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Géorgie, Europe, canicules... Un autre journal du dimanche n°3

Géorgie, Europe, canicules... Un autre journal du dimanche n°3

A Tbilissi, le 4 mai 2024. Photo DR Les intempéries informatiques étant ce qu'elles furent, ce 3ème numéro d'un autre journal du dimanche arrive avec deux jours et demi de retard. Un jour, on aura à peine 1% des moyens de bolloré, et on fera mieux nettement. Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner :   ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI En plus, ce troisième autre jdd arrive à moitié éclopé. Un énième bug a empêché de finaliser comme il a fallu le "flip book" : en ligne demain. Comme aurait dit Fernando Pessoa (d'ailleurs, il l'a dit), MERDE ! MERDE ! MERDE ! (voir pages 28 à 33). En attendant, il y a quand même un PDF à se mettre sous la dent (ci-dessous). Et aund même 60 pages, ce n'est pas rien. En PDF ci-dessous, l'autre journal du dimanche n° 3 Pendant que la majeure partie des médias et la quasi totalité de la classe politique regardent ailleurs, ce numéro est dédié à la jeunesse géorgienne (avec la précieuse collaboration de notre correspondante à Tbilissi, Alyssa G. Au sommaire qui tient lieu de sommaire : "Ils sont fous ces Géorgiens" (pages 3 à 5), l'éditorial de notre agitateur clandestin Tzotzil Trema, déjà publié sur les humanités , qui cite "l'Hymne à la joie" : "L’ivresse s’empare du vermisseau / Et le chérubin apparaît devant Dieu" : https://www.leshumanites-media.com/post/g%C3%A9orgie-un-r%C3%AAve-d-europe-s%C3%A9rieux En direct de Tbilissi, 2 au 5 mai 2024 , pages 7 à 19, PORTFOLIO, avec éditorial de nos amis et confrères du média indépendant Open Caucus, "La Géorgie à la croisée des chemins", et billet de notre rédac'chef, "Le peuple ou le populisme ?". Extrait : "Dans ce soulèvement, la jeunesse manifestante brandit deux drapeaux, le géorgien et l’européen. Alors même qu’ici se profilent des élections européennes qui n’intéressent pas grand monde, sauf les extrêmes-droites dont il se dit qu’elles vont ramasser la mise, voilà que se lève aux confins, faisant jonction avec l’Asie de l’Ouest, un désir d’Europe. (...) Avons-nous le droit de trahir cette espérance luciolesque ?" "Que dirons-nous à nous enfants ?" , la voix de la poétesse géorgienne Mariam Tsiklauri, pages 20-21. Quel(s)s désir(s) d'Europe ?, pages 22 à 37 avec la reproduction (un peu stérile) d'un discours d'Emmanuel Macron d'il y a sept ans. Il s'écoute beaucoup parler pour ne rien dire. La preuve par le verbatim (pages 22 à 25) Dans l'archive : "L’Autre, une idée neuve en Europe"
(Manifeste de Strasbourg, 1991), signé notamment par Pierre Bourdieu,
Juan Goytisolo, Nedim
Gürsel, Yachar Kemal,
Antonio Lobo Antunes, Claudio Magris,
Abdelwahab Meddeb, Pierre Mertens, Jean-Luc
Nancy, Cees Nooteboom, Alexandre Popovic,
Julian Rios, Juan José Saer, José Saramago,
Javier Tomeo, Paul Virilio (pages 26-27) "En 1917, l'ultimatum de Fernando Pessoa" (pages 28 à 33) "Repousser les limites du foyer :
une histoire pour nous tous", texte époustouflant de la jeune écrivaine ukrainienne Victoria Amelina (photo ci-dessus), tuée l'an passé dans un bombardement russe à Kramatorsk (pages 34 à 37)
Au bord du Gange, le 2 mai 2024. Photo Rajesh Kuman Singh Et pour finir, le tour du jour en 80 mondes (pages 38 à 59), du côté des canicules qui sévissent en Asie. On y apprend au passage que Canicule est une chienne : le nom d'une étoile. Canicule : du latin canicula , substantif féminin, diminutif de canis ("chien") signifiant proprement "petite chienne". Ce terme est employé depuis le romain Varron, en traduisant le grec ancien κύων / kúôn, « chien », désignant la même étoile, Sirius ou le chien d’Orion, pour nommer Canicula l’étoile particulièrement brillante de cette constellation du Grand Chien. Déjà en Égypte antique, la déesse Sopdet, personnification de l’étoile Sirius, était accompagnée d’une chienne. Souvent Sirius était simplement représentée par cet animal. Le lever héliaque de Sirius, période où l’étoile Sirius se lève en même temps que le Soleil et est donc visible à l’aube, marquait le nouvel an égyptien et le début de la crue du Nil vers le 19 juillet, à la période la plus chaude de l’année. Lors de la période du 24 juillet au 24 août, cette étoile très lumineuse se lève en même temps que le Soleil : ce constat avait laissé penser aux anciens qu’il existait un lien entre l’apparition de cette étoile et les grandes chaleurs météorologiques. Est-ce que de savoir ce que savaient les anciens, ça aide à supporter les chaleurs extrêmes ? ----------------------------------------------------------------------------------------------- Entièrement gratuit et sans publicité, édité par une association, le site des humanités entend pourtant fureter, révéler, défricher, offrir à ses lectrices et lecteurs une information buissonnière, hors des sentiers battus. Mais ça ne va pas de soi : abonnements de soutien (5 € par mois ou 60 € par an), ou dons, essentiels à la poursuite de cette aventure éditoriale :   ICI

Poutine et les armes nucléaires, le pédophile décoré et la salle de prière

Poutine et les armes nucléaires, le pédophile décoré et la salle de prière

A la Une (en ligne) du magazine d'investigation Proekt . Dans une vidéo déjà vue 450.000 fois en moins de 24 heures, le magazine Proekt dévoile les atours, après rénovation, du luxueux "palais secret" de Vladimir Poutine Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner :   ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI Ce mardi 7 mai, après sa dernière victoire à l’élection pestilentielle russe, Vadimir Poutine est investi ce jour président de la sainte Fédération de Russie. Il devrait y avoir quelques limogeages de ministres pas assez zélés, mais sur fond, rien ne va changer. Enfin si, mais en pire. En Russie, un ancien réalisateur d'émissions télévisées, Ilya Belostotsky, jugé et condamné pour agressions sexuelles sur mineurs, mais libéré pour aller combattre en Ukraine, vient de revoir une décoration d’Etat pour sa participation à "l’opération militaire spéciale". On n’ose imaginer quels actes de "bravoure" a commis ce pédophile en Ukraine… Poutine aussi montre ses bijoux de famille. On veut parler là des armes nucléaires. Hier après-midi, la chaîne du ministère russe de la défense rapporte que, sur instruction de Poutine, l'état-major général, les formations de missiles du district militaire sud, les forces navales et l'aviation mèneront dans un avenir proche des exercices visant à "accroître l'état de préparation des forces nucléaires non stratégiques pour mener à bien des missions de combat". Des diplomates ont par ailleurs affirmé que la Russie avait commencé à "intensifier le perfectionnement et la production" de systèmes de missiles terrestres à moyenne et courte portée qui étaient auparavant interdits en vertu du traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire. On imagine que certains dirigeants occidentaux vont se faire pipi dessus, on vous l’avait bien dit qu’il ne fallait pas humilier Poutine ; alors qu’il n’y a dans cette nouvelle rodomontade atomique aucune menace sérieuse. Comme souvent, quand Poutine (et / ou ses chiens de garde) menace "l’Occident", en fait il parle à ses frontières intérieures. Ici, brandir à nouveau la menace nucléaire vise à faire passer en Russie la pilule d’une nouvelle vague de mobilisation. Le Kremlin prévoit en effet d'envoyer un demi-million de personnes au front d'ici à la fin de l'année 2024. Auparavant, 25.000 à 30.000 personnes étaient enrôlées dans les forces armées russes chaque mois. Pour en recruter 500.000, il faut en incorporer 50.000 à 60.000. C’est ce qui s’appelle doubler la mise. Mais selon l'observateur politique et militaire Alexander Kovalenko, qui sait de quoi il parle, seuls 10 à 20 % de ces nouvelles recrues seront correctement préparées aux opérations de combat. Les autres suivront un entraînement de deux semaines et deviendront de la nouvelle "chair à canon". Dans le "palais secret" de Vladmir Poutine, l'ancienne "salle de striptease", devenue salle de culte. Photo Proekt   Il y a une deuxième raison aux annonces "nucléaires" de Poutine. Il s’agit de faire diversion, au moment où le magazine indépendant Proekt vient de publier un article ( ICI ) complété d’une vidéo qui a déjà été vue 450.000 fois en moins de 24 heures, sur le "palais secret" de Poutine (il n’est plus tout à fait secret depuis que les équipes anti-corruption de Navalny en avaient révélé l’existence). Ce luxueux palais a été rénové à grands frais. Parmi les transformations apportées : l’ancienne "salle de striptease" est devenue une chapelle, avec icônes orthodoxes (photo ci-jointe). C'est ce qui s'appelle passer du cul au culte... Pour Poutine, c’est une façon de dire « plus près de toi mon Dieu », et ça c’est une bonne nouvelle. J-M. A.   Vidéo (en russe) publiée hier sur YouTube par Proekt  : ----------------------------------------------------------------------------------------------- Entièrement gratuit et sans publicité, édité par une association, le site des humanités entend pourtant fureter, révéler, défricher, offrir à ses lectrices et lecteurs une information buissonnière, hors des sentiers battus. Mais ça ne va pas de soi : abonnements de soutien (5 € par mois ou 60 € par an), ou dons, essentiels à la poursuite de cette aventure éditoriale :   ICI

