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Un an après... L'Ukraine vaut bien une marche (voire plus)

Dernière mise à jour : 23 févr. 2023


Il faut vaincre les intentions impérialistes, hégémoniques, anti-démocratiques et meurtrières de Vladimir Poutine. Un an après le début de l’agression russe, après une interminable litanie de destructions et de crimes de guerre, il est plus nécessaire que jamais d’affirmer massivement notre solidarité à l’Ukraine et à la formidable résistance dont son peuple fait preuve. Comme dans d’autres villes européennes, une grande marche a lieu à Paris, ce samedi 25 février en début après-midi. Parmi les nombreuses organisations qui appellent à cette marche, l’Union des Ukrainiens de France a été fondée en 1949, par des Ukrainiens libérés des camps d’extermination nazis. Tout en symbole… Par ailleurs, alors que les éditions Syllepse poursuivent infatigablement des "brigades éditoriales de solidarité", une dizaine de villes européennes participent ce vendredi 24 février à un Forum Europe-Ukraine sur « culture et résistance », qui pourrait préfigurer un "nouveau mouvement humaniste » appelé de ses vœux par Oleksandra Matviichuk, directrice du Center for Civil Liberties, Prix Nobel de la paix 2022


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Un an. Un an déjà que l'Ukraine a attaqué la Russie.

Que l'Ukraine a attaqué la Russie ? Oui, vous avez bien lu. Vladimir Vladimrovitch Poutine l'a dit et répété ce 24 février lors de son (soporifique) "discours à la Nation". Un an et même avant. La guerre en Ukraine a commencé en 2014, par un coup d’État (évidemment fomenté par la CIA) dont la place Maidan a été l'épicentre, qui a débarqué le président Viktor Ianoukovytch, lequel avait soudainement dénoncé l’accord d'association entre l'Ukraine et l'Union européenne afin de "relance[r] un dialogue actif avec Moscou". Maidan, c'était la "révolution de la Dignité", et comme chacun sait, la Dignité est contraire aux "valeurs traditionnelles" russes qui, à elles seules, comme l'a aussi répété Vladimir Vladimrovitch sous le regard divin et au premier rang du patriarche Kirill, font civilisation.

Comme l'écrit Vince Remos sur Facebook, "si le régime Poutine a envahi l'Ukraine c'est parce que cette dernière représente un risque mortel pour lui : démontrer qu'un peuple slave qui partage avec les Russes bon nombre de points communs est parfaitement capable de vivre librement et en démocratie dans le cadre de l'Union européenne. (...) C'est pour tuer cet espoir né avec l'indépendance de l'Ukraine puis confirmée par la révolution orange et par le Maidan que Poutine a décidé de lancer cette "opération militaire spéciale" qui est au fait une guerre d'extermination visant l'identité même de l'Ukraine. C'est pour tuer cet espoir qui, dans sa logique paranoïaque constitue une menace -car en effet la liberté est toujours une menace pour les tyrans-, qu'il a d'abord déstabilisé l'Ukraine, truqué les élections, puis, pour se venger de la révolte de Maidan, envahi la Crimée et le Donbass et puis finalement, devant l'échec de sa "politique", lancé une invasion généralisée."


Pour autant, les complotistes et "non-alignés" de tout poil n'en démordent pas. Les vrais responsables de la guerre en Ukraine, ce sont les Américains, l'OTAN et l'Union européenne, en gros "l'Occident collectif", comme dit la propagande du Kremlin. Voici deux jours, un pseudo-journaliste (à qui nous ne ferons pas la publicité de mentionner son nom), qui émargeait il n'y a pas si longtemps à la chaine pro-Kremlin RT, et nourrit des accointances à la fois dans la fachosphère et parmi les Insoumis, affirmait dans une causerie sur sa chaîne YouTube que la récente conférence de Munich et au-delà, le conflit en Ukraine, résultait d'un plan secret concocté par le cabinet McKinsey et Blackrock avec la complicité de la présidente d'Union européenne Ursula von der Leyden. Ce n'est qu'un exemple parmi d'autres, et on pourrait s'en moquer, mais de telles sornettes, répétées à foison, trouvent hélas de nombreuses oreilles crédules. A elle seule, la chaîne YouTube compte plus de 90.000 abonnés : à côté des 160 abonnés au site des humanités, il n'y a pas de quoi pavoiser !


Espérons au moins qu'il y aura un peu de monde, ce samedi 25 février à Paris (à 14 h, place la République), à la grande manifestation appelée par l'Union des Ukrainiens de France, l'association Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre, l'association Ukraine Solidarité France, et de nombreuses autres organisations.

