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Boutcha : la preuve par l'enquête

Dernière mise à jour : 10 juin 2022



"Provocation, mise en scène" : c’est ainsi que les autorités russes avaient réagi en niant toute implication dans les massacres de Boutcha, découverts début avril. Des journalistes du New York Times ont mené une enquête au long cours sur l’une des "scènes de crime", au 144 rue Yablunska. Vidéos, témoignages et objets retrouvés sur place, prouvent si besoin était que des crimes de guerre ont bien été commis par des soldats russes.


Le New York Times compte parmi les meilleurs journaux qui soient. C’est sans doute celui qui consacre la plus grande part à un travail d’enquêtes et de reportages, partout sur la planète. Un véritable journalisme d’investigation, appuyé par des photographies de très grande qualité, mais aussi par les ressources qu’offre aujourd’hui internet. L’enquête qui vient d’être publiée sur Boutcha, que les humanités reproduisent ci-dessous, a mobilisé cinq journalistes qui ont recueilli sur place plusieurs témoignages, retrouvé et analysé des images de vidéosurveillance, exploré les réseaux sociaux pour retrouver la trace de soldats russes, etc.

Cette enquête, même si elle ne concerne qu’un seul des crimes de guerre commis à Boutcha, permet de mieux comprendre ce qui s’est passé.

Le parallèle qui pourrait être fait avec le village français d’Oradour-sur-Glane, que j’avais fait dans une précédente publication, ne semble pas exagéré. Le 10 juin 1944, après avoir pendu 99 hommes à Tulle, une division SS massacre à Oradour la quasi-totalité de la population, au moins 643 personnes. Aucune explication rationnelle à une telle barbarie, mais d’indistinctes représailles pour venger le harcèlement subi par les soldats nazis de la part des maquisards et des Forces Françaises de l’Intérieur (FFI). Dans le cas de Boutcha, l’enquête du New York Times laisse entendre qu’il s’agit là aussi de représailles, l’armée russe ayant subi quelques jours auparavant une sévère déculottée, dans sa tentative d’avancée sur Kiev.

Les personnes arrêtées, torturées et exécutées (à l’exception d’un miraculeux survivant qui confie son récit au New York Times) rue Yablunska à Boutcha, n’étaient pas à proprement parler des militaires. Certes armés, ils faisaient partie de cette résistance civile qui s’est organisée pour faire face à l’invasion russe. Arrêtés, ils auraient dû être fait prisonniers, en aucun cas humiliés et sommairement exécutés comme ils l’ont été. Au demeurant, dès ce premier massacre, début mars, les soldats russes n’ont fait aucune différence entre ces combattants civils et d’autres civils désarmés : la propriétaire de la maison où s’étaient cachés ces résistants ukrainiens a été pareillement exécutée.

A la suite de cette enquête journalistique, plus aucun doute n’est permis quant à l’implication des soldats russes, réduisant à néant les dénégations du Kremlin parlant de « mise en scène ». L’enquête du New York Times permet même d’identifier les 104e et 234e régiments de parachutistes, auquel appartenaient les soldats responsables de ces crimes de guerre. Ces deux régiments sont basés à Pskov, à 610 km au nord-ouest de Moscou et à 50 km de la frontière avec la Lettonie. D’autres unités de l’armée russe avaient déjà mentionnées dans le massacre de Boutcha, dont la 64e brigade de fusiliers motorisés, commandée par le lieutenant-colonel Azatbek Omourbekov. Des paramilitaires de la milice Wagner auraient également participé aux exactions. L’enquête approfondie du New York Times ne porte que sur un seul cas, et neuf victimes. Plus de 300 corps ont d’ores et déjà découverts dans la seule localité de Boutcha, et la procureure générale d’Ukraine parlait le 10 avril dernier d’au moins 1.200 civils tués dans plusieurs localités au nord de Kiev. Jean-Marc Adolphe


L’ENQUÊTE DU NEW YORK TIMES C'est la dernière fois que ces hommes sont vus vivants : Dans deux vidéos, des parachutistes russes les font défiler sous la menace de leurs armes dans une rue de Boutcha. Certains des prisonniers ukrainiens sont courbés, tenant la ceinture de celui qui se trouve devant eux. D'autres ont les mains au-dessus de la tête. "Marche vers la droite, salope", leur ordonne l'un des soldats.