Le couple Macron-Attal, comment qu'ils jactent la langue

Le couple Macron-Attal, comment qu'ils jactent la langue

Gabriel Attal, à droite, et le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, à gauche, au commissariat d'Ermont, dans le Val-d'Oise, le 10 janvier 2024. Photo Bertrand Guay / AFP Issu de l'autre journal du dimanche , l'éditorial de notre agitateur clandestin, Tzotzil Trema. "Je suis souverain", "je suis souverain", "je suis souverain"... Qu'y a-t-il derrière le mantra jupitérien ? Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner : ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI Je ne sais pas, mais vous imaginez ?, un pays dont le Président ne saurait même pas jacter la langue. Ce pays existe, c’est la France. Ce président, c’est Emmanuel Macron. A la Sorbonne, jeudi 25 avril 2024, dans un discours fleuve censé « influer sur l’agenda » de la prochaine Commission européenne, le chef de ses états (d’humeur) a à nouveau invoqué la « souveraineté ». Pour lui, c’est un mantra. Le matin, il se lève et se regarde dans le miroir : "Je suis souverain". Le soir, au coucher, pareil. Souverain en tout et sur tout. Sauf que la « souveraineté », c’est un concept stupide. J’en parlerai une autre fois. Pour l’heure, passons… Lors de ce même discours, Jupiter (dont on ne sait de quelle cuisse il sort) a appelé de ses vœux une « Europe puissance ». C’est quoi, ce bazar, linguistiquement parlant ? Il aurait fort bien pu souhaiter "une Europe puissante", ou encore vanter la "puissance européenne". Mais une « Europe puissance » ??? D’ici à ce qu’on apprenne que c’est un slogan sorti du chapeau de McKinsey, grassement rémunéré pour doper la communication élyséenne... A l’étage en-dessous (Matignon), ce n’est guère mieux. Gabriel Attal, le Ken-sémillant Premier ministre, a des idées. On devrait s’en réjouir qu’un Premier ministre ait des idées, mais là, pour lutter contre la violence des jeunes, le jeune de la classe (Ken-Attal) a dégainé, le 18 avril dernier à Viry-Châtillon, un « plan » qui passe par un « sursaut d’autorité » .  Je passe sur l’internat des mesures qui ont été annoncées, tout le monde en a déjà parlé. Personne ne semble avoir dit à Ken-Gaby que "l’autorité", lorsqu’elle est imposée d’en haut, a fortiori par une autorité  que l’on conteste, ça n’a aucune espèce de chance de marcher. C’est comme pisser dans un violon. La véritable autorité ne peut être que librement consentie, ce qui suppose qu’elle soit communément construite. C’est un truc assez simple qu’Emmanuel Macron aurait dû apprendre de Paul Ricoeur, mais sans doute avait-il la tête ailleurs. Au demeurant, le Méprisant de la République est assez mal placé pour faire la leçon à son chambellan. Car la violence n’est pas que celle "des jeunes", elle est avant tout sociale. En 2008, Jean-Louis Borloo (qui n’est pas un gauchiste invertébré) avait rendu un rapport sur les banlieues, qui contenait des pistes fort intéressantes, lesquelles furent fissa enterrées par… Emmanuel Macron. Et en juin dernier, l’Institut Montaigne (un "think tank" plutôt classé à droite) avait formulé plusieurs propositions pour les Quartiers Prioritaires de la Politique de la Ville, proposant de « changer le logiciel sécuritaire pour rétablir l’état de droit et recréer la confiance perdue dans les institutions. » Il paraît que Darmanin a failli faire un infarctus. La fronde des écoles Pour revenir sur le terrain de l’éducation nationale, on saluera l’initiative des écoles du Tarn, qualifiée de "fronde" par La Dépêche du Midi . Au départ, c’est encore une idée à la McKinsey. Depuis début février, le ministère de l’Éducation nationale envoie à toutes les écoles primaires de France un colis "spécial JO 2024" avec à l’intérieur, un petit carnet d’environ dix pages sur les Jeux olympiques, accompagné d’une pièce commémorative de deux euros. Problème numéro un : légalement, les enseignants n’ont pas le droit de donner de l’argent aux enfants, fut-ce une pièce commémorative. Ce qui signifie donc que le ministère de l’Éducation nationale ignore les règles qu’il impose à ses agents ! En matière d’autorité, on fait mieux... Second problème : cette opération de com a coûté près de 16 millions d’euros. En une période de vaches maigres budgétaires, voilà de quoi susciter l’agacement et la révolte des enseignants : « dans une période où le gouvernement annonce des coupes drastiques dans le service public et notamment dans l’éducation nationale, clairement là, ça ne passe pas » , confie par exemple Mathieu Moles, co-secrétaire départemental du Tarn de la FSU. « On nous demande de faire des économies partout, de se serrer la ceinture, donc quand on voit de l’argent aussi mal utilisé que ça, ça fait mal au ventre. » Ce syndicaliste aurait préféré que ces seize millions d’euros soient investis dans les écoles, par exemple celles qui ont besoin d’équipement sportifs. Mais ça, ça excède l’intelligence (artificielle) de McKinsey, Gabriel Attal et Emmanuel Macron réunis. En attendant, les écoles du Tarn ont choisi de renvoyer le "paquet-cadeau" à l'expéditeur. Bravo ! TZOTZIL TREMA, agitateur clandestin Éditorial issu de l'autre journal du dimanche n° 2, 28 avril 2024 (70 pages), format flip book ou téléchargeable en PDF, ICI : https://www.leshumanites-media.com/post/quel-bastringue-l-autre-journal-du-dimanche-n-2 ----------------------------------------------------------------------------------------------- Entièrement gratuit et sans publicité, édité par une association, le site des humanités entend pourtant fureter, révéler, défricher, offrir à ses lectrices et lecteurs une information buissonnière, hors des sentiers battus. Mais ça ne va pas de soi : abonnements de soutien (5 € par mois ou 60 € par an), ou dons, essentiels à la poursuite de cette aventure éditoriale :   ICI

Géorgie : un rêve d'Europe ! Sérieux ???

Géorgie : un rêve d'Europe ! Sérieux ???

Tbilissi, le 5 mai 2024. Photo Dima Zverev L'éditorial de Tzotzil Trema pour l'autre journal du dimanche du 5 mai, reporté au lundi 6 mai. A suivre... Ils sont fous, ces Géorgiens ! J'avoue, oh toi la Géorgie, je te connaissais à peine, mis à part juste quelques films de Otar Iosseliani, surtout   Il était une fois un merle chanteur  (1970), vu il y a déjà longtemps, au ciné-club d'une MJC, quand il y avait encore des ciné-club et des MJC. On a le droit de me traiter de veux con, j'ai passé l'âge d'être jeune. Mais la jeunesse, c'est pas rien. Et puis voilà que déboule une jeunesse géorgienne dont j'ignorais tout. J'ai suivi ce qu'ont publié les humanités , je vois des visages, des sourires et des désirs. Le rédac' chef des humanités me dit qu'il est amoureux de cette jeunesse, ça ne m'étonne qu'à moitié, depuis qu'on se connait, et ça fait un bail, il tombe en amour, comme on dit chez moi au Québec, pour un rien, tous les quatre matins, voire plus. C'est sa drogue. Si j'ai bien lu, les humanités  ont là-bas, à Tbilissi, une correspondante de 27 ans, à peu près l'âge de ma fille. Elle, ma fille, ce qui la scandalise et l'interloque, ce n'est pas que Poutine, par oligarque interposé, puisse imposer sa loi à la jeunesse géorgienne, c'est que les États-Unis (et bientôt l'Europe ?) puissent interdire tik tok. Pour ça, elle est prête à descende manifester : "touche pas à mon droit d'être asservie". C'est son côté "Trump, je ne l'aime pas, mais au moins il n'interdira pas Tik Tok". Elle serait américaine, elle voterait Trump, heureusement elle n'est pas américaine, d'ailleurs elle n'est inscrite sur aucune liste électorale parce que la politique, qu'elle dit, c'est un truc de vieux. En un sens, je la comprends, en plus c'est ma fille donc je l'aime bien. J'en reviens aux Géorgiens, et comme je disais au début, ils sont fous. Je regarde ce qu'ont publié les humanités , et je tombe sur le cul. Non mais franchement : à l'opéra de Tbilissi, ils chantent l'hymne européen, dont les paroles disent : "Joie ! Joie ! Belle étincelle divine, / Fille de l’Élysée, / Nous entrons l'âme enivrée / Dans ton temple glorieux. / Ton magique attrait resserre / Ce que la mode en vain détruit ; / Tous les hommes deviennent frères / Où ton aile nous conduit. (...) Tous les êtres boivent la joie, / En pressant le sein de la nature / Tous, bons et méchants, / Suivent les roses sur ses traces, / Elle nous donne baisers et vendanges, / Et nous offre l’ami à l’épreuve de la mort, / L'ivresse s’empare du vermisseau, / Et le chérubin apparaît devant Dieu. (...)". Paroles de Schiller, musique de Beethoven, plus pompier tu meurs, c'est romantique, quoi. Personnellement, j'aime assez les pompiers, mais pas les romantiques, vu qu'ils sont romantiques. Et j'adhérerai à la révolution géorgienne le jour où sa jeunesse adoptera comme hymne Imagine de John Lennon, par exemple. En plus, je n'aime pas les drapeaux, et là je vois quoi ? Cette jeunesse géorgienne, non seulement elle s'enroule dans le drapeau géorgien, mais aussi dans le drapeau européen, et à mon humble avis elle se fait enrouler dans la farine. Personnellement, il y a une trentaine d'années, je me suis exilé un peu loin de tout ça, à une dizaine de kilomètres de Bonaventure, en Gaspésie (Québec), parce que j'en avais souper de l'Europe, et de la France en particulier, qui allait se choisir comme président un zozo comme Emmanuel Macron (au début des années 2000, quand je suis parti, Macron personne le le connaissait encore, mais c'était prévisible, comme aujourd'hui Le Pen-Bardella c'est prévisible, vu qu'ils ont aujourd'hui deux très bons directeurs de campagne, Macron et Mélenchon). Là où je suis maintenant, au moins les gens sont simples, et ils ne se font pas farcir la tête toutes les saintes journées par BFM et CNews, mais le monde n'est pas parfait, même ici, Tik Tok a réussi sa percée jusque dans la caboche de ma fille. Les caribous voisins, eux, n'ont pas Tik Tok, et ils sont restés assez sauvages. Je ne voudrais pas faire plus vieux con que je ne le suis déjà. Évidemment, la jeunesse de Géorgie, je la kiffe. Ils et elles rêvent d'Europe. Évidemment, comparé à la mafia russo-poutinienne dont leur Premier ministre, Iraki Kobakhidze, sorte de Gabriel Attal local, est un rejeton patenté, c'est mieux. Le plus drôle c'est que le parti au pouvoir, là-bas, s'appelle "le Rêve Géorgien", c'est un rêve genre cauchemar, et ce rêve-là, la jeunesse géorgienne n'en veut pas, et elle a mille fois raison. Donc elle rêve d'Europe. C'est rêve contre rêve. Nous autres, déjà européens, même exilés comme moi du côté de Bonaventure en Gaspésie, ce rêve d'Europe devrait nous réveiller. Est-ce encore possible ? On nous a mis sous sédatifs depuis si longtemps.... Mais bon, on peut toujours rêver. Alors, revenons au réel. Pour la jeunesse géorgienne, et pas que, quelle Europe ? TZOTZIL TREMA , Bonaventure, 4 mai 2024

