La gentillesse est-elle "has been" ?, et autres faits du jour
- Jean-Marc Adolphe

- il y a 6 jours
- 13 min de lecture

Rijasolo. Photographie issue de la série "Madagascar, terminus des cyclones", 2015.
Jeunes filles du village de Bekoake, situé à 7 km de Tuléar, sur la côte sud-ouest de Madagascar.
« Un acte de gentillesse, même petit, n’est jamais perdu », disait déjà Ésope il y a plus de 2.500 ans, ce qui ne nous rajeunit pas. Au fait, la gentillesse, dont c'est la Journée mondiale, est-elle encore au goût du jour ? Ça se discute... Qu'en pensent les créatures insoupçonnées qui viennent d'être découvertes au fin fond de l'océan Austral ? Et aussi, au menu du jour : un hommage à Erik Marchand, des voyages au Japon pour la "Fête de la Culture", à Madagascar, sur la terre des esprits, et en Russie, où on a découvert une chorégraphie signée Kalachnikov. Sans oublier : de réjouissantes nouvelles de l’équipe de foot féminine... d'Afghanistan !
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ÉPHÉMERIDES
On n’est pas sortis de l’auberge. Selon une toute récente enquête Ipsos pour Le Monde, la fondation Jean Jaurès, le Cevipof et l’institut Montaigne, intitulée "Fractures françaises" (ICI), 47 % des Français pensent que le Rassemblement national est capable de gouverner le pays. Parmi les questions posées aux sondés, il en manquait au moins une : "Pensez-vous que le Rassemblement national soit capable de promouvoir la gentillesse ?"
Pourtant, au VIe siècle av. J.-C, Lao Tseu le disait déjà : « La gentillesse dans les mots suscite la confiance. La gentillesse dans la pensée crée la profondeur. La gentillesse dans les actes engendre l’amour ». Ésope, son exact contemporain dans la Grèce antique, disait à peu près la même chose : « Un acte de gentillesse, même petit, n’est jamais perdu ». Quelques siècles plus tard, George Sand prodiguait ce conseil : « Gardez bien en vous ce trésor, la gentillesse. Sachez donner sans retenue, perdre sans regret, acquérir sans mesquinerie ». De toute façon, comme l’exprime un proverbe japonais, « Un mot gentil peut réchauffer trois mois d’hiver ». Et l’hiver, il vient…
Film d'animation réalisé par Kelly Eldridge Boesch (transmis par Marc Demers, abonné des humanités au Québec). Images réalisées à l'aide de Midjourney et animées avec Veo3. Chanson réalisée à l'aide de Suno.
[Couplet 1] La course effrénée s'est estompée, / Nous ne courons plus après le prix. / Maintenant, nous savourons le soupir du matin, / Et voyons de nouvelles merveilles dans nos yeux vieillissants. [Refrain] La joie n'est pas le feu de la jeunesse, / C'est la braise qui brille encore. / Nous avons accumulé les années comme de la soie et de la pluie, / et nous les portons telles qu'elles sont. [Couplet 2] Les chemins hâtifs sont usés et profonds, / Mais des sentiers plus doux nous invitent à rester. / Un rythme plus calme commence à résonner, / Nous récoltons la joie du temps emprunté. [Pont] Maintenant, l'amour marche plus léger, main dans la main,
nos ombres longues et bienveillantes. Nous sommes les rêveurs qui sont restés éveillés / et n'ont laissé aucune joie derrière eux. [Refrain - Reprise] / La joie n'est pas le feu de la jeunesse, / c'est la braise qui brille encore. /Nous fredonnons sous les années étoilées / et dansons là où vont les souvenirs. [Outro] Que les heures douces nous trouvent, / toujours tendres, toujours vivants. / Le monde est calme, mais en nous / la lumière continue de monter.