Deux vidéos, filmées le 4 mars par une caméra de surveillance et un témoin dans une maison, sont la preuve la plus nette à ce jour que les hommes étaient sous la garde des troupes russes quelques minutes avant d'être exécutés. « Les otages sont couchés là, contre la clôture », dit la personne qui filme l'une des vidéos. Il compte : « Un, deux, trois, c'est sûr, quatre, cinq, six... » Au total, il y a neuf personnes. Les hommes sont maintenus au sol, l'un porte un sweat-shirt bleu vif à capuche.


La vidéo se termine. Mais huit témoins ont raconté au New York Times ce qui s'est passé ensuite. Des soldats ont emmené les hommes derrière un immeuble de bureaux voisin que les Russes avaient investi et transformé en QG de fortune. Il y a eu des coups de feu. Les prisonniers ne sont pas revenus.

Une vidéo de drone filmée un jour plus tard, le 5 mars, est la première preuve visuelle qui confirme les récits des témoins oculaires. Elle montre les cadavres gisant sur le sol à côté de l'immeuble de bureaux du 144, rue Yablunska, tandis que deux soldats russes montent la garde à côté d'eux. Parmi les corps, on distingue une tache bleu vif - le sweat-shirt de l’un des prisonniers.

Des images filmées par drone pour l'armée ukrainienne, et obtenues par le New York Times,

montrent des soldats russes se tenant à côté des corps des hommes un jour après l'exécution.


Une photographie des corps des hommes exécutés, gisant dans une cour, certains ayant les mains attachées, fait partie des images qui ont retenu l'attention du monde entier début avril, après le retrait des forces russes de Boutcha. Les dirigeants russes, au plus haut niveau, n'ont cessé de nier tout acte répréhensible et ont qualifié les images de "provocation et de mise en scène".

L’enquête menée pendant plusieurs semaines par le New York Times apporte de nouvelles preuves - notamment ces vidéos - que les parachutistes russes ont rassemblé et exécuté intentionnellement les hommes photographiés dans la cour, impliquant directement ces forces dans un probable crime de guerre.

Une photo prise le 3 avril montre la scène du 144, rue Yablunska, où les forces russes ont exécuté un groupe d'hommes.

Photo Vadim Ghirda/Associated Press


Pour découvrir ce qu'il est advenu de ces hommes, les journalistes du New York Times ont passé des semaines à Boutcha à interroger un survivant, des témoins, des médecins légistes et des responsables de la police et de l'armée. Les journalistes ont recueilli des vidéos inédites du jour de l'exécution, qui constituent l'un des seuls éléments permettant de retracer les derniers mouvements des victimes. Le New York Times a parcouru les réseaux sociaux pour trouver des avis de disparition, s'est entretenu avec les membres des familles des victimes et, pour la première fois, a identifié tous les hommes exécutés et les raisons pour lesquelles la plupart d'entre eux étaient visés.

Il s'agissait de maris et de pères de famille, d'épiciers et de travailleurs d'usine qui menaient une vie civile ordinaire avant la guerre. Mais en raison des restrictions imposées aux hommes qui quittaient le pays et de leur volonté de protéger leur famille, la plupart de ces hommes ont rejoint diverses forces de défense dans les jours qui ont précédé leur assassinat. Presque tous vivaient à quelques pas de la cour dans laquelle leurs corps ont été retrouvés.

Les images fixes d'une caméra de surveillance située en face du 144, rue Yablunska, montrent des parachutistes russes occupant Boutcha à peu près au moment où le groupe d'hommes a été exécuté.


Les soldats russes sont entrés pour la première fois à Boutcha fin février, quelques jours après le début de la guerre, alors qu'ils avançaient vers Kiev. Les forces ukrainiennes étaient prêtes à les recevoir. Elles ont décimé les militaires russes qui se trouvaient à l'avant de la colonne dans une embuscade. Les avis de décès et les entretiens avec des prisonniers russes postés par un YouTuber ukrainien indiquent qu'au moins deux unités de parachutistes - les 104e et 234e régiments d'assaut aéroportés - ont subi des pertes.

Les Russes se sont retirés et regroupés avant de revenir le 3 mars, se dirigeant vers la rue Yablunska, une longue artère qui traverse la ville. Les images des caméras de surveillance obtenues par le New York Times montrent que les soldats, comme ceux qui avaient été pris fin février dans l’embuscade, étaient des parachutistes. La vidéo les montre au volant de véhicules - tels que les modèles BMD-2, BMD-3 et BMD-4 - qui sont utilisés presque exclusivement par les forces aéroportées russes, selon des experts de l'Institut international d'études stratégiques et du Royal United Services Institute.

