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Géorgie : farce électorale et répression de l'opposition

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Un manifestant avec des drapeaux géorgiens et européens face à un cordon de police lors des affrontements

du 4 octobre à Tbilissi. Photo : Mariam Nikuradze/OC Media.


Élections locales truquées en Géorgie : le parti pro-russe au pouvoir revendique toutes les municipalités. Mais ne compte pas s'arrêter là sur la voie de la répression et de la mise au pas des aspirations européennes de la société géorgienne.


La Géorgie vient de vivre ses pseudo élections locales. « Tout le monde gagne, surtout nous ». Le parti pro-russe au pouvoir, Rêve géorgien, a annoncé triomphalement qu’il remportait toutes les municipalités — oui, toutes — dans un ballet d’urnes soigneusement chorégraphié. L’opposition, découragée par les conditions du jeu — arrestations, lois intimidantes, médias muselés — avait décidé de boycotter le vote : pourquoi courir un marathon si les obstacles sont déjà fixés avant le départ ?


Mais le pouvoir n’a pas voulu laisser l’ennui s’installer. Il a fourni l’animation : comme ce fut le cas lors des dernières manifestations pro-européennes : usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes , quelques détentions spectaculaires (dont celle du célèbre chanteur d'opéra Paata Burchuladze). Le Premier ministre a dénoncé une tentative de coup d’État fomentée par des forces étrangères (et, accessoirement, par l’Union européenne), comme on dénoncerait un trafic de drogue imaginaire dans un film d’espionnage.


Le scénario est habile : on organise une élection ressemblant fort à un automne politique figé, puis on stigmatiserait ceux qui protestent comme des agents de l’étranger, coupables de s’opposer à la « volonté du peuple ». Pour faire bonne mesure, une milice en civil (la « commission Tsulukiani ») traîne dans les parages, prête à en découdre avec les opposants.

Le panorama est presque comique — si la répression n’avait pas rendu la farce si sinistre. Amnesty International a dénoncé une campagne de représailles, de poursuites politiques, de restrictions sur les médias indépendants, de détentions arbitraires.


Non content d'avoir ainsi "gagné" des élections truquées, le premier ministre géorgien, Irakli Kobakhidzé, a promis, ce dimanche 5 octobre, des représailles contre l’opposition. « Cette force politique – un réseau d’agents de l’étranger – sera complètement neutralisée et ne sera plus autorisée à intervenir dans la politique géorgienne », a-t-il poursuivi, en faisant référence au principal parti d’opposition, le Mouvement national uni (MNU) de l’ancien président Mikheïl Saakachvili, qui purge une peine de douze ans et demi de prison.

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