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L'intelligence artificielle et les bouseux



ÉDITORIAL. Dernières nouvelles de la start-up nation : pendant qu'Emmanuel Macron reste à Paris pour s'entretenir avec deux grands démocrates, le prince héritier Mohammed ben Salmane et Elon Musk, il délègue à La Trimouille (Vienne) Élisabeth Borne annoncer un "plan France Ruralité", avec des moyens de pacotille comparés à ceux que le Président de la République souhaite investir dans la "French Tech" et l'intelligence artificielle.


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On ne sait pas si François Bayrou va s’en remettre : Emmanuel Macron a dû annuler un voyage à Pau. Vous pensez bien : les Paloises et les Palois, ça pèse cacahuètes face aux grands de ce monde qui se bousculent au portillon parisien. En l’occurrence : Mohammed ben Salmane, ci-devant prince héritier d’Arabie saoudite. Un type très sympa. On ne va quand même pas se fâcher parce qu’il a fait assassiner (en Turquie) un journaliste dérangeant, en 2018. Après tout, les journalistes, c’est chiant.


Mohammed ben Salmane, alias MBS, s’offre une petite goguette versaillaise pour jouir quelques jours de la somptueuse résidence appelée Château Louis XIV, dont il est propriétaire. Le GIGN est déployé pour protéger les abords du palace et ne laisser entrer que les "dames de compagnie". Là, j’exagère ? Allez savoir.


A gauche : Emmanuel Macron accueille le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, le 28 juillet 2022 à l’Élysée, à Paris. Photo Bertrand Guay / AFP. A droite : Emmanuel Macron et Elon Musk à l’Élysée le 15 mai dernier. Photo Stéphane Lemouton / Pool-rea.


Mohammed ben Salmane, mais pas que. C’est la ruée des grands démocrates : il y a aussi Elon Musk, qui vient dans la capitale des Gaules pour le salon VivaTech, fleuron de la "start-up nation" dont j’ai déjà chanté les louanges (Lire ICI). Start-up nation qui « a le blues », écrivait voici peu Paris-Match : « Selon le syndicat professionnel de l’écosystème numérique, Numeum, les start-up françaises ont supprimé plus de 3.600 emplois en 2023. (…) Le temps des levées de fonds record, du culte du "cash burn", l’argent magique à dépenser à tour de bras, de l’hyper-croissance et du triplement des ­effectifs chaque année est révolu. Et les rois sont nus. »


Le “cash-burn" ne devrait pas être casse-burnes. Emmanuel Macron et Elon Musk s’aiment beaucoup (ils se sont déjà rencontrés à l’Élysée le 15 mai dernier), mais on ne sait pas si c’est à poil qu’ils vont deviser. Et de quoi qu’ils vont papoter ? Du nouveau mantra, pardi : l’intelligence artificielle. Il y a un créneau à prendre, qu’il a dit, McKinsey.


Hier à l’inauguration VivaTech, Macron a dénoncé « ceux qui détestent ceux qui font de l'argent », et pour aider ces derniers (ceux qui font de l’argent, pas ceux qui les détestent), il a sorti de son chapeau un nouveau lapin : une enveloppe de 500 millions d’euros pour les promoteurs de ladite intelligence artificielle.


Regardez François Bayrou : vous voyez bien que les Palois sont bêtes. Ils n’auraient rien compris à la nécessité de tels investissements. Le problème, c’est que les bouseux votent encore. Ça, il faut s’en occuper. Alors, pendant qu’Emmanuel Macron s’entretiendra avec Elon ben Salmane et Mohammed Musk, il délègue chez les bouseux sa femme de ménages : Élisabeth Borne. A la Trimouille, précisément.


C’est là, dans la Vienne, que Madame Borne va dévoiler un fabuleux "plan France Ruralité", autrement dit « un nouveau contrat politique avec le monde rural », vu qu’un précédent "agenda rural", lancé en 2019, a « laissé un goût d’inachevé aux acteurs locaux », selon Le Monde, et surtout, n’a en rien tari le vote Le Pen.


Un plan France Ruralité ? Génialissime ! Au fait, c’est quand qu’elle rouvre, la gare près de chez moi (fermée en 2016) ? C’est quand qu’à la "Maison de santé" la plus proche, on me répondra autre chose que : "on ne prend pas de rendez-vous avec de nouveaux clients" (on ne parle même plus de "patients") ? Bon, j’ai parlé au cancer que je n’ai pas encore : "si tu peux attendre encore un peu avant de te manifester, ce serait sympa"…

Et c’est quand que la Banque Postale, pour ouvrir un compte d’association (pour les humanités), elle ne répondra plus : "on n’a plus de conseiller pour ça, va te faire voir sur internet, sur notre plateforme AR24 / Docaposte" ?


Je le confesse, je suis mécréant et médisant. Parce que Stanislas Guérini, ministre de la Transformation et de la Fonction publique, qui est à lui seul une intelligence artificielle, est bien conscient de la pénurie de services publics en zones rurales et dans les banlieues. Et il a une idée, exposée hier dans L’Express : « Il nous faut un Doctolib des services publics ». M’enfin, Guérini-crâne d’œuf-de-mes-deux, tu as déjà essayé, avec Doctolib, d’avoir un rendez-vous dans un désert médical ???


Et puis, parlons chiffres, pour finir : quand Macron annonce mettre 500 millions d’euros sur la table (ou dans la poche d’Elon Musk ?) pour l’intelligence artificielle, Élisabeth Borne va péniblement annoncer, dans le cadre du méga-giga-plan France Ruralité, 90 millions d’euros consacrés à financer des projets "écologiques et solidaires" qui pourraient aider les bouseux à se passer de leur voiture, et… 36 millions d’euros sur trois ans pour aider des commerces de proximité.


Cherchez l’erreur !


Jean-Marc Adolphe

En tête d'article : Emmanuel Macron le 14 juin 2023 au salon VivaTech à Paris. Photo Yoan Valat / AFP


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