Chicago, zone de guerre
- La rédaction

- 7 oct.
- 4 min de lecture

Un agent des forces de l'ordre affronte un manifestant, tandis qu'un autre est arrêté, lors d'un affrontement
avec l'ICE (Immigration and Customs Enforcement) et des agents fédéraux dans le quartier de Little Village à Chicago,
le 4 octobre 2025. Photo Jim Vondruska/Reuters.
Un cran de plus : face aux protestations suscitées par les interventions brutales des agents de la police de l'immigration, Donald Trump envisage désormais de décréter l'état d'urgence dans plusieurs grandes villes américaines, en invoquant le « Insurrection Act », une loi exceptionnelle datant de 1807. La "stratégie du chaos" professée par Steve Bannon est en marche. Chicago, troisième ville du pays et bastion démocrate, en est le laboratoire. Le gouverneur de l'Illinois, JB Pritzker, dénonce une "zone de guerre".
Au cours des dernières semaines, Chicago est devenu le théâtre d’une escalade spectaculaire des opérations menées par les agents fédéraux de l’immigration (ICE), sous l’impulsion directe de la nouvelle administration Trump. Les interventions sont marquées par une intensification inédite des méthode de la police de l'immigration : descentes d’immeubles à l’aide d’hélicoptères en pleine nuit, utilisation de gaz lacrymogènes à proximité d’une école publique, interpellations musclées de citoyens, dont des élus locaux. Plus de 1 000 personnes ont été arrêtées depuis le début de cette “chasse aux migrants” dans la région.
L’un des épisodes les plus marquants s’est déroulé dans le quartier de South Shore : des agents fédéraux, épaulés par la police, ont encerclé un immeuble avec des véhicules banalisés et un hélicoptère, réveillant les habitants et ligotant enfants, citoyens américains et demandeurs d’asile. Des témoignages rapportent des portes défoncées et une ambiance traumatisante. Les agents affirment viser des suspects liés au gang Tren de Aragua, impliqué dans des trafics graves, mais refusent de fournir des précisions, notamment concernant le traitement réservé aux enfants.
Cette série d’opérations s’accompagne d’une militarisation croissante : les autorités fédérales n’hésitent plus à déployer des soldats de la Garde nationale, à renforcer les patrouilles armées dans les rues et à dresser des barricades autour des centres de rétention. Des affrontements avec les manifestants sont réguliers, et l’usage de gaz chimiques est devenu banal pour disperser les protestataires, y compris à proximité d’une école.

Une manifestante est aspergée de lait, d'eau et de solution saline après avoir été exposée à des gaz lacrymogènes dans le quartier
de Brighton Park à Chicago, le samedi 4 octobre 2025, après que les manifestants ont appris que la police des frontières américaine
avait tiré sur une femme samedi matin dans le sud-ouest de Chicago. Photo Anthony Vazquez/Chicago Sun-Times via AP
Parmi les personnes arrêtées figurent des citoyens américains, des enfants et des élus locaux, comme une membre du Conseil municipal de Chicago, Jessie Fuentes, menottée dans un hôpital alors qu’elle demandait la présentation d’un mandat. Le même jour, une femme — citoyenne américaine — a été blessée par balle par des agents qui affirment qu’elle tentait de leur foncer dessus ; les associations locales dénoncent au contraire un abus de force. « Ils tirent des gaz lacrymogènes et des grenades fumigènes, et ils donnent l'impression que c'est une zone de guerre », s'indigne le gouverneur (démocrate) de l'Illinois, JB Pritzker.

Samedi 5 octobre, des personnes se donnent le bras lors d'une manifestation dans le sud-ouest de Chicago, après un accident de voiture impliquant des agents fédéraux et deux automobilistes qui, selon les autorités fédérales, poursuivaient les agents de manière imprudente.
Les agents de l'ICE ont riposté avec des balles de poivre et des gaz lacrymogènes. Photo Jamie Kelter Davis / New York Times
Les méthodes employées par ICE sont largement dénoncées comme contraires aux droits constitutionnels, portées devant les tribunaux par la commune de Broadview où se trouve un centre de détention ultra-surveillé. Ce climat de peur et d’incertitude gagne tous les quartiers populaires , mais des réseaux de solidarité s’organisent, les écoles gardent les enfants à l’intérieur, des commerces gèrent eux-mêmes leurs livraisons pour protéger le personnel immigré, et les habitants multiplient les alertes sur les réseaux sociaux à la moindre présence policière suspecte.
La rédaction des humanités
En images : quelques séquences pour illustrer les méthodes brutales de l'ICE
Ci-dessous : Un agent de l'ICE utilise la force contre une manifestante lors d'affrontements entre les autorités et des manifestants devant un centre de détention à Broadview, dans l'Illinois, le vendredi 19 septembre. Une vidéo montre une femme se tenant devant un fourgon qui tente de quitter le centre. Un agent la pousse, la faisant tomber au sol. Plus tard, un agent de l'ICE la saisit par le bras et la maîtrise brièvement avant de la relâcher. La femme a ensuite été menottée et conduite à travers les portes du centre. Le département de la Sécurité intérieure a prétendu que « des émeutiers ont agressé les forces de l'ordre, lancé des bombes lacrymogènes, crevé les pneus de voitures, bloqué l'entrée du bâtiment et pénétré sans autorisation dans une propriété privée » et que « les forces de l'ordre fédérales ont arrêté trois émeutiers ».
Ci-dessous : la vidéo d’une femme jetée au sol par un agent de la police de l’immigration américaine choque les États-Unis et fait le tour des réseaux sociaux.
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