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Zemmour l'a tuer. Hommage à Mireille Delmas-Marty


A 80 ans, Mireille Delmas-Marty rend son dernier souffle, elle qui n'en manquait pas. « Quelle grande et belle conscience qui s’en va », écrit en hommage Edgar Morin. Toute sa vie elle aura écrit et œuvré pour une conception dynamique du droit, un "droit en devenir", qui sache ne pas perdre la quille des humanisations.


Cet premier hommage à Mireille Delmas-Marty vous est offert par les humanités, média alter-actif. Pour persévérer, explorer, aller voir plus loin, raconter, votre soutien est très précieux. Abonnements ou souscriptions ICI.


« Zemmour l’a tuer ». Pourquoi ce titre facile ? Parce que toute sa vie, Mireille Delmas-Marty aura combattu ce sur quoi le Nosferatu du Grand Remplacement fait aujourd’hui fonds de commerce électoral.

Universitaire et juriste, professeure émérite au Collège de France, Mireille Delmas-Marty est décédée chez elle, hier, à 80 ans, vient d’annoncer ce dimanche l’Agence France-Presse.

Dès l’annonce de sa disparition ont afflué les premiers hommages émus. « Sa pensée à la recherche d’un droit universalisable propose des repères pour une gouvernance mondiale apaisée et solidaire », soulignent ses proches. L’une des premières réactions, a été sur Twitter, celle d’Edgar Morin : « Quelle grande et belle conscience qui s’en va ». Pour l’ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira, Mireille Delmas-Marty est « partie avec son intelligence aiguë, élégante, son rire qui parfois restait suspendu ».


Née le 10 mai 1941 à Paris, son parcours riche et varié l’a amenée à être notamment membre du comité consultatif pour la révision de la Constitution (1992-1993), présidente du comité de surveillance de l’Office européen de lutte contre la fraude (1999-2001), membre de la haute autorité chargée de contrôler la primaire socialiste (2011), conseillère spéciale auprès du procureur de la Cour pénale internationale (2011-2015).


« Soit nous survivrons collectivement, soit nous serons balayés », disait en 2019 cette inlassable chercheuse d’un humanisme juridique.


« En préparant des rencontres Paysage en mouvements, je l'avais côtoyée toute une année à Goutelas avec son mari Paul Bouchet, celui qui avait entraîné une bande de Lyonnais pour recréer ce château de la Renaissance (un des lieux de L'Astrée). Elle en était restée l'âme. Tout en étant aux 4 vents du monde. En raison de sa maladie, nous n'avions pu faire un entretien avec elle », écrit sur sa page Facebook Isabelle Favre, membre du comité de réactions des humanités.


Mais à jamais il reste sa voix, son énergie, ses combats, dont elle nous lègue l’importance de les poursuivre, en temps zemmouriens-troublés, plus que jamais.


Son dernier ouvrage paru (en 2020, aux éditions du Collège de France), s’intitule Une boussole des possibles : gouvernance mondiale et humanismes juridiques. Et s’il ne fallait garder qu’une somme, parmi la somme de tout ce qu’elle a écrit à bon droit, ce serait sans nul doute Les Forces imaginantes du droit, en quatre tomes, aux éditions du Seuil : Le relatif et l'universel (2004), Le pluralisme ordonné (2006), La refondation des pouvoirs (2007) et Vers une communauté de valeurs (2011).


VIDEO. Un droit en devenir pour une humanité en transit

Intervention au Collège de France, le 11 mai 2011

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