Homs, dix ans après

Homs, dix ans après

Il y a 10 ans, le 4 mai 2014, le dernier bastion de la rébellion syrienne était contraint de capituler. Pour mémoire, avec un portfolio en prime : Homs en 1965. Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner : ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI Homs. Il y a 10 ans, le 4 mai 2014, après deux ans de siège et de bombardements, les dernières forces rebelles étaient contraintes de capituler à Homs, en Syrie. Vladimir Poutine a prêté main très forte à el-Assad pour mater dans le sang l’exigence démocratique des "printemps arabes".  Comme l’écrivait dans Le Monde (13 mars 2022) Jean-Pierre Filiu, « les deux dirigeants partagent une vision du monde largement comparable, forgée par la police politique dont la culture obsidionale les a durablement imprégnés, Poutine comme officier du défunt KGB, Al-Assad comme produit des "moukhabarates", ces services de renseignement qui ont pouvoir de vie ou de mort sur les Syriennes et les Syriens. Ce monde opaque où Poutine et Al-Assad ont été formés génère sa propre "réalité alternative" où le peuple n’a aucune existence, remplacé qu’il est par des "révolutions de couleur", elles-mêmes fruits des manipulations supposées des services occidentaux. Là où l’opposition démocratique est exaltée, Al-Assad et Poutine ne voient qu’un ramassis de "terroristes", pour le premier, ou de "nazis", pour le second, qu’il importe de liquider. » On comprend que la jeunesse géorgienne préfère aujourd’hui la perspective européenne à la camisole russo-poutinienne. PORTFOLIO La ville de Homs photographiée en 1965 par le photographe néerlandais Jan-Henk Kleijn ( Nationaal Museum van Wereldculturen )

Tbilissi (Géorgie), nuit du 2 mai. #NoToRussianLaw

Tbilissi (Géorgie), nuit du 2 mai. #NoToRussianLaw

Photo Dima Zverev En direct de Tbilissi, seconde nuit d'infos sur les humanités / journal-lucioles, contre la "loi russe" que veut promulguer le parti au pouvoir. Ce texte, inspiré d'une législation russe utilisée par le Kremlin pour réprimer les voix dissidentes, obligerait les organisations recevant plus de 20 % de leur financement de l'étranger à s'enregistrer sous le label infamant d'"organisation poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère", sous peine d'amende. Pour le chercheur franco-géorgien Thorniké Gordadzé, ancien ministre d'État pour l'Intégration européenne, "Ce n'est pas tellement contre l'opposition politique, il s'agit avant tout d'éliminer la société civile, les ONG et les médias critiques" . Les humanités sont évidemment solidaires d'une jeunesse géorgienne qui ne veut pas entendre parler du retour en arrière et qui ne veut pas redevenir une colonie de la Russie. Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner : ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI Le 2 mai 2024 à Tbilissi. Photo DR. Hier, la foule (au moins 120.000 personnes) s'est massée autour du Parlement géorgien. "Je crois qu'en 20 ans de couverture de ce pays, je n'ai jamais vu une manifestation aussi fournie que celle qui s'est déroulée hier soir à Tbilissi" , décrit jeudi 2 mai Régis Genté, le correspondant de France 24 et RFI en Géorgie. "Cela dit vraiment quelque chose de ce qui est en train de se passer dans ce pays et de l'ampleur de l'opposition."  Ce jeudi 2 mai, le Square des Héros, à Tbilissi, est devenu le lieu de rassemblement le plus emblématique, et ce choix n'a rien d'anodin. Le Square des héros (en géorgien : გმირთა მოედანი) est un monument construit pour honorer la mémoire des héros géorgiens disparus dans la guerre contre l'armée soviétique et dans les opérations en Abkhazie. Chaque jour, deux soldats arrivent le matin sur les côtés de la place, où se trouve une pierre commémorative, et, après avoir rendu hommage, se mettent au garde-à-vous en signe de respect. Le monument est situé près du zoo de Tbilissi. Il mesure 51 m de haut, comporte 16 faces en marbre. Les noms de plus de 4.000 victimes géorgiennes ont été gravés sur le mémorial en août 2008 ; ils comprennent les noms des étudiants militaires géorgiens morts dans la lutte contre l'Armée rouge en 1921, ceux des dirigeants de la contre-insurrection antisoviétique en 1924, et ceux des morts de la guerre abkhaze de cinq jours en 1992 et 1993. A minuit trente (à Tbilissi, 22 h 30 en France) Foule en liesse qui danse, qui danse... A l'Opéra de Tbilissi Square des Héros A 22 h 30 (à Tbilissi, 20 h 30 en France) Alors que les premiers manifestants arrivaient sur place, la répression policière s'est aussitôt déchaînée. La correspondante sur place des humanités , Alyssa G., a elle aussi été arrêtée. Photo DR HIER SOIR A TBILISSI Photo Dima Zverev  Photo David Mdzinarishvili/EPA Photo Dima Zverev Photo Giorgi Arjevanidze/Agence France-Presse Photo DR Photo Irakli Gedenidze/Reuters Photo Dima Zverev

1er mai en direct de Tbilissi (Géorgie)

1er mai en direct de Tbilissi (Géorgie)

