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Nouvelles de Poutinie : pédophile éducateur, et "Big Brother pour adolescents"



Meurtrier, pédophile et prédateur sexuel, Nikita Semyanov intervient aujourd'hui, en tant que "héros de la Russie",

dans des écoles de Novossibirsk. Photo Holod Media


Confier "l'éducation patriotique" des enfants à un pédophile, ou encore le développement des services éducatifs à un spécialiste des hachoirs à viande industriels : tout est décidément possible dans la Russie de Poutine. Possible, jusqu'à un certain point. La "russification" forcée des enfants ukrainiens déportés en Russie ou de ceux qui sont encore dans les territoires occupés en Ukraine semble rencontrer une certaine résistance. Pour pallier ce petit inconvénient, le Kremlin injecte plusieurs millions d'euros dans un programme de méga-surveillance des adolescents afin de déceler leurs penchants "anarchistes" qui pourraient faire d'eux de potentiels futurs "terroristes".


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En Poutinie, tout est possible, surtout le pire. On sait que pour fournir la soldatesque en chair à canon, feu Evguéni Prigojine, le chef d’orchestre de la milice Wagner, avait recruté dans les geôles russes, sans être trop regardant sur le pédigrée des délinquants ou criminels ensuite envoyés guerroyer dans le Donbass. On ne sait exactement combien de milliers de ces troufions d’infortune ont laissé leur peau sur le sol ukrainien, ni davantage combien en sont revenus plus ou moins estropiés. Mais certains en sont revenus indemnes. Indemnes et présidentiellement graciés par le tsar Vladimir Vladimirovitch. Graciés, et même davantage : promus héros de la patrie. Tel est le cas de Nikita Semyanov.



Nikita Semyanov, hier dans le Donbass, combattant aux côtés de l'armée russe (à gauche) ; aujourd'hui intervenant à Novossibirsk,

dans des séances "d'éducation patriotique", pour "l'association des Héros de Russie". Photos DR


Originaire de Novossibirsk, âgé de 35 ans, Nikita Semyanov a été condamné en mai 2022 à une peine de prison de neuf ans pour meurtre (il avait trucidé par étranglement son beau-père après une dispute). Son séjour en prison a été des plus brefs : peu après le verdict le condamnant, il s’est engagé parmi les supplétifs de l’armée russe en Ukraine. En février dernier, après avoir pris part à la bataille de Bakhmout, il a été démobilisé, et est à présent de retour chez lui, à Novossibirsk, en homme libre. Il n’a toutefois pas encore complètement acquitté sa dette, et doit, comme d’autres "vétérans" de "l’opération militaire spéciale", en assurer le "service après-vente", c’est-à-dire aller inculquer aux élèves d’écoles et collèges les rudiments d’une "éducation patriotique".


En soi, une telle reconversion-éclair de meurtrier en éducateur a déjà de quoi laisser pantois. Mais ce n’est pas tout. A Novossibirsk, plusieurs témoignages (dont celui de son ex-femme, Polina) le décrivent comme un véritable prédateur sexuel : Nikita Semyanov aurait ainsi contraint à des relations sexuelles de toutes jeunes filles, âgées de 12 à 15 ans, à qui il donnait, chez lui, des cours de guitare. « Maintenant, cet animal se promène dans les écoles et enfume vos enfants », a écrit sur X (anciennement Twitter) une autre jeune femme, Ulyana : « le jour de l'anniversaire de mon petit ami, je me suis retrouvée chez lui [Ulyana avait alors 15 ans]. Nous étions nombreux, mes amis étaient là et tout le monde s'amusait. Lorsque mon petit ami, ivre, s'est évanoui, Nikita m'a appelée dehors pour parler. Là, il m'a poussée dans la niche du chien et a commencé à me menacer : soit je lui faisais une fellation, soit il m'étranglait et m'enterrait, et personne ne me retrouverait jamais puisque la maison lui appartenait. J'étais déprimée et je lui ai dit de me tuer. Il s'est mis en colère, a entraîné Polina et l'a obligée à le sucer devant moi. »


A Novossibirsk, l'Association des héros de Russie, qui envoie Nikita Semyanov faire de la retape patriotique dans les écoles, a déclaré qu'elle ne vérifiait pas elle-même les antécédents des membres de l'armée russe : « la Fondation des défenseurs de la patrie nous envoie les coordonnées des soldats. [...] En ce qui concerne les accusations [à l’encontre de Nikita Semyanov], il y a apparemment une histoire familiale tragique avec laquelle l'Association des héros n'a rien à voir. » Fermez le ban !

