top of page
Naviguez dans
nos rubriques

Avec André Masson, il n'y a pas de monde achevé



André Masson, En revenant de l'exécution (1937)


Double actualité consacrée à André Masson. Au Centre Pompidou-Metz, jusqu'au 2 septembre 2024, à l'occasion du centenaire du Manifeste du surréalisme, une grande exposition-rétrospective. Et aux éditions L'Atelier contemporain, un recueil tout juste paru rassemble douze textes de Bernard Noël sur Masson.


Pour grandir, ou simplement continuer, les humanités, journal-lucioles, a besoin de vous.

Pour s'abonner : ICI. Pour s'inscrire à notre infolettre : ICI


"Dans l'art, il n'y a ni formes, ni objets. Il n'y a que des événements, des surgissements, des apparitions."

André Masson


À l’occasion du centième anniversaire du Manifeste du surréalisme, le Centre Pompidou-Metz rend hommage à la personnalité exceptionnelle d’André Masson dont la pensée émancipatrice demeure puissamment actuelle. Sous le commissariat de Chiara Parisi, l’exposition retrace le parcours de l’artiste en dressant le portrait d’un artiste protéiforme, ouvert aux collaborations et au monde, en quête d’une incessante expérimentation guidée par la « dictée de l’inconscient » et un désir d’infini.


Des « Forêts » qu’il peint à l’issue de son expérience traumatisante du premier conflit mondial, aux peintures orientalisantes (inspirées par la peinture chinoise ancienne) qu’il réalise à Aix-en-Provence dans les années soixante, en passant par sa période espagnole et son exil américain, cette grande rétrospective explorera les différentes facettes du travail d’André Masson ainsi que ses liens étroits avec les intellectuels, poètes, cinéastes, dramaturges et artistes de son temps.


Près d’un demi-siècle après l’exposition anthologique organisée par le Museum of Modern Art à New-York en 1976, le Centre Pompidou-Metz rassemble près de 150 œuvres, entre peintures, dessins, sculptures, revues et archives inédites, en provenance d’importantes collections publiques et privées américaines, allemandes, suisses, belges, italiennes et françaises (Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Museum of Modern Art et Solomon R. Guggenheim à New York, Baltimore Museum of Art, collection Peggy Guggenheim à Venise, Museo Nacional Centro Reina Sofía …). Forte de ces prêts exceptionnels, l’exposition met en lumière toute la richesse et la singularité de celui qui se nommait lui-même le « rebelle » du surréalisme.


Communiqué du Centre Pompidou-Metz (extrait) :

Engagé et sensible aux bouleversements de son siècle, qu’ils soient historiques ou intellectuels, André Masson (1896-1987) est l’un des plus grands peintres du XXe siècle. Sa présence non doctrinaire parmi les surréalistes, l’invention du dessin automatique et des tableaux de sable, ses complicités fructueuses avec les artistes et penseurs de son temps, l’influence de ses dessins et de ses toiles sur les débuts de l’expressionnisme abstrait américain, forment la part la plus connue d’une œuvre qui reste encore à lire dans la puissance de sa globalité.

Peintre expérimentateur de techniques nouvelles et dessinateur hors-pair, Masson fut aussi sculpteur, créateur de décors de théâtre et d’opéra, critique d’art, lecteur insatiable à la culture encyclopédique, féru de mythologie et de philosophie occidentale et extrême-orientale, poète et écrivain remarquable. Esprit libre et révolté, son œuvre est traversé par la conviction profonde que « la seule justification d’une œuvre d’art […] est de contribuer à l’élargissement de l’être humain, à la transmutation de toutes les valeurs, à la dénonciation de l’hypocrisie sociale, morale et religieuse et par conséquent à la dénonciation de la classe dominante, responsable de la guerre impérialiste et de la régression fasciste ».


Dans Le Monde, Philippe Dagen parle ainsi de ces "œuvres politiques" : « La différence se voit jusque dans les œuvres politiques. Masson, qui doit fuir l’Espagne où il vivait avec les siens au moment du putsch franquiste de 1936, dessine alors les satires les plus terribles du militarisme fasciste et du cléricalisme haineux qui écrasent la république. Sur le papier, il excelle dans le sacrilège et l’insulte. Le Thé chez Franco (1938), Un carliste en 1936 (1936), avec la croix gammée à la place des poumons, ou le prêtre brandissant son crucifix au-dessus d’une scène de carnage de Tuez les pauvres (1937) : ce Masson en rage est irrésistible. Celui qui peint En revenant de l’exécution (1937) l’est moins, car il en fait trop. »

C'est pourtant ce tableau, où Masson en "fait trop" que nous avons choisi en tête de cette publication.



Simultanément, les éditions L'Atelier contemporain font paraître dans un recueil de poche, avec une préface de Michel Surya, les douze textes critiques que Bernard Noël a consacrés à André Masson, entre 1985 et 2010, rassemblés sous le titre Là, il y aura oracle.


Présentation : Bernard Noël considère Masson comme « un peintre majeur du XXe siècle » et « l’un des très grands dessinateurs de notre temps ». Grièvement blessé lors de la Grande Guerre, l’artiste crée dans une urgence vitale pour exprimer son tumulte intime. Bernard Noël compare le geste automatique d’André Masson à un « sismographe de pulsions internes ». Mais cette spontanéité a la particularité d’être nourrie d’une intense recherche intellectuelle. Le peintre entretient ainsi en lui « un court-circuit constant entre la culture avec ses éclaircies et l’animalité profonde avec ses pulsions obscures. Son graphisme est en quelque sorte l’éclair électrique – la décharge – résultant de ces commotions entretenues et provoquées. » C’est ce que Noël appelle « la main-cerveau » de Masson ; elle combine corps organique et corps culturel en réussissant à « rétablir l’origine de la pensée dans la chair », une démarche qui le touche car elle rejoint la sienne en tant qu’écrivain. Son admiration pour l’artiste s’augmente de ce qu’il fut l’ami de Georges Bataille qui lui est cher. Il consacre d’ailleurs un texte au lien entre ces deux êtres excessifs qui voulaient chacun franchir les limites de leur art en engageant « tout ce qu’ils savent vers ce qu’ils ne savent pas ». Étonnamment, Bernard Noël n’a jamais rencontré André Masson mais par le travail verbal, il parvient à capter son énergie à la fois tellurique et pensive, si bien que Guite et Diego Masson lui écrivent, à propos de l’un de ses textes : « Vous nous faites retrouver l’homme avec une réalité fulgurante. »


  • Bernard Noël, Là, il y aura oracle. Pour André Masson, L'Atelier contemporain, 256 pages, 9,50 €. Pour commander l'ouvrage : ICI.

Chaque samedi sur les humanités journal-lucioles : un hebdocultures.

Entièrement gratuit et sans publicité, édité par une association, le site des humanités entend pourtant fureter, révéler, défricher, offrir à ses lectrices et lecteurs une information buissonnière, hors des sentiers battus. Mais ça ne va pas de soi : abonnements de soutien (5 € par mois ou 60 € par an), ou dons, essentiels à la poursuite de cette aventure éditoriale :  ICI

223 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page