Les parachutistes patrouillaient dans la zone, effectuant des fouilles de maison en maison et opérant à l'intérieur et à l'extérieur du 144, rue Yablunska, un immeuble de bureaux de quatre étages que les Russes ont transformé en QG de campagne. À environ 300 mètres de là, au 31 de la rue Yablunska, Ivan Skyba, un maçon de 43 ans, et cinq autres combattants tenaient un poste de contrôle improvisé lorsque les Russes sont revenus. Ils avaient une grenade, des gilets pare-balles et un fusil, a déclaré Ivan Skyba au New York Times.

A gauche : Vitaliy Karpenko, 28 ans, à un poste de contrôle au 31, rue Yablunska (Source : Faceboof)

A droite : Ivan Skyba, un maçon de 43 ans qui s'était porté volontaire pour prendre des gardes au poste de contrôle

du 31 de la rue Yablunska, a été fait prisonnier par des soldats russes à Boutcha. Photo New York Times


Prévenus par radio que les Russes étaient de retour à Boutcha et se dirigeaient vers eux, ils se sont cachés dans la maison à côté du poste de contrôle, avec la propriétaire, Valera Kotenko, 53 ans, qui leur apportait du thé et du café, ajoute Ivan Skyba. Ils ont été rejoints plus tard par deux autres combattants, Andriy Dvornikov et Denys Rudenko, l'homme au sweat-shirt bleu. Alors que les neuf hommes se cachaient, ils ont envoyé des SMS et appelé leurs proches. Denys Rudenko a envoyé un message à son meilleur ami pour lui dire qu'ils étaient piégés: « N'appelle pas. Je t’écrirai plus tard ».

Les hommes se sont cachés là toute la nuit. Au matin du 4 mars, ils ont réalisé qu'il était impossible de s'échapper. « Nous sommes encerclés », écrit Denys Rudenko à son ami. « Pour l'instant, nous nous cachons. Ils tirent depuis des véhicules blindés et du gros calibre. »


Andriy Dvornikov, un chauffeur-livreur, a appelé sa femme, Yulia Truba, à 10 h 20 du matin. « Nous ne pouvons pas sortir. J'appellerai quand je pourrai », lui a-t-il dit, avant de lui dire de supprimer tous leurs messages et de se préparer à évacuer. « Je t'aime », a-t-il ajouté.

Environ une heure plus tard, des soldats russes qui patrouillaient ont trouvé les hommes et les ont tous forcés à sortir de la maison sous la menace d'une arme, y compris la propriétaire, déclare Ivan Skyba. Les soldats ont inspecté les hommes à la recherche de tatouages et ont obligé certains d'entre eux à retirer leurs vestes d'hiver et leurs chaussures. Ils les ont ensuite accompagnés jusqu'à la base du 144 de la rue Yablunska.

Ce qui s'est passé ensuite a été décrit aux journalistes du New York Times par Ivan Skyba et sept témoins civils que les forces russes ont également rassemblés dans des maisons voisines et détenus dans un groupe séparé à quelques mètres des combattants captifs.

Les photos issues des réseaux sociaux montrent les huit hommes qui ont été exécutés.

En haut, de gauche à droite : Anatoliy Prykhidko, Andriy Matviychuk, Andriy Verbovyi et Denys Rudenko.

En bas, de gauche à droite : Andriy Dvornikov, Svyatoslav Turovskyi, Valera Kotenko et Vitaliy Karpenko.


Des témoins déclarent avoir vu le groupe de prisonniers sur le parking en face de la base russe avec des chemises sur la tête. Yura Razhik, 57 ans, qui vit en face de l'immeuble de bureaux, indique que certains avaient les mains liées. Les soldats russes les ont fait s'agenouiller et ont ensuite presque immédiatement tiré sur l'un des hommes, Vitaliy Karpenko, 28 ans, déclare Ivan Skyba. Yura Razhik dit avoir également assisté à la fusillade.

Ivan Skyba et un autre prisonnier, Andriy Verbovyi, ont ensuite été emmenés à l'intérieur du bâtiment, où ils ont été interrogés et battus avant qu’Andriy Verbovyi ne soit abattu. Les soldats ont ramené Ivan Skyba sur le parking, où les autres gardes du poste de contrôle étaient toujours détenus.