Sources : Holod (média indépendant russe), Mediazona, etc.


"Effacer leur passé ukrainien"


Parmi les enfants auxquels le criminel-vétéran Semyanov a été prêcher le sermon patriotique, y aurait-il quelques déportés d’Ukraine ? L’histoire ne le précise pas, mais on peut aisément l’imaginer. Dès le moins d’octobre 2022, les humanités avaient révélé que Maria Lvova-Belova (1) avait personnellement acheminé à Novossibirsk un premier fourgon d’une vingtaine d’enfants âgés de 2 à 16 ans, volés dans les internats de la région occupée de Louhansk (Lire ICI). Et elle avait déclaré, devant le gouverneur régional, Andrei Travnikov, que ce premier contingent annonçait d’autres "livraisons" à venir.


Faute de savoir où ont précisément échoué les 20 à 30.000 enfants déportés d’Ukraine (2), on commence à en savoir un peu plus sur les programmes de "rééducation" qui leur sont réservés. L’information vient notamment des "Kremlin Leaks", ces milliers de documents internes à l’administration présidentielle russe récupérés et divulgués par le média estonien Delfi. Informations vérifiées et recoupées par une enquête de Lilia Yapparova pour l’excellent média indépendant Meduza.


Ces informations révèlent au passage que les déportations d’enfants et leur "russification" étaient préméditées et planifiées au plus haut sommet de l’État russe, confirmant ainsi le sérieux du terrible plan génocidaire énoncé par Timofeï Sergueitsev (lire sur les humanités : « le Mein Kampf de Poutine »). Dès le début de l’invasion russe en Ukraine, Vladimir Poutine crée en effet par décret un "Centre fédéral pour les adolescents" (Федеральный подростковый центр), rattaché au ministère russe de l’éducation. Selon plusieurs interlocuteurs (russes) interviewés par Meduza, cette instance, qui dispose aujourd'hui de nombreux bureaux dans les territoires occupés, a été créée « spécifiquement pour les enfants ukrainiens », afin d’« effacer leur passé ukrainien » et de « créer pour eux l’image d’une Russie amicale ». Dans ce réseau d’espaces pour adolescents, sont notamment organisés des "séminaires patriotiques" et autres jeux militaro-sportifs.



A gauche : Maria Lvova-Belova lors du lancement de l'appel à candidatures pour le "concours panrusse de programmes

de socialisation des adolescents", le 15 mars 2023. Le directeur du "Centre fédéral pour les adolescents",

Valery Mayorov, est à droite de la photo, devant le cameraman. Photo DR.

A droite : Le 20 décembre 2022 dans la région de Ryazan, Maria Lvova-Belova et Valery Mayorov

(au centre de la photo, en chemise blanche) inauguraient un nouveau "centre pour adolescents"

destiné à "effacer le passé ukrainien" des adolescents déportés (photo DR). A cette époque, de tels centres existaient déjà

dans les oblasts de Belgorod, du Daghestan, de Novossibirsk et de Penza. En même temps que celui de Ryazan,

13 nouveaux centres étaient ouverts en décembre 2022 dans les régions de Perm, de Nizhny Novgorod, de Chelyabinsk,

d’Ulyanovsk, de Tambov, de Tula et de Saratov, dans les républiques de Tchouvachie, de Komi et de Tyva,

dans le district autonome de Khanty-Mansi - Yugra et dans le kraï de Perm, et au moins 3 nouveaux centres

dans la seule région de  Novossibirsk, en Sibérie. Faute d’informations plus précises que les autorités russes refusent de communiquer,

cela donne une petite idée des destinations où ont échoué les enfants ukrainiens déportés.


Le 9 mars 2022, deux semaines après le début de la guerre en Ukraine, Poutine accordait à ce "Centre fédéral pour les adolescents" (là aussi par décret présidentiel) une première subvention de 52 millions de roubles (environ 500.000 euros) afin de développer des "programmes de socialisation" pour aider « des millions d’adolescents à traverser en toute sécurité la zone de turbulence » [de la guerre]. Ce fonds est directement géré par Maria Lvova-Belova avec le ministère de l’éducation. Et le directeur de ce Centre pour les adolescents est un certain Valery Mayorov, sur qui peu d'informations ont filtré, hormis le fait qu'il soit "farouchement pro-Poutine", ce dont on ne saurait douter. On connait juste son salaire : 265.000 roubles (environ 12.500 €) par mois. Promouvoir "l’identité russe", ça n’a pas de prix…


Des antennes de ce "Centre fédéral pour les adolescents" fonctionnent déjà à Donetsk et Marioupol, et d’autres se préparent à ouvrir dans plusieurs villes et villages des régions de Donetsk, Louhansk, Zaporijjia et Kherson. Il s’agit notamment de « préparer les adolescents à servir dans les forces armées russes ». Maria Lvova-Belova supervise personnellement ces travaux, dont le coût reste inconnu. Hormis la subvention présidentielle de 500.000 euros évoquée plus haut, un document officiel évoque un financement annuel de 136 millions de roubles (1,3 million d’euros), dont la provenance n’est pas communiquée. De toute façon, confie à la journaliste de Meduza un employé du ministère russe de l’éducation, « l’argent coule à flots ».



A gauche : Larisa Falkovskaya, directrice du "Centre pour la protection des droits et des intérêts des enfants",

impliquée dans le transport illégal d’enfants ukrainiens vers la Russie (Photo DR).

A droite : Anastasia Akkuratova, son assistante, qui organise l'exportation des enfants vers la Russie

et qui les enregistre ensuite dans la banque de données des orphelins de l'État (Photo : Yuri Inyakin / PG).

 

D’autres instances participent à ce vaste programme de "rééducation".  Le "Centre pour la protection des droits et des intérêts des enfants", également affilié au ministère de l’éducation, est censé « apporter un soutien expert et méthodologique » aux organes de tutelle et au système éducatif dans les territoires occupés. Cet organe est dirigé par Larisa Falkovskaya, qui fait l’objet depuis avril 2023 de sanctions de l’Union européenne : « elle est impliquée dans le transport illégal d’enfants ukrainiens vers la Russie et dans leur adoption par des familles russes. En tant que directrice du département de la politique d’État pour la protection des droits de l’enfant du ministère de l’éducation de la Fédération de Russie, Larisa Falkovskaya a facilité le transport illégal et l’adoption illégale de plus de 2.000 orphelins ukrainiens. Lors de diverses apparitions publiques, Larisa Falkovskaya a agi comme la principale porte-parole et coordinatrice du programme illégal de déplacement forcé mené par la Russie. » Voilà donc pour la "protection des droits et des intérêts des enfants"…

 

Le travail de Larisa Falkovskaya ne se limite pas au "soutien méthodologique".  Son adjointe, Anastasia Akkuratova, est chargée de placer des enfants dans des familles russes. Selon les documents obtenus par des cyberactivistes ukrainiens, c'est elle qui organise l'exportation des enfants vers la Russie et qui les enregistre ensuite dans la banque de données des orphelins de l'État.


N’en jetez plus, la cour est pleine ? Non, on n’a encore rien vu !


Le ministère de l'éducation a reçu la charge de suivre le sort des enfants ukrainiens adoptés. Il compile notamment des rapports sur les cas de décès de ces enfants. Selon ces documents, cinq enfants originaires des régions occupées de Kherson et de Louhansk sont décédés au cours du premier semestre 2023. L'un d'entre eux s'est suicidé, sans autre précision.



Mikhail Burlakov, directeur général adjoint du "Centre d'étude et de suivi en réseau de l'environnement des jeunes", en juin 2022

lors une réunion du Conseil présidentiel pour la mise en œuvre de la politique d'État dans le domaine de la famille

et de la protection de l'enfance sur le thème "Éducation spirituelle et morale de la jeune génération : traditions, valeurs, lignes directrices".

Il a notamment présenté un exposé sur "l'analyse des médias sociaux pour résoudre les problèmes de l'État". Photo DR

 

Normalement, le ministère de l'éducation devrait "mener un travail de prévention" pour empêcher les suicides d'enfants dans les territoires occupés. Le ministère est assisté dans cette tâche par le "Centre d'étude et de suivi en réseau de l'environnement des jeunes" (Центр изучения и сетевого мониторинга молодежной), dont les compétences vont bien au-delà de la prévention des suicides d'adolescents… Car cet intitulé plus ou moins rassurant cache une société informatique, créée sur ordre de Poutine et qui a été dotée de plusieurs milliards de roubles pour surveiller sur Internet "la propagation de l'idéologie de la violence armée", de "l'anarchisme", du "nazisme" et "d'autres types d'informations destructrices". Le principal système d’information automatisé développé par le "Centre d'étude et de suivi en réseau de l'environnement des jeunes", intitulé "Prévention", surveille en temps réel plusieurs millions de profils d'adolescents sur les réseaux sociaux. « C'est Big Brother pour les adolescents », explique à Meduza un fonctionnaire du ministère russe de l'éducation qui connaît bien le système.


