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Pâques au balcon… du "Kremlin-sur-Seine"



La cathédrale de la Sainte Trinité (alias « la cathédrale de Poutine » ou encore « le Kremlin-sur-Seine ») est le fief parisien de l’Église orthodoxe russe, complice active de la guerre d’agression russe en Ukraine, impliquée dans les déportations d’enfants. Au nom de « l’amour », le patriarche Kirill appelle les croyants à "s’armer" et à prier pour les combattants des "zones d’opérations militaires", en citant les "saintes écritures" : « la mort a été engloutie dans la victoire ». Et tout cela est propagé en plein cœur de Paris, en toute impunité.


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« La Pâques du Christ est la victoire de l’Amour. »

Tel était le message, hier 15 avril, en la cathédrale de la Sainte Trinité à Paris, de Mgr Nestor, métropolite de Chersonèse et d’Europe occidentale, qui a présidé les vêpres et la Divine Liturgie du Samedi Saint (ICI).

« Si sous l’Ancienne alliance l’amour était aussi puissant que la mort, sous la Nouvelle il est plus fort que la mort, car la mort a été engloutie dans la victoire (1 Cor 15, 54). », a poursuivi Mgr Nestor : « Alors dans cette sainte nuit de Pâques je vous adresse un appel très simple – reconnaissons cet amour, gardons-le entre nous, soyons-en témoins dans le monde atteint toujours plus de l’indifférence et de l’insensibilité », ajoutant même, non sans culot : « Armons-nous contre les tentatives insensées et criminelles de semer la haine et l’animosité entre nous, entre les différents peuples – gardons la capacité d’aimer, de pardonner, de faire confiance les uns aux autres. »


Mgr Nestor était entouré du vicaire général de la cathédrale, le père Maxime Politov, du prêtre Giovanni Guaita, des membres du clergé de la cathédrale: archiprêtre Igor Trofim, prêtre Ion Dimitrov, hiéromoine Irénée (Gribov), prêtre Daniel Naberejny, prêtre Antoni Sidenko, du protodiacre Nicolas Rehbinder, des diacres Roman Onica et Denis (Volkov).


Le site internet de la Cathédrale de la Sainte Trinité diffuse par ailleurs le message pascal de Kirill, "patriarche de Moscou et de toutes les Russies", dans lequel celui-ci déclare notamment : « En cette fête radieuse de Pâques, nous faisons monter vers Dieu d’instantes prières pour ceux qui se trouvent aujourd’hui dans les zones d’opérations militaires. En tant que chrétiens, nous ne pouvons rester indifférents aux malheurs et aux privations de nos frères et sœurs, dont les cœurs sont brûlés par le feu d’un conflit fratricide. »


Rien d’étonnant de la part de celui qui, a plusieurs reprises, a béni les chars susses qui prenaient la route de l’Ukraine, et encourageait la population à rejoindre les combats. « L'Église reconnait que quelqu'un qui, guidé par le sens du devoir, par un besoin de remplir son sermon et par une volonté d'exécuter les ordres, meurt dans l'exercice de cette fonction, commet un acte qui équivaut au sacrifice. Nous croyons que ce sacrifice lave tous les péchés qu'il a commis par le passé ».

En plein cœur de Paris, les offices de Pâques de l’'Église orthodoxe russe se poursuivent ce dimanche 16 avril (ICI).


Dans les humanités, nous avons déjà indiqué que des mouvements de jeunesse orthodoxe russes étaient impliqués dans les « camps de rééducation » où sont envoyés des adolescents ukrainiens déportés en Russie (ICI).


Dans un récent entretien publié par Euromaidan Press, Alena Lunova, directrice du plaidoyer au centre des droits de l'homme Zmina, apporte des précisions complémentaires. En matière de déportations d’enfants, indique-t-elle, « l'Église orthodoxe russe joue un rôle crucial dans ce processus. Elle a même créé une unité spéciale au sein de son système institutionnel pour trouver des familles russes pour ces enfants et faciliter le processus d'adoption. L'Église orthodoxe russe encourage les Russes à adopter ces enfants et encourage les enfants à accepter le processus. Elle participe aussi activement à ce que l'on appelle les études sur les futures familles de ces enfants. Ces réunions avec des représentants de l'Église orthodoxe russe sont une composante essentielle de cette politique de rééducation des enfants ukrainiens. Lorsqu'il n'y a pas d'autres familles pour ces enfants, ils sont transférés dans les familles de prêtres russes. L'Église orthodoxe russe joue un rôle important dans la propagande religieuse en éradiquant l'identité nationale ukrainienne. »


Le joyau de l’Église orthodoxe russe à Paris, c’est la Cathédrale de la Sainte-Trinité, siège épiscopal du diocèse de Chersonèse, qui comprend la France et la Suisse, et centre de l'exarchat d'Europe occidentale du patriarcat de Moscou. Elle est située dans le 7e arrondissement de Paris, près du pont de l'Alma, au commencement du quai Branly.


Projetée en 2007 avec le soutien de Nicolas Sarkozy et de Vladimir Poutine, elle a été construite entre 2013 et 2016 par l'architecte Jean-Michel Wilmotte. Dédié à la Sainte-Trinité et aux "relations historiques, culturelles et spirituelles entre la France et la Russie", l’ouvrage (surnommé le "Kremlin-sur-Seine", "Saint-Vladimir" ou encore la "cathédrale Poutine") a été inauguré en le 15 octobre 2016, par l’ambassadeur de Russie en France, en présence du secrétaire d'État Jean-Marie Le Guen, de la maire de Paris Anne Hidalgo, de la maire du 7e arrondissement Rachida Dati, et d'autres personnalités politiques françaises comme Jean-Pierre Chevènement et le député Front national Gilbert Collard.


Aujourd’hui, la cathédrale de la Sainte-Trinité est l’église principale du diocèse de Chersonèse et aussi de l’Exarchat patriarcal en Europe occidentale de l’Eglise Orthodoxe Russe (Patriarcat de Moscou). Le recteur de la cathédrale, Mgr Nestor, est un très proche de Kirill, qui l’a élevé à la dignité de métropolite le 27 novembre 2022.


Pendant l'office pascal à la cathédrale de la Sainte-Trinité, le samedi 15 avril 2023


Le vicaire général de la cathédrale (c’est-à-dire le prêtre-doyen, responsable des offices et de la gestion administrative de l’église) est le prêtre Maxime Politov, formé à Saint-Pétersbourg puis à Strasbourg. Au total, six prêtres et quatre diacres officient dans la cathédrale (ICI).


Alors qu’un nouveau bombardement russe vient de faire 11 morts à Sloviansk, dont un enfant de 2 ans ; et plus d’un an après le début de l’invasion russe en Ukraine, ces « dignitaires » orthodoxes sont toujours en poste, et aucune sanction n’a été prise contre l’Eglise orthodoxe russe de Paris.

Les organes de propagande russe (tels RT et Spoutnik) ont été interdits mais l’Église orthodoxe russe de Paris peut, en toute impunité, relayer le discours de haine de Kirill qui, dès le 6 mars 2022, appelait à « lutter contre la globalisation et les valeurs libérales » et ne cesse de lancer des harangues contre « l’Occident dépravé ».


A la Cathédrale de la Sainte-Trinité, les apôtres du génocide ukrainien et des déportations d’enfants ont en quelque sorte "open bar", avec la bénédiction… de l’État français.


Jean-Marc Adolphe


Photo en tête d'article : Mgr Nestor, lors d'un office pascal à la cathédrale de la Sainte-Trinité, le samedi 15 avril 2023


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