À un moment donné, l'un des gardes du poste de contrôle a avoué aux Russes qu'ils étaient des combattants, a déclaré Ivan Skyba, et cet homme a finalement été relâché. Il fait maintenant l'objet d'une enquête des autorités ukrainiennes, selon un commandant militaire local et des enquêteurs ; un document gouvernemental vu par le New York Times précise que c'est pour "haute trahison".

Les soldats ont débattu de ce qu'il fallait faire avec les hommes restants. "Débarrassez-vous d'eux, mais pas ici, pour que leurs corps ne soient pas exposés", a dit l'un d'eux, selon Ivan Skyba.


Deux soldats russes ont emmené Ivan Skyba et les autres prisonniers dans une cour sur le côté du bâtiment, où le corps d'un autre homme mort était déjà étendu, selon Ivan Skyba. Le New York Times a identifié cet homme comme étant Andriy Matviychuk, 37 ans, un autre combattant qui avait disparu un jour plus tôt. Il a reçu une balle dans la tête, selon son certificat de décès.

Yura Razhik et d'autres témoins retenus à l'extérieur du bâtiment ont vu les soldats conduire les prisonniers hors de vue. Puis des coups de feu ont retenti. "On m'a tiré dessus et je suis tombé. La balle est entrée dans le ventre", déclare Ivan Skyba. Les photos de ses blessures qu'il a communiquées montrent les impacts d'entrée et de sortie sur le côté gauche de son abdomen. Un médecin de Boutcha qui a traité sa blessure et un rapport médical examiné par le New York Times ont confirmé la blessure.

"Je suis tombé et j'ai fait semblant d'être mort", dit-il. "Je n'ai pas bougé et je n'ai pas respiré. Il faisait froid dehors et on pouvait voir l'haleine des gens". Il est resté allongé alors que les soldats tiraient une autre salve sur des hommes blessés qui bougeaient encore. Il a attendu environ 15 minutes jusqu'à ce qu'il ne puisse plus entendre les voix des soldats. Puis il s’est échappé.

Tetyana Chmut, dont le jardin borde la cour du 144, rue Yablunska, faisait partie des habitants retenus puis libérés par les Russes, avec sa famille. Le 4 mars, alors qu’elle s'est précipitée hors de sa maison pour s'abriter dans le sous-sol d'une maison voisine, elle a vu les corps étendus dans la cour. L’une de ses voisines, Marina Chorna, a vu les corps deux jours plus tard lorsqu'elle est sortie de sa cave après le départ des troupes russes qui occupaient sa maison.

Les corps des hommes tués dans le parking et à l'intérieur du bâtiment ont été transportés dans la cour et, avec les six autres victimes, ils y sont restés pendant près d'un mois.


Quatre semaines plus tard, après le retrait des forces russes de Boutcha, les journalistes du New York Times se sont rendus sur les lieux des exécutions. Le mur et les marches du bâtiment étaient criblés d'impacts de balles. De l'autre côté de la cour, éparpillées à quelques mètres de l'endroit où gisaient les corps, se trouvaient des douilles de cartouches 7.62x54R, utilisées dans les mitrailleuses soviétiques de la série PK et les fusils de précision Dragunov communément utilisés par les troupes russes.

D'autres preuves laissées par les Russes indiquent que deux unités de parachutistes spécifiques ont pu occuper le bâtiment. Les bordereaux d'emballage des caisses d'armes et de munitions mentionnent les unités 32515 et 74268, correspondant respectivement aux 104e et 234e régiments d'assaut aéroportés. Les deux unités ont subi de lourdes pertes lors de la première tentative russe d'entrer dans Boutcha en février.

Des bordereaux d'emballage trouvés dans des caisses de munitions laissées par les forces russes ont permis d'identifier deux unités de parachutistes - les 104e et 234e régiments d'assauts aériens - qui ont pu occuper le bâtiment. Photo Masha Froliak.


Les enquêteurs du Service de sécurité de l'Ukraine (S.B.U.) ont également fourni aux journalistes du New York Times l'image d'un écusson récupéré à l'intérieur du bâtiment et portant l'emblème du 104e régiment, ainsi qu'une liste de soldats russes retrouvée dans le bâtiment. En recherchant le nom de chaque soldat sur les sites Internet des médias sociaux russes et dans d'autres bases de données, il apparait qu'au moins cinq des soldats cités avaient des liens apparents avec le 104e régiment. D'autres ont posté des images d'eux-mêmes tenant des drapeaux de parachutistes ou portant des uniformes de parachutistes. Certains ont indiqué qu'ils se trouvaient à Pskov, ville qui est le siège des 104e et 234e régiments.