Non, non, on n’a pas cédé, du jour au lendemain, au culte de Bisounours. Alors pourquoi donc, en ce jour, égrener un petit chapelet de citations sur la gentillesse, avec en prime le film d’animation ci-dessus ? Parce qu’on y est, en plein. Ce 3 novembre : Journée mondiale de la gentillesse. Mais si, mais si, ça existe ! Cette « invitation universelle à ralentir, à prêter attention à autrui et à valoriser l’impact des gestes altruistes » est née au Japon dans les années 1960 sur des campus universitaires secoués par la violence, et trouve son origine dans le "Small Kindness Movement" : une initiative lancée à Tokyo pour réaffirmer le pouvoir des actes de bonté dans un contexte d’inquiétude sociale. Devenue en 1997 le "World Kindness Movement", la dynamique s’est propagée à l’échelle internationale, instaurant une journée dédiée à la bienveillance, célébrée dans près de 30 pays. L’objectif est simple mais ambitieux : rappeler que la gentillesse n’est jamais vaine et constitue la clef de sociétés apaisées. Elle encourage chacun à multiplier les petits gestes quotidiens – sourire à un inconnu, écouter un proche, offrir son aide de manière désintéressée – pour renforcer les liens sociaux et lutter contre l’indifférence. Chiche ?
Au Japon, Bunka no Hi, autrement dit la Fête de la Culture...

Photo @hanabi_comunity
Il paraît que Rachida Dati a décliné l’invitation. Pressentie pour honorer de sa présence, au Japon, les réjouissances de Bunka no Hi, elle a trop de travail en vue des prochaines élections municipales à Paris (où ses alliés macronistes & horizontaux viennent de la lâcher, quel affront !) pour s’autoriser le voyage. Et puis, Bunka no Hi, ce 3 novembre au Japon, c’est la Fête de la Culture. Le Japon, Rachida Dati, ça l’intéresse -l’art de la bijouterie y est raffiné, elle aurait pu en en ramener un joli netsuke (pendentif) ou encore une boîte à bijoux décoré au maki-e (laque à poudre d’or)-, mais la culture, même nippone, bof-bof.
Revenons à nos moutons (en japonais, ひつじ, hitsuji). Au pays du soleil levant, ce 3 novembre est férié, vu que c’est la Fête de la Culture (on l’a déjà dit), dédiée à la célébration des arts, du savoir et de la créativité, dans une tradition qui mêle mémoire historique et effervescence culturelle. Le 3 novembre, au départ, c’était l’anniversaire de l’empereur Meiji, mais après la Seconde Guerre mondiale, la date a été réinvestie pour commémorer la promulgation de la Constitution japonaise en 1946, symbole d’un Japon pacifique et démocratique. Et depuis 1948, Bunka no Hi est officiellement consacré à la promotion de la culture, de la liberté et de la paix.
Photos @hanabi_comunity
Ce jour est marqué par une profusion d’événements : les musées nationaux ouvrent gratuitement leurs portes, les universités organisent des conférences et des expositions, et des défilés, concerts et spectacles animent les rues. Les bunkasai, fêtes des écoles japonaises, sont des temps forts de Bunka no Hi. Les élèves transforment leur établissement en lieu de fête, avec cafés, spectacles, stands de nourriture et expositions, ouverts au public dans les universités. Par ailleurs, de nombreux matsuri (festivals traditionnels) se tiennent à travers le pays, mêlant processions, danses et rituels locaux, comme le Hakone Daimyo Gyoretsu à Hakone ou le Yanagawa Hakushu Matsuri à Fukuoka.
À Kagoshima (grande ville du sud de l’île de Kyūshū, au bord de la baie de Kinko), on ne plaisante pas avec la fête : l’Ohara Matsuri est le plus grand festival du sud de Kyushu, et il réunit plus de 20.000 danseurs dans les rues de la ville. Au son du Ohara-bushi, une chanson folklorique locale, les habitants dansent, souvent un verre de shochu à la main (l’alcool fort de la région), servi gratuitement aux participants. A Karatsu (préfecture de Saga), on remercie depuis 400 ans les divinités des bonnes récoltes avec le Karatsu Kunchi. Clou du festival : 14 gigantesques chars (hikiyama) en forme de dragons, de lions ou de casques de samurai, laqués et décorés de feuilles d’or, qui paradent dans les rues et jusque sur la plage. A Matsusaka (préfecture de Mie) l’Ujisato Matsuri célèbre la mémoire de Gamo Ujisato, fondateur de la ville. Autour des ruines du château, une procession de guerriers en armure, arquebuses à la main, traverse la ville dans un cortège impressionnant. L’un des matsuri les plus originaux se déroule à Kudamatsu (préfecture de Yamaguchi, au Japon, dans la région du Chūgoku, au sud-ouest de l’île principale de Honshū). Là, on célèbre la fin des récoltes par… un mariage de renards ! Un couple, choisi chaque année en secret, se grime en renards blanc et gris et mène un cortège joyeux dans les rues. Mikoshi, danses et musiques accompagnent cette procession insolite, où le mariage animal symbolise fertilité et prospérité.

