13 décembre : mieux vaut en rire ! (ceci n'est pas une fake news)
- Jean-Marc Adolphe

- il y a 23 heures
- 7 min de lecture

L'ambiance est morose ? Pour s'enjailler, galéjadons un peu ! Nouvel exercice de style au menu de nos éphémérides du jour : partant d'une vraie nouvelle, qui pourrait désoler, on l'attire sans crier gare du côté de la moquerie. Précision utile : selon un avis officiel de l'Office Mondial de la Santé, le rire peut être contagieux, mais il n'est pas nocif...
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L'IMAGE DU JOUR
En tête de publication. Nouvelle salve de photos d’Epstein, avec Trump, Clinton et Andrew en vedette, exposés par les démocrates au Congrès US comme on accroche des trophées gênants dans un couloir trop éclairé. On parle de 19 clichés dévoilés sur un stock de 95 000, soigneusement choisis et balancés en ligne sans légende, comme pour dire au public : « débrouillez‑vous avec vos fantasmes, nous, on fournit juste les images ».
Les démocrates jurent qu’il ne s’agit pas de voyeurisme, mais d’un combat pour la vérité et la justice des survivantes, tout en programmant déjà les salves suivantes « dans les jours et semaines à venir », histoire que l’indignation ait le temps de s’installer dans les sondages. Trump, lui, balaie tout d’un revers de main : il n’a « pas vu les photos », assure que ce n’est « pas grand‑chose » et rappelle qu’Epstein avait « des photos avec tout le monde », comme si l’argument de la mondanité dissolvait magiquement les questions dérangeantes.
Pendant que les démocrates promettent de « mettre fin au cover‑up de la Maison-Blanche » et d’arracher au département de la Justice tous les dossiers encore sous scellés, les républicains dénoncent une opération de com’ à base de vignettes sulfureuses, recyclant les mêmes images déjà partiellement connues. Dans ce théâtre de transparence sélective, les puissants se retrouvent côte à côte dans l’album souvenir d’un prédateur mort en prison, sans que cela ne dise encore précisément qui savait quoi, quand, ni surtout ce qui sera fait, concrètement, pour les victimes.
LES CITATIONS DU JOUR

« Jamais jamais je ne pourrai dormir tranquille aussi longtemps / que d’autres n’auront pas le sommeil et l’abri / ni jamais vivre de bon cœur tant qu’il faudra que d’autres / meurent qui ne / savent pas pourquoi / J’ai mal au cœur mal à la terre mal au présent / Le poète n’est pas celui qui dit Je n’y suis pour personne / Le poète dit J’y suis pour tout le monde / Ne frappez pas avant d’entrer / Vous êtes déjà là / Qui vous frappe me frappe / J’en vois de toutes les couleurs » (Claude Roy, "Les Circonstances", Poésies, Gallimard, 1970)
Ci-contre : Claude Roy, Paris, 1986. Photo Marc Riboud.
Mépris pour l’ordre bourgeois et recherche d’action radicale galvanisent le poète, essayiste, romancier, critique, journaliste et traducteur de poésie chinoise Claude Roy, mort il y a tout juste 28 ans, le 13 décembre1997. Né en 1915, sa trajectoire le lie d’amitié avec François Mitterrand, Brasillach puis plus tard, les écrivains Gide, Giraudoux, Eluard et Aragon—lorsqu’il se sera éloigné de l’Action française et rejoint la Résistance. Voyageur intrépide observant les drames mondiaux, possesseur d’une grande culture et d’une curiosité vorace, ses origines franco-espagnoles lui confèrent un statut universel. Images et émotions forment le pilier de sa poésie dans la grande tradition française de l’humanisme. Il a reçu en 1985 le premier Goncourt de poésie de l’Académie Goncourt.

Mort il y a 81 ans, le 13 décembre 1944, né à Moscou en 1866 et naturalisé allemand, Wassily Kandinsky est l’une des figures fondatrices de l’art abstrait au début du XXe siècle. Formé au droit et à l’économie avant de se consacrer à la peinture, il s’installe à Munich, participe au mouvement du Blaue Reiter, puis enseigne au Bauhaus. Dans ses écrits théoriques, notamment Du spirituel dans l’art, il affirme que toute forme doit naître d’une “nécessité intérieure” et que la couleur agit comme une force psychique capable de “mettre l’âme en vibration”. Son œuvre, marquée par le passage du figuratif à des compositions de signes, de lignes et de taches colorées, fait de la peinture un langage autonome, porteur d’énergie musicale et spirituelle.
DE FIL EN AIGUILLE (LE MONDE EST LOCO, EST-CE QUE ÇA MOTIVE ?)
Lupanar.coop. Ceci n’est pas une fake news. Le Rassemblement national est particulièrement soucieux de la sauvegarde des petits commerces de proximité. Au nom de cette noble ambition, sans doute, Jean-Philippe Tanguy, député RN de la Somme, prépare une proposition de loi visant à réautoriser des maisons closes. Le RN pourrait même se rebaptiser RNS, comme Rassemblement national-socialiste : dans l’esprit de monsieur Tanguy, ces lupanars du 21 siècle pourraient être gérés par des structures « coopératives » ! Déjà qu’avec Bardella-Le Pen, ça va être le bordel ; là, des bordels, il y en aurait plein partout.
Soins infirmiers. Ceci n’est pas une fake news. En pleine crise hospitalière, l’État renonce à financer de nouvelles places dans les instituts de formation en soins infirmiers. Il paraît qu’on soigne déjà trop la vocation. Le ministère de la Santé promet toutefois un nouveau plan : « former moins pour former mieux ». Traduction : les soignants seront bientôt experts en miracle. Dans les hôpitaux, on espère au moins que la foi reste gratuite.
Fierté rurale. Ceci n’est pas une fake news. L’Élysée veut réconcilier la France des champs et celle des plateaux télé. Le gouvernement lance la première « Journée nationale de la fierté rurale ». Une idée simple : rappeler aux habitants qu’ils ont de la chance de vivre loin des métros, mais toujours près du distributeur automatique de votes. Pour célébrer l'affaire, un grand concours de tracteurs électriques est prévu sous le haut patronage de Bruno Le Maire, futur délégué à la Coordination des fièretés rurales : enfin une croissance qui pousse encore dans la terre. Avec ