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Même Rachida Dati !

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Rachida Dati Photo Thierry Roulliaud / La Nouvelle République


lI aura donc fallu un mois à Sébastien Lecornu pour recomposer un gouvernement de clones : même équipe, mêmes ficelles, même naufrage annoncé. Et pendant que la Macronie repeint sa continuité en nouveauté, Rachida Dati, ministre de la Culture autoproclamée pyromane de l’audiovisuel public, conserve son fauteuil — et ses casseroles.


Il a fallu près d’un mois à Sébastien Lecornu, après que François Bayrou ait été contraint de retourner fissa dans sa bonne ville de Pau, pour former un nouveau gouvernement. « Nouveau », c’est tout relatif, puisqu’à deux ou trois exceptions près, on prend les mêmes et on continue comme avant. Ainsi en a décidé le coach : en Macronie, on ne change pas une équipe qui perd.


Rue de Valois, est ainsi reconduite Rachida Dati, l’une des plus incompétentes ministres de la Culture que la Ve République ait jamais connue. C’est qu’elle a une mission, dictée par l’Élysée, à mener à son terme : achever (la réforme de) l’audiovisuel public. Peu importe que les syndicats soient vent debout contre ce projet de réforme, peu importe qu’il ait été rejeté en première lecture à l’Assemblée nationale. Au Sénat, mi-juillet, Rachida Dati a dû recourir au « vote bloqué » pour faire adopter le texte. Une première depuis la réforme des retraites : autant dire que l’affaire est importante ! N’était l’explosion en plein vol (en rase-mottes, plutôt) du gouvernement Bayrou, le projet de réforme aurait dû revenir à l’Assemblée nationale en septembre. Rachid Dati espère maintenant que le Père Noël lui déposera dans ses escarpins, dûment ficelé, avant la fin de l’année.


L’audiovisuel public lui tient tellement à cœur qu’après « l’affaire Legrand-Cohen », qui est plutôt une affaire Bolloré-Stérin (Lire ICI), alors que Delphine Ernotte, présidente de France Télévisions, a incriminé une « campagne de dénigrement » orchestrée par les médias du groupe Bolloré, Rachida Dati a dénoncé pour sa part les « manigances » visant à nuire à sa candidature à la mairie de Paris et à son action ministérielle, parlant de manipulation orchestrée par des journalistes du service public.


Rachida Dati est reconduite au ministère de la Culture alors qu’elle est renvoyée devant le tribunal correctionnel pour « corruption et trafic d'influence passifs », « recel d'abus de pouvoir et d'abus de confiance » dans l’affaire Renault-Nissan / Carlos Ghosn, pour avoir empoché 900.000 euros pour de supposées activités de lobbying entre 2010 et 2012 alors qu'elle était eurodéputée. L’affaire sera jugée du 16 au 28 septembre 2026 (après les élections municipales), et certes, jusqu’à condamnation, Rachida Dati doit être présumée innocente. Mais vu la nature des charges retenues contre elle, elle aurait dû être mise en retrait. Cela aurait été le cas dans d’autres pays européens. Pas en France. Une variante de « l’exception culturelle » ?


Reste à savoir combien de temps le navire qui porte les ambitions audiovisuelles de Rachida Dati (car d’ambitions culturelles, on ne lui en connait point) restera à flots. A peine nommé, voilà un gouvernement qui est déjà en sursis, disent ce matin les commentateurs politiques. Même au sein du « bloc central », censé tenir le gouvernail, ça tangue. Par exemple, à l’Intérieur, Bruno Retailleau est bien content de garder son portefeuille. Mais le même Retailleau, cette fois-ci chef de parti, déplore que ce « nouveau » gouvernement « ne reflète pas la rupture promise ». On ignore si c’est à l’académie de danse du Puy-du-Fou que Bruno Retailleau a appris un tel art du grand écart.

 

Jean-Marc Adolphe


Post-scriptum : cet éditorial a été écrit et publié avant l'annonce-surprise de la démission du Premier ministre, Sébastien Lecornu. Rachida Dati est toujours ministre, même si démissionnaire -comme l'ensemble du gouvernement.

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