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Sievierodonetsk, la prochaine Marioupol ?



Le Palais de la Culture de Sievierodonetsk (avant la guerre). Photo DR


Encore peu mentionnée dans les médias, cette ville de 110.000 habitants, dans l’oblast de Louhansk, est le siège d’une importante industrie chimique. Dans la logique de prédation qui anime Vladimir Poutine, Sievierodonetsk pourrait être la prochaine cible de l’armée russe, qui n’est pas parvenue à s’en emparer malgré plus de deux mois de combats.


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Après Marioupol, Boutcha, Irpine, Kharkiv, etc., voilà un nom auquel il va falloir s’habituer : Sievierodonetsk. Nouveaux bombardements, nouveaux massacres en vue. Vraisemblablement la nouvelle cible de l’armée russe, dans son entreprise de destruction maximale de l’Ukraine.

Jusqu’à présent, son nom avait peu franchi les frontières de l’Ukraine, pourtant il y a du Sievierodonetsk dans ce que nous mangeons, il y a du Sievierodonetsk dans nos campagnes. Cette ville de 109.466 habitants (en 2013) abrite en effet, sur plus de 600 hectares, l’imposante usine Azot, fleuron (si l’on peut dire) de l’industrie chimique qui produit en vrac ammoniac et engrais azotés dont l’Ukraine est, après la Russie, le second exportateur mondial. A Sievierodonetsk, 11.000 employés travaill(ai)ent dans cette industrie chimique.

L'usine Azot, à Sievierodonetsk. photo DR


Après avoir détruit Marioupol (et bientôt son complexe sidérurgique), après avoir volé plusieurs centaines de milliers de tonnes de céréales dans les silos ukrainiens, et avant de chercher à contrôler le port d’Odessa et l’accès qu’il offre à la mer Noire, cela en fait, pour la Russie de Poutine, un objectif d’importance. La « dénazification » de l’Ukraine, tout ça c’est du baratin. De la propagande, mais pour cacher quoi ? Poutine et la clique d’oligarques mafieux et de courtisans qui l’entourent, c’est une bande de voleurs sans foi ni loi. Ils auraient pu se contenter des richesses accumulées, pour l’essentiel volées au peuple russe lui-même ; ils auraient pu se contenter de continuer à se pavaner sur leurs yachts et dans leurs palais… Mais non, cela ne suffit pas.

Se souvenir qu’au début de l’invasion en Ukraine, Poutine et les chiens de garde du Kremlin accusaient les dirigeants ukrainiens, en plus d’être des « nazis », d’être des drogués. Mais où sont-ils allés cher ça ? En eux-mêmes. C’est le pouvoir russe qui est aujourd’hui totalement drogué, avec une bande de toxicomanes ravitaillés par un dealer de grande ampleur, qui a domicile au Kremlin. Cette drogue a un nom : la prédation.


Même les arguments mystico-religieux sur la « Grande Russie », « l’Eurasie », etc., ne sont avancés que pour épater la galerie. Ce que Poutine veut, beaucoup plus trivialement, c’est faire main basse sur les richesses de l’Ukraine, dont beaucoup sont concentrées au sud du pays. La guerre éclair qu’il avait projetée ayant lamentablement échoué, il mise désormais sur une guerre d’usure, qui va chercher à asphyxier l’économie ukrainienne. Sur ce sinistre échiquier, la prise de Sievierodonetsk et de son industrie chimique constitue un enjeu majeur.

L'hôpital de Sievierodonetsk, en partie détruit par un bombardement le 15 mai. Photo DR


La ville est, de surcroit, stratégique pour contrôler la « ligne de front » dans le Donbass. Voilà le deuxième tort de Sievierodonetsk : elle est l’une des principales villes de l’oblast de Louhansk, là-même où a été autoproclamée une « république populaire » asservie à Moscou. Pourtant, malgré les moyens déployés par le Kremlin en soutien aux milices séparatistes pro-russes, ladite « république » ne couvre que 30% de la région de Louhansk.

En guise de préliminaires, de premiers bombardements ont visé Sievierodonetsk dès le 28 février. Le 2 mars, un gymnase scolaire a été détruit. Les bombardements se poursuivis en avril. Au 16 avril, l’Ukraine affirmait que 70% de la ville avaient été détruits. Il resterait actuellement 20.000 habitants dans la ville (sur les 100.000 qu’elle comptait auparavant). Mais contrairement à Marioupol ou d’autres villes, les reportages sur Sievierodonetsk sont quasiment inexistants, y compris dans les médias ukrainiens. Une exception : un récent article du journal Pravda Ukraine, accompagné d’une vidéo (ci-dessous. En russe. Même sans comprendre, on peut comprendre), fait état d’une ville privée d'électricité, d'eau, de gaz ou de communications depuis environ une semaine.

Un bombardement aurait fait 4 morts hier, et pour la première fois, l’usine chimique Azot a été prise pour cible.


Jean-Marc Adolphe



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