THAILANDE. Mieux vaut être souple pour pratiquer le sepak takraw, sport d’équipe proche du volley-ball, très populaire en Asie du Sud-est.
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Le sepak takraw (du malais-indonésien sepak, qui signifie « donner un coup de pied », et du thaï takraw, « balle ») est un sport d'équipe, proche du volley-ball, qui se pratique essentiellement dans les pays d'Asie du Sud-Est où il est très populaire, notamment en Indonésie, en Malaisie, au Cambodge, au Laos et en Thaïlande. Dans ce dernier pays, il est considéré comme sport national à l'égal de la boxe muay-thaï.
Il est souvent désigné par le seul terme takraw lorsqu'il s'agit plutôt d'un divertissement. Au Laos, il est plus connu sous le nom de kataw. Au Cambodge, il est appelé sey dâk (khmer : សីដក់) ou sey melong (khmer : សីមេលោង).
Convivial et bon marché, ce qui en fait un sport « loisir » extrêmement populaire pour les populations rurales du sud-est asiatique, le jeu consiste à faire passer une balle au-dessus d'un filet, en utilisant toutes les parties du corps, excepté les bras et les mains. Ce sport tient du jeu d'équipe en volley-ball et de la dextérité en football, avec un bon zeste de souplesse qui frise l’acrobatie ! Le sepak takraw est donc avant tout un jeu d’équipe avec l’esprit qui va avec.
Le sepak takraw est un sport d'origine asiatique qui a fortement évolué au fil du temps. Sans doute déjà millénaire, on ne connaît pourtant pas l'origine exacte de ce sport. Seulement quelques repères : au XIe siècle déjà, le sepak takraw était énormément joué dans les pays du sud-est asiatique. Traditionnellement, les villageois formaient un cercle et devaient garder la balle en l'air aussi longtemps que possible. Il était alors appelé sepak raga (il se jouait en cercle) et dans les cours royales malaises – celles de Malacca, du XVe siècle, en particulier – on s’y adonnait semble-t-il fort souvent. Logiquement, le sepak takraw représente ainsi une forme évoluée et toujours actuelle du sepak raga d’autrefois. D’ailleurs, aujourd'hui ce jeu en cercle reste très populaire dans cette partie du monde et s'est surtout développé en tant que « sport pour tous ».
L'esprit de communauté, valeur importante pour les Asiatiques, se manifeste dans ces échanges. La compétition, dans les villages où le jeu continue à se pratiquer, n’est pas la priorité, celle-ci revient au plaisir d’être ensemble et de jouer collectivement. Le takraw est une pratique de vivre-ensemble autant qu’une expression de bien-être. Dans ce jeu, chacun a besoin de son voisin et de l’autre pour avancer et « gagner », la convivialité s’accompagne donc aussi d’une bonne dose de solidarité.
Au nord de la Thaïlande, deux exemples de terrains de jeu : l’un à Ban Kok Mak, juste à côté du Mékong, fleuve-frontière avec le Laos, et l’autre au cœur d’un monastère bouddhiste à Mae Sariang, à la frontière birmane.
Après le cercle convivial est venu le temps des deux camps, une configuration (et une confrontation) plus pratique pour former des équipes et compter les points ! C'est en effet au XIXe siècle qu'apparaît un filet, il est placé dans la largeur du terrain et délimite celui-ci en deux surfaces de même longueur. Il fallut attendre 1965 pour voir ce sport se structurer véritablement avec la création d'une fédération : l'Asian Sepak Takraw Federation (SATAF), qui lui donne le nom officiel de sepak takraw, et définit des règles de jeu précises. Bien plus tard, en 1996, est créé l'ISTAF (International Sepak Takraw Federation), qui permet d'institutionnaliser cette activité sportive et de la faire (re)connaître au niveau international. Une quête de reconnaissance toujours en cours…
La principale compétition internationale se déroule à Bangkok en Thaïlande, elle s’appelle la « King's Cup World Sepak Takraw Championships », mais beaucoup d’autres « rencontres » ont lieu. Car même si la compétition s’est imposée, et elle est aussi la garantie que le jeu ainsi devenu sport se perpétue au-delà du seul cercle des initiés ou villageois asiatiques. Pour les pratiquants de takraw, amateurs et même professionnels, la rencontre humaine prime encore sur la guerre du sport.
Mais tout n’est pas rose non plus dans l’univers acrobatique de la petite balle de rotin tressé ! Le sepak takraw est aujourd’hui menacé de disparaître des campagnes en même temps qu’il se voit tous les jours un peu plus « légitimé » par les joueurs urbains et autres instances sportives officielles… En effet, le bulldozer de la mondialisation affecte également la pratique des sports dits populaires et/ou traditionnels. Dans certains villages reculés, surtout en Indonésie, mais aussi dans une moindre mesure en Thaïlande, cela fait désormais « ringard » de jouer ce jeu de balle « ancien » et « démodé », pour reprendre les termes de certains jeunes locaux. S’ajoute à ce relatif discrédit de la part de certains jeunes, les politiques sportives mises en place. Car le « foot », nouvel opium sinon religion du peuple, n’intéresse pas que les jeunes mais aussi les dirigeants et autres acteurs économiques et politiques.
(Source principale : Bali Autrement)
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