Ce "Big Brother pour adolescents", d'ores et déjà testé dans 44 régions, va être prochainement mis en œuvre dans toute la Russie et intégré aux bases de données du ministère de l'intérieur. Pour cela, le "Centre d'étude et de suivi en réseau de l'environnement des jeunes" a reçu en 2023 la modique somme de 621 millions de roubles (6 millions d’euros), budget qui devrait être porté pour les trois prochaines années à 1,7 milliards de roubles (près de 17 millions d’euros) ; notamment afin de pouvoir créer des subdivisions dans les "nouvelles régions" (les territoires ukrainiens occupés par la Russie).


Tous les adolescents espionnés par ce logiciel de "prévention" font l'objet d'une fiche distincte. Chacune de ces fiches contient non seulement la photo, l'adresse et le numéro de téléphone d'un adolescent donné, mais aussi une analyse détaillée de ses réseaux sociaux - jusqu'au décompte des commentaires, des "like" et des "reposts". Il est notamment noté si l'adolescent est membre de "communautés d'opposition", et s'il a publié ou aimé des messages "sur le thème de l'anarchisme", "discréditant les forces de l'ordre", "critiquant le gouvernement actuel de la Fédération de Russie" ou "présentant un contenu choquant". Cette analyse permet d'attribuer à chaque enfant un "coefficient de destructivité" et un "coefficient d'opposition" (la valeur la plus basse trouvée dans les questionnaires est de 0,0, la plus haute de 19,7). « Dans chaque cas », dit un rapport du ministère de l'éducation de décembre 2023, « lorsque des comptes, des profils et des dossiers de mineurs enclins à un comportement destructeur sont identifiés, le travail préventif nécessaire est organisé et réalisé en coopération avec les représentants des organes et des organisations du système de prévention. »


Pourquoi une telle débauche de moyens ? Malgré toutes les tentatives de "russification" des enfants ukrainiens déportés et de ceux qui sont restés dans les territoires occupés, il semble que la fable du "pays ami" et de ses "valeurs patriotiques" ait du mal à passer.  Depuis le début de l'invasion, le ministère russe de l'éducation élabore un cadre méthodologique pour "l'endoctrinement" des enfants ukrainiens emmenés de force en Russie. Ce corpus de documents indique que "l'idéologie destructrice" est répandue parmi les adolescents ukrainiens Pour y faire face, les enseignants et les travailleurs sociaux russes sont chargés de "rééduquer" la "jeune génération" "sur la base des valeurs spirituelles et morales, des traditions historiques et nationales-culturelles de la Fédération de Russie", afin que les mineurs déportés puissent "former une identité russe". Mais le ministère de l'éducation semble avoir peur de ces enfants enlevés à l'Ukraine. Entre eux, les employés du ministère qualifient parfois ces adolescents de "terroristes potentiels" qui "pourraient commencer à s'opposer" aux autorités russes avec le soutien de "leurs parents ukrainiens". Dès la fin de l'année 2022, les employés du ministère ont commencé à être formés à d'éventuels attentats terroristes et sabotages visant spécifiquement le ministère russe de l'éducation… Les fonctionnaires du ministère de l’éducation citent un premier exemple "d’attentat" : une écolière de Zaporijjia a publié sur les réseaux sociaux une vidéo où elle incendie du drapeau russe avec des commentaires anti-russes. Elle a aussitôt fait l'objet d'une procédure pénale. Un drapeau qui flambe à Zaporijjia, et c’est le Kremlin qui tremble…


En plus, même dans la sphère poutinienne, cette obsession sécuritaire rencontre quelques résistances. L’ambitieuse Anna Kouznetsova, qui a précédé Maria Lvova-Belova comme commissaire présidentielle aux droits de l’enfant et avait commencé, dès 2014, à mettre en œuvre une politique de déportations, vit assez mal d’être "placardisée" à la Douma d’État et vise une fonction plus prestigieuse. Spécialiste en "fake news" (elle a ainsi prétendu qu’un orphelinat ukrainien avait vendu ses pensionnaires, pour trafic d’organes, à Coca Cola !), cette intellectuelle de haute volée élabore un "projet de plan d'action pour la mise en œuvre de la stratégie de sécurité des enfants". Car selon elle, comme elle l’a déclaré le 8 décembre 2023 lors du "Congrès panrusse des services psychologiques dans le système éducatif de la Fédération de Russie", le pays « manque d'une autorité qui serait responsable de l'enfant et de la famille. » Elle se verrait bien en charge d’une telle mission à la tête d’un "ministère des orphelins". Problème : officiellement (car les chiffres sont trafiqués), en Russie, le nombre d’orphelins serait en forte baisse.