Ce 1er mai 2024, par dizaines de milliers, des manifestants se sont rassemblés autour du Parlement géorgien pour s'opposer au vote d'une "loi russe". En direct sur les humanités . Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner : ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI De la correspondante des humanités à Tbilissi, Géorgie - 21 h (heure française, 23 h en Géorgie) . Le Parlement géorgien a franchi mercredi une étape supplémentaire vers l'adoption d'une loi qui va étouffer la liberté des médias et mettre en péril la candidature du pays à l'Union européenne. Ce 1er mai 2024, des dizaines de milliers de manifestants sont réunis autour du Parlement géorgien. La loi exigerait que les médias et les organisations non commerciales s'enregistrent comme "poursuivant les intérêts d'une puissance étrangère" s'ils reçoivent plus de 20 % de leur financement de l'étranger. Le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a retiré une proposition similaire l'année dernière après des manifestations de masse. Quatre-vingt-trois des 150 législateurs géorgiens ont approuvé le projet de loi en deuxième lecture. Un troisième et dernier vote au Parlement est nécessaire pour qu'il puisse être promulgué. Ce vote devrait avoir lieu dans les prochains jours. Les relations entre la Russie et la Géorgie ont été compliquées et turbulentes depuis l'effondrement de l'Union soviétique au début des années 1990. La Géorgie a adhéré aux résolutions internationales condamnant l'invasion de l'Ukraine par la Russie, mais elle est également devenue une destination privilégiée pour les Russes fuyant la mobilisation militaire et la répression politique. Même le parti au pouvoir en Géorgie a connu des tensions internes à propos de son voisin. Le ministère de l'intérieur a déclaré que 63 personnes avaient été arrêtées lors de la dernière manifestation. Mercredi, la télévision géorgienne a montré Levan Khabeishvili, président du parti pro-occidental Mouvement national uni, arrivant au Parlement avec des bandages sur le nez et le front. Les membres du parti de M. Khabeishvili ont déclaré qu'il avait été agressé par la police lors des manifestations. Des ecchymoses et des coupures violettes étaient visibles autour de l'œil gauche de M. Khabeishvili, alors qu'il exhortait ses collègues législateurs à rejeter le projet de loi. "Si vous n'êtes pas intéressés par la façon dont le leader du principal parti d'opposition a été battu, alors - dans l'intérêt de ces jeunes gens qui ont été blessés, frappés à la tête et couverts d'ecchymoses - je vous demande une fois de plus, même si je n'ai pas d'espoir, de retirer cette loi" , a-t-il déclaré. Le vice-ministre de l'intérieur, Aleksandre Darakhvelidze, a affirmé lors d'une réunion d'information que M. Khabeishvili avait franchi un cordon de police la nuit précédente et qu'il avait été blessé alors qu'il "résistait". M. Darakhvelidze a affirmé que les manifestants et les dirigeants de l'opposition "commettaient constamment des actes de violence". La police a mis fin à la manifestation après que les manifestants aient tenté de bloquer les entrées du Parlement. Alors que les manifestants se rassemblaient à nouveau ce mercredi 1er mai, Beqa Liluashvili, un législateur de l'opposition, a publié une vidéo en direct de l'hémicycle du Parlement montrant des législateurs criant et s'affrontant physiquement. L'un d'entre eux a jeté une pile de documents sur les opposants. D'autres maîtrisent leurs collègues. Helene Khoshtaria, députée de l'opposition, a accusé le parti au pouvoir d'essayer "d'entraîner la Géorgie dans l'influence russe" et "de lui fermer son avenir européen" . "Nous ne voulons pas du régime soviétique que nos parents ont connu" , a déclaré un manifestant, "Je pense que tout le monde devrait descendre dans la rue pour dire non à la loi russe et oui à l'Europe". La présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili, de plus en plus en désaccord avec le parti au pouvoir, a critiqué le projet de loi et promis d'y opposer son veto s'il est adopté par le parlement. Mais le parti au pouvoir peut passer outre le veto et demander au président du parlement de signer le projet de loi. La présidence géorgienne, dont les pouvoirs sont particulièrement limités, passera cette année d'un poste directement élu à un poste choisi par un collège d'électeurs comprenant des membres du parlement. En direct de Tbilissi. Photos Zurab Tsertsvadze 22 h 15 "Nous ne ferons plus jamais partie de la Russie, mais nous avons besoin de votre aide pour nous assurer que nous n'y retournerons jamais". Un homme place le drapeau de l'Union européenne à l'entrée du Parlement géorgien. Il a été visé par des gaz poivrés. "Non à la loi russe" Minuit "Never slave again", tag sur un des murs de la capitale géorgienne. Photo DR Face à face entre manifestants et police. Photo Beeld Giorgi Arjevanidze / AFP La nuit sera longue. A suivre au fur et à mesure sur les humanités / journal-lucioles

Depuis les arbres, parole d'écureuil !

Depuis les arbres, parole d'écureuil !

ACTIVISME Élagueur de métier, Reva est sans doute considéré par M. Darmanin, ministre de l'Intérieur, comme un dangereux "éco-terroriste". La preuve : il fait partie de ces "écureuils" qui se sont perchés dans des arbres, sur le trajet de la future A 69 qui devrait relier Toulouse à Castres. Entretien avec un amoureux des arbres, attentif à ce qu'ils nous apprennent. Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner : ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI Nous ferons toute une armée des arbres, et nous ramènerons à la raison la terre et ses habitants". Italo Calvino , Le Baron perché   Comme Thomas Brail, Reva est du genre écureuil, défenseur des arbres que le chantier de l’A 69, entre Toulouse et Castres, veut sacrifier ( ICI ). Depuis longtemps, il grimpe aux arbres et y reste perché « pour être heureux, pour trouver la paix, une sérénité, une sagesse »  nous dit-il. Il en a fait son métier. : élagueur.   Préserver les arbres, empêcher qu’on les abatte, c’est un engagement militant personnel mais cela est aussi cadré par la loi ; un projet tel que l’A69 n’y échappe pas, et pourtant… Reva était dans les chênes de la ZAD de la Crém’arbre jusqu’à fin mars . Il a subi, avec d’autres , le harcèlement des « forces de l’ordre » (lire ICI ). Droit et écologie sont pourtant étroitement liés (lire entretien avec Michel Prieur ) pour ceux qui n’y voient pas des règles intangibles à respecter mais pour l’un comme pour l’autre l’accompagnement d’un  mouvement (voir "Mireille Delmas-Marty, La boussole des possibles" ) . Ce mouvement associe tous les vivants, interdépendants et solidaires. Les humains font partie de ce tout, ils ne sont pas au-dessus. Reva et les autres écureuils l’expriment dans un slogan : Écocide = Homicide. La force de ce slogan repose sur toute une réflexion, soutenue par la recherche scientifique la plus récente, et une éthique qui pousse à s’engager, à renoncer à tout confort et sécurité. / Isabelle Favre ENTRETIEN   « L’arbre, clé de voûte de notre vie en mouvement » Reva : Les arbres sont plus que d’autres les super-piliers de nos équilibres : ils sont les activateurs, les garants des cycles hydriques. Ils nous permettent non seulement de respirer, mais aussi de nous alimenter et de boire. Les arbres sont ce que nous avons de plus précieux sur terre parce que nous sommes constitués essentiellement d’eau. En manquer, c’est nous mettre directement en danger. Quand il manque un maillon, on n’a plus de chaîne, de maillage, le grand maillage des vivants. Si on rompt une maille, deux mailles, quelques mailles, à force de braquer, piller les ressources naturelles, on finit par faire une trouée. Cette trouée ne va faire que s’effilocher petit à petit et c’est la structure entière qui finit par s’ébranler. Ça prend peut-être un peu de temps, on ne le voit pas forcément arriver. Le résultat final, ce serait la disparition de l’humanité puisque en détruisant nos habitats, on finit par nous détruire nous-mêmes, puisque c'est notre "habitat" qu'on détruit. Ce n’est pas accablant, c’est très responsabilisant. Je souhaite de tout cœur que l’humanité en prenne conscience et se réveille parce qu’on s’est enfermé dans des considérations futiles et de peu de vertu, consuméristes. Nous informer, conscientiser nos actions quotidiennes, c’est rendre possible, sans utopie, la convergence vers un monde plus harmonieux. J’aime beaucoup la notion de clé de voûte plutôt que de chaîne et de maillon manquant. En fait, l’arbre pour moi, c’est vraiment la clé de voûte de la vie, du vivant, c’est une pièce absolument essentielle, complexe. Sans elle, rien ne tient . Elle est d’ailleurs aussi aérienne que terrestre. La sixième extinction de masse que nous sommes en train de vivre, c’est tout l’or du monde qu’on pille pour un pseudo-confort égoïste et accessible par l’existence de guerres et de souffrances. Le néocolonialisme contemporain n’est autre que la domination par l’appropriation et la destruction des terres conjuguée à l’exploitation des ressources naturelles. Ouvrons les yeux ! Ce que nous apprennent les arbres  Le chant des oiseaux stimule la croissance des végétaux. On a beaucoup appris ces dernières années sur les arbres. Ce qui m’a vraiment fait plaisir à travers des lectures, des conférences c’est de faire le lien avec ce que je croyais être un excès de sensibilité. J’ai toujours été choqué, agressé par les éclairages nocturnes, par le bruit, par le béton, par le traitement des arbres en ville, par la pollution de l’air : tout ça m’agresse énormément. Plus la science avance et plus on fait de découvertes sur les arbres, plus je comprends que ce que je vis comme des agressions ce sont des choses qui ne sont ni naturelles ni ne respectent le Vivant. Or, je suis vivant! Ça m’affecte, ça m’agresse, ça me met le cœur en miettes.  Pour les gens un arbre ou un autre, peu importe : c’est un arbre. Et puis si c’est un arbre en plastique : il n’y a même pas à le tailler, c’est économique. Actuellement, il y a un boom des plantes artificielles parce que ça remplit le même effet, le même objectif : du décor, du vert. Bien des gens ne font pas la différence, et c’est extrêmement dangereux, contre-productif. Ces arbres en plastique, ces plantes en plastique ajoutent au bilan carbone sans donner aucune énergie, aucune vibration, aucune décarbonation et coûtent énormément en eau et en énergie sans rien rapporter en contrepartie d'autre qu'une éphémère et onéreuse illusion .  Élaguer, mais surtout laisser l’arbre vivre dans sa diversité et faire son bois mort Comme élagueur, j’interviens seulement dans certaines situations, et le moins possible. On constate que l’arbre fait tout le boulot, il n’y a quasiment pas à intervenir en fait. C’est un métier qu’on a beaucoup trop mal développé, comme si les arbres avaient besoin de nous pour aller bien. C’est l’inverse ! Nous avons besoin d’eux pour continuer d’exister ! Il faut assurer les mises en sécurité, oui. S’il y a une branche qui casse, qui menace les passants. Mais s’il n’y a pas vraiment de danger, autant la laisser en place, parce qu’elle a sa fonction, abriter des champignons, des insectes, retenir de l’eau. Pour les arbres fruitiers si on veut que ça produise, on fait des tailles de formation plutôt que de stimulation excessives qui sont de réels stress, des traumatismes qui raccourcissent la durée de vie des arbres. J’évite à tout prix les tailles de restructuration : si on fait de la restructuration, c’est qu’il y a quelque chose qu’on a mal fait. L’arbre peut faire des erreurs qui peuvent lui être préjudiciables par la suite mais c’est souvent des réactions à des traumatismes qu’on lui a infligés. Si on le laissait un peu tranquille, il se débrouillerait très bien tout seul. Sur un arbre, je ne sais plus s’il y a des milliers ou des dizaines de milliers de génomes, son ADN évolue dans sa croissance. L’arbre essaie de se diversifier au maximum pour se rapprocher de quelque chose de pérenne, il est en apprentissage continu ! Si on le laisse a pprendre , il fera les choses très bien.  C’est normal qu’il y ait du bois mort. Ça aussi, c’est très intéressant. On a un rapport à la mort qui est absurde, injuste et même très dangereux. On appauvrit nos sols, nos jardins, toute notre agriculture, puisqu’on ne valorise plus tout ce qui est déchet, tout ce qui est mort. Dans les jardins, on évacue les "déchets de tontes", on enlève toutes les feuilles mortes, tous les troncs, les branchages qui sont morts : on fait "du propre" et on élimine énormément de biodiversité. On retrouve environ 75% de toute la biodiversité d’une forêt dans un morceau de bois mort au sol; le bois mort, c’est aussi une éponge, de l’humidité, des stocks d’eau qui permettent d’amortir les effets de courtes sécheresses. Cela m’interroge beaucoup sur notre rapport à la mort. Quelque chose qu’on isole, dont on ne veut pas parler, qu’on ne veut pas regarder, qu’on traite avec distance. On met les petits vieux dans des petites boîtes où ils meurent tous ensemble, il ne faut pas que ça nous affecte trop. L’approche de la mort est à reconsidérer de façon plus heureuse et digne mais là c’est une autre thématique. Vivre en autogestion Faire "du propre" … On arrive chez les clients et ils disent : "bon, là, vous me faites un petit coin propre", et là on détruit tout, c’est tout l’inverse qu’il faut faire. Il y a un travail d’éducation gigantesque à faire, capital, urgent. J’ai un petit terrain, pas bien grand, où c’est vert, je laisse tout en auto-gestion, j’ai juste une faux, je dessine et redessine des chemins, différemment selon l’humeur, la saison, les oiseaux, les fleurs et plantes qui sortent de terre spontanément . Ma priorité c’est les insectes. Mes voisins passent la tondeuse tous les 4 matins, et c’est catastrophique. Le propre, c’est l’accaparement, le contrôle. Il est important de laisser la libre utilisation du site à l’ensemble du Vivant et pas seulement aux humains qui doivent laisser libre cours à leur diversité. Entre les humains et les arbres, je fais énormément de liens. Une souche de 500 ans s’est maintenue en vie grâce aux arbres vivants environnants, qui lui fournissent de quoi tenir. Ça nous interroge sur nos façons d’être solidaires et de valoriser les capacités que l’on a, les trésors que ça représente. Tout a sa place et son intérêt pour qu’il y ait un équilibre, il ne tient qu’à nous de le comprendre et de le valoriser. Contre une société qui est de plus en plus stérile et qui court à sa perte dans la mesure où elle se prive d’une partie d’elle-même. Je trouve cela non seulement dommage, mais c’est une transformation dangereuse : on devient des clones en ayant tous les mêmes rêves, les mêmes besoins et ce n’est pas du tout ça, la Nature, le Vivant : c’est la diversité ! Il me semble urgent d’alerter qu’un écocide n’est rien d’autre qu’un homicide. " Eco " vient du grec oikos , "la maison", et "cide" , du latin caedere , "tuer". Avoir un abri, manger, boire, dormir, …font partie de nos besoins de base, c’est donc l’intégralité de la pyramide des besoins identifiés par Abraham Maslow qui s’effondre dans la souffrance. L’arbre nous apprend à assumer et mieux : à cultiver notre complexité (dans le sens des combinaisons possibles) et nos interdépendances avec ce qui nous entoure, dont nous faisons partie. Au-delà des guerres d’égo et des futilités consuméristes, apprendrons-nous assez des arbres pour devenir humbles et altruistes? Le Vivant a besoin que l’Humain tende vers un chemin plus harmonieux en urgence. Écocide=homicide : pas si provocateur que ça, ce slogan ? Le plus important, c'est de se mettre au contact du Vivant, des arbres, et d'ouvrir son cœur, ses yeux, et énormément de choses puissantes arrivent dans l énergie, la compréhension et la beauté. Propos recueillis par Isabelle Favre, le 12 avril 2024 Pour aller plus loin : L e livre la vie secrète des arbres,   du forestier Peter Wohlleben qui permet de comprendre et de s’émerveiller de ce que sont les arbres. ICI les interventions très enrichissantes et accessibles avec Ernst Zürcher et Françis Hallé : https://youtu.be/JPcMBYBl9Yo?feature=shared Adhérez aux associations comme le GNSA, Canopée, Bob Brown Fundation et d’autres qui protègent les arbres !
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Les géants de la forêt, menacés d'extinction