Parmi les élus ou personnalités qui ont annoncé leur présence à cette marche, et pourraient prendre la parile à l'issue de cette marche : le journaliste et député européen Bernard Guetta, le socialiste David Assouline et l'écologiste Yannick Jadot, ainsi que le sénateur André Gattolin (majorité présidentielle) qui a récemment dénoncé à la tribune du Sénat les déportations d'enfants ukrainiens en Russie, qu'il a qualifié sans ambages d'"acte constitutif d’un génocide", et qui a déposé le 10 février dernier une proposition de résolution pour convaincre l’Union européenne de se saisir du sujet des déportations et la Cour pénale internationale d’enquêter… Il serait en effet grand temps que les instances politiques, française et européenne, se réveillent à ce sujet.

Le sénateur André Gattolin à la tribune du Sénat, le 10 février dernier.



Page Facebook de la Marche du 25 février : https://www.facebook.com/events/714506470116780

( Une manifestation semblable a lieu à Bruxelles le 25 février à 13 h, voir ICI )


Le (nouveau) site internet de l'association Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre : https://www.pourlukraine.com/


Les humanités sont partenaire de l'association Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre, ainsi que Desk Russie, dont l’objectif est de promouvoir et de diffuser des informations et des analyses de qualité sur la Russie et les pays issus de l’ex-URSS, ainsi que sur la politique intérieure et étrangère russe ( https://desk-russie.eu/ ), et :

- PR Army, composée de spécialistes ukrainiens des relations publiques, qui entend sensibiliser aux besoins financiers et militaires ukrainiens, combattre la propagande russe, défendre la nécessité des sanctions, et arrêter les entreprises affiliées à la Russie. https://deportation.org.ua/

- L'Union des Ukrainiens de France, fondée en1949 par des Ukrainiens libérés des camps d’extermination nazis et des camps de travailleurs forcés d’Allemagne ou d’Autriche. https://uduf.fr/

- L'association Unis pour l'Ukraine, dont l'un des objets est de dialoguer entre médias français et ukrainiens, politiques et experts de haut niveau sur les questions de sécurité et les perspectives d'avenir. https://www.unispourlukraine.org/fr

- L'association Kalyna, qui apporte une aide concrète à l'Ukraine et encourage la solidarité du peuple français en organisant des évènements culturels ukrainiens. Elle met en oeuvre une aide médicale et humanitaire destinée aux populations exposées, sous forme d'envois de colis adressés à ceux qui en ont besoin : http://www.kalynafr.org/

- Le Comité Denis Diderot, créé en mars 2022 pour contribuer au rétablissement de la libre circulation de l'information, sans propagande de guerre, entre l'Europe et la Russie en vue d'apporter un soutien aux sociétés civiles ukrainienne, russe et biélorusse. https://www.denisdiderot.net/

- L'association Memorial 98, créée en janvier 1998, lors du centenaire de l'affaire Dreyfus, et qui combat contre le racisme, l'antisémitisme et le négationnisme. http://www.memorial98.org/

- L'association Défense de la Démocratie en Pologne, créée en 2016 à Paris en vue de défendre les valeurs démocratiques européennes (droits des femmes, des réfugiés, etc.), et qui apporte notamment son soutien aux femmes victimes des violences sexuelles perpétrées par les Russes en Ukraine. https://www.democratie.pl/

- Russie-Libertés, qui a pour principal objectif la défense des droits humains et le soutien au développement d’une démocratie en Russie. https://russie-libertes.org/


Culture et résistance : un forum Europe-Ukraine

Il n'est pas possible de mentionner ici toutes les initiatives en France, mais aussi en Europe et dans le monde (voir ICI), qui vont marquer ce premier anniversaire de la guerre en Ukraine. L'un de ces événements retient tout particulièrement l'attention. Répondant à un appel du philosophe Constantin Sigov, depuis Kyiv, et d'Alexis Nuselovici/Nouss (professeur en littérature générale et comparée à l'Université d'Aix-Marseille), ce vendredi 24 février, de 18 h à 22 h, dans dix villes européennes, une trentaines d'artistes, penseurs et intellectuels vont se relayer pour réaffirmer que la guerre menée en Ukraine par la Russie de Poutine est aussi une guerre contre la culture ukrainienne, et contre la culture en général ( https://www.pourlukraine.com/forum-europe-ukraine-culture-et-resistance ). En France, depuis l'Atelier des artistes en exil, Robin Renucci, Marcel Bozonnet, Jonathan Littell et le poète Omar Souleimane participeront à cette "chaîne de solidarité cultuelle", qui débutera par Kyiv, et passera par Tbilissi, Sofia, Bucarest, Varsovie, Gdansk, Cracovie, Bruxelles, Rome, Madrid, Berlin et Berlin (détails et liste complète des intervenants sur la page Facebook du Forum).

