La journaliste et romancière américaine est décédée chez elle, à Manhattan, à 87 ans, ce 23 décembre 2021.
Figure de proue du Nouveau journalisme, Joan Didion est décédée ce jeudi 23 décembre à 87 ans, à Manhattan, des suites de la maladie de Parkinson, vient d’annoncer le New York Times.
Dès la fin des années 1960, elle avait posé le diagnostic d’un pays qui se disloque, à genoux socialement, tournant à vide. Sans dramatiser, en alignant les faits. Et toujours avec ce don d’écriture, très en prise avec le réel et en surplomb. Sur le moment, Joan Didion n’a pas été comprise, ni bien lue. Elle le raconte dans la préface de Slouching towards Bethlehem (paru là-bas en 1968), le livre, un recueil de reportages, qui l’a fait connaître, et dont certains articles se retrouvent, en français, dans L’Amérique (Grasset, 2009).
En 2007, L’année de la pensée magique, l’a consacrée, à 70 ans, comme l’une des figures majeures de la littérature américaine.
En septembre dernier, Dominique Lebel écrivait, sur Diacritik : « D’abord installée sur la côte Ouest, puis à New York, Didion dépeint, texte après texte, une Amérique qui se cherche. Ses écrits peuvent se lire comme une longue description du déclin des États-Unis, une dérive morale qui n’est jamais à bout de ses propres contradictions. Elle a débuté à Vogue, où elle a travaillé huit ans et acquis une expérience du métier qui allait lui servir toute sa vie. Son travail d’écriture, qui s’étend maintenant sur plus de 60 ans, est celui d’une intellectuelle qui, à la manière d’un sismologue, observe au plus près les remous qui traversent la société américaine. Dans les pages des plus prestigieux médias, comme Life, le New York Review of Books ou le New Yorker, elle aura marqué des générations de lecteurs par l’intelligence et la sensibilité de ses exposés sur le monde en train de se faire, de se défaire, de se refaire…
Dans l’esprit du Nouveau Journalisme de Tom Wolfe, Joan Didion fait ce qu’on appelle du journalisme littéraire. Un genre hybride où s’entremêlent l’enquête de terrain et le récit plus personnel ; une lecture à chaud des événements et l’analyse dans la durée ; une façon d’écrire où l’actualité et l’histoire se superposent constamment et où une grande place est accordée au récit d’individus exceptionnels, parce que comme tout le monde. »
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