Les géants de la forêt, menacés d'extinction

Un shihuahuaco, dans la forêt amazonienne du Pérou. Photo The Rainforest Journalism Fund. En Amazonie, le shihuahuaco est menacé d’extinction. Cette espèce millénaire fait l’objet d’un abattage en règle aux fins d’exploiter son précieux bois, qui finit sur les terrasses et parquets en Europe et en Chine.   Clé de voûte des forêts tropicales de Bolivie, du Brésil, de Colombie, d'Équateur et du Pérou, le shihuahuaco peut atteindre jusqu’à 60 mètres de haut. Il compte aussi parmi les plus anciens : il lui faut environ mille ans pour atteindre sa taille maximale. Espèce à croissance lente, il joue un rôle crucial dans l’absorption du dioxyde de carbone. À lui seul, un spécimen mature peut capter jusqu’à 40 tonnes de carbone. Dans l’ensemble, la forêt amazonienne absorbe environ 2 milliards de tonnes de CO2 par an, soit environ 5 % des émissions annuelles mondiales. Qualifiés d’émergents, car ils atteignent l’étage dominant de la forêt, les shihuahuacos logent d’innombrables créatures : les chauves-souris, les singes, les aras et les aigles, parmi lesquels la mythique harpie féroce. Cette espèce menacée, le rapace le plus grand et le plus menaçant de la forêt tropicale, a besoin d’arbres géants et de branches très solides pour la nidification de ses œufs. A la cime des shihuahuacos, des grappes de fleurs couleur lilas fleurissent pendant la saison humide, et se transforment en gousses de fruits lourds ou en légumineuses à la saison sèche, dont se nourrissent les singes-araignées, agoutis, opossums, écureuils et autres rats épineux. «  Les shihuahuacos sont les piliers de l’écosystème, leur colonne vertébrale » explique Tatiana Espinosa . « Ils sont connectés à l’ensemble de la forêt à travers un réseau de racines et de communication qu’ils ont tissé durant des centaines d’années, et durant lesquelles ils ont développé des niches écologiques et des habitats naturels pour des micro-organismes et différents groupes d’animaux qui dépendent de lui pour se reproduire.  » Cette ingénieure forestière de 46 ans est à la tête d’une concession de conservation de près de 1 000 hectares, au sein de la région du Madre de Dios, au sud-est du Pérou. L’ONG Arbio, qu’elle a fondée il y a plus de dix ans, est implantée dans cette région amazonienne, l’une des plus grandes du pays, reconnue comme zone critique de biodiversité. " Les shihuahuacos sont les piliers de l’écosystème " ( Tatiana Espinosa, ingénieure forestière, fondatrice de l'ONG Arbio) Loin de la précieuse faune et flore qu’il abrite,   le shihuahuaco est aujourd’hui très recherché pour un autre genre de richesse : son beau bois rouge sombre, extrêmement résistant. Il est massivement vendu à la Chine (à 70 %), mais aussi aux pays européens, la France en tête, pour être transformé en planches et venir habiller nos terrasses et parquets d’intérieur. Plus de 500.000 tonnes en ont ainsi été exportées du Pérou depuis dix ans. Victime d’exploitations forestières illégales, le shihuahuaco, tout comme d’autres espèces convoitées de cette forêt tropicale, est aujourd’hui gravement menacé. Dans certaines régions, il est devenu quasiment introuvable. En 2017, il a été classé en état de « danger critique » ou de « vulnérabilité » , selon ses sous-espèces. Sa croissance, extrêmement lente – il lui faut en moyenne sept cents ans pour que son tronc atteigne un mètre de diamètre –, ne permettrait pas sa régénération naturelle à ce rythme d’exploitation. « Quand c'est loin de la ville, la police n'intervient pas, le gouvernement non plus. Les narcotrafiquants, les bûcherons illégaux, les mineurs, peuvent faire leurs activités illicites sans problème », déplore Paul Rosolie, co-fondateur de l'ONG Jungle Keepers. En Amazonie, la rivière sert généralement d'autoroute pour transporter le bois. Mais dans le cas du shihuahuaco, la voie fluviale est impossible car l'arbre est trop lourd et ne flotte pas. Les bûcherons construisent des routes à travers la forêt pour transporter le géant. E t les exploitants agricoles pr ofitent des routes tracées pour mettre le feu à des parcelles entières et installer ensuite des pâturages . Fin 2024, le shihuahuaco entrera enfin dans la liste de la Convention sur le commerce international des espèces menacées. Le Pérou aura alors l’obligation de réguler davantage son exportation et de garantir un bois d’origine légale. Aurélie Marty Sources : amazonaid.org , lemonde.fr ,  rts.ch Pérou : haro sur le shihuahuaco, un arbre millénaire en danger , un reportage de FRANCE 24 réalisé par Amandine Chaparro et Guillaume Gosalbes Complément d'enquête Réglementation contre le bois illégal : dix ans après En 2013, le règlement sur le bois de l’Union européenne interdisait l’importation de bois coupé illégalement. Il imposait notamment aux entreprises de faire preuve de diligence raisonnée, c’est-à-dire de mettre en place un ensemble de vérifications qui permettent de s’assurer de l’origine du bois et d’empêcher toute importation de bois coupé illégalement. Dès les premières années suivant son entrée en vigueur, il est apparu clairement que les États membres ne souhaitaient consacrer que  des moyens très limités – voire inexistants – à sa bonne application, et la France ne fit  pas exception . Résultat : dans  le bilan  du règlement qu’elle tirait en 2021, la Commission européenne évoque une application  « inégale »  du règlement au sein de l’Union et indique qu’il  « n’a pas eu d’effet notable sur le volume des importations de bois provenant de sources connues pour présenter un risque élevé » . Elle précise que  « le règlement sur le bois pourrait avoir entraîné une réduction des importations dans l’Union de bois issu d’une récolte illégale comprise entre 12 et 29 %. » Un constat qui affiche des résultats bien loin de l’objectif initial d’un arrêt total du commerce de bois illégal sur le sol européen. L’organisation Greenpeace a démontré à plusieurs reprises que le commerce de bois illégal perdurait dans l’Union européenne, malgré l’entrée en vigueur de ce règlement. Source : Greenpeace.fr Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner : ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI

Avec Raymond Sarti, un rêve de théâtre

Avec Raymond Sarti, un rêve de théâtre

Maquette du "Mobilteat" conçu par Raymond Sarti Le scénographe Raymond Sarti, qui sera prochainement rédacteur en chef invité des humanités / journal-lucioles, est actuellement en réunion avec les esprits. Plus concrètement, il est sur l'Ile de la Réunion, pour y déployer le prototype d'un "théâtre mobile de création", autonome en énergie, conçu tous terrains et territoires. C'est un rêve qui prend forme. Un rêve de théâtre, nomade et "éco-responsable", comme tout le monde dit aujourd'hui, mais là c'est vrai. Un rêve qui, peut-être, a commencé à prendre racine lorsque Raymond Sarti a conçu avec Gilles Clément la grande exposition du Jardin planétaire (en 1999 à La Villette, voir ICI ). Qui sait ? De toute façon, Raymond Sarti est un rêveur, capable, par exemple, de tenir en haleine pendant plus de deux heures, les étudiants de l’École des Beaux-arts de Paris, avec une conférence intitulée "Je deviendrai le paysage parce que l'horizon me désespère" (phrase empruntée à Fabrice Melquiot). C'était en novembre 2022 (voir ICI ). Un rêve de théâtre, donc, qui a commencé à germer voici cinq ans, et qui est enfin en train d'éclore, à la Réunion, avec le Centre dramatique national de l'Océan Indien. Un rêve de théâtre qui a un nom : le “Mobiltéat’” : "théâtre mobile de création, autonome en énergie/ Qui va au devant des publics/ en autonomie complète/à l’impact environnemental faible/ d’une jauge de 220 places/ tous terrains et territoires/ qui permettra aux créatrices et créateurs de la scène, une nouvelle approche entre Culture et Nature" , écrit Raymond Sarti. Ce “Mobiltéat’” est actuellement en cours de réalisation à la Réunion, avant de premières mises à l'épreuve du réel en septembre prochain. Et cerise sur le gâteau, le projet vient tout juste de recevoir la bénédiction du label FRANCE 2030, plan d'investissement d'avenir annoncé par Emmanuel Macron en octobre 2021, dont l'objectif est de "rattraper le retard de la France dans certains secteurs industriels, investir dans le développement durable et engager la France dans la maîtrise des espaces communs." Pour une fois que l'argent public est judicieusement utilisé, on ne va pas faire la fine bouche. J-M.A. Site internet de Raymond Sarti : https://raymondsarti.com

