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Au Chili, c'est foutu mais pas encore

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Photo Ferndo Llano / AP


Au Chili, la gauche arrive en tête mais sans réserve de voix, tandis que l’extrême droite progresse sans parvenir à former une majorité. Avec une participation en berne malgré le vote obligatoire et un centre en recomposition, le second tour entre Jeannette Jara et José Antonio Kast s’annonce plus incertain que jamais. Entre dynamique populaire imprévisible et recompositions parlementaires, rien n’est joué. Que cela n'empêche pas de saluer Romain Gary et Reinette l'Oranaise... Sans oublier Tenzin Gyatso, promu 14ème Dalaï-Lama il y a tout juste 75 ans.

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L'IMAGE DU JOUR


En tête de publication. Le 12 novembre, alors que les délégués à la COP30 discutaient de la manière de tenir les promesses passées en matière de lutte contre le changement climatique, un rassemblement axé sur le même sujet, mais sous un angle très différent, prenait forme. Le Sommet des peuples, inauguré à l'Université fédérale du Pará, qui en était l'hôte, cette édition est considérée comme la plus inclusive pour les peuples autochtones, avec plus de 900 représentants accrédités.

A voir : photoreportage Fernando Llano pour Associated Press, ICI.



L'INFO DU JOUR


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Jeannette Jara lors du discours de clôture de campagne. Photo Felipe Figueroa / The Clinic


CHILI. On peut voir le verre à moitié plein ou à moitié vide. A moitié plein : comme prédit (voir ICI), la communiste Jeannette Jara est arrivée en tête du premier tour de l'élection présidentielle au Chili, avec 26,85% des voix, soit mieux que Gabriel Boric (en décembre 2021, avec 25,82% des voix, il était arrivé en seconde position, derrière le candidat d'extrême droite José Antonio Kast, avant d'être élu un mois plus tard avec près de 56% des voix). A moitié vide : en 2021, Gabriel Boric avait pu bénéficier, au second tour, des voix qui s'étaient portées sur d'autres formations de gauche (modérée, progressiste ou radicale) : 11,60% pour Yasna Provoste (centre gauche) et 7,60% pour Marco Enríquez-Ominami (Parti progressiste). En 2025, toute la gauche s'est réunie derrière la candidature de Jeannette Jara ; elle ne dispose donc a priori d'aucun réservoir de voix supplémentaires pour le second tour (à l'exception des 1,20% obtenus par un socialiste modéré, des 0,66% pour le leader de l'Union patriotique, d'extrême-gauche, et éventuellement des 1,26% d'un "centriste indépendant", ex-président de la Fédération de Football du Chili), et on ignore dans quelle mesure elle pourrait compter sur une éventuelle mobilisation des abstentionnistes. Depuis 2022, le vote est devenu obligatoire, sous peine d’amende en cas de non-participation, sauf cas de force majeure. Malgré cela, le niveau d'abstention a été de 48% (53% en 2021). En 2021, la hausse de la participation des classes populaires et des jeunes avait permis à Gabriel Boric de déjouer les sondages, et de l'emporter au second tour.


Pour espérer pouvoir l'emporter au second tour, les soutiens de Jeannette Jara misaient sur un score d'au moins 30% au premier tour. Avec 26,85%, c'est donc loin d'être gagné, mais la messe n'est pas encore dite. Comme en 2021, le candidat d'extrême droite (et fils d'un officier nazi) José Antonio Kast est qualifié au second tour (avec 23,93% des voix, contre 27,91% en 2021). Il devrait logiquement pouvoir compter sur les 13,94% réunis par un autre zozo d'extrême-droite, Johannes Maximilian Kaiser Barents-von Hohenhagen, fondateur du Parti national libertarien, dont une partie de la presse hexagonale prédisait qu'il allait être la grande surprise du scrutin : raté...


Au soir du premier tour, ces deux candidats d'extrême-droite totalisent donc 40,79% des voix. Sauf erreur, ça ne fait pas encore la majorité. Il faudrait pour cela que la quasi-totalité des 12,46% de suffrages qui, au premier tour, se sont portés Evelyn Matthein, la seule candidate de la droite traditionnelle Renovación Nacional (RN) et l'Union démocrate indépendante (UDI), aillent conforter au second tour les nostalgiques de Pinochet. C'est loin d'être acquis à 100%...


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Franco Parisi. Photo Francisco Paredes/The Clinic


Comme cela avait déjà été le cas en 2021, celui qui a créé la surprise, et à qui la presse a "oublié" de s'intéresser, s'appelle Franco Aldo Parisi Fernández. Il décroche 19,71% des voix, contre 12,81% en 2021. Son parti, c'est le Parti des gens (Partido de la Gente). Surnommé « l’économiste du peuple », c'est un populiste libéral. Figure atypique de la politique chilienne, il capte un électorat déçu des partis traditionnels, particulièrement dans la classe moyenne. En 2021, cet électorat s'est réparti à peu près équitablement entre Boric et Kast, certains préférant s'abstenir ou voter blanc.


Le second tour de l'élection présidentielle au Chili (dans quatre semaines, le 14 décembre) est donc loin d'être joué d'avance, même si Jeannette Jara n'est pas vraiment en situation favorable. Mais il y a une autre élection dont on connaît déjà le résultat. Ce dimanche, en même temps que le premier tour de l'élection présidentielle, les Chiliens votaient pour le renouvellement complet des 155 sièges de la Chambre des députés et le renouvellement partiel des 50 sièges du Sénat (environ la moitié).


