Cour pénale internationale : Lvova-Belova aggrave son cas
- Jean-Marc Adolphe
- il y a 22 minutes
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Maria Lvova-Belova (à l'extrême-droite) avec Filip, l'adolescent ukrainien qu'elle a "adopté" après l'avoir enlevé à Marioupol.
Maria Lvova-Belova, l'architecte des déportations d'enfants ukrainiens, a encore parlé. Et, ce faisant, elle s’est trahie. Dans une récente interview, la commissaire russe aux droits de l’enfant – sous mandat d’arrêt de la CPI – reconnaît avoir « rééduqué » un adolescent de Marioupol qu’elle prétendait avoir adopté « par amour ». En réalité, un enlèvement suivi d’un lavage de cerveau.
On a été les premiers, aux humanités, à "distinguer" l’inénarrable Maria Lvova-Belova, architecte en chef des déportations d’enfants ukrainiens en Russie. Nos publications à ce sujet (une trentaine), relayées par l’association Pour l’Ukraine, pour leur liberté et la nôtre, ont contribué à documenter la Cour pénale internationale qui a émis à son encontre un mandat d’arrêt.
En France, le Rassemblement national n’a jamais rien trouvé à redire à ces déportations d’enfants, et c’est bien normal : Maria Lvova-Belova est mariée au milliardaire ultranationaliste Konstantin Malofeiev qui a généreusement soutenu les extrême-droites européennes (dont le Front national).
On a été les premiers, aussi, à détricoter le bobard inventé par Maria Lvova-Belova concernant sa très humanitaire "adoption" d’un adolescent issu de Marioupol, Filip. Or, contre tout ce qu’elle avait précédemment affirmé, Lvova-Belova vient de déclarer dans une interview accordée à l'émission-débat russe « Smotri i Dumai » (« Regarde et réfléchis »), que non, Filip « ne voulait pas aller en Russie » et qu'il était « agacé par Moscou et la Russie », mais qu'elle avait réussi à le rééduquer.
En racontant l'histoire de l'enlèvement de Filip, Lvova-Belova confirme en fait un des actes qui motive son inculpation pour crimes de guerre : avoir emmené un enfant hors du territoire occupé et avoir remodelé son identité pour l'adapter au discours de la Russie : « Il continuait à lire des sites web pro-ukrainiens alors qu'il vivait déjà avec ma famille à Moscou. Je lui ai dit : "Écoute, tu es en Russie maintenant, tu dois changer d'attitude". Il a répondu : "Je les lis toujours". »
Dans cette interview, Lvova-Belova ne mentionne pas les menaces et intimidations subies par Filip pour accepter, contraint et forcé d’être ainsi "russifié". Peut-être sera-t-elle plus loquace à La Haye ? Enlevé à 15 ans, Filip est désormais en âge d’être mobilisé dans l’armée russe, appelé sur le front ukrainien à combattre son propre pays. Lvova-Belova ayant le bras long, peut-être sera-t-il exempté, contrairement à beaucoup d’autres, dans les territoires du Donbass occupés, que la Russie recrute désormais comme chair à canon (lire le récent article de Faustine Vincent, dans Le Monde, sur les Ukrainiens enrôlés de force dans l’armée russe).
Jean-Marc Adolphe
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