Kiki Picasso, peintre du futur antérieur

Kiki Picasso, peintre du futur antérieur

Évacuation des sans-papiers réfugiés à l'église Saint-Bernard, 1996 (extrait). © Kiki Picasso PORTFOLIO Un "bilan provisoire", déjà fort copieux. Jusqu’au 9 mai 2024, Kiki Picasso (s')expose dans l’espace Niemeyer, le hall et la coupole du siège du Parti communiste français place du Colonel-Fabien à Paris. A cette occasion, l'artiste, fondateur du légendaire mouvement Bazooka, offre aux humanités / journal-lucioles un portfolio exclusif, ici accompagné par un texte enlevé de Daniel Mallerin, membre du comité de rédaction "luciolesque" des humanités , et qui fut le premier éditeur de Kiki Picasso. Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner : ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI REPÈRES Christian Chapiron , alias Kiki Picasso , né le 15 avril 1956 à Nice, est un artiste multidisciplinaire, membre et fondateur du mouvement Bazooka (1), qui a notamment collaboré avec le journal Libération  et la revue Un Regard moderne  à la fin des années 1970. Après la dissolution de Bazooka, il poursuit une carrière de graphiste pour la télévision, travaillant sur l'identité visuelle de nombreuses émissions. Dans les années 1980, il est l'un des premiers artistes à utiliser la PaintBox, la première tablette graphique. Il réalise en 2002 le film Traitement de substitution N°4  qui réunit ses œuvres en vidéo réalisées à la PaintBox. Depuis quelques années, il se consacre plus exclusivement à la peinture, tout en poursuivant son engagement militant, notamment auprès de l'association d'aide aux usagers de drogue Asud. En 2009, Kiki Picasso publie en 2009 avec Loulou Picasso Engin Explosif improvisé  aux éditions l'Association. On y retrouve une quarantaine de diptyques agrémentés de textes et slogans, ainsi qu'en annexe l'intégralité des Animaux Malades (1977-1978). Kiki Picasso s'est tourné vers la peinture, malgré le fait qu'il n'ait « jamais eu envie d'aller sur le marché de l'Art » et que les commandes de peintures par des galeries contraignent l'artiste à rester cantonné dans son atelier. La Maison Rouge lui commande en 2017, pour l'exposition L'Esprit français, contre-cultures, 1969-1989, une série de vingt tableaux grand format, horizontaux, qui revisite de manière chronologique les grands événements de l'actualité de cette époque.   (1). La création de Bazooka est partie du constat fait par ses membres que les espaces d'expression alloués par les institutions artistiques, notamment les galeries, n'offrent pas la liberté nécessaire à la diffusion de leurs créations, et ne s'adressent pas au public qu'ils souhaitent toucher. Les membres du groupe sont dans une logique de guérilla contre les institutions, attaquant les galeries à coups de fumigènes ou de boules de neige. La logique de Bazooka était de faire de l'art sur d'autres supports que les murs des galeries, privilégiant les médias. Identifiés au mouvement punk, Bazooka, puis Kiki Picasso seul, ont réalisé de nombreuses pochettes d'albums, notamment pour le label Skydog, référence du punk en France, fondé par Marc Zernati, ainsi que des clips pour Starshooter, Elli et Jacno, Alain Bashung, Sapho, Nicoletta, Elvis Costello… Source : Wikipedia (extraits) : https://fr.wikipedia.org/wiki/Kiki_Picasso Ouvrages parus : Les chefs d'oeuvre de Kiki Picasso , éditions Le Dernier Terrain Vague, 1981 ; Dripping Kiki , Kiki Picasso, éd. Jean-Pierre Faur, 1992 ; Psychoactif , Christian Chapiron et Christian Vilà, éd. du Lézard, 2000 ; Nouvelles haschichiennes , Kiki Picasso et Shilum, éd. du Lézard, 2005 ; Engin explosif improvisé , Kiki Picasso et Loulou Picasso, éd. L'association, juin 2009 ; Carnival, le rêve d'un ogre ridicule , Eugène Durif et Kiki Picasso, éd. Tohu Bohu, 2019 TEXTE Les fans -       Pince-moi ! Est-ce un rêve ? La prise du siège du PCF par Kiki Picasso. T’as vu ces banderoles accrochées aux grilles - BILAN PROVISOIRE – 50 ANS DE L’HISTOIRE RÉCENTE EN 50 PEINTURES – le trompe l’œil militant, l’affiche lacrymogène ? -       Qui aurait pu imaginer que la Résistance Graphique,  ce vieux mot d’ordre de Kiki Picasso, notre flamboyante figure punk, atteigne un tel niveau de "spectacularité" ? Le gigantisme du "détournement" – la soucoupe d’Oscar Niemeyer, à plus d’un titre emblème de la capitale – mais aussi le rapt du Politique et de l’Art confondus dont on prend la mesure avec le Journal-Catalogue indissociable de l’exposition, de son concept et de son achèvement. -       Que vois-je ? L’éditorial pompon est signé Pierre Laurent, pur-sang communiste et ancien patron de l’Humanité . Kiki Picasso ne s’est-il pas fait autrefois casser la gueule par quelques grenadiers du PCF ? Éditorial auquel s’ajoutent les déclarations de foi de deux mandarins de la forteresse culturelle, l’un directeur général de l’institut National de l’Histoire de l’Art (fidèle de Bazooka ), Éric de Buretel de Chassey, et le deuxième, Président du Palais de Tokyo, Guillaume Desanges. -       Non, ce n’est pas un canular ! -       Mais comment en est-on arrivés là ? Le Président du Palais de Tokyo : -       Cela a commencé en 2017 par la commande d’une peinture murale dans le cadre d’une exposition sur les contre-cultures des décennies 1970 et 1980, en France (L’Esprit français, contrecultures 1969-1989, La maison Rouge, Paris, 2017, commissaires : Guillaume Désanges et François Piron). Les fans (témoins de l’expo L’Esprit français) : -       Non, pas une "commande de fresque murale" mais un service de bouche-trou dans le morne bazar, ça fera de la couleur, d’une opération de récupération qui avait tout de même complu une poignée de survivants en raison de la fameuse "visibilité", brocardée par Annie Le Brun –qui leur était accordée d’une façon imprévue.   Le Président du Palais de Tokyo : -       La réponse de Kiki Picasso fut de produire vingt tableaux cruels et festifs au sous-titre savoureux (« Il n’y a pas de raison de laisser le bleu, le blanc et le rouge à ces cons de français »). Les fans : -       Savoureux ! Le Président du Palais de Tokyo : -       Cette grande fresque historique fonctionnait par association libre, anachronique et décalée entre des événements hexagonaux (un ou deux par an) et des représentations inspirées d’images de la presse venant l’illustrer. Un télescopage iconographique brutal, déhiérarchisé, punk, qui semblait s’arrêter de manière arbitraire sur des motifs tirés du flot continu de l’actualité comme sur le rouleau d’une machine à sous . Les fans : -       Exact, précis ! Le Président du Palais de Tokyo : -       La série s’est depuis augmentée, pour atteindre une cinquantaine de toiles, s’ouvrant à l’actualité internationale. Les fans : -       Un prince de l’immobilier acheta les 20 tableaux et les exhiba deux ans plus tard (avril-mai 2019) à l’Hôtel Beaubrun – château Moulinsart du Marais et siège de l’entreprise –, l’écrin fantastique d’une rétrospective réalisée par Éric de Buretel de Chassey : Les chefs d’œuvre de Kiki Picasso . Seigneur, on offrait au zigomar des médias une « visibilité » muséale ! Ça, c'était vraiment savoureux ! Et instructif La sophistication et la singularité des réalisations éphémères, leur diversité et leur matérialité de bouts de ficelles. La scénographie savante réactivant leur caractère hypnotique, l’ensemble était proprement stupéfiant. Un joyau psychédélique, quelque chose de Performance de Nicolas Roeg. On n’aurait pas été étonné de croiser Mick Jagger dans la salle de bal où les beautifull people accouraient se faire photographier devant des tableaux qui déchirent. C’était il y a cinq ans, on s’en souvient comme si c’était hier. La féérie a poussé Kiki à « augmenter » la dose. Il y a pris goût, devenant une nouvelle sorte de Peintre du dimanche  se gaussant de délaisser ses pratiques électroniques ta mère… Le Président du Palais de Tokyo : -       Un bilan aussi méthodique qu’outrageusement parcellaire, et   donc chaotique, insensé, sans morale, échouant volontairement   à faire système… La grande tradition de la peinture   d’histoire caviardée par l’ironie pop, à mi-chemin entre   propagande et publicité, célébration et critique, vanité documentaire et calendrier de l’avent trash. Les fans : -       On ne devient pas Directeur du Palais de Tokyo par l’opération du Saint Esprit, t’as vu ce métier, hein ! Sans compter le parfum infernal de la conclusion…   Le Président du Palais de Tokyo : -       Cette figuration grinçante aux couleurs criardes qui place tout au même niveau, c’est-à-dire ici dans un univers de paillettes colorées, faisant des protagonistes de l’histoire des acteurs et actrices outrageusement maquillé·es, en représentation, surjouant la joie, l’ennui, la tragédie ou la douleur. Toujours du spectacle. Avec en fond, tapi sous les ciels multicolores et derrière les mines réjouies, un mauvais présage sur l’issue de cette saga planétaire dont on ignore s’il y aura bien une prochaine saison.   Les fans : -       Et Arthur disait : « J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, avec le sang. Le malheur a été mon Dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l’air du crime. Et j’ai joué de bons tours à la folie ».   Pour le coup, voilà l’artiste totalement dispensé de commenter ses cinquante peintures. Aux autres Le jour du vernissage, emporté par la foule – près de 1000 mille fans ont répondu à ses fumigènes – on pouvait entendre notre Zébulon, punk et consensuel, en faire d’humbles gorges chaudes.   Prolixe en petites histoires de tribu, Kiki Picasso laisse donc les grandes – l’Histoire en majuscule et l’Histoire de l’Art en majesté – au Directeur de l’Institut National de l’Histoire de l’Art, à bon entendeur salut !   Au siège du PCF, Éric de Chassey ne pouvait que poursuivre la logique mise en œuvre il y a cinq ans à l’Hôtel Beaubrun. Passant des Chefs d’œuvre de Kiki Picasso  au grandiloquent  Kiki Picasso, Peintre d’histoire , le voilà tenu de de surenchérir jusqu’au sacrilège (habillé dans le langage de l’expertise), osant la comparaison que tu vas voir…   Le directeur de l’Institut National de l’Histoire de l’Art : -       Par un paradoxe qui n’est qu’apparent, le plus grand peintre d’histoire s’appelant Picasso n’est pas Pablo mais Kiki .   Les fans : -       Une vieille blague (40 ans d’âge), l’exergue du premier livre de Kiki Picasso dont Eric de Chassey avait repris le titre par pour sa rétrospective. -       Je me souviens : Mon papy s’appelait Art Moderne, mais j’ai fait mieux que lui… Une vraie fausse monographie – l’artiste avait alors 25 ans – dont les images bidouillées étaient présentées comme des peintures ayant été exposées dans les lieux les plus prestigieux du monde, une fiction qui préfigurait la prise du siège du PCF.   Le directeur de l’Institut National de l’Histoire de l’Art : -       Peintre engagé aux côtés du Parti communiste, Pablo ne fit que de rares incursions dans ce genre : soit elles traitaient les événements historiques par le biais de la métaphore, de telle sorte que leur portée dépend de leur évitement de toute particularité (Guernica), soit elles opéraient sur le mode de la dénonciation univoque et partisane avec un langage formel peu adéquat à la propagande, de telle sorte qu’elles manquent leur cible (Massacre en Corée). Kiki Picasso, peintre non encarté, expose au siège du Parti communiste une série de tableaux qui font l’histoire du tournant du XXe siècle, de 1969 à aujourd’hui, ou presque .   Les fans :   -       Une déclaration culottée qui fera forcément date dans l’Histoire de l’Art... Intro de première classe, tir de bazooka. Le jour de gloire est arrivé.   Ajoutons la dentelle au fracas en soulignant le rôle singulier que joue aujourd’hui le PCF dans l’histoire de l’art en accueillant Kiki Picasso moins d’un an après l’exceptionnelle rétrospective Alfred Courmes ( 1898-1993 ) que son commissaire, Dominique Carré, présentait comme «  Peintre d’histoires  ». On pourrait épiloguer longuement sur la subtile pertinence de ce pluriel, ne serait-ce qu’en songeant à l’histoire de la Place du Colonel Fabien qu’Alfred Courmes avait représentée avant la greffe d’Oscar Niemeyer. Ces peintures élégiaques des années 40, traces de sa propre histoire, contribuaient singulièrement à la sensibilité de la réception que la rétrospective réservait aux Parisiens. Exceptionnelle parce que rare : les peintures d’Alfred Courmes, parfois comparé à Jérôme Bosch, reste méconnues et quasi invisibles en France. Défendre son œuvre et sa mémoire relève d’une bataille culturelle ingrate et Pierre Laurent s’y est magnifiquement engagé avec Libres comme l’art . Il faut d’autant plus le souligner que l’on peut établir de multiples rapprochements, drôles et paradoxaux, entre Le peintre d’Histoire et ce  Peintre d’histoires considéré comme un précurseur dans la tribu des artistes que rassemble Kiki Picasso. Ayant traversé la quasi-totalité du XXe siècle, Alfred Courmes, était lui aussi un "peintre social" (fugitivement "encarté"), pétri par l’Histoire (ayant vécu deux guerres) et la traitant sous des formes extravagantes et/ou provocatrices, partageant avec ce bâtard de Picasso le goût du sacrilège. Mais laissons conclure le griot…   Le directeur de l’Institut National de l’Histoire de l’Art : -       Il ne s’agit nullement pour Kiki Picasso de donner des leçons, mais plutôt de se placer en observateur de l’histoire qu’il a vécue et qu’il vit, in media res ou à distance, en la réactivant et en en rendant la complexité, voire en amplifiant celle-ci. Il n’a en effet jamais cessé de croire, depuis ses débuts dans les années 1970, aux vertus de la provocation et du « terrorisme graphique ». -       Les images sources, empruntées aux médias d’informations par décalque ou projection, ne sont pas manipulées et conservent leur lisibilité d’origine. En revanche, elles sont souvent combinées les unes avec les autres en une seule image (sauf lorsque l’image de départ était en soi dissonante), ré-assemblées pour produire un discours foisonnant, non réductible à une signification unique mais pas moins engagé pour autant. Le trait aigu et agité s’y orne de couleurs volontiers dissonantes, où l’on reconnaît le style qu’il a forgé depuis longtemps, impropre à toute récupération et à toute simplification, plus que jamais adapté,   Les fans : -       Quand je te dis que l’imagiste peut en toute quiétude se taire -       Certes, la conclusion du directeur de l’Institut National de l’Histoire de l’Art est limpide, ramassée, précise, technique et d’une irréfutable justesse mais elle laisse cependant un certain malaise... -       Allons bon ! -       C’est que nous voilà contraints également de nous taire et d’abandonner le sens de l’histoire – "no future" –  aux mains de commentateurs professionnels. -       Mais pas du tout ! Il faut voir cette glose savante, ajoutée au blason de Pierre Laurent, comme l’impeccable aboutissement d’une machination déjà très ancienne, ourdie par l’artiste avec le grand naturel Dada Spontex qu’on lui connaît, étrillant ou détournant le catéchisme de l’Art au profit de sa propre "gloire", dirait Jean Seisser. Sans compter ce retournement de situation particulièrement jouissif : pour une fois, ce ne sont pas les princes et les commis d’état qui conçoivent un événement artistique XL. Que la fiction de la peinture engendre une telle concrétion artistique, t’en restes baba.   Le « bilan provisoire » de Kiki Picasso déborde si ouvertement les conventions de l’Art que nous devrions en parler comme on le ferait d’un spectacle, un film, un roman de Science-Fiction… Parler des sensations inconnues qu’il soulève, de l’étrangeté d’une exposition de peintures conçue à la manière d’un média, des résonances intimes de chaque événement dramatique et politique  – 50 années de notre vie, son tempo infernal, de la colonisation rampante des esprits toujours plus plus Orwellienne, de la confusion mise en scène comme retournement de l’état de stupeur et de sujétion à laquelle nous soumet la dictature des images à laquelle seule Annie Le Brun après Bazooka se sera frontalement et librement affrontée. Comment chaque tableau tord le cou à la "peinture d’histoire" Au premier jour du  Bilan Provisoire , lorsque la foule s’est mise à s’enrouler sur elle-même en défilant devant les 50 peintures d’histoire dans l’immense espace hélicoïdal du bunker, chacun a pu avoir le sentiment de contribuer à un grand, beau et festif moment de l’histoire de l’art – « non pas en spectateur, mais en actrices et acteurs de ce monde en mouvements » , avançait le blason de Pierre Laurent. On se serait cru dans un film de SF réalisé par Kim Chapiron, syncopé et tumultueux, contrastant spectaculairement avec la rétrospective Alfred Courmes qui, avec ses 70 tableaux, donnait au même espace des allures de MOMA, réclamant un état psychique diamétralement opposé à la confusion jetée en pâture par Kiki Picasso. La fébrilité était palpable. Chacun s’agite pour comprendre comment chaque tableau tord le cou à la "peinture d’histoire" selon le modèle classique, prestigieux, de l’art occidental que nous avons en tête depuis l’école. Il faut vérifier comment chacun d’eux relève du trompe-l’œil, du sacrilège ou du flash hallucinatoire. Et chaque mise au point s’avère déconcertante.  Démêler le vrai du faux, l’ironie du tragique, pourtant prévenus par la banderole accrochée sur les grilles du siège du PCF, répétée à la Une du Journal-Catalogue : non pas la représentation lacrymale des événements autour de l’église Saint-Bernard (1996) occupée par 300 sans-papiers africains et délogés par plus d’un millier de CRS à l’issue de deux mois de bataille homérique, mais peut-être et plutôt leur perte, leur oblitération ou leur dilution - ces cars de touristes et ce trio de cailleras à l’affut du mauvais coup. « Je suis d’extrême gauche et super woke » , jette Kiki sur France Culture. Les cartels façon dépêches AFP –  impulsifs, perfides, acerbes, complexes –ajoutent à la confusion. En 2015, Kiki Picasso apposait déjà à l’une de ses œuvres cette légende : « Ne cherchez pas à mettre du sens partout… souvent il n’y en a pas » . Les non dupes errent… Enfin, en disloquant la chronologie de l’histoire pompière de ces cinquante années, l’artiste parachève l’esprit "Panique" de sa parade : une forme euphorique de nihilisme, un retour halluciné à l’esprit punk. Le passé décomposé conjugué à l’impératif du présent – cette fuite en avant – le bateleur se taille un habit de lumière : le voilà peintre du futur antérieur, engageant tout son naturel SF. L’histoire in media res  n’est pas autre chose qu’une affaire de propagande – plus totalitaire et stupéfiante que jamais depuis la liquidation par le journal Libération d’ Un regard moderne . Le bilan provisoire de Kiki Picasso se présente comme un cauchemar grisant que l’on croirait inspiré à la fois par Baudrillard et Joker : plutôt un retournement sarcastique de la propagande qu’un détournement classique des actualités passées. Faut-il ajouter aux commentaires des spécialistes émérites la pugnacité et la virtuosité du style pictural et cet art extrêmement maitrisé de la composition ? Les pèlerins picassiens vacillent à démêler les attendus de l’événement, inconnu et surchargé, dont ils sont au premier jour les acteurs – partie intégrante de l’événement artistque. Tout est énorme : le nombre et la dimension des toiles, la crânerie de chacune, le défi visionnaire de l’ensemble et la foule elle-même, éméchée, ambiancée par un air de fête contestataire. Le cirque électrique dont Kiki Picasso est l’emblématique Monsieur Loyal s’en mêle. La troupe compte parmi le nombre inouï de tribus que le fringant grand-père rassemble avec un naturel bouillant et badin autour de ses coups de boutoir et qui ont décidé de venir en masse. On ne saurait définir l’esprit régnant dans le bunker de sa dernière rafale sans évoquer l’admiration et la reconnaissance que tous accordent à l’artiste pour sa liberté radicale et sa joie de vivre dans l’apocalypse qui vient. Daniel Mallerin   PORTFOLIO. "Bilan provisoire" ---------------------------------------------------------------------------------------- Pour continuer à respirer autrement, il faut quand même un peu d'oxygène. Pour dire que oui, et soutenir les humanités / journal-lucioles : Abonnements (5 € par mois ou 60 € par an), ou dons : ICI