Kitty, mise en scène de Satoko Ichihara, à la Maison de la culture du Japon à Paris. Photo Toshiaki Nakatani
Puisque nous sommes au Japon, restons-y, mais à Paris. Au pied de la tour Eiffel, un lieu des plus fréquentables : la Maison de la culture du Japon à Paris, avec qui nous étions tout récemment en partenariat éditorial pour commémorer les 80 ans de la bombe atomique larguée sur Nagasaki. Ces prochains jours (du 6 au 8 novembre), avec le Festival d’automne à Paris, la Maison de la culture du Japon à Paris accueille Kitty, un spectacle de la dramaturge et metteuse en scène Satoko Ichihara qui sonde avec audace et subtilité les tabous et contradictions sexuelles de la société japonaise : « Le marché japonais de la pornographie est l’un des plus importants au monde », dit-elle. « Il y a une grande diversité de productions, et il n’existe aucune scène de la vie quotidienne qui n’ait pas été détournée dans un film pornographique. De manière générale, il n’y a rien dans cette société qui ne soit pas lié au sexe ni à la consommation. (…) Tout est fait pour susciter en permanence notre désir, sexuel ou de consommation. Il n’y a nulle part où se réfugier… » A voir ICI
LA SURPRISE DU JOUR

Une éponge carnivore "boule mortelle " découverte à près de 3.650 mètres de profondeur dans l'océan Austral.
Recensement océanographique Nippon Foundation-Nekton / Schmidt Ocean Institute
Lors d'une expédition dans l’océan Austral, des scientifiques ont exploré une partie du fond marin mise à nu par le détachement d'une immense plate-forme glaciaire dans la péninsule Antarctique, découvrant une faune marine qui était auparavant emprisonnée sous plus de 120 mètres de glace. Cette expédition vient de révéler trente nouvelles espèces, parmi lesquelles une étrange "boulle mortelle" : une éponge carnivore du genre Chondrocladia, hérissée de crochets pour piéger ses proies, et des vers à écailles iridescentes, dont certains brillent d’une lueur bleutée. Les chercheurs ont aussi recensé des coraux noirs, des étoiles de mer et de nouvelles bivalves dans d’anciens fonds marins, sous une épaisse couche de glace. « L'océan Austral reste profondément sous-échantillonné », indique Michelle Taylor, responsable scientifique du recensement océanographique Nippon Foundation-Nekton. « À ce jour, nous n'avons évalué que moins de 30 % des échantillons collectés lors de cette expédition, donc le fait d'avoir déjà confirmé 30 nouvelles espèces montre à quel point la biodiversité reste encore méconnue. »

À gauche : un ver à écailles irisé découvert à plus de 2.740 mètres de profondeur.
À droite : une nouvelle espèce de plume de mer découverte dans l'océan Austral.
Photos Jialing Cai et Paul Satchell / The Nippon Foundation-Nekton Ocean Census / Schmidt Ocean Institute
LE TOUR DU JOUR EN 80 MONDES,
NOUVELLES D’ICI ET DES AILLEURS / REVUE DES PRESSES
(par ordre alphabétique)

En maillot rouge, les joueuses de l'Afghan Women United, l'équipe féminine de football afghane. Photo DR
AFGHANISTAN. Victoire écrasante de l’équipe de foot féminine. Samedi 1er novembre au Stade Municipal de Berrechid, au Maroc, dans un match comptant pour la FIFA Unites Women's Series 2025, l’équipe de foot féminine d’Afghanistan a infligé à l’équipe libyenne un score sans appel : 7 à 0. Une équipe féminine de football afghane ? Mais oui. Officiellement reconnue sous le nom d'Afghan Women United, celle-ci regroupent des athlètes jouent en exil, suite à l'interdiction totale des sports féminins imposée par les talibans après leur retour au pouvoir en 2021. Contraintes de fuir leur pays pour des raisons de sécurité, la plupart des membres de l'équipe résident désormais en Australie et en Europe. Pour beaucoup, leur parcours va bien au-delà du football : c'est un combat pour les droits, l'éducation, la visibilité et l'espoir de millions de femmes afghanes qui sont toujours exclues de la vie publique. Leur victoire, samedi dernier au Maroc, résonne bien au-delà du terrain, incarnant les espoirs d'une nation en quête de dignité et d'égalité.
