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Make America Candy Again, et autres nouvelles du jour

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Jeudi dernier à Washington, sur le perron de la Maison-Blanche, un individu suspect reconnu

comme ancien camarade du prédateur sexuel Jeffrey Epstein, a été aperçu

en train de donner des bonbons à une ribambelle de têtes blondes

et accessoirement, de faire sa promo. La police n'est pas intervenue.


En exclusivité, pour les humanités, Ezra Pound juge le mandat de Donald Trump, et Philippe Katerine commente le refus des députés français de voter la taxe Zucman. Parfois, même en ce jour, on ne sait plus à quel saint se vouer... Et aussi, dans les infos du jour, ces mots de l'écrivaine haïtienne Yannick Lahens, récemment primée : « Les vaincus partagent le peu. Pour que chacun ait quelque chose. C’est une de nos façons d’être ensemble ». Des mots que ne démentirait pas le calao à casque noir, qui en a ras-le-bol d'être décimé dans les forêt d'Afrique de l'Ouest pour servir d'objet décoratif dans les salons américains.


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A LA UNE


Trump et les bonbons d’Halloween : « Make Candy Great Again »


Donald Trump ? Un surhomme, je vous dis. A peine revenu de son périple asiatique, même pas jet-lag, le président amerloque paradait sur le perron de la Maison-Blanche éclairé à la citrouille, panier à la main, pour distribuer les friandises de Hallowwen à une foule de petits nenfants triés sur le volet : ceux des membres de l’armée et du personnel de la Maison Blanche, rien que des têtes blondes, pas un seul enfant noir. Pourtant, la cérémonie a été orchestrée sur la musique de Thriller, avec chanson éponyme d’un certain… Michel Jackson. Les ultras MAGA vont-ils dénoncer "The King" pour wokisme ?

 

Bonbons ? Allez, on se remet Jacques Brel (enregistrement live, Olympia, 1966)...



Pendant que l’Oncle Donald distribuait ses bonbons, à quelques encablures de là, au pied du ministère de l’Agriculture, le long du National Mall, l’esplanade phare de la capitale américaine, des manifestants scandaient : « Nourrissez les gens ». Saisissant contraste : en plein shutdown, où plus de 700.000 fonctionnaires fédéraux sont sans salaire, Trump offre du sucre quand le pays réclame du pain. L’aide alimentaire, suspendue, laisse un Américain sur huit dans l’incertitude de son prochain repas, mais l’agenda présidentiel, lui, reste inébranlable : Halloween avant tout ! « Make Candy Great Again ».


ÉPHÉMERIDES


Avant la journée des défunts le 2 novembre, il n’a échappé que le 1er novembre, jour férié même quand ça tombe un dimanche, est Toussaint, jour de tous les saints, même quand on ne sait plus à quel saint se vouer.

 

Le 1er novembre en Corse, la Toussaint – "i Santi" – anime les cimetières, où se mêlent fleurs et bougies pour inviter les morts à revenir le temps d’un soir. À la nuit, la tradition corse veut qu’on dresse un couvert supplémentaire pour le défunt, et qu’on laisse du pain, de l’eau, du lait ou des châtaignes sur la table ou au rebord d’une fenêtre, afin d’établir le contact entre vivants et ancêtres. À Bonifacio, on offre le fameux « pane di i morti », pain des morts, pour que les âmes retrouvent la maison et, peut-être, l'appétit.


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 David Hamilton Jackson s'exprimant en 1915 à Green Tower, quartier résidentiel situé à Christiansted, sur l’île de Sainte-Croix.


Ce 1er novembre, les îles Vierges américaines célèbrent "Liberty Day", hommage à David Hamilton Jackson (1884-1946), figure clef des droits des travailleurs à Sainte-Croix. Syndicaliste, militant du droit de la presse, Jackson fit abolir la censure et fonda le premier journal libre, The Herald, en 1915. Ce jour symbolise la conquête de la liberté et des droits civiques pour les travailleurs insulaires. Surnommé "Bull and Bread Day", "Liberty Day" est aussi l’occasion de partager du pain, geste hérité de Jackson qui rêvait d’une société plus juste et unie.

 

NOTA BENE : Les îles Vierges américaines, archipel des Caraïbes composé principalement de Sainte-Croix, Saint-Thomas et Saint-John, sont un territoire non incorporé des États-Unis. Les îles Vierges américaines ont été sous domination danoise de 1754 à 1917. Connues alors sous le nom de "Indes occidentales danoises", elles étaient un centre du commerce du sucre et de la traite esclavagiste. La population, composée majoritairement d’esclaves africains, a connu plusieurs révoltes. En 1917, le Danemark vend l’archipel aux États-Unis...


