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Biodiversité ou impérialisme français ?


Emmanuel Macron en visite sur l’île de la Grande Glorieuse, au large de Madagascar, en octobre 2019.


Malgré deux résolutions des Nations Unies, la France maintient son emprise sur plusieurs îles au large de Madagascar. Au nom de la biodiversité.


Dans un communiqué en date du 24 juin dernier, vingt-cinq organisations de Madagascar et de l’Océan indien (A LIRE ICI) dénonçaient « l’impérialisme français dans l’archipel des Glorieuses sous l’habit vert de la conservation de la biodiversité. »

De quoi s’agit-il ? En 1960, lorsque Madagascar a conquis son indépendance, la France maintenait son grappin sur quelques îles avoisinantes, notamment celles des Glorieuses, dans le canal du Mozambique. Deux résolutions des Nations Unies, en 1979 et 1980, qui demandaient au gouvernement français de restituer ces îles à Madagascar, n’y ont rien changé.

Emmanuel Macron, sur l'île de la Grande Glorieuse, le 23 octobre 2019.


En octobre 2019, Emmanuel Macron, se rendant sur l’île de la Grande Glorieuse, affirmait la volonté de l’Élysée de classer cette île en réserve naturelle nationale ainsi que les eaux qui l’entourent. « Il faut être bien naïf pour ne voir dans cette déclaration du président français que de l’altruisme vert », écrit Stefan Gua, militant du mouvement écosocialiste Rezistans ek alternativ, dans une tribune publiée ce 29 juillet 2021 par Reporterre : « Il s’agit plutôt de garder la main sur une zone d’importance géostratégique mondiale. »

En effet, « les intérêts que défend la France en occupant ces territoires vont bien au-delà de la sauvegarde des espèces endémiques. Pour le comprendre, il faut se souvenir que l’occupation par la France des îles Éparses (dont font partie les Glorieuses) lui octroie le contrôle de quelques 640 000 km2 de mer, qui s’ajoutent aux quelques onze millions de kilomètres carrés de zone économique exclusive qu’elle détient déjà – ce qui fait d’elle la détentrice de la plus importante zone maritime au monde, devant les États-Unis. Cela lui confère le pouvoir sur les ressources halieutiques, et soulève aussi la question des réserves maritimes d’hydrocarbures. Selon une étude de l’United States Geological Survey, le canal du Mozambique, où se trouvent les îles Éparses, contiendrait d’importantes réserves d’hydrocarbure et de gaz naturel. Certes, le gouvernement français a acté, en février 2020, la fin des forages en mer. Mais son soutien à Total, qui exploite l’important gisement gazier de Cabo Delgado au nord du Mozambique, dit bien autre chose. »

D’autre part, ajoute Stefan Gua, « le positionnement militaire y est crucial car les enjeux géostratégiques sont majeurs. Selon le site Advancing Earth and Space Science, l’océan Indien serait celui qui subirait la densité de trafic maritime la plus importante, avec une augmentation d’activité de plus de 300 % sur les vingt dernières années. »

Sans minimiser la nécessité de sauvegarder la biodiversité, les organisations signataires du communiqué qui dénonce l’impérialisme français dans cette partie de l’Océan indien refusent que la cause de la biodiversité « soit utilisée aux dépens des peuples autochtones. »


A VOIR : Reportage France 5, lors de la visite du président de Madagascar en France (23 octobre 2019).

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