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Cameroun : à 92 ans, "le Sphinx" reste accroché à son trône


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Paul Biya, 92 ans, avec son épouse, Chantal Biya, lors d’une de ses rares apparitions publiques, pour un meeting

au stade Lamido Yaya Dairou à Maroua, au Cameroun, le 7 octobre 2025. Photo Welba Yamo Pascal / AP


Quarante-trois ans au pouvoir, 92 ans au compteur, et toujours la même mise en scène : Paul Biya « réélu » président du Cameroun. Derrière le rideau démocratique, un système verrouillé, une commission électorale docile, et un pays épuisé par la corruption et le néo-colonialisme. Le Sphinx de Yaoundé s’accroche, pendant que la jeunesse de son pays étouffe.


« Celui qui prévarique aujourd’hui s’expose à prévariquer demain et les jours d’après ; de sorte que chaque prévarication l’enfonçant de plus en plus dans le désordre de la conscience, il finit par n’en plus rougir. » (proverbe)

Dernière minute : Des affrontements avec les forces de sécurité au Cameroun ont fait au moins quatre morts parmi les manifestants, alors que les partisans de l'opposition se rassemblaient pour exiger des résultats crédibles lors de la récente élection présidentielle. Plus d'une centaine de manifestants ont été arrêtés dans la région de Douala. Ces violences ont éclaté alors que la plus haute juridiction du Cameroun, le Conseil constitutionnel, devait annoncer ce lundi les résultats définitifs de l'élection, truquée selon l'opposition. (Associated Press)

Comme il est difficile de quitter un trône, fait à sa mesure, dont on a l'habitude de caresser les appuie-bras depuis si longtemps, dans un geste, presque réflexe, pour s 'apaiser, pour stopper ce temps qui file, pour se dire que rien n'a changé. Paul Biya, 92 ans, vient d'être déclaré gagnant des élections présidentielles au Cameroun pour la huitième fois depuis sa première en 1982.

 

Avec 43 ans de pouvoir, le voici consacré plus vieux chef d’État en exercice d'Afrique et du... monde. Deux générations entières ont survécu ou prospéré sous son règne !

 

Son surnom, « le Sphinx », en dit long sur sa manière énigmatique et impassible d'exercer le pouvoir. Encore faut-il préciser que la longévité de Paul Biya est grandement facilitée par une commission électorale qui lui est entièrement dévouée et qui entérine, tous les sept ans, sa victoire. Un mandat renouvelable à l'infini depuis la modification, en ce sens, de la Constitution en 2008. (1)


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Un électeur vérifie son nom sur la liste électorale avant de voter dans un bureau de vote à Garoua, au Cameroun,

le dimanche 12 octobre 2025 Photo/Welba Yamo Pascal / AP.


Le Cameroun étant officiellement une démocratie (2), plusieurs personnalités et partis politiques concourent dans ces scrutins... juste "troublés" par une fraude conséquente. La commission électorale a dû toutefois, à sa manière, tenir compte du vent de mécontentement qui souffle fort au Cameroun. Lors de la précédente élection présidentielle, en 2018, Paul Biya avait été gratifié de 74% des voix. Si l’on compte bien, au rythme de cette érosion, en 2032, pour ses 99 ans, le président sortant devrait perdre la majorité…


Pour ces rituels électoraux, apparemment démocratiques, tous savent, au pays et dans la diaspora, que le nom du « vainqueur » est connu à l’avance. Dans ce casting hautement prévisible, seul change le nom du second. Cette fois-ci, le Poulidor de la compétition électorale camerounaise s’appelle Issa Tchiroma Bakary. Dirigeant du Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC), il vient du sérail ; ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle, il a quitté le gouvernement en 2025 pour pouvoir se présenter contre le Sphynx.