L’histoire ne dit pas si, pour se donner du cœur à la lutte, David Hamilton Jackson fut inspiré par le bouquin d’un frenchie, né il y a tout juste 495 ans, le 1er novembre 1530 à Sarlat, dans le Périgord : Étienne de La Boétie. Lorsque je serai ministre de l’Éducation nationale, j’exigerai qu’à partir de 12 ans, tous les enfants de France et de navarres apprennent par cœur le Discours de la servitude volontaire, diffusé sous forme manuscrite au XVIe siècle, puis publié par fragments en 1574, et intégralement en 1576 et 1577 dans les Mémoires de l’estat de France sous Charles IX sous anonymat, avant d’être censuré et brûlé en 1579 par le Parlement de Bordeaux.

 

Pour les États-Unis, la première traduction anglaise reconnue paraît en 1942 sous le titre “Discourse on Voluntary Servitude,” traduite par Harry Kurz, qui la diffuse dans les milieux libertaires et universitaires américains. Il est donc peu probable que David Hamilton Jackson, mort en 1846, en ait pris connaissance. Donald Trump, lui, aurait pu, mais il a préféré un recueil des discours d’Adolf Hitler (Ivana Trump, son ex-femme, affirmait dans Vanity Fair en 1990 qu’il conservait sur sa table de nuit un recueil des discours du Führer, My New Order).


Il est tout aussi peu probable que Donald Trump ait daigné lire une seule ligne du poète américain Ezra Pound, mort à 87 ans, il y a 53 ans, le 1er novembre 1972. Quoique… Figure clé du modernisme et chef de file de l’imagisme, Ezra Pound a révolutionné la poésie par ses Cantos, mêlant érudition, allusions et expérimentations formelles. Mais aussi : admirateur de Mussolini, il fut compromis par son engagement fasciste et des émissions radio antisémites durant la guerre, ce qui lui valut douze ans d’internement psychiatrique.


Revenu d’entre les morts, pour cette journée spéciale, Ezra Pound a confié aux humanités un bref commentaire sur le mandat de l’actuel président américain : « La civilisation se mesure à ce qui subsiste quand l’or s’évapore : paroles vaines ou vérités ? À force de scander le mot "Greatness", on finit par faire l’éloge du vide et de la fortune sans honneur. »


LE TOUR DU JOUR EN 80 MONDES, NOUVELLES D’ICI ET DES AILLEURS / REVUE DES PRESSES


FRANCE. Philippe Katerine commente le refus des députés de voter la taxe Zucman :



Pendant ce temps, à Strasbourg, la candidate RN Virginie Joron innove : pour dénoncer la saleté de la ville, quoi de mieux que des images d’ordures… générées par intelligence artificielle ! Poubelles en équilibre improbable, panneaux inexistants, rues qui n’existent pas : la candidate assume et déclare que c’est « pour ouvrir le débat sur le numérique ». À ce rythme, bientôt les rats seront animés en 3D et les balayeurs recrutés sur un logiciel de modélisation.


Soudan. Le conflit au Soudan s’est intensifié de façon dramatique en octobre, avec la chute d’El Fasher, capitale du Darfour Nord, aux mains des milices des Forces de Soutien Rapide (FSR) après plus de 500 jours de siège et une escalade d’atrocités : exécutions massives, viols, massacres dans les hôpitaux et famine généralisée. La prise d’El Fasher a déclenché la fuite de dizaines de milliers de civils, principalement femmes, enfants et personnes âgées, vers Tawila et d’autres villes déjà saturées par les déplacés.​ Les témoignages évoquent des scènes de rapts, d’abus sexuels et d’exterminations ciblées. Fin octobre, plus de 460 personnes ont été tuées dans un hôpital lors d’attaques répétées de ces milices. Selon l’ONU, la terreur, le pillage et la destruction se sont étendus à l’ensemble du Darfour et à la région du Kordofan, alors que la famine et les épidémies font rage. Plus de 14 millions de personnes sont déplacées à ce jour, un record mondial, tandis qu’on dénombre déjà 40 000 morts, bilan probablement sous-évalué.​ C’est curieux : il n’y a pas, en France ni nulle part ailleurs, de manifestations contre le génocide du Darfour…

 

NOTA BENE : Dirigées par le général Mohamed Hamdan Dagalo, alias « Hemedti », les FSR comptent jusqu’à 100.000 combattants et disposent d’un équipement militaire moderne, surpassant la plupart des groupes paramilitaires soudanais. Leur recrutement s’appuie principalement sur la tribu arabe des Rizeigat au Darfour et s’est diversifié grâce à des alliances avec d’autres groupes armés. Les FSR financent leurs opérations par l’exploitation de l’or (via Al-Junaid), des sociétés-écrans au Soudan et à l’étranger (notamment à Dubaï) et des liens avec des États du Golfe, notamment les Émirats arabes unis.

 

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Des enfants d'El-Fasher dans un camp de déplacés dans la région du Darfour. Photo Mohammed Jammal/UNICEF.


