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A Kinshasa, une "pré-COP" africaine et revendicative


Une cinquantaine de ministres de l’Environnement se réunissent à Kinshasa, ces lundi 3 et mardi 4 octobre, pour préparer la prochaine COP 27. La République démocratique du Congo veut apparaître comme un « pays solution » pour le changement climatique, mais les cultures sur brûlis et l’exploitation de bois « énergie » menacent la vaste forêt tropicale, et en juillet dernier, le gouvernement a vendu aux enchères une vingtaine de blocs d’exploitation de pétrole et de gaz, ce que dénoncent écologistes et militants climatiques.


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Pour préparer la conférence sur le climat de novembre en Égypte, les ministres de l’Environnement d’une cinquantaine de pays se retrouvent lundi à Kinshasa pour une « pré-COP27 » qui, organisée en terre africaine, devrait mettre les pays riches et pollueurs devant leurs responsabilités.

Il n’y aura pas de négociations à proprement parler ni d’annonces chiffrées à l’issue de cette réunion, une « pré-COP » étant une réunion informelle, précise Tosi Mpanu Mpanu, négociateur de la République démocratique du Congo aux conférences climat des Nations unies.

Mais pendant deux jours, lundi et mardi au Palais du peuple, le siège du Parlement, les ministres et émissaires de haut rang vont multiplier contacts et discussions pour faire le point des avancées possibles et des blocages à craindre lors de la conférence « COP27 » sur les changements climatiques prévue à Charm-el-Cheikh du 6 au 18 novembre.

Lors de la précédente COP, en novembre 2021 à Glasgow, la communauté internationale avait réaffirmé son objectif de contenir le réchauffement de la planète à 1,5°C par rapport à l’ère pré-industrielle. Des discussions ont eu lieu depuis sur la manière de concrétiser cette ambition, mais aucune avancée notable n’a été enregistrée, notamment en matière de financements.

A Glasgow, les pays pauvres, les moins responsables du réchauffement mais les plus exposés à ses conséquences, avaient demandé un mécanisme spécifique de prise en compte des « pertes et dommages » provoqués par le changement climatique. Les pays riches, souvent les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre, avaient rejeté cette revendication et un cadre de « dialogue » avait été créé à la place, pour discuter jusqu’en 2024 des « modalités pour le financement ».

« La COP et la pré-COP étant organisées sur le continent africain, l’accent va certainement être mis sur l’accompagnement des pays du Sud par les pays industrialisés et pollueurs », analyse une source diplomatique.

La présidence égyptienne de la COP affiche d’ailleurs ces questions de financements comme une de ses priorités pour le sommet de Charm-el-Cheikh, dont elle veut faire une « COP de la mise en œuvre ».

Cette revendication de « justice climatique » était un des principaux mots d’ordre d’une récente manifestation à Kinshasa de jeunes militants congolais pour le climat qui, à l’image des jeunes du monde entier, demandaient que les grand-messes internationales « agissent », plutôt que de faire « des promesses non tenues ».

La RDC va aussi profiter de la pré-COP pour se présenter en « pays solution », un slogan déjà employé lors de précédentes rencontres sur le climat. Situé au cœur du bassin du Congo, l’immense pays d’Afrique centrale a quelque 160 millions d’hectares de forêt tropicale, ce qui en fait un « poumon vert » capable d’absorber le carbone et de contribuer à la lutte contre le dérèglement climatique.

Avant le volet ministériel de la pré-COP, le gouvernement a d’ailleurs organisé début septembre au cœur de la forêt, dans la réserve de biosphère de Yangambi (nord-est), une « conférence scientifique internationale » sur la contribution des forêts tropicales à la lutte contre le changement climatique. Dans leur déclaration finale, qui sera examinée à Kinshasa, les scientifiques ont appelé la communauté internationale à « accompagner toutes les initiatives » de préservation des forêts. Car pour préserver ce trésor, menacé notamment en RDC par les cultures sur brûlis et l’exploitation de bois « énergie » (charbon de bois), Kinshasa, à l’instar d’autres pays forestiers, demande un soutien financier, pour que les communautés riveraines aient d’autres sources de revenus, pour avoir de l’électricité, des routes, etc.

La réunion pré-COP27 intervient après que la République démocratique du Congo a vendu aux enchères 27 blocs de pétrole et de gaz aux enchères en juillet, ignorant les avertissements des écologistes selon lesquels le forage dans les tourbières et les forêts pourrait libérer d’énormes volumes de dioxyde de carbone. Fin septembre, environ 200 manifestants ont défilé à Kinshasa portant des banderoles avec des slogans tels que « Non aux nouvelles énergies fossiles ». Ainsi, pour Rose Mathe, une militante climatique de 22 ans, le développement des blocs pétroliers et gaziers contredit la volonté du gouvernement de qualifier la République démocratique du Congo de « pays solution » pour le changement climatique.

De la taille de l’Europe occidentale, la RDC possède de vastes richesses minérales, y compris d’énormes réserves de cobalt et de lithium qui sont essentielles à la production de batteries. Les tourbières du bassin du Congo stockent également environ 30 milliards de tonnes de carbone, selon une étude de Nature de 2016. Ce chiffre équivaut à peu près à trois années d’émissions mondiales.


Dominique Vernis (avec AFP)

Photo en tête d'article : Manifestation pour la justice climatique, à Kinshasa, le 23 septembre. Photo congodurable.net


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