Sergei Kiriyenko, passé des hachoirs à viande industriels au développement des systèmes éducatifs en Russie. Photo Kommersant


Au ministère russe de l’éducation, enfin, on goûte modérément la personnalité d’un certain Sergei Kiriyenko, imposé par Poutine pour superviser la "composante idéologique de l'éducation", avant d’être chargé de traiter "la question des enfants ukrainiens". Bureaucrate nostalgique de la "grande époque soviétique", il a fait ses armes politiques au sein du siège moscovite de la "Jeune Garde" du parti présidentiel, Russie Unie. Vraisemblablement membre du FSB, en tout cas très proche d’Andrei Yarin, le chef de la direction des affaires intérieures de l'administration présidentielle de la Fédération de Russie (suspecté d’être le commanditaire de l'empoisonnement d'Alexeï Navalny en 2020), Sergei Kiriyenko a été nommé en janvier dernier à la tête d'un département chargé du développement des systèmes éducatifs des différents sujets de la Fédération de Russie, où il devra notamment contrôler de près "l'éducation dans les territoires occupés". Sur ce point, l’administration présidentielle russe semble très modérément faire confiance au ministère de l’éducation. Ambiance, ambiance….


Le hic, c’est que Sergei Kiriyenko n’y connait pas grand-chose, aux systèmes éducatifs. Diplômé en agro-industrie, il a débuté sa carrière, au début des années 2000, par une thèse sur… l’amélioration des hachoirs à viande industriels ! Ça ne s’invente pas…


Jean-Marc Adolphe


(1). Maria Lvova-Belova, visée au même titre que Vladimir Poutine par un mandat d'arrêt de la Cour Pénale Internationale, est la commissaire présidentielle russe aux droits de l'enfant (sic). Les humanités ont été le premier média a révéler et documenter son rôle dans les déportations d'enfants.


(2). Sur la base des chiffres publiés par la plateforme ukrainienne Children of war, on parlait jusqu'à présent d'environ 20.000 enfants ukrainiens déportés en Russie. Ce chiffre vient d'être réévalué par Nathaniel Raymond, chef d'enquête du Conflict Obersvatory (affilié à l'université de Yale) dans un entretien publié par le service russe de la BBC : "nous pouvons parler avec un degré élevé de confiance de 31 000 enfants déportés".


Compléments d'enquête


Ce genre d'informations ne risque guère de se retrouver dans la presse russe (sauf celle, indépendante, qui a dû s'exiler). En revanche, on peut lire, à foison, dans la presse russe, et sur les réseaux sociaux, que "les enfants renvoyés en Ukraine veulent retourner en Russie", en citant une déclaration du directeur exécutif de l'Union ukrainienne des droits de l'homme d'Helsinki, Oleksandr Pavlichenko, sur les ondes d'une chaîne de télévision de la ville de Kyiv. Problème : la citation d'Oleksandr Pavlichenko a été tronquée et totalement sortie de son contexte...


Selon le Centre ukrainien de la Résistance nationale, la Russie se prépare à intensifier le nettoyage ethnique dans les territoires occupés de l'Ukraine : Après les soi-disant « élections » du président russe, le Kremlin va intensifier le nettoyage ethnique dans les territoires ukrainiens occupés. Les Russes prévoiraient d’expulser massivement les Ukrainiens vers le territoire de la Fédération de Russie, modifiant ainsi la composition ethnique des territoires ukrainiens. A la place des Ukrainiens, les occupants prévoient d'amener des Russes de souche. Lire ICI


RUSSIE, HORS D'UKRAINE !

Ce dimanche 17 mars à 19 h au Théâtre de l'Aquarium - Cartoucherie de Vincennes, rencontre organisée par Desk Russie :


PARLONS D’UKRAINE

Avec Florence Aubenas (journaliste et écrivaine), général Dominique Trinquand, Antoine Garapon (magistrat), Constantin Sigov (Kyiv, philosophe et éditeur). En présence de Galia Ackerman, Ariane Mnouchkine, Véronique Nahoum-Grappe, André Markowicz.


COURAGE D'UN PEUPLE : PAROLES UKRAINIENNES

Textes et témoignages lus par Martine Dupé, Pauline Huruguen, Anaïs Muller, Erik Gerken (en cours). Avec Hanna Stepachenko (installation), Maryna Yurasova (chant), Sylvestre Soleil (musique).


Entrée gratuite, sur inscription : https://www.helloasso.com/.../russie-hors-d-ukraine...


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