Cette initiative, qui pourra être entièrement suivie en direct sur YouTube, pourrait être la première pierre d'un Forum permanent participant d'un "nouveau mouvement humaniste rassemblant intellectuels et militants de différents pays" souhaité par Oleksandra Matviichuk, directrice du Center for Civil Liberties, dans son discours de réception du Prix Nobel de la paix 2022 (A lire ici : https://www.pourlukraine.com/discours-oleksandra-matvvichuk-prix-nobel-paix-2022 ).

Une initiative dont les humanités, média alter-actif, sont partenaire...


Le 24 février, de 18 h à 22 h, le forum sera en direct sur la chaine YouTube de la faculté ALLSH de l'université Aix-Marseille ( https://www.youtube.com/channel/UC360zBp88GTaWSVCC1nvPfA ), ainsi que sur Zoom (ICI)

De gauche à droite et de bas en haut : le philosophe Constantin Sigov, co-initiateur avec Alexis Nuselovici/Nouss

du Forum Europe-Ukraine : Culture et Résistance, avec quelques-uns des artistes et intellectuels qui vont y participer :

la romancière bulgare Theodora Dimova, le metteur en scène polonais Krystian Lupa, la philosophe roumaine Mihela Pop,

l'écrivain Camille de Toledo, et l'autrice espagnole Marifé Santiago Bolaños.


Brigades éditoriales de solidarité, déjà 16 numéros


Autre initiative qu'il convient de distinguer et saluer. En juin dernier, nous avions déjà mentionné les "brigades éditoriales de solidarité" lancées par les éditions Syllepse en association avec les éditions Page 2 à Lausanne et M Éditeur à Montréal, les revues New Politics (New York), Les Utopiques (Paris) et ContreTemps (Paris), les sites À l’encontre (Lausanne) et Europe solidaire sans frontières, le Réseau syndical international de solidarité et de luttes, le Centre tricontinental (Louvain-la-Neuve) qui publie la revue Alternatives Sud, ainsi que le blog Entre les lignes entre les mots (Paris). (Lire ICI).

En soutien à l'Ukraine résistante, le seizième cahier de ces "brigades éditoriales de solidarité" vient d'être mis en ligne. Donner la parole au mouvement social, faire résonner d’autres voix qui n’ont guère d’écho médiatique dans et autour de la guerre en Ukraine : les éditions Syllepse poursuivent là un travail qui dévoile une mine précieuse d'informations et d'analyses. On trouvera aussi, dans ce nouveau numéro, le texte intégral d'un récent discours, passé relativement inaperçu, du président ukrainien Volodymir Zelensky, qui invoque la mémoire de l’iman Chamil, l’âme de la résistance des "peuples autochtones" du Caucase au colonialisme russe du 19e siècle et exilé à Kyiv après sa reddition. Rappelant le lourd tribut payé par les peuples du Caucase à la marche du projet poutinien, Volodymyr Zelensky n’hésite pas à les appeler au combat contre leur oppresseur commun tout en formulant une proposition politique : le « droit à l’autodétermination des peuples du Caucase retenus de force par la Russie ».

Ce seizième numéro peut être gratuitement téléchargé sur le site des éditions Syllepse, ou ci-dessous :


Illustration en tête d’article : Lesia Korchevniuk.

Originaire d’Odessa, Lesia Korchevniuk est aujourd’hui réfugiée en Italie : « Je savais que la guerre allait commencer (mais je n’imaginais pas l'ampleur de l'horreur) - j'ai préparé une petite valise, fait des réserves de nourriture, d'eau et de médicaments. Le 24 février, j'étais épuisée et j'ai même dormi toute la journée. Mais je n'avais pas l'intention de partir. Je pensais que je serais plus forte… Puis mes proches m'ont persuadée de partir pour un mois... qui a duré jusqu’à maintenant. (…) Mes illustrations sont mes émotions, ma thérapie, une façon de survivre à la guerre. »

Sur Instagram : @lesiapik


Dès le 25 février 2022, les humanités ont manifesté leur soutien à l'Ukraine, et nous n'avons cessé depuis lors, dans la mesure de nos moyens, d'apporter des éclairages originaux sur certains aspects de cette guerre. Nous avons ainsi été les premiers à révéler, puis largement documenter, le crime de génocide que représentent les déportations d'enfants.

Entièrement gratuit et sans publicité ni aides publiques, édité par une association, le site des humanités entend pourtant fureter, révéler, déficher, offrir à ses lectrices et lecteurs une information buissonnière, hors des sentiers battus.

Il y a encore du pain sur la planche, il ne reste plus qu’à faire lever la pâte. Concrètement : pouvoir étoffer la rédaction, rémunérer des auteurs, et investir dans quelques outils de développement…

Pour encourager cette aventure, dès 1 € :


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