FRANCE. Mort d’Erik Marchand, haute figure de la musique bretonne. On ne lui a pas encore rendu hommage. Le chanteur, compositeur et clarinettiste français, figure incontournable de la musique traditionnelle bretonne, connu pour son engagement dans la transmission et le renouvellement des répertoires populaires, notamment les gwerzioù et le kan ha diskan. s’est éteint le 30 octobre 2025 en Roumanie à l’âge de 70 ans. Il est parti sans rien et « s’il est parti sans rien, c’est qu’il a tout donné, et c’était là sa seule, et immense, richesse », écrivait hier, le poète et traducteur André Markowicz, sur sa page Facebook, en citant le chanteur Christophe Le Menn, alias Krissmen.
« Dès les années 1980 », dit encore André Markowicz, « Erik ne s’est pas contenté d’une connaissance absolue de ces terroirs de Centre-Bretagne que sont les pays fanch et fisel, il a toujours été fasciné par les mélanges, ou pas par les mélanges, non : par les synergies avec les musiques du monde. Et autant il n’a jamais donné dans la musique dite-celtique (dont les vagues irlando-américanisées noient tellement aujourd’hui la musique bretonne), autant il a travaillé avec des musiciens du monde entier, – des musiciens arabes (et les modes musicaux arabo-andalous sont les mêmes que les modes traditionnels bretons), mais pas seulement arabes, – et dans plein de disques, avec plein de formations différentes, plein d’instruments, – aussi des musiciens de l’Inde, et il a travaillé avec Titi Robin. (…) Et comment ne pas parler de son amour pour la musique tsigane, de son travail avec le taraf de Caransebès en Roumanie (ICI), et de ces amitiés indéfectibles qu’il a nouées là-bas. Ecouter, à Marseille ou à Rabat, des musiciens roumains jouer avec Jackie Molard et Hélène Labarrière, et des interprètes arabes, sur des paroles de chansons traditionnelles bretonnes, voilà d’autres chemins – qui vous traversent, vous élèvent, – et qui font vivre, tranquillement, par le contraire même de l’enfermement identitaire, le breton dans le monde. »
Ci-dessous, deux pépites :
Erik Marchand et Rodolphe Burger (avec Mehdi Haddab : oud, Arnaud Dieterlen : batterie , Julien Perraudeau : basse , Pauline Willerval : gadulka et chant) dans Before Bach, au Théâtre National de Bretagne à Rennes, le 5 mars 2019.
Et aussi : "Pourquoi ont-ils tué Jaurès ?" : Erik Marchand reprend la chanson de Jacques Brel (sur l'album "Unu daou tri chtar", 2006)
RUSSIE. Une chorégraphie signée Kalachnikov ? Publiée hier sur sa page Facebook par Virginie Maneval, abonnée aux humanités, la vidéo ci-dessous n’est pas toute récente. Elle semble dater de 2023, et il s’agit vraisemblablement d’une répétition en vue d’une "chorégraphie" pour la Fête de la Victoire, célébrée en Russie chaque 9 mai. Malgré des recherches assidues, on n’a pas retrouvé l’origine précise de cette vidéo, mais il existe en Russie une longue tradition de chorégraphies à caractère militaire, notamment à travers les ensembles des Chœurs et Ballets de l’Armée Rouge, l’Ensemble des Marins de l’Armée Rouge, ou encore des formations spécifiques pour les forces stratégiques et les troupes aéroportées. Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les danses militaires présentées lors des célébrations russes ont évolué vers une intensification du symbolisme patriotique. Des éléments visuels et chorégraphiques rappellent les combats du Donbass, la Crimée ou "l’opération spéciale", avec parfois des tableaux rendant hommage aux soldats russes engagés en Ukraine. Par ailleurs, le réseau social chinois Tik Tok diffuse d’innombrables vidéos « patriotiques » de soldats russes qui "dansent" : voir ICI.