A la Chambre des députés, sur 155 sièges à pourvoir, la coalition formée par les deux partis extrême-droite gagne 42 sièges : pas franchement une majorité pour gouverner. Unité pour Chili, la coalition de gauche, gagne pour sa part 61 sièges, auxquels il faut ajouter l'élection de 3 députés classés "écologistes, régionaux et humanistes". Là non plus, ça ne fait pas tout à fait une majorité : il faudrait 77 sièges. Pour gouverner, l'extrême droite devrait proposer une coalition au Parti des gens de Franco Parisi (14 sièges) et aux partis qui composent la coalition dedroite modérée Chili grand et uni (34 sièges). Or, cela ne se fera pas. La gauche, elle, est capable de proposer une telle coalition pour gouverner, d'autant qu'au Sénat, elle augmente en nombre de sièges...


Nota bene : A la Maison de l'Amérique latine, à Paris, ce mercredi 19 novembre de 16 h à 18 h, table ronde "Le Chili au lendemain des élections du 16 novembre 2025 — L’extrême droite peut-elle gagner ?", à l'initiative du Centre de Recherche et de Documentation sur les Amériques, avec Mathilde Allain (politiste, Université Sorbonne Nouvelle, IHEAL / CREDA), Pablo Barnier-Khawam (politiste, CERI-Sciences Po / CREDA), Maria Fernanda Barrera Rodríguez (sociologue, Universitat Autònoma de Barcelona / CREDA), Olivier Compagnon (historien, Université Sorbonne Nouvelle, IHEAL / CREDA / IUF), Gonzalo Delamaza (sociologue, Universidad de Los Lagos). Entrée libre dans la limite des places disponibles. ICI


 EPHEMERIDES


En France, il y a 7 ans, le 17 novembre 2018, environ 280.000 manifestants participent à plus de 2.000 actions de blocage dans tout le pays, pour protester contre la hausse des taxes sur les carburants. C'était la première manifestation du mouvement des Gilets jaunes, et dès ce premier jour, un bilan lourd : un mort en Savoie (une personne décédée frappée par un automobiliste qui tentait de forcer un barrage), plus de 400 blessés, 117 interpellations et 73 gardes à vue. À Paris, environ 10.000 Gilets jaunes se sont rassemblés, avec de nombreux affrontements, des vitrines vandalisées (dont au centre d’art Jeu de Paume) et des tensions particulièrement fortes sur les Champs-Élysées et autour de la place de l’Étoile.


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Le futur Dalaï-Lama, assis sur le trône, lors d'une à Lhassa au Tibet, le 22 février 1940. Photo/OHHDL)


Il y a exactement soixante-quinze ans, le 17 novembre 1950, la vie du jeune Tenzin Gyatso, 15 ans, allait basculer. Né le 6 juillet 1935 sous le nom de Lhamo Dhondup dans une famille paysanne du Taktser, dans la région tibétaine d’Amdo, il a été officiellement intronisé, ce jour-là chef spirituel et temporel du Tibet (après avoir été reconnu à l'âge de 2 ans comme la réincarnation de son prédécesseur, le 13e Dalaï Lama). Peu avant, l'armée chinoise avait débuté son intervention au Tibet.

Ce 17 novembre 2025, le Dalaï-Lama assiste dans la matinée à un programme de remerciement qui lui sera offert par d'anciens élèves des sept écoles centrales tibétaines (CST) en Inde, du Village des enfants tibétains de Dharamsala, de la Tibetan Homes Foundation de Mussoorie et des écoles tibétaines de jour en Inde et au Népal. L'événement se tiendra dans la cour du Temple tibétain principal.


On a la vie devant soi, non ? Il y a exactement 50 ans, le 17 novembre 1975, Emile Ajar recevait le prix Goncourt pour La Vie devant soi, riman qui raconte l’histoire émouvante d’un jeune garçon arabe, Momo, et de Madame Rosa, une ancienne prostituée juive qui s’occupe clandestinement des enfants de prostituées à Paris. On n'a su que plus tard qu'Emile Ajar et Romain Gary ne faisaient qu'une seule personne.


On a la vie devant soi, sauf Reinette l'Oranaise, de son vrai nom Sultana Daoud, chanteuse juive d'Algérie, décédée le 17 novembre 1998, il y a vingt-sept ans. Aveugle depuis l'âge de deux ans à cause d'une variole mal guérie, elle a appris le braille et a été initiée à la musique arabo-andalouse par Saoud Médioni, un maître célèbre de la musique oranaise. Figure majeure du folklore houzi, un style musical judéo-arabe, elle a été une représentante emblématique de la culture musicale juive et maghrébine pendant plus de cinquante ans. Elle a connu un véritable succès en Algérie, notamment sur Radio-Alger, et a accompagné plusieurs grands musiciens du chaâbi algérois. En 1962, comme beaucoup de Juifs d’Algérie, elle a quitté son pays à l'indépendance et s’est installée en France, où elle a connu une période de retrait artistique avant de remonter sur scène dans les années 1980 grâce à l’encouragement de journalistes et mélomanes. Elle a également fait l'objet d’un documentaire filmé, "Le Port des amours", réalisé par Jacqueline Gozland.

Et comme elle chantait : Nhabek Nhabek, "je t'aime vraiment"...




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