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7 décembre : Hinaupoko Devèze, Jean-Claude Casadesus, la pizza napolitaine et les élections bidon à Hong Kong


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Hinaupoko Devèze, 23 ans, Miss Tahiti, élue Miss France 2026. Photo Dominique Petras, assistants : Moana Saan / Claudia C

Et l'heureuse gagnante est... Hinaupoko Devèze, Miss Tahiti, devenue hier soir Miss France 2026, aimerait rajouter un mot au fronton de notre République. Liberté, égalité, fraternité, cela va sans dire, mais aussi : "respect". Le chef d'orchestre Jean-Claude Casadesus, 90 ans ce jour, revendique lui aussi "des valeurs de respect et d'humanité". Aujourd'hui, pendant qu'à Hong Kong se tiennent des élections bidon, la pizza napolitaine est à la fête : cela fait huit ans qu'elle a rejoint le patrimoine culturel immatériel de l’humanité.


L'IMAGE DU JOUR


En tête de publication : Hinaupoko Devèze, 23 ans, Miss Tahiti, a été élue Miss France 2026 dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 décembre 2025, au Zénith d'Amiens, devant plus de 7 millions de téléspectateurs, avec l'increvable Jean-Pierre Foucault, 78 ans, aux manettes de la présentation, et en coulisses, Maître Gérald Simonin, l'huissier de service, spécialisé entre autres dans la sécurisation de jeux et concours télévisés.

Alors bien sûr, tout le monde n'est pas d'accord. Depuis plusieurs années, des associations féministes, dont Osez le féminisme ! (ICI), dont les actuelles porte-paroles sont Alyssa Ahrabare, Ursula le Menn, Violaine De Filippis Abate (*) et Elsa Labouret, réclament la suppression du concours, dénonçant une « société de la femme-objet ».


Mais bon : Hinaupoko Devèze, donc. Avec son mètre quatre‑vingt‑deux et ses yeux verts, elle s’est imposée comme l’une des figures les plus marquantes de la promotion 2026, déjà repérée lors de son élection comme Miss Tahiti 2025 dans les jardins de la mairie de Pirae. Mais derrière la silhouette de carte postale, la jeune femme revendique une « imperfection assumée » : marquée par un burn‑out au cours de ses études, elle a choisi de faire de la santé mentale le cœur de son engagement, rappelant que le bien‑être psychique est, selon elle, aussi essentiel que la santé physique. Son règne s’annonce donc comme celui d’une Miss consciente de ses fragilités, décidée à s’en servir comme levier pour briser les tabous. En portant la voix de la Polynésie et des jeunesses métissées, Hinaupoko Devèze entend utiliser la scène Miss France comme une plateforme pour défendre l’écoute, la vulnérabilité et le droit de dire « je ne vais pas bien » sans honte, loin des injonctions à la perfection qui entourent traditionnellement les reines de beauté.


D’origine polynésienne, plus précisément marquisienne, son prénom, Hinaupoko, signifie « grande déesse » : ce sens renvoie à la figure de Hina, divinité féminine très présente dans les mythologies polynésiennes, et inscrit le prénom dans un imaginaire de puissance spirituelle et de féminité sacrée. Métisse, d’origine marquisienne par sa mère et métropolitaine par son père, Hinaupoko Devèze est née à Papeete et a grandi entre la Polynésie française, la Nouvelle-Calédonie et le sud de la France, avant de revenir s’installer au fenua en 2023 pour se reconnecter à ses racines. Titulaire d’un bac scientifique, diplômée en droit puis en psychologie, elle a travaillé comme secrétaire administrative et organisatrice de séjours écoresponsables vers les Marquises.


« Je suis le fruit d’une histoire d’amour entre la Polynésie et le sud de la France. Et mon enfance a autant été bercée par le chant des cigales que par la mélodie du ukulélé », a-t-elle déclaré hier soir dans son discours de présentation. Interrogée plus tard sur les valeurs les plus importantes selon elle en France, elle a évoqué la « liberté, l’égalité, la fraternité », mais aussi « le respect ».


(*). En 2021, Violaine De Filippis Abate a mené un procès médiatique contre les producteurs du spectacle Miss France, visant à obtenir un salaire pour les candidates du spectacle, et la suppression des critères discriminants. À la suite de cette action, la production de Miss France a créé un contrat de travail pour les candidates, ainsi que la suppression de la plupart des critères. Grâce à la suppression du critère d'âge, en 2025, Angélique Angarni-Filopon a été élue à 34 ans, suscitant une vague de harcèlement en ligne.


LES CITATIONS DU JOUR

"Je crois pouvoir dire que j'ai donné 85% de mon attention, de ma sensibilité et de ma vie au Nord-Pas-de-Calais, une région qui a tellement donné à la France sur le plan du charbon, de l'industrie textile, de l'acier, et qui n'avait sans doute pas eu suffisamment de temps pour se pencher sur cette culture merveilleuse qui est une part d'humanité quelquefois malmenée. Il faut se battre pour que la culture et la musique ne soient pas une variable d'ajustement, mais une nécessité absolue"

"Un chef d’orchestre, c’est comme un ministre, ça doit être un serviteur. La seule discipline artistique dans laquelle on ne peut pas tricher, avec la danse, c’est la musique : une double-croche n’est pas un triolet, une noire n’est pas une blanche, il faut se plonger dans une réflexion qui s’adresse à l’imaginaire, sans la subversion des mots. La musique est comme une grande prairie dont les fleurs seraient des notes et les musiciens les jardiniers."

"J’ai été le premier à emmener l’orchestre dans les entreprises mais aussi dans des milieux difficiles comme la prison ou l’hôpital. Je m’honore d’avoir contribué à jeter des passerelles entre des mondes qui s’ignoraient. Voir briller dans l’œil de l’autre l’émotion qui nous nourrit soi-même, il n’y a rien de plus beau. (...) Ma fierté est d'avoir essayé de transmettre la musique et les valeurs de respect et d'humanité qui lui sont associées."

(Jean-Claude Casadesus, extraits d'entretiens pour Le Monde et Res musica)


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Photo Stéphane Mortagne / MAXPPP


Né Jean-Claude Probst le 7 décembre 1935 à Paris, Jean-Claude Casadesus souffle donc ses 90 bougies ce jour. Donc : bon anniversaire. Et comment !

Formé comme percussionniste puis chef d’orchestre (CNSM de Paris, École normale, travail auprès de Pierre Boulez), il fait ses armes à l’Opéra-Comique, à l’Opéra de Paris et cofonde l’Orchestre national des Pays de la Loire avant de prendre son véritable tournant à Lille. En 1976, il crée l’Orchestre philharmonique de Lille, devenu Orchestre national de Lille, premier orchestre financé par une région, qu’il dirige pendant quarante ans et hisse au rang de grande formation européenne. Son projet est double : réhabiliter le répertoire français et ouvrir la musique symphonique à tous les publics, des ZUP aux usines, des prisons aux écoles, faisant de l’orchestre un outil de démocratisation culturelle autant qu’un instrument d’excellence. Ardent défenseur de la création, il met en place des résidences de compositeurs, préside Musique Nouvelle en Liberté et fonde le Lille Piano(s) Festival, poursuivant une intense carrière internationale tout en restant fidèle à « son » orchestre nordiste. Figure morale autant qu’artistique, il se définit volontiers comme un passeur : pour lui, la musique est à la fois discipline collective, aventure sensible et levier d’émancipation, ce qui lui vaut aujourd’hui de voir l’auditorium du Nouveau Siècle (la grande salle de concert symphonique de Lille) rebaptisé à son nom.

Il a écrit et publié aux éditions Stock, en 1997, Le plus court chemin d'un cœur à l'autre, Paris, Stock, 1997

ÉPHÉMÉRIDES


Retour de l'esclavage. Il y a 223 ans, par un arrêté consulaire du 7 décembre 1802, Napoléon Bonaparte met brutalement fin à huit années de citoyenneté pour la majorité de la population noire de Guyane, affranchie depuis 1794. Les anciens esclaves sont requalifiés en « conscrits de quartier », puis progressivement assimilés au statut d’esclaves régis par le Code noir, tandis que la traite est relancée pour soutenir l’expansion des plantations. Ce retour en arrière, pensé comme nécessité économique et coloniale, provoque fuites, répressions et un marronnage massif qui marque durablement la société guyanaise du XIXᵉ siècle.


Épicentre d'une révolution. Il y a 120 ans, à partir du 7 décembre 1905, Moscou devient l’épicentre de la révolution russe quand une grève politique générale se transforme en insurrection armée, dans le quartier ouvrier de Presnia. Barricades, combats de rue et tentative de paralysie du nœud ferroviaire visent à forcer le tsar à des concessions démocratiques, mais l’armée et l’artillerie écrasent le soulèvement en quelques jours, au prix de centaines de morts et de destructions massives. Cette défaite ouvre une phase de réaction, tout en laissant une expérience décisive pour les militants qui prépareront 1917.


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André Malraux en 1934. Photo Fred Stein/Picture Alliance/Rue des Archives


Condition humaine. Il y a 92 ans, le 7 décembre 1933, André Malraux reçoit le prix Goncourt pour La Condition humaine, roman inspiré de l’insurrection communiste de Shanghai et de la guerre civile chinoise. À 32 ans, déjà remarqué avec Les Conquérants et La Voie royale, Malraux s’impose alors comme l’une des grandes voix de la littérature engagée de l’entre-deux-guerres.


Nuit et brouillard. Il y a 84 ans, le 7 décembre 1941, le 7 décembre 1941, le régime nazi crée la procédure "Nacht und Nebel" (Nuit et brouillard) pour faire disparaître dans le secret absolu les opposants politiques et résistants des territoires occupés. Un décret ordonne alors leur arrestation et leur déportation sans information des familles vers les prisons du Reich ou les camps de concentration, afin de terroriser les populations et d’éteindre toute contestation. Cette politique de disparition programmée, appliquée surtout en Europe de l’Ouest, deviendra l’un des symboles de la terreur nazie et sera condamnée comme crime de guerre à Nuremberg.


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Dans les rues de Naples, le 7 décembre. Photo Tiziana Fabi / AFP


L’art du pizzaiolo napolitain. Il y a huit ans, le 7 décembre 2017, considérant qu’il s’agit d’un savoir‑faire culinaire complet, codifié et ancien, qui structure la vie sociale à Naples et se transmet par apprentissage direct entre maîtres, apprentis et familles, l’UNESCO inscrit officiellement « l’arte tradizionale dei pizzaiuoli napoletani », c’est‑à‑dire l’art du pizzaiolo napolitain, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Les pratiques protégées sont celles qui composent le processus complet de fabrication et de partage de la pizza napolitaine, dans sa forme traditionnelle. Plus précisément, l’UNESCO mentionne :

  • Le pétrissage de la pâte, la division en pâtons (staglio) et la préparation du four à bois (bois de hêtre).u

  • Le façonnage manuel de la pâte (ammaccatura), la formation du bord levé (cornicione) par le geste dit schiaffo, avec lancer et rotation de la pâte, souvent accompagnés de chants.

  • La garniture en spirale, du centre vers l’extérieur, puis la cuisson dans le four à bois avec mouvement rotatif de la pizza.

  • Le cadre rituel : travail au centre de la bottega, interaction avec les clients, convivialité, transmission maître‑apprenti et au sein des familles napolitaines.


 UNE AUTRE IMAGE DU JOUR


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John Lee Ka-chiu, l’actuel chef de l’exécutif de Hong Kong, entré en fonction le 1ᵉʳ juillet 2022 après avoir été le seul candidat approuvé

par Pékin à l’élection de 2022, vote lors de l'élection législative à Hong Kong, ce 7 décembre 2025. Photo Chan Long Hei / AP


Ce dimanche 7 décembre, les électeurs de Hong Kong votent pour la deuxième élection législative depuis que la réforme de 2021 du système a éliminé l'opposition pro-démocratie dans le territoire chinois. Ce scrutin, qui intervient moins de deux semaines après un incendie dans un immeuble qui a fait au moins 159 morts, pourrait tester l'opinion publique sur la gestion de la tragédie par le gouvernement.

L'attention se porte sur le taux de participation, qui est tombé à environ 30 % lors des dernières élections en 2021, après que la réforme ait refroidi l'intérêt des électeurs. Certains analystes estiment que la colère croissante du public concernant la responsabilité du gouvernement dans l'incendie pourrait encore réduire le taux de participation. Les efforts du gouvernement pour augmenter la participation électorale, considérée comme un référendum sur le nouveau système électoral, battaient leur plein avant l'incendie. Les autorités ont organisé des forums avec les candidats, prolongé le vote de deux heures, ajouté des bureaux de vote et offert des subventions aux personnes âgées et aux centres pour personnes handicapées afin d'aider leurs clients à voter, tout en accrochant des bannières et des affiches promotionnelles dans toute la ville. Mais... ces mêmes autorités ont aussi arrêté des personnes qui auraient publié des contenus incitant les autres à ne pas voter.


Les candidats doivent être fidèles à Pékin

Bon nombre des 4,1 millions d'électeurs éligibles de la ville, en particulier les partisans de la démocratie, se sont détournés de la politique depuis la répression qui a suivi les manifestations antigouvernementales massives de 2019. Même avant les changements électoraux de 2021, seule la moitié des 70 membres de l'assemblée législative était élue par l'électorat général. Aujourd'hui, ce nombre a été réduit à 20 sièges sur 90. Quarante autres sont choisis par un comité électoral largement pro-Pékin. Les 30 restants représentent divers groupes, principalement des industries majeures telles que la finance, la santé et l'immobilier, et sont élus par leurs membres. Les candidats sont en outre soumis à un contrôle afin de s'assurer qu'ils sont des patriotes fidèles au gouvernement central de Pékin.


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