L’EXPO DU JOUR
Rijasolo : Madagascar, terre des esprits

Légende : 19/05/2023 - Fokontany MANGALAZA, MADAGASCAR - M. RANDRIAMANANABEZAKA est un "Mpanazary" originaire de la région. Il se rend à une cascade dite sacrée pour y faire des rituels traditionnels lui permettant de conserver son "pouvoir". Les Mpanazary sont des sortes de sorciers / sorcières qui ont la capacité de faire la connexion entre l'âme des "razana", les ancêtres, et des personnes lambda. Les Mpanazary ont une fonction sociale importante, surtout à la campagne, où la population n'hésite pas à les solliciter pour résoudre de nombreux problèmes de la vie quotidienne : santé, amour, argent. RANDRIAMANANABEZAKA s'arrête à des lieux précis avant de se rendre à cette cascade afin de demander l'accord aux ancêtres et à Zanahary (Dieu créateur dans la religion animiste malgache) pour poursuivre son chemin. Il leur fait ainsi des offrandes de miel, de rhum, de sel et de légume. Arrivés à la cascade lui et ses compagnons se mettent en tenue traditionnelle et enfilent uniquement un "lambahoany", une sorte de paréo typique malgache. RANDRIAMANANABEZAKA procède à des incantations et se met en transe (tromba) pour que son esprit soit finalement investi par l'âme d'un razana (ancêtre) qui va ainsi parler à sa place. Le razana en question semble être un natif de la région et va faire des recommandations vers les personnes présentes. Source : https://www.nocomment.mg/madagascar-terre-des-esprits
Rijasolo, né en 1973, est un photographe malgache reconnu pour ses travaux mêlant photojournalisme et recherche artistique. Installé à Antananarivo, il s’attache à traduire l’intensité des nuits malgaches, jouant sur les contrastes et la lumière naturelle pour révéler les réalités sociales, rituels et espaces urbains de l’île. Lauréat du World Press Photo Award 2022, il collabore avec Géo, Le Monde, AFP et Riva Press, témoignant d’une approche poétique et humaniste du documentaire.
Jusqu'au 31 octobre, il expose à l'Institut français de Madagascar ses photographies de la série "Madagascar, Terre des esprits", qui interroge la manière dont la spiritualité façonne les relations entre les individus, leur environnement et leurs ancêtres à Madagascar. Le photographe documente les pratiques rituelles, les lieux de culte, les objets symboliques et les formes de syncrétisme entre traditions ancestrales et christianisme. Il met en avant la spiritualité malgache et l’énergie vitale du hasina. Le hasina, dans la culture malgache, désigne une énergie sacrée, vitale et spirituelle, vue comme un souffle ou une force qui circule entre les êtres, les lieux, les ancêtres et les souverains. Considéré comme source de légitimité, de pouvoir et de respect, le hasina confère autorité aux rois, dignitaires, guérisseurs ou chefs de famille, et garantit l’harmonie sociale ou la réussite rituelle. Recevoir, transmettre ou perdre le hasina influence directement le statut et la destinée : sans hasina, un roi n’en est plus un, et une parole n’a pas de poids. Sa présence est honorée dans les rites, la nature sacrée, les relations communautaires et la continuité des valeurs ancestrales malgaches.
À Madagascar, bien que la majorité de la population soit chrétienne, les croyances ancestrales demeurent profondément ancrées. Parmi elles, le tromba, un rite de possession, occupe une place importante. Les mpanazary, sorciers et intermédiaires entre les vivants et les esprits des ancêtres, dirigent ces cérémonies où les participants entrent en transe pour obtenir des conseils et des guérisons. Odet Rafaralahy, un des plus puissants mpanazary d’Ambatondrazaka, organise régulièrement ces rituels. Des esprits d’anciens rois ou guerriers sont invoqués pour offrir des solutions aux problèmes de santé ou de vie quotidienne.
Malgré les efforts de colonisation et la conversion au christianisme, ces pratiques traditionnelles perdurent à travers le pays. Le hasina, énergie sacrée circulant entre les hommes et les lieux, est au cœur de la spiritualité malgache. Les mpanazary, surtout en milieu rural où l’accès aux soins est limité, restent des figures essentielles pour les guérisons et protections. Les lieux naturels sacrés, comme les chutes d’eau et les arbres, sont aussi des sites où les croyants prient et communiquent avec les esprits.
Rijasolo
Rijasolo parle de son exposition "Madagascar, terre des esprits". Vidéo Institut français de Madagascar.
Site internet : https://www.rijasolo.com
WORK IN PROGRESS
Aujourd'hui, gentillesse oblige, les humanités se déplient en trois. Après publication de cette éphéméride, journal de midi : "Madagascar, journal d'une révolution", par Elie Ramanankavana. Et à 18 h, édition spéciale Russie / Ukraine : "Dans la novlangue du poutinisme", et "Les Carnets de Lviv", film documentaire de Guillaume Sauzedde.
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