𝐏𝐥𝐮𝐫𝐚𝐥𝐢𝐬𝐦𝐞 𝐞𝐭 𝐜𝐡𝐫𝐨𝐦𝐨𝐬𝐨𝐦𝐞𝐬 (𝐳𝐨𝐧𝐞 𝐝’𝐚𝐛𝐚𝐭𝐭𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭)
- Jean-Marc Adolphe

- 29 sept.
- 3 min de lecture

"Y" ou "Z" ? Pourquoi les humanités ne bénéficieront pas de "l'aide au pluralisme".
Adieu veaux vaches cochons etc.
Ou pour le dire comme Raimund Hoghe, « si je meurs, laissez le balcon ouvert ».
Je résume, vite fait. Il existe en France des aides à la presse, y compris presse en ligne, dont certains ont su grassement profiter (sans trop s’en vanter) : à l’extrême-droite, 626.000 € pour Front populaire (le site de Michel Onfray),, à l’extrême-gauche, 623.000 € pour blast-info (Denis Robert), et au milieu, 276.000 € pour Franc Tireur (propriété du milliardaire Daniel Křetínský), 470.000 € pour "Les Jours", 550.000 € pour The Conversation, filiale d’un groupe australien qui fait écrire gratuitement des universitaires à condition que leurs universités crachent au bassinet, 360.000 € pour informelles.media, « le média des femmes actives » qui a plié boutique peu après avoir reçu le pactole, 900.000 € pour reussir.fr « portail d’information de référence pour les filières agricoles et agroalimentaires », ou encore 743.000 € pour actu.fr, un site du groupe Ouest-France qui se contente d’agréger des articles d’autres publications, et j’en passe…
Sans viser de tels montants, je croyais qu’au bout de plus de 4 ans d’existence, les humanités auraient droit à une petite part du gâteau (ce qui, soit dit en passant, eut été grandement nécessaire). Pour cela, il a fallu d’abord batailler contre la Commission paritaire qui avait gentiment rétorqué que nos publications n’étaient pas dignes « d’éclairer le jugement des citoyens » (j’imagine, par exemple, que notre enquête sur les enfants ukrainiens déportés en Russie a contribué à brouiller les esprits, à l’époque où, s’en souvient-on, il fallait veiller à "ne pas humilier Poutine"). En janvier dernier, il m’avait semblé qu’enfin c’était bon : ladite Commission paritaire nous accordait « la qualité de service de presse en ligne consacré pour une large part à l’information politique et générale ». Mais le diable se cache parfois dans d’insoupçonnables détails, comme nous allons le voir.
Croyant cet agrément acquis, on a déposé en mai dernier deux demandes d’aide, l’une au titre du « Fonds stratégique pour le développent de la presse en ligne », l’autre au titre de « l’aide au pluralisme ». Pour le premier dispositif, la réponse est tombée assez vite : notre dossier était « éligible » et « intéressant ». Las, au ministère de la Culture, une certaine Rachida Dati a décidé de ne pas abonder en 2025 ce fameux Fonds stratégique. Il n’y avait donc pas de cacahuètes à distribuer.
Restait donc l’Aide au pluralisme. Naïf comme je suis, j’y croyais vraiment. Mais la réponse vient de tomber : c’est niet again : « votre dossier est refusé ». Et là, ce n’est pas une question d’argent mais de chromosomes. Car si la commission paritaire nous a bien reconnu comme « service de presse en ligne consacré pour une large part à l’information politique et générale », notre numéro d’agrément comporte la lettre Z. Or, il aurait fallu avoir la lettre Y. Ce que je découvre aujourd’hui, en examinant le motif du refus. « La lettre "Z" (qui figure dans le numéro d’agrément) est une catégorie "passe-partout" pour les publications numériques qui ne relèvent d'aucune mention spécifique plus restrictive, mais qui sont néanmoins reconnues par la CPPAP. Elle est attribuée aux services de presse en ligne qui ne relèvent pas des autres catégories spécifiques comme l'information politique et générale ou l'information spécialisée, mais qui bénéficient quand même de la reconnaissance officielle par la CPPAP comme service de presse en ligne. ». Comprenne qui pourra !
Donc, même si on éclaire un tout petit peu (à la chandelle) le « jugement des citoyens » ; de là à prendre part au « pluralisme », faut quand même pas exagérer. Dire que cette histoire de chromosome Y ou Z, ça tord un peu les boyaux, c’est peu dire. Et comme Y – Z égale que dalle, et que des boyaux au cerveau, la connexion est en haut-débit, il ne faudra pas trop s’étonner si les publications dans les prochains jours se raréfient peu. Le temps de digérer la colère. Contre mauvaise fortune, faire bon cœur, dit l’adage. Mais le cœur (encore vaillant), c’est qu’il n’est plus tout jeune…
Jean-Marc Adolphe
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Censure à motif politique ou fonctionnement administratif tordu? Est-ce rédhibitoire d'en rester à Z ad vitam ou bien y at-il possibilité de faire en sorte (administrativement) de passer en Y en 2026? Je comprends et partage ta/votre rage/découragement (?) de devoir encore et encore fonctionner avec des queues de cerises.
Très mauvaise nouvelle en effet ! Mais nous sommes bien là pour te donner notre amitié et notre soutient ! Ton grand coeur est puissant, ta plume acerbe et généreuse, je sais que tout cela va continuer à battre bien plus fort que la bêtise des censeurs d'où qu'ils viennent, AVANTI!
"Les humanités" méritent mieux, assurément, que ce dédain officiel au vu des autres aides octroyées. La qualité des contenus artistiques et culturels est indéniable... En témoigne l'article sur Le facteur de Nagasaki de Peter Townsend. Grrr !
Bien triste, mais surtout révoltée par le dédain émis à propos de la demande Des Humanités de reconnaissance comme média "pluriel" et de bénéficier de l'écot mérité!