 

Le FSNC, Son mouvement, le FNSC, revendique pourtant la victoire avec 54,8% des voix. Dans sa grande mansuétude, la commission électorale ne tient pas compte du bourrage d’urnes, de la falsification des procès-verbaux, de l’achat de voix, ainsi que de l'usurpation des rôles d’observateurs électoraux par d'autres que ceux qui sont prévus.

 

Un lanceur d'alerte camerounais, Paul Chouta explique, sur le site CamerounWeb (3) comment fonctionne, en trois actes, cette tragi-comédie, qu'il appelle « le ravage démocratique ». En voici les titres : « Étape 1 : le sabotage à la source (le faux procès-verbal) (…) Étape 2 : le siphonnage généralisé (l'organisation criminelle) (…) Étape 3 : Le sceau de l'impunité (la commission de recensement) » (Lire ICI).

 

Djeukam Tchameni (à gauche) et Anicet Ekane (à droite),

deux figures de l’opposition camerounaise arrêtées peu avant l'élection présidentielle. Photos DR


En septembre 2025, le Haut-commissaire aux droits de l'Homme de l'ONU, Volker Türk, avait dénoncé la restriction de l’espace civique et démocratique au Cameroun à l’approche de l’élection présidentielle, notamment par l’interdiction de rassemblements et l’interruption en direct de débats télévisés impliquant des opposants ou d'anciennes figures politiques. Avant, pendant et après, donc, tout fut donc organisé pour une réélection pépère de Paul Biya. Comme il était prévisible, des manifestations ont éclaté dans nombre de villes du pays contre ces dénis de justice. Au moins 700 personnes, dont 20 dans la seule ville de Garoua, au Nord, ont été arrêtées. Deux manifestants ont également été tués par la police. A Douala, un port important du littoral, des unités d'élite de l'armée ont jeté en prison Djeukam Tchameni et Anicet Ekane, deux figures de l’opposition (4), histoire de prévenir que nul n'est intouchable.

Paul Biya en 10 dates clés

 13 février 1933 : Naissance à Mvomeka’a, au sud du Cameroun.​

 Octobre 1962 : Nommé chargé de mission à la Présidence de la République du Cameroun au retour de ses études en France.​

 30 juin 1975 : Paul Biya devient Premier ministre de l’État camerounais, ouvrant la voie à son accession au sommet.​

 6 novembre 1982 : Accède à la présidence du Cameroun à la suite de la démission d’Ahmadou Ahidjo.​

 6 avril 1984 : Échappe à une tentative de coup d’État menée par des éléments proches de la garde présidentielle ; Biya consolide son pouvoir.​

 24 mars 1985 : Transformation du parti unique UNC en RDPC (Rassemblement démocratique du peuple camerounais), dont il devient président.​

 14 janvier 1984 : Élu pour la première fois président de la République ; confirmé lors du scrutin d’avril 1988.​

 19 décembre 1990 : Promulgue la loi sur le multipartisme et les associations.​

 7 octobre 2018 : Réélu pour un septième mandat présidentiel à la tête du pays, poursuivant une longévité exceptionnelle.​

 12 octobre 2025 : À 92 ans, Paul Biya annonce sa candidature pour un huitième mandat présidentiel.​              

Réseaux de pouvoir et d'influence


Depuis 43 ans, Paul Biya a eu le temps de consolider ses réseaux de pouvoir et son influence, décisive, sur tous les aspects de la société camerounaise.


Son influence, dans le domaine économique, repose sur trois piliers. Tout d'abord, le secteur public et les grandes infrastructures : sous influence du FMI, Paul Biya a lancé de nombreux chantiers d’infrastructures routières, énergétiques (barrages, centrales) et de transport, visant à dynamiser l’économie mais aussi à renforcer son contrôle politique par le biais de la distribution des marchés publics. Quelques études d'économistes africains, avec toutes les précautions d'usage, mettent en cause ce système qui plombe l'essor économique. Ainsi, danse une étude de janvier 2022, l'économiste sénégalais André Marie Mbili Onana met en lumière le rôle des Comités d'administration (CA) des sociétés publiques dans leur absence de performance, sinon leur faillite au Cameroun. Le chercheur étudie comment le fonctionnement des CA est influencé par des pressions du pouvoir politique et par les liens directs que les administrateurs entretiennent avec lui. « Ce système a un impact sur la gouvernance et la création de valeur », remarque-t-il (Lire ICI). Façon soft de dénoncer la corruption et le fait du prince. André Marie Mbili Onana viserait-il là non seulement le Cameroun mais également son pays, le Sénégal ? Cette méthode s'apparente, à s'y méprendre, à celle de Voltaire utilisant des contrées étrangères, dans son conte philosophique Zadig ou la Destinée, pour critiquer la société française de son époque, notamment sa monarchie absolue, sa justice, et ses inégalités sociales.


Le réseau de Paul Biya s’appuie sur les directions des entreprises et services publics mais aussi sur tous les acteurs économiques, comme les « grandes familles », les hommes d’affaires et les opérateurs du secteur des mines, des hydrocarbures, de l’agroalimentaire. Enfin, à travers sa gouvernance et sa politique économique, il favorise la constitution du regroupement des élites politiques et économiques, consentantes, ce qui permet à lui et ses fidèles de maintenir son emprise sur l’économie formelle et informelle. Le Sphinx est-il un Parrain ?


Pékin va-t-il remplacer Paris ?


Le carnet d'adresses de Paul Biya comprend nombre de partenaires étrangers, qui financent ses grands projets économiques. La Chine, dans ses visées impériales à long terme en Afrique, a noué de solides relations avec le Cameroun. Entre 2007 et 2017, les financements chinois y ont atteint 5 milliards d'euros, et depuis 2018, elle est devenue le premier partenaire financier et économique du pays. En 2025, la Chine demeure son principal bailleur bilatéral, représentant 65% de la dette du Cameroun, laquelle se monte à 26 milliards d’euros (5).


Avec la France, les relations « sont de grande confiance », déclarait l'ambassadeur de France Thierry Marchand, le 29 août dernier, à la suite de son entrevue avec Paul Biya. Le Cameroun est même la première destination des financements de l’Agence française de développement (AFD) en Afrique centrale, avec 1,2 milliard d'euros d'aide en 2024-2025. Une confirmation, s'il en était besoin, de son importance stratégique pour la France dans cette région (6).


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Emmanuel Macron salue le président camerounais Paul Biya au palais de l'Élysée à Paris, en France, le 12 décembre 2017.

Photo Christian Liewig/Abaca via AP.


Ces fonds comprennent des investissements directs, des aides multilatérales, ainsi que des financements pour des projets de développement, en particulier pour améliorer l'accès à l'électricité, l'agriculture, et les infrastructures urbaines. Les investissements privés français au Cameroun privilégient, eux, l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'agro-alimentaire, le bois et le numérique. En 2024, le total avoisinait les 800 millions d'euros.  Ces investissements concernent principalement des secteurs tels que l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'agroalimentaire, le bois et le numérique.


Le système Bolloré


Et c'est là que nous retrouvons le groupe Bolloré. Les relations amicales entre Vincent Bolloré et Paul Biya existent de longue date. Et l'implantation du groupe en a été grandement facilitée. En 2008, dans une interview à Libération, Gilles Alix, alors directeur général du groupe Bolloré expliquait ainsi une partie de la méthode facilitant l'achat de marchés en Afrique : « Nous connaissons tous les ministres. Ce sont des amis. Alors de temps en temps – soyons clairs – lorsqu’ils ne sont plus ministres, nous leur donnons la possibilité de devenir directeurs d’une de nos filiales. C’est pour sauver la face. Et puis nous savons qu’un jour, ils pourront à nouveau être ministres ». L'autre partie de la méthode reste des plus mystérieuses. Les marchés seraient ils conquis à coups de prébendes, d'argent envoyé sur des comptes offshore et/ou d'investissements croisés ?


L'idylle entre le Président Biya et l'exploitateur n°1 des richesses africaines se noue en 1986. Cette année-là, Bolloré rachète, au Cameroun, une société de logistique à la Compagnie financière de Suez. Son groupe obtient ensuite, en 1994, la gestion du terminal du bois de Douala, et en 1999, une concession ferroviaire (Camrail), des plantations d'huile de palme, qu'il va agrandir considérablement au fil du temps, déforestant et chassant de leurs terres le peuple pygmée (7). 


A gauche : Un enfant près d’un moulin à huile de palme, vers Nkapa, au Cameroun. A droite : Coupe claire sur une concession

de la Socapalm, filiale indirecte du groupe Bolloré, pour permettre la régénération de palmiers à huile. Photos Micha Patault / Greenpeace.


En 2004, Bolloré a encore obtenu la concession du terminal dévolu aux conteneurs de Douala, ce port par lequel entrent et sortent 95% des marchandises en provenance du Cameroun, du Tchad et de la République centrafricaine. En 2015, le très vorace groupe Bolloré se voit attribuer un terminal dans le nouveau port de Kribi (Kribi Containers Terminal), en association avec la China Harbour Engineering Company (CHEC) et la société française CMA-CGM. (6)


Jusqu'en 2022, Vincent Bolloré avait dont créé dans les anciennes colonies françaises, dont le Cameroun, un quasi-monopole en contrôlant une chaîne logistique intégrée : ports, transit, transport terrestre, stockage. Ces possessions lui ont permis de générer d'énormes profits, parfois au détriment de la concurrence locale. En 2015, cette activité représentait près de la moitié des résultats d’exploitation du groupe en Afrique, avec un chiffre d’affaires de plusieurs milliards d’euros.


Dans un article du 12 Mai 2025 titré « Les rentes africaines de Bolloré », l’Observatoire des multinationales remarquait : « Au fil des ans, le groupe Bolloré a amassé des milliards d’euros grâce à ses activités africaines, à la fois sous forme de remontée de dividendes et grâce aux plus-values réalisées lors des cessions d’actifs. Pour une large part, ce sont ces revenus qui lui ont permis d’acheter son empire médiatique. Même après avoir revendu ses concessions portuaires et ses activités logistiques [en 2022, NdR], Bolloré est loin d’avoir quitté le continent. »


Pillage organisé


Malgré ces aides et investissements, l'économie du Cameroun est loin d’être florissante. Comment se fait-il que ce pays qui, selon la Banque mondiale, « est doté de riches ressources naturelles, notamment du pétrole et du gaz, des minerais, des essences de bois et des produits agricoles de grande valeur, tels que le café, le coton, le cacao, le maïs et le manioc », piétine ainsi dans sa croissance et son développement ?


Une grande partie de la réponse tient en ceci : ici comme dans d'autres pays africains, les richesses ont été littéralement pillées et ont alimenté des trésors de guerre comme celui de Vincent Bolloré. Le pillage et la redistribution d'une partie des richesses au sein d'une classe de profiteurs locaux expliquent la persistance de ces graves disparités. Peut-être faudrait-il inventer d'autres modes de développement, par exemple comme celui qui, en Inde, accomplit des merveilles au Kerala (Lire ICI).


Cette économie affronte d'importants défis : pauvreté élevée, faible diversification économique, dépendance aux matières premières, corruption, redistribution inégale des richesses, et une jeunesse largement exclue du marché du travail. Le bilan économique de Paul Biya présente un hiatus entre des projets ambitieux de développement et une réalité socio-économique fragile voire précaire pour une grande partie de la population.


