Dans la course aux métaux

La 39e édition du rapport CyclOpe 2025, publication de référence sur les marchés mondiaux des matières premières, met en lumière le rôle central des métaux et minéraux dans les tensions géopolitiques mondiales actuelles. Selon Yves Jegourel, coordinateur du rapport, la compétition pour ces ressources stratégiques entraîne un retour des logiques impériales et des annexions de territoires, comme l’illustrent les récentes revendications sur le Groenland ou les terres rares ukrainiennes.

L’année 2024 a été marquée par une extrême volatilité des prix des métaux : l’or et l’argent ont atteint des records, tandis que des métaux stratégiques comme le germanium et le gallium ont vu leurs prix bondir respectivement de 56% et 33%. À l’inverse, certains métaux essentiels à la transition énergétique, comme le nickel (-22%) et le lithium (-57%), ont vu leurs prix chuter en raison d’une surabondance de l’offre.

Le rapport souligne que ce sont désormais les contraintes sur l’offre - qu’elles soient géologiques, environnementales, logistiques ou géopolitiques - qui dictent l’évolution des prix, plus que la demande. Les métaux deviennent ainsi un enjeu majeur de souveraineté et de puissance, d’autant plus qu’ils sont indispensables à la transition énergétique.

Le rapport appelle à plus de cohérence dans les politiques publiques européennes et à une nécessaire sobriété pour réussir la transition, critiquant notamment l’essor des véhicules électriques trop lourds. Il insiste aussi sur la nécessité de sensibiliser le public à la réalité des matières premières et à l’acceptation de l’activité minière, indispensable à la fabrication des technologies « vertes ».

Le rapport attire enfin l’attention sur l’étain, dont la production au Myanmar s’est effondrée, entraînant une hausse des prix, stimulée par la demande de l’intelligence artificielle pour les composants électroniques.