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Le café brésilien ronge sa propre terre

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Des employés agricoles travaillent dans une exploitation pendant la récolte du café à Bragança Paulista, au Brésil, le 4 avril 2025.

Photo Andre Penner / AP


Alors que le Brésil reste le premier exportateur mondial de café, l’or noir de ses collines menace désormais la nature qui le fait vivre. Dans le Minas Gerais, la culture intensive grignote forêts et savanes, fragilisant un équilibre écologique déjà précaire.


Sous la chaleur moite de l’État du Minas Gerais, les rangées de caféiers s’étendent à perte de vue, dessinant un océan vert qui ne cesse de gagner du terrain sur la forêt. Ironie tragique : le café brésilien, moteur économique national et fierté d’exportation, détruit peu à peu la nature dont il dépend. Selon une récente enquête de RFI (ICI), la culture intensive du café est devenue l’un des principaux facteurs de déforestation dans le pays, notamment dans les zones de savane et de forêt atlantique.


Les chiffres donnent le vertige : en deux décennies, les surfaces consacrées à l’arabica ont doublé. Dans le même temps, 80% des nouvelles plantations ont été ouvertes au détriment d’écosystèmes autrefois riches en biodiversité. Les oiseaux migrateurs, les mammifères forestiers et une multitude d’espèces végétales disparaissent sous les bulldozers, tandis que les sols appauvris s’érodent à grande vitesse. À cette perte écologique s’ajoute une menace climatique : sans couverture arborée, les parcelles deviennent plus exposées aux sécheresses et aux vagues de chaleur qui fragilisent les plants de caféiers.


Pourtant, la demande mondiale ne faiblit pas. Les grandes entreprises misent sur la productivité et la mécanisation, tandis que les petits producteurs, souvent endettés, peinent à suivre. Ce cercle vicieux alimente la fuite en avant : plus de terres pour sauver les récoltes, plus de déforestation pour compenser les pertes. Le Brésil, premier exportateur mondial, voit son modèle vaciller sur ses propres contradictions.


Face à cette impasse, chercheurs, ONG et coopératives locales plaident pour une agriculture repensée. L’agroforesterie, qui associe caféiers et arbres d’ombrage, apparaît comme une alternative crédible : elle régénère les sols, retient l’eau et redonne vie à la faune. Au-delà d’une simple transition écologique, il s’agit d’un choix politique : permettre aux cultivateurs brésiliens de continuer à faire vivre le café sans condamner leur terre. La survie de cette boisson mondiale emblématique dépend, désormais, de la forêt qu’elle doit apprendre à protéger.

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