L'exécution des combattants capturés et de la propriétaire de la maison où ils se trouvaient "est le genre de cas qui peut donner lieu à des poursuites pour crimes de guerre", indique Stephen Rapp, ancien ambassadeur itinérant des États-Unis pour les questions de crimes de guerre. Les prisonniers, désarmés et arrêtés par les Russes, étaient "hors combat", selon les lois de la guerre, déclare-t-il. Selon les Nations unies et le Comité international de la Croix-Rouge, ces lois signifient que les prisonniers doivent être traités avec humanité et protégés des mauvais traitements en toutes circonstances. Outre les soldats qui ont abattu les hommes, leurs commandants pourraient être inculpés s'ils étaient au courant des meurtres et n'ont pas agi pour prévenir ou punir ces comportements, ajoute Stephen Rapp.


Le 4 mars, après que les hommes ont cessé de répondre aux appels et aux SMS, leurs frères, leurs épouses, leurs mères et leurs amis se sont lancés dans une quête angoissante pour les retrouver. Les forces russes patrouillant dans les rues de Boutcha, les proches sont allés sur Internet pour chercher des informations sur les réseaux sociaux.


Une note photographiée à côté d'un corps non identifié, et diffusée sur Telegram, fournissait des détails sur la personne à toute personne susceptible de la rechercher. L'homme a ensuite été identifié comme étant Valera Kotenko. La note se lit comme suit : "Ville de Buca, 144 rue Yablunska. Porte un T-shirt noir et un jogging bleu avec trois bandes blanches."


"Mon neveu Denys (portant une casquette et des lunettes) a cessé de répondre il y a trois jours", a écrit sur Facebook Valentina Butenko, la tante de Denys Rudenko. "Quelqu'un sait-il quelque chose à son sujet ?"

"Aidez à trouver cet homme", a écrit Elena Shyhan avec une photo de son mari, Vitaliy. "Sa famille est très inquiète, mais nous ne perdons pas espoir".

Pendant tout ce temps, les corps des hommes sont restés dans la cour. Un mois plus tard, une fois que les Russes ont fui Boutcha, la photo de ce massacre a attiré l'attention du monde entier - et celle des familles qui se démènent pour trouver des indices.

Liudmyla Nakonechnaya, la mère de M. Dvornikov, a vu la photo sur Facebook. Elle a écrit pour tout commentaire : "Oh mon Dieu ! Oh mon Dieu ! Mon cher fils !" Elena Shyhan a également vu l'image. Elle a modifié son message des semaines précédentes avec une seule ligne : "Arrêtez de chercher. Nous l'avons trouvé."


MAKING OFF L'enquête du New York Times a mobilisé cinq journalistes d’investigation :

Yousur Al-Hlou est journaliste vidéo pour le New York Times.

Masha Froliak est une productrice indépendante qui travaille avec l'équipe vidéo du New York Times.

Evan Hill est journaliste au sein de l'équipe Visual Investigations, qui associe le reportage traditionnel à la criminalistique numérique. Il a partagé deux prix Pulitzer pour des enquêtes qui ont prouvé que l'armée américaine a tué un travailleur humanitaire afghan dans une attaque de drone bâclée et que la Russie a bombardé des hôpitaux en Syrie.

Malachy Browne est producteur principal de reportages au sein de l'équipe des enquêtes visuelles. Son travail a reçu quatre Emmys, et il a partagé un prix Pulitzer en 2020 pour un reportage qui a montré la culpabilité de la Russie dans le bombardement d'hôpitaux en Syrie.

David Botti est producteur senior au sein de l'équipe Visual Investigations, qui associe le reportage traditionnel à la criminalistique numérique et aux méthodes open source. Il a précédemment travaillé pour la BBC à Washington et à Londres, et comme journaliste indépendant au Moyen-Orient.

D’autre part, Benjamin Foley, Aleksandra Koroleva et John Ismay ont également contribué au reportage. Dmitriy Khavin et Emily Sternlicht ont contribué à la production de vidéos, et Oksana Nesterenko a participé aux recherches.

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