Quel bastringue ! (l'autre journal du dimanche n° 2)

Quel bastringue ! (l'autre journal du dimanche n° 2)

Photo issue du "tour du jour en 80 mondes" : Une femme porte sur son visage des marques représentant le nombre de jours pendant lesquels les prisonniers de guerre qui ont défendu Marioupol ont été détenus en Russie, lors d'un rassemblement à Kiev, en Ukraine, le 21 avril 2024. Photo Francisco Seco / AP Avec quelques retards aux allumages dus à quelques problèmes divers et avariés, le second numéro de l'autre journal du dimanche est enfin arrivé à bon port, ce 28 avril à 16 h 30. Et franchement, en 70 pages, quel bastringue ! Avec, entre autres, un portfolio offert par Kiki Picasso, des nouvelles de quelques "réparateurs de mondes", l'habituel "tour du jour en 80 mondes", et l'édito de l'inénarrable Tzotzil Trema qui accuse Macron et Attal de mal jacter... A feuilleter ci-dessous (flip book) ou à télécharger en PDF. Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités , journal-lucioles, a besoin de vous. Pour s'abonner : ICI . Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI Au menu : ÉDITORIAL . Le couple Macron-Attal, comment qu’ils jactent la langue , p. 2-3   RÉPARATEURS DE MONDES Environnement : défendre les défenseurs, p. 4 Au Brésil, la question des terres ancestrales , p. 5 Michel Prieur, 40 ans de combats pour un droit de l’environnement, pp. 6-11 Les géants de la forêt, menacés d’extinction , pp. 12-13   UNE HISTOIRE. Elizabeth Magie, aux origines du Monopoly , pp. 14-15 PHOTOJOURNALISME. Le tour du jour en 80 mondes , pp.16-49 Tanzanie-Kenya, pp. 30-33 Viêt nam, riz et methane, pp. 34-43 En Argentine, Milei pourrait bien mater la “yerba maté" , pp. 44-49 Journée internationale de la danse : Politique de la présence , pp. 50-51   PORTFOLIO. Kiki Picasso, peintre du futur antérieur , pp. 52-69   Version flip book, ci-dessous : A télécharger en PDF, ci-dessous : NOTA BENE : les articles et portfolio de cet autre journal du dimanche seront mis en ligne séparément sur les humanités / journal-lucioles, dans la semaine du 29 avril au 4 mai 2024. Pour faire grandir cet autre journal du dimanche, enthousiasmes bienvenus (critiques tout autant), ne pas hésiter à déposer un commentaire ci-dessous, ou à : contact@leshumanites.org . Et pour continuer à respirer autrement, il faut quand même un peu d'oxygène. Pour dire que oui, et soutenir : Abonnements (5 € par mois ou 60 € par an), ou dons : ICI

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