Adieu égouts, bonjour forêt

À une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Paris, sur la plaine de Pierrelaye-Bessancourt (Val-d’Oise), un projet exceptionnel de reforestation est en cours : la création de la forêt de Maubuisson, un massif de 1 340 hectares où plus d’un million d’arbres seront plantés entre 2019 et 2029. Le site, autrefois agricole, a été gravement pollué par un siècle d’épandage des eaux usées de la capitale, chargées en métaux lourds. Après la découverte de cette pollution en 1997, la production maraîchère a été interdite en 2000. Face à l’impossibilité d’exploiter ces terres pour l’alimentation, l’idée d’y planter une forêt a émergé, soutenue par les élus locaux et reconnue d’utilité publique en 2011.

La forêt de Maubuisson est conçue comme un « laboratoire à ciel ouvert » face aux défis du changement climatique. Les essences plantées sont variées et adaptées à l’évolution du climat, pour éviter la vulnérabilité d’une monoculture et renforcer la résilience du massif. Certaines espèces pionnières, comme les bouleaux, s’installeront rapidement mais laisseront place à des chênes pouvant vivre plusieurs siècles. Des espèces adaptées à un climat plus méditerranéen, comme les hêtres de Turquie ou les chênes pubescents, sont également privilégiées.

Le projet, d’un budget de plus de 84 millions d’euros, implique l’achat ou l’expropriation de 6 000 parcelles, la gestion de dépôts sauvages de déchets et la lutte contre les espèces invasives. L’accès du public sera limité dans les zones les plus polluées et la consommation de produits issus de la forêt interdite, afin de prévenir tout risque sanitaire lié à la migration des métaux lourds.