Russie. Mikhail Lobakov, reconnu coupable de menaces de mort et du meurtre de sa femme en 2024, avait été condamné à 20 ans de prison. Grâce au programme russe permettant aux détenus de servir au front en échange d’un pardon ou d’une réduction de peine, il avait été libéré par anticipation pour rejoindre les rangs de l'armée russe en Ukraine. Il est mort au front, comme chair à canon. Les autorités régionales d'Ivanovo ont salué « son courage et son désintéressement » (source : Novaya Gazeta)

 

Les agences de renseignement ukrainiennes ont détruit l'un des missiles Oreshnik de nouvelle génération vantés par Vladimir Poutine, lors d'une opération secrète en profondeur sur le territoire russe, selon une annonce de Volodymyr Zelensky le 31 octobre 2025. Cette opération, a eu lieu au polygone de Kapustin Yar dans l’oblast d’Astrakhan. Zelensky précise que l’Oreshnik, missile balistique hypersonique doté d’une portée de 5 000 à 5 500 km, sera probablement déployé en Biélorussie, et estime que la Russie peut en produire jusqu’à six par an. Le coût d’un seul de ces missiles coût avoisine 30 millions de dollars selon des estimations de 2011, un chiffre probablement un peu plus élevé aujourd’hui (source : Kyiv Independent)


Tanzanie. La présidente sortante Samia Suluhu Hassan a remporté l'élection présidentielle avec plus de 95% des voix, selon des résultats préliminaires diffusés par la télévision publique après trois jours de violences suivant le vote. Les partis d'opposition ayant été interdits juste avant le scrutin, c'est un échec cinglant : la présidente sortante visait 120% des voix.

 

Turquie : Elle est surnommée la "loi du super pillage". Votée au cœur de l’été, elle ouvre à la prospection minière oliveraies, champs, forêts, lacs… Et n’exige plus d’étude d’impact environnemental. A la recherche d'or, de cuivre, de zinc... les grands groupes miniers n'ont pas tardé à l'investir. Et les villageois tentent de s'organiser pour leur résister. Dès l'entrée du petit village de Yalinkavak, perché à 1600 mètres d’altitude, deux immenses banderoles proclament « Nous ne donnerons pas nos maisons aux mines ». Grand reportage France Inter à écouter ICI.


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 Le calao à casque noir (Ceratogymna atrata) est l’une des espèces les plus commercialisées au Cameroun.

 

Cameroun. Le calao à casque noir n’a pas voté lors de la dernière élection présidentielle (truquée) au Cameroun. De toute façon, il n’a plus guère voix au chapitre : le commerce international non réglementé des calaos africains, autrefois très visibles dans la canopée des forêts de l’ouest africain - Gabon, Togo, Cameroun, Ghana notamment - alimente leur déclin dramatique, particulièrement au profit du marché américain. Entre 1999 et 2024, les États-Unis ont importé au moins 2704 calaos originaires d’Afrique, souvent pour leurs casques en kératine utilisés comme objets décoratifs. Malgré l’interdiction sur les plateformes en ligne, ce trafic s’accroît de 3% par an. Face à la disparition accélérée de ces oiseaux, des chercheurs et plusieurs États africains exigent leur inscription urgente à la CITES, une décision attendue lors de la prochaine COP (source : Le Figaro).


L'écrivaine haïtienne Yannick Lahens, Grand Prix du roman de l'Académie française


Demain sera un autre jour : le jour des défunts. Mais à 72 ans, Yanick Lahens est bien vivante. L'écrivaine haïtienne vient de recevoir le Grand Prix du roman de l'Académie française 2025 pour Passagères de nuit (éd. Sabine Wespieser, 232 pages, 20 euros), un hommage à la lignée des femmes haïtiennes marquées par l'espoir et la résistance.


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Yanick Lahens. Photo Iris Gene Lahens


Yanick Lahens a grandi dans une famille bourgeoise à Port-au-Prince, entourée de femmes ayant joué un rôle culturel important. Après avoir terminé ses études en France, elle retourne en Haïti où elle enseigne la littérature et participe activement à la valorisation du créole dans l'éducation haïtienne. Elle anime également des émissions culturelles et s'engage dans des projets de mémoire comme "La route de l’esclave" au ministère de la Culture.


Son œuvre, très riche (romans, essais, nouvelles), est guidée par les thèmes de l'histoire haïtienne, de la résistance, de la mémoire des femmes et du dialogue entre le créole et le français. Elle a remporté le prix Femina en 2014 pour "Bain de lune", et le Prix Carbet pour l'ensemble de son œuvre. Lahens est également titulaire de la chaire Mondes Francophones au Collège de France. Son écriture se caractérise par un lyrisme tempéré et une grande attention à la transmission entre générations de femmes, explorant les réalités sociales, les spiritualités et les résistances haïtiennes. Lahens milite pour la dignité et la lumière des peuples caribéens tout en mettant en avant la puissance du verbe féminin (lire ICI, sur le blog En attendant Nadeau).


Dans Passagères de nuit, qui vient d'être primé, elle écrit ainsi : « Les vaincus partagent le peu. Pour que chacun ait quelque chose. C’est une de nos façons d’être ensemble… D’être vivants. »


C'est tout pour aujourd'hui.


Jean-Marc Adolphe


1 commentaire


jacques.bonnaffe
il y a 3 jours

Magnifique, c'est tout un journal comme on aimerait qu'il diverge, les oubliés se rappellant à nous.

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