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Selon les projections de la Banque mondiale, si les tendances actuelles se maintiennent, le taux d’extrême pauvreté

pourrait grimper à 25% d’ici 2026, touchant ainsi environ 8 millions de Camerounais. Photo DR


Le Produit Intérieur Brut (PIB) du Cameroun, pays de 28 millions d'habitants, est estimé à environ 48 milliards d'euros en 2024 et devrait légèrement progresser en 2025. La croissance économique réelle a été de 3,5% en 2024 et est projetée à environ 4 % en 2025, portée par l’agriculture, les services, la consommation des ménages, et la construction d’infrastructures. Concernant le PIB par habitant (qui mesure la richesse produite en moyenne pour chaque habitant d’un pays), la Banque mondiale l'établit autour de 1.800 à 2.000 dollars. Mais les inégalités sont criantes et alimentent le mécontentement de la population. Ainsi, selon les dernières statistiques de 2024 de la Banque mondiale, les inégalités de revenu et les disparités sociales au Cameroun restent marquées par d'importants écarts, notamment entre les sexes et entre zones urbaines et rurales.

 

Le taux de pauvreté est élevé. Environ 40% des Camerounais vivent sous le seuil national de pauvreté et près d'un quart sous le seuil d'extrême pauvreté, selon les critères de l'ONU. Il est encore plus élevé chez les femmes (51,5%), qui subissent aussi un fort sous-emploi. Les femmes détiennent moins d'actifs comme une propriété foncière (seulement 1,6%). Elles ont moins accès à des postes d'influence, subissent des violences sexistes, et consacrent plus de temps aux travaux ménagers non rémunérés. D’après le rapport annuel d’Afrobarometer (ICI), le Cameroun se classe en 138ème position sur les 156 pays évalués en ce qui concerne l’égalité des sexes.

 

Au Cameroun, Le taux de chômage global est faible, autour de 3,5% en 2024-2025. En revanche, le taux de chômage des jeunes est très élevé, atteignant 35% en 2024 selon les données de la Banque mondiale. Ce chômage touche particulièrement les jeunes âgés de 15 à 34 ans. Il est lié à un manque d'opportunités d'emploi stable, notamment en zones rurales où domine l'agriculture de subsistance. Le chômage des jeunes est également marqué par une forte prépondérance d'emplois dans le secteur informel, caractérisé par des conditions précaires, rapporte Africa 24 le 22 septembre dernier (ICI). Un signe supplémentaire que ça va vraiment mal : paradoxalement, le chômage des jeunes augmente avec leur niveau d'éducation ! Les jeunes plus instruits sont plus exposés au chômage que ceux qui ont été peu ou pas scolarisés.

 

Cet état des lieux explique la volonté de transformation de larges couches de cette société bloquée par une gérontocratie enkystée et le pillage sans vergogne de ses ressources. Kwane Nkrumah, le grand dirigeant ghanéen qui mena la lutte contre le colonialisme britannique, constatait en 1972 que « le plus grand danger que court actuellement l’Afrique est le néo-colonialisme. [...] Un État dans les griffes du néo-colonialisme n’est pas maître de son propre destin ». 53 ans plus tard, l'avertissement est toujours d'actualité !

 

Michel Strulovici


NOTES


(1). La commission électorale camerounaise, appelée Elections Cameroon (ELECAM), est souvent critiquée pour sa proximité avec Paul Biya et le pouvoir en place. Depuis sa création en 2006 par décret présidentiel, une large partie de ses membres, nommés directement par Paul Biya, sont issus ou ont été proches du RDPC (le parti présidentiel). L’architecture institutionnelle du processus électoral donne à ELECAM le rôle d’organisateur, mais aussi de vérificateur et de compilateur des résultats, ce qui crée un verrouillage structurel selon des observateurs, et laisse peu de place à une réelle indépendance. Avant 2008, la Constitution limitait le président à deux mandats consécutifs de sept ans. La révision d’avril 2008 a supprimé cette restriction (article 6 modifié), rendant le président « rééligible » sans limitation du nombre de mandats. La réforme a également accru les pouvoirs du chef de l’État au détriment du Parlement et officialisé une immunité présidentielle à l’issue du mandat.


(2). Le Cameroun est officiellement défini comme une démocratie dans sa Constitution. L’article premier affirme que « la République du Cameroun est un État unitaire, décentralisé, laïque, démocratique et social ». Ce statut officiel repose sur l’organisation régulière d’élections, l’existence de plusieurs partis politiques légalement reconnus (plus de 360), et la séparation constitutionnelle des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire.​ La Constitution prévoit l’élection du président au suffrage universel direct et secret, ainsi que des parlementaires au sein de deux chambres (Assemblée nationale et Sénat).​ Malgré ce cadre officiel, de nombreux analystes, ONG internationales (Freedom House, Afrobarometer) et opposants qualifient le régime de « démocratie de façade » ou « démocrature », soulignant la domination de l’exécutif, le contrôle du parti présidentiel RDPC, et la répression des contestations politiques et sociales.​ Par ailleurs, la liberté de la presse est limitée et l’indépendance de la justice souvent remise en question.​


(3). CamerounWeb est un site d’actualité en ligne spécialisé sur le Cameroun, lancé en 2014. Il couvre l’actualité nationale et internationale, la politique, la société, l’économie, le sport et la culture. Le site, édité par AfricaWeb Holding, repose sur quelques principes-clés : journalisme indépendant et responsable, ouverture au pluralisme, défense de la liberté d’expression et engagement pour l’exactitude des faits. CamerounWeb affirme ne servir aucun intérêt politique, commercial ou culturel spécifique, et veille à présenter les divers points de vue présents dans la société camerounaise pour garantir l’équilibre et la contextualisation des sujets abordés. www.camerounweb.com 


(4). Djeukam Tchameni est un militant et homme politique camerounais né le 1er mars 1961 à Baré, près de Nkongsamba. Ingénieur, entrepreneur et informaticien, il compte parmi les figures majeures du panafricanisme et du combat démocratique au Cameroun, particulièrement actif durant les années 1980 et 1990. Anicet Ekane est un homme politique camerounais né le 17 avril 1951 à Douala. Il est le président du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (MANIDEM), formation héritière de l'Union des populations du Cameroun (UPC), engagée pour la souveraineté nationale et la démocratie.​ Son engagement politique est marqué dès 1971 par le traumatisme de l’exécution d’Ernest Ouandié, grande figure anticoloniale, à Bafoussam, événement qui détermine son combat démocratique et anti-impérialiste.​ Il milite dans les années 1990 aux côtés de Yondo Black durant les luttes pour le multipartisme et subit de nombreuses détentions, rafles et intimidations.


(5). En avril dernier, une conférence économique Cameroun-Chine s'est tenue à Pekin qui visait à renforcer les partenariats stratégiques dans plusieurs secteurs tels que l'agriculture (mécanisation, agro-industrie), l'élevage, les infrastructures, l'énergie renouvelable, le tourisme, les technologies numériques, et les mines.


(6). Selon un communiqué de l'AFD du 9 septembre dernier : « le Cameroun est historiquement l’un des pays d’intervention les plus importants du groupe AFD. Récemment, il a accompagné le pays à travers des projets d'infrastructures d'envergure comme le programme "Capitales régionales", qui vise à moderniser les infrastructures urbaines de 5 villes secondaires ».     


(7) Les ONG ReAct et Sherpa ainsi que Le Point, Mediapart et L'Obs, avaient fait état en avril 2015 d'"accaparements" de terres appartenant aux riverains de ces plantations de palmiers à huile et d'hévéas.  En octobre 2023, Vincent Bolloré et ses sociétés ont été condamnés en France dans le cadre d’une procédure liée aux plantations d’huile de palme Socapalm au Cameroun. Le tribunal a enjoint au groupe de verser 140.000 euros d’indemnités à 145 paysans camerounais victimes d’expropriations et d’atteintes à leurs droits dans les villages riverains des plantations.

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