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Belfort, caserne de l'Espérance : 30 ans de danse

Photo Viadanse


Trente ans de danse contemporaine à la Caserne Espérance : du 13 au 18 mai, le Centre chorégraphique national de Bourgogne-Franche-Comté à Belfort, aujourd’hui Viadanse, célèbre l’anniversaire de son installation dans ce lieu emblématique. Héritier d’une histoire pionnière initiée par Odile Duboc, le CCN rend hommage à ses trois directions artistiques successives à travers une semaine de festivités, de recréations et de partage.


Du 13 au 17 mai, le Centre chorégraphique national de Bourgogne-Franche-Comté à Belfort, baptisé Viadanse par ses actuels co-directeurs, Héla Fattoumi et Eric Lamoureux, danse ses 30 bougies. Un peu plus, en fait : le Centre chorégraphique national de Belfort, confié à Odile Duboc, a été créé en 1990, sans avoir de lieu attitré : les répétitions et spectacles se déroulaient dans des salles polyvalentes, des théâtres municipaux ou d’autres espaces culturels disponibles à Belfort. A L'époque, cette situation était loin d'être exceptionnelle : aucun Centre chorégraphique national ne disposait alors d'un outil adapté. Deux avant l'inauguration de l'espace des Ursulines (dans un ancien couvent) à Montpellier, Belfort a inauguré la voie, avec la rénovation d'une ancienne caserne militaire, rachetée par la ville de Belfort en 1984, qui fut entièrement réhabilité par l’architecte Bernard Reichen.


Offrant enfin un écrin à la danse contemporaine, la Caserne Espérance inaugura sa nouvelle vocation chorégraphique en 1995. C'est cette date-anniversaire que fête aujourd'hui l'actuelle direction de Viadanse. « Nous avons toujours vécu les CCN comme des lieux de partage, de brassage, et qui nous offrent la possibilité, la puissance, d’une certaine façon, le pouvoir, de pouvoir inviter les autres. Avoir des  lieux dédiés à la danse, c’est unique en son genre à travers le monde, c’est une exception française, dans ce qu’elle a de plus lumineux. Alors que nous venons de célébrer les 40 ans des CCN, il important de le souligner. Ce sont des institutions qu’il faut absolument toujours ré-interroger, mais qu’il faut absolument préserver, parce qu’ils permettent cette possibilité de faire avec les autres, avec nos paires, avec les autres générations, et d’être au cœur de la création chorégraphique, qu’elle soit nationale ou internationale », dit Héla Fattoumi dans un entretien avec Yaël Hirsch pour le magazine en ligne Cult News (ICI). « Prendre la responsabilité de la direction d’un label national, c’est embarquer avec soi les autres, et non pas être au centre du centre. La pensée archipélique [référence à Edouard Glissant] nous aide beaucoup. (...) La création chorégraphique est un travail de groupe, c’est un collectif où tous les jours, on met tout au vote, c’est une façon, c’est des dynamiques de relations qui font qu’à un moment, on atterrit sur des formes visibles, qu’on atterrit sur des choses qu’on partage avec le public. »


Trois boléros, chorégraphie d'Odile Duboc, créée en 1996 (photo Christiane Robin),

sera remontée par les étudiants du Conservatoire National Supérieur de Paris.


Du 13 au 18 mai : transmission et partage


Du 13 au 18 mai, "La Caserne Danse" met à l’honneur la mémoire, la transmission et l’avenir de la danse contemporaine, en rendant hommage aux trois directions artistiques qui ont marqué l’histoire du lieu : Odile Duboc, Joanne Leighton, puis le duo actuel Héla Fattoumi et Éric Lamoureux. Le cœur du projet consiste à remonter trois pièces emblématiques, chacune représentative d’une direction artistique du CCN  : Trois boléros, d’Odile Duboc, qui sera interprété par les étudiants du Conservatoire National Supérieur de Paris ; Songlines, de Joanne Leighton, par le Conservatoire National Supérieur de Lyon ; et ZAK, de Héla Fattoumi et Éric Lamoureux, par le Junior Ballet de Genève. Ce choix d’associer chaque œuvre à une jeune génération de danseurs professionnels incarne la volonté de relier l’histoire du CCN à son futur, en transmettant la mémoire chorégraphique à de nouveaux interprètes et en ouvrant la scène à la diversité des talents émergents.


La célébration s’inscrit dans une dynamique transfrontalière, avec des représentations à Belfort et à Delémont (Suisse), et mobilise des partenaires prestigieux comme les conservatoires supérieurs et le Junior Ballet de Genève. Autour de ces soirées hommage, le programme s’enrichit de nombreux temps forts : Tout-Moun, création 2023 de Fattoumi/Lamoureux, ouvre la semaine à la Maison du Peuple de Belfort, ce 13 mai. En même temps qu'ateliers-rencontres et restitutions de projets participatifs réunissent étudiants, amateurs et artistes dans différents lieux de la ville, grande journée festive invite le 17 mai, associations, écoles et publics à investir l’espace public avec des propositions variées, mêlant amateurs et professionnels sur un parcours chorégraphique urbain. La semaine se terminera enfin par un Bal Pernette, animé par la chorégraphe Nathalie Pernette et ses complices : un bal "festif et inclusif", qui traverse différents styles en invitant tous les publics à danser...



En complément...

Ci-dessous, un reportage en trois parties, réalisé par Aline Bilinski, David Martin, D. Martin, Thomas Hardy et Mathieu Hullar pour France 3 Bourgogne-Franche-Comté. On ne peut exiger l'exhaustivité d'un tel documentaire. Un bémol, toutefois : si l'histoire narrée met justement en valeur Odile Duboc (en oubliant un peu l'éclairagiste Françoise Michel, à ses côtés), première directrice du Centre chorégraphie, et Johanne Leighton, qui lui a succédé ; le rôle du politique dans l'histoire est curieusement passé sous silence. Or, les actuels locaux du Centre chorégraphique à Belfort n'auraient peut-être jamais vu le jour sans la détermination de Jean-Pierre Chevènement, maire de la ville de 1983 à 1997 (puis de 2001 à 2007), dont on garde en mémoire la présence et l'émotion lors des funérailles d'Odile Duboc, en avril 2010n au Père Lachaise. A l'heure où la culture ne fait plus guère partie du débat politique, et où certains élus, de droite (Région Pays-de-Loire) comme de gauche (département de l'Hérault) se montrent enclins à sabrer les budgets, il n'eut peut-être pas été vain de rappeler un tel engagement.





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