé un portrait de l’activiste ougandaise Vanessa Nakate, aujourd’hui très médiatisée en compagnie de Greta Thunberg, Dominika Lasota et la Philippine Mitzi Tan, les jeunes voix de Fridays for Future. Mais en Afrique, Vanessa Nakate n’est évidemment pas la seule. Comme l’écrit Le Monde du 3 novembre, «des milliers d’autres jeunes Africains à travers le continent réclament une transition climatique juste : leur continent, qui, historiquement, a le moins contribué à l’accumulation des gaz à effet de serre dans l’atmosphère, ne doit pas être celui qui en paie le prix le plus élevé.»

Leah Namugerwa, jeune militante ougandaise, lors d’une manifestation contre le changement climatique,

dans la banlieue de Kampala, le 20 septembre 2019. Photo Sumy Sadurni / New York Times.


Le Monde Afrique a rencontré cinq militant.e.s qui se mobilisent localement, sur le terrain, au sein de mouvements ancrés sur le continent : la sud-africaine Ayakha Melithafa, 19 ans ; l’avocate et militante congolaise Irène Wabiwa Betoko, qui lutte avec Greenpeace contre la déforestation du bassin du Congo ; la Kényane Elizabeth Wathuti, 26 ans, qui s’inspire du combat de Wangari Maathai, Prix Nobel de la paix 2004, fondatrice du Mouvement de la ceinture verte ; le Sénégalais Djiby Niang, 34 ans, militant de l’association Jeunes volontaires pour l’environnement ; et la Nigériane Adenike Oladosu, 27 ans, qui plaide notamment pour la restauration des ressources du lac Tchad et se revendique comme la « première écoféministe d’Afrique ».

(« Les nouveaux visages de la lutte pour le climat en Afrique », à lire et voir ICI. Bientôt d’autres portraits d’activistes sur les humanités)

« En Ouganda, le phénomène Vanessa Nakate s’accompagne d’une violente répression », écrit Le Monde : «Arrestations, intimidations, confiscation des téléphones portables… Si la tolérance était de mise lorsqu’il s’agissait d’interpeller sur la pollution plastique du lac Victoria ou sur l’air vicié de la capitale par les milliers de voitures et de mototaxis roulant au diesel, elle disparaît lorsque le gigantesque projet d’exploitation pétrolière porté par la société française Total est dénoncé.»

Dixon Bahandagira. Photo DR.


Vivre en Ouganda, « c’est risquer sa vie en permanence », confirme dans le magazine Usbek & Rica Dixon Bahandagira, 23 ans, étudiant en sciences environnementales et coordinateur du projet collaboratif en ligne Dandeliondb : « Les mensonges et les fausses promesses ne pourront jamais nous sauver. La jeunesse doit choisir la voie de la vérité. Ensemble, nous pourrons alors tout changer. Que nous venions du Nord ou du Sud, nous sommes tous confrontés aux mêmes problèmes désormais. Bangladesh, Japon, Allemagne, Suède, Australie… Le monde entier est en train de brûler. Nous avons donc besoin d’actions concrètes, immédiates, auxquelles chacun peut participer dans sa communauté. »


Un militant d'Oxfam portant un masque de Poutine proteste à Glasgow le 1er novembre au début du sommet sur le climat. Photo Oli Scarff / AFP.


En Russie, ça ne va guère mieux. Au moins, Poutine n’a pris de jet privé pour venir à Glasgow ; il n’est pas venu du tout. « Les performances environnementales de la Russie ne sont pas conçues pour coïncider avec un quelconque événement », a fait savoir le Kremlin. Les performances répressives, ellesn sont au top. Comme l’écrit Javier G. Cuesta dans le quotidien espagnol El País, « Les autorités ont déclaré 32 organisations environnementales "agents de l’étranger" depuis 2014, dont 22 ont fini par fermer. Le correspondant de l'Union sociale et écologique, Vitali Servetnik, explique que les militants souffrent d'un "contrôle constant et d'une réglementation excessive, qui à la moindre occasion impose des amendes ou des arrestations". La simple critique de la construction d'une décharge peut être qualifiée de déclaration extrémiste. (…) Sergey Vlasov, un député indépendant du district de Moscou, a été poursuivi pour "abus de la liberté d'information", après avoir publié une vidéo contre la construction de deux installations de séchage des eaux usées en plein centre de la capitale. Et certains députés du parti de M. Poutine ont récemment demandé que Greenpeace soit déclarée "organisation indésirable", ce qui entraînerait sa fermeture immédiate en Russie. »


Pendant ce temps, les grandes fortunes défilent au sommet de Glasgow, rapporte France 3. Pour Clément Sénéchal, porte-parole de Greenpeace France, « Ce dont on a besoin à cette COP26, c’est de décisions politiques des États, pas de la charité climatique de grandes fortunes (...) pendant que leurs entreprises détruisent la planète. »


Camions en train de charger du charbon, près d’une mine de Datong, dans la province chinoise du Shanxi. Photo Noël Celis / AFP


Mines par ci, hydrocarbures par là (extractions)


La « Global Oil and Gas Exit List » agrège les données de 887 entreprises de production pétrolière et gazière. Une association allemande de protection de l’environnement, Urgewald, les a corrigées et publiées, jeudi 4 novembre. A rebours des préconisations de l’Agence internationale de l’énergie, écrit Le Monde, une majorité des sociétés recensées – 95 % d’entre elles – explorent ou prévoient de développer de nouvelles réserves d’hydrocarbures. Parmi les « expansionnistes à court terme », en haut de la liste, l’entreprise française TotalEnergies (ex-Total). « Les projets de futurs oléoducs ou gazoducs des principales compagnies d’hydrocarbures représentent 211 849 kilomètres ; l’équivalent de plus de la moitié de la distance Terre-Lune. Sans parler des terminaux, par ailleurs, pour le gaz liquéfié, le chemin vers la neutralité carbone semble déjà bien rallongé. » Pour Lorette Philippot, chargée de campagne de la branche française des Amis de la Terre, citée par Le Monde, « Nous devons appliquer à la lettre une priorité sans appel : mettre cette liste noire d’entreprises climaticides hors d’état de nuire et cesser immédiatement de les soutenir financièrement. »


Le dilemne chinois. En Chine, un reportage de Marcarena Vidal Liy dans El País nous emmène à Datong. «Depuis plus de 1 500 ans, cette ville de 1,8 million d'habitants du nord de la Chine extrait la houille des sombres filons qui sillonnent ses montagnes argileuses. Connue comme la capitale chinoise du charbon, qui comptait jusqu'à 287 mines à la fin des années 1990, la ville est en pleine effervescence depuis cet été. (…) Des mines fermées depuis des années ont rouvert.» Face à des pénuries d'électricité dans 16 provinces entre septembre et octobre, la Commission nationale du développement et de la réforme, l'organe de planification économique de la Chine, a en effet ordonné une augmentation de la production de charbon, principal ingrédient du panier énergétique du pays. «Si la situation a donné un coup de fouet à Datong, elle a également mis en lumière le dilemme auquel est confrontée la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre avec 27 % du total mondial : sa dépendance au charbon, en contradiction avec l'objectif du président Xi Jinping de parvenir à une "civilisation verte". » Mais « entre 2018 et le milieu de 2019, la Chine a augmenté la capacité de ses centrales à charbon de 42,9 gigawatts, tandis que le reste du monde a réduit de 8,1 gigawatts. En 2020, elle a ajouté 32,4 gigawatts, soit trois fois ce que le reste du monde a construit cette année-là. Pékin reconnaît qu'elle continuera à accroître sa consommation de charbon jusqu'en 2025, date à laquelle elle commencera à diminuer. (…) Selon les projections du gouvernement chinois, si aucune mesure n'est prise, l'élévation du niveau de la mer menacerait certaines des principales villes du pays, dont Shanghai et Hong Kong. La fonte des glaciers de l'Himalaya menacerait l'approvisionnement en eau de la Chine occidentale. En outre, l'augmentation des sécheresses, des vagues de chaleur et des pluies torrentielles nuirait aux récoltes et donc à la sécurité alimentaire, l'une des obsessions de Pékin.»


En Grande-Bretagne aussi… “Vous allez en Chine, vous allez en Inde, pour leur demander d’éliminer progressivement le charbon, et dans le même temps vous n’écartez pas l’option d’une mine ici”. La question lancée par le journaliste Justin Rowlatt, spécialiste environnement de la BBC, semble embarrasser Boris Johnson. Dans le comté de Cumbria, au nord-ouest de l’Angleterre, Woodhouse Colliery pourrait devenir la première mine de charbon à ouvrir dans le pays depuis trente ans. (Courrier International)


En Allemagne, une loi datant de l'ère nazie, toujours en vigueur, permet de faire prévaloir l'extraction de charbon sur la propriété privée. Le petit village de Lützerath, dans la région rhénane, est menacé par l’expansion de la mine de charbon de Garzweiler. Cette mine à ciel ouvert est déjà à l’origine de l’expropriation de près de 50.000 habitants ces 15 dernières années. Le 31 octobre dernier, jour d’ouverture de la COP26, rapporte le Huffington Post, les militant.e.s du mouvement “Alle Dörfer Bleiben” (“tous les villages doivent survivre”) a investi les lieux avec comme objectif de barrer la route au géant énergétique RWE, qui a aussi planifié la destruction de cinq autres localités environnantes.


Les Balkans, eux, misent toujours sur le charbon, à leurs risques et périls. « Les pays du sud-est de l'Europe restent très dépendants de la lignite, dont leur sous-sol regorge, pour produire de l'électricité. Une véritable catastrophe environnementale : ces 18 centrales polluent plus que tout le parc de l'Union européenne. Les populations locales paient de leurs vies un choix énergétique controversé. » Reportage de Simon Rico à lire sur le site de RFI.

Reportage Euronews sur la centrale à charbon de Tuzla, en Bosnie.


Que signifierait pour la Colombie un monde sans charbon ?, demande El Espectador , qui rappelle que le charbon est à l'origine de 71 % de l'acier produit dans le monde, de 85 % du ciment et de 61 % de l'aluminium. « La décarbonisation de l'industrie lourde est un élément central de la décarbonisation des économies, mais c'est aussi l'une des étapes les plus complexes, car elle implique le changement total (et mondial) des chaînes de production de produits tels que l'acier. » Et «personne ne semble disposé à payer un acier ou un ciment plus cher en raison de changements dans la façon dont ils sont produits.» La Colombie dispose de plus de 16 milliards de tonnes de ressources en charbon et est le cinquième exportateur mondial. « La Colombie compte actuellement 1 156 titres miniers en vigueur pour le charbon. L'exploitation de ce minerai a représenté 1 % du PIB entre 2016 et 2020. La transition énergétique devrait conduire à des transferts vers des activités ayant un impact moindre ou nul sur l'environnement. Cela implique, entre autres, de décarboniser les économies régionales qui dépendent aujourd'hui presque exclusivement de l'exploitation minière pour leur subsistance. En d'autres termes, nous parlons ici de la transformation productive susmentionnée : d'un pays qui exporte principalement des biens miniers et énergétiques à un pays basé sur les services ou les biens agricoles (toutes les activités à plus forte intensité de main-d'œuvre et de valeur ajoutée, il convient de le préciser).»


La mine à ciel ouvert de Pascua Lama, entre Chili et Argentine.

Des défenseurs de l’environnement manifestent en mai 2009 à Santiago du Chili

contre les projets miniers de Barrick Gold. Photo Martin Bernetti / AFP


Même les glaciers ne sont pas à l’abri de la voracité minière. Au Chili, suite à de nombreuses oppositions, l’entreprise canadienne Barrick Gold a dû cesser en 2013 l’exploitation de la mine d’or et d’argent à ciel ouvert de Pascua Lama, dans la Cordillère des Andes, entre 4.200 et 5.200 mètres d’altitude. L’exploitation de la mine a nécessité la destruction de deux glaciers, soit 300 000 m3 de glace étalée sur une surface de 20 hectares. L’utilisation de cyanure dans l'extraction minière était aussi pointée du doigt. De fait, huit ans plus tard, signale le quotidien chilien El Mostrador, toutes les rivières sont contaminées. Barrick Gold, déjà condamnée en 2018 à une amende de 7,8 millions d’euros pour avoir enfreint les normes environnementales, est d’accusée d’avoir ignoré ses obligations en matière de traitement des eaux. Le Chili possède 82% des glaciers de toute l'Amérique du Sud. Selon Greenpeace, à l'exception de ceux situés en dehors des parcs nationaux, la quasi-totalité des 24 000 glaciers du pays sont adjacents à une concession minière. Un projet de loi sur la protection des glaciers, élaboré en 2018, se heure pour l’heure à l’opposition du président de droite Sebastián Piñera. Et la mine de Pascua Lama est à cheval entre Chili et Argentine. Et en Argentine, Barrick Gold continue allègrement ses activités. Non loin de Pascua Lema, la société canadienne exploite, de concert avec le groupe chinois Shandong, une autre mine d’or et d’argent à ciel ouvert, celle de Veladero, à 4 000 m d’altitude. En 2015, un million de litres de solution au cyanure avait « accidentellement » fuité dans la nature…


Famine et migrations climatiques



Le sud de Madagascar au bord de la famine induite par le changement climatique (ONU)

A Madagascar, près de 30.000 personnes souffrent de la famine dans la moitié sud de l’île, frappée par une sécheresse inédite, et plus de 1,3 million souffrent de malnutrition aiguë. Cité par 20 minutes, Aduino Mangoni, directeur adjoint du Programme alimentaire mondial (PAM), souligne que la famine qui frappe Madagascar est la première du genre causée par le réchauffement climatique dû à l’homme, mais pas la dernière… 500.000 enfants souffrent d’ores et déjà de malnutrition, dont 110.000 d’une forme sévère ou aiguë et qui ne sont qu’à un pas de la mort. Dans la pointe sud de l’île, 91 % de la population vit en situation de pauvreté et la sécheresse a réduit à néant les capacités de production agricole et de pêche dont les familles dépendent pour leur survie.


Selon Antonio Vitorino, Directeur Général de l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), dans une déclaration lors de la COP26, Déplacés internes, migrants ou réfugiés climatiques seront une réalité d’ici la moitié du siècle. «Plus de 200 millions de personnes pourraient être des migrants climatiques internes d’ici 2050», affirme-t-il.


Au Bangladesh. «Je me souviens comment notre maison s’est retrouvée complètement sous l’eau pendant une inondation. C’est arrivé si vite, en quelques minutes, la pointe du toit avait disparu», raconte Salma, 35 ans, originaire de l’île de Bhola, à 300 km au sud de Dacca. «La rivière était féroce. Elle a emporté peu à peu toutes nos terres agricoles et s’est approchée un jour de notre maison… Nos vergers, notre ferme… il ne restait plus rien». Son témoignage, recueilli par l’AFP, a été publié par Good Planet. Le Bangladesh, ce pays de 170 millions d’habitants pourrait connaître, à cause du changement climatique, le plus important déplacement humain de l’histoire.

Selon le Centre international de surveillance des déplacements, près de 5 millions de Bangladais ont été déplacés à l’intérieur du pays entre 2008 et 2014, s’entassant la plupart du temps dans des bidonvilles à Dacca ou Chittagong. Et ce n’est pas fini : selon la Banque mondiale, 13,3 millions d’autres pourraient suivre d’ici 2050. « Mais quand nous parlons de migration climatique dans les forums internationaux, les pays riches évitent tout bonnement la discussion », se lamente Tanvir Shakil Joy, député et chef du groupe parlementaire sur le changement climatique. Les nations occidentales, qui sont les principales responsables du réchauffement climatique, doivent maintenant reconnaître que le changement climatique est à l’origine de migrations et de déplacements massifs. Leur appréhension est que, s’ils le reconnaissent, ils devront peut-être accepter certains de ces réfugiés. »

Un habitant de Tiltil, au Chili, où sont recensé les premiers migrants climatiques.


Ces migrations climatiques ont déjà commencé. Au Chili, le quotidien La Tercera révèle l'exode dramatique de milliers de Chiliens en raison de la sécheresse et des conditions climatiques extrêmes : « Alors que les gens fuient des villes comme Monte Patria ou La Higuera, des localités comme Puerto Varas ou Pucón ont dû accueillir ces migrants, subissant un effondrement dû à leur croissance inorganique. Leurs maires lancent des appels à l'aide, sans grand succès. (…) En raison de la pénurie d'eau, de nombreux agriculteurs et des personnes qui vivaient depuis des décennies à la campagne ont été contraints de quitter leurs champs et de migrer vers la ville. À l'inverse, les citadins de la zone centrale, comme Santiago, migrent vers le sud à la recherche d'un climat de meilleure qualité. » A Monte Patria (une ville de 30.000 habitants au centre du Chili), 15 % de la population a déjà quitté la ville pour des raisons climatiques. Ce sont les premiers migrants climatiques « certifiés » par l’ONU dans ce pays. Et de nombreux habitants ruraux de la région métropolitaine ont suivi un sort similaire. Sur les 52 communes de la région, 18 sont rurales, dans le bassin du río Maipo, et toutes présentes un alarmant déficit hydrique.


Inondations à Villahermosa, novembre 2020. Photo Angel Hernandez / AFP


Au Mexique, « La crise climatique n'est pas un scénario du futur : c'est déjà une réalité aux conséquences catastrophiques », écrit El País. «En avril dernier, le Mexique a connu une sécheresse historique qui a vidé les barrages dans la plupart des régions du pays et laissé des images comme celle du lac Cuitzeo, dans le Michoacán, transformé en terrain vague. Quelques mois plus tard, une saison des pluies féroce a provoqué de graves inondations dans l'État de Mexico, à Jalisco et à Chihuahua, et la rivière Tula, à Hidalgo, est sortie de son lit, laissant une traînée de destruction et des dizaines de morts.» Pour la chercheuse Ana Cecilia Conde, «ces impacts pourraient être évités en s'orientant vers une autre idée du développement. La voie à suivre pour le Mexique est de restaurer nos écosystèmes, en particulier les écosystèmes côtiers, et de s'orienter vers une agriculture plus agro-écologique.» Elle souligne l'importance de la protection des zones humides et en particulier des mangroves, qui stockent jusqu'à quatre fois plus de carbone que la plupart des forêts du monde. Mais «sa voix ne semble pas trouver d'écho dans les politiques de l'actuel gouvernement mexicain, qui a déboisé plus de 300 hectares de mangroves à Tabasco précisément pour construire une nouvelle raffinerie.»


Le fleuve Paraná.


En Amérique latine, le journal espagnol Público informe sur l’assèchement du fleuve Paraná, une artère vitale pour le Brésil, l’Uruguay et l’Argentine. Son débit est tombé à son niveau le plus bas depuis 77 ans, et la sécheresse qui sévit dans la région menace l'avenir de millions de personnes qui dépendent de son eau pour boire, pêcher, irriguer les champs et abreuver le bétail.

Le Paraná prend sa source dans les montagnes brésiliennes au nord de Rio de Janeiro. De là, il parcourt quelque six cents kilomètres vers le sud jusqu'au barrage d'Itaipu, toujours à la frontière entre le Brésil et le Paraguay. Juste au sud d'Itapú, le fleuve Paraná rencontre l'Iguazú et marque la frontière entre le Paraguay et l'Argentine sur les deux cents kilomètres suivants. Ce tronçon abrite le barrage de Yacyretá, qui produit plus de 20 % de toute l'électricité consommée par les Argentins. Après avoir rejoint le fleuve Uruguay, il se jette dans l'Atlantique Sud, formant l'impressionnant estuaire du Río de la Plata, qui baigne les villes de Montevideo au nord et de Buenos Aires au sud.

Ironie du sort : l'Argentine exporte une grande partie de sa récolte de soja, sa principale source de devises, à partir des ports fluviaux situés autour de Rosario et de Santa Fe. Mais la recherche de nouvelles terres pour planter du soja ou nourrir le bétail a entraîné une déforestation considérable au cours des dernières décennies. Par un caprice du destin, la sécheresse rend désormais l'exportation de ces produits beaucoup plus difficile…


Pour finir, une histoire qui redonne un peu d’espoir, que l’on trouve sur le site de l’Agence des Nations Unies pour les Réfugiés. Toujours au Bangladesh, à Cox’s Bazar, des pans entiers de la forêt ont été déboisés pour accueillir des réfugiés rohingyas venus du Miyanmar voisin (ex-Birmanie). Le camp abrite aujourd’hui 900.000 réfugiés. Ce qui avait été un sanctuaire pour la faune et la flore, y compris pour les éléphants d’Asie menacés d’extinction, est rapidement devenu une étendue dénudée et vallonnée sur laquelle se dressent des abris en bambou, recouverts de toits en plastique et exposée aux inondations et aux glissements de terrain pendant la mousson. En 2018, le HCR et ses partenaires ont entrepris de restaurer l’écosystème forestier et de stabiliser les versants des collines grâce à un projet de plantation d’espèces indigènes d’arbres, d’arbustes et d’herbes à croissance rapide. Plus de 3000 Bangladais et réfugiés rohingyas ont bénéficié d’une formation sur les méthodes de plantation, de gestion des pépinières et de protection des jeunes arbres. Trois ans plus tard, les réfugiés ont reboisé une superficie de plus de 600 hectares, soit près de deux fois la taille de Central Park à New York. « Les insectes, les pollinisateurs et d’autres espèces sauvages reviennent. Les arbres procurent de l’ombre et les réfugiés bénéficient de meilleures conditions de vie. »

« Parce que je prends soin de ces arbres, je suis en paix », assure Mohammed Ali, 28 ans, réfugié rohingya qui travaille comme gardien de plantation : « Un jour, quand je retournerai dans mon pays, je m’occuperai des arbres là-bas et je convaincrai les gens d’en prendre soin aussi ».


La rédaction des humanités.


Photo en tête d’article : Une maison de fortune endommagée près de la rivière Meghna au Bangladesh, dans une zone côtière menacée par l'érosion et la montée des eaux salées dans le sol. Photo : Zakir Hossain Chowdhury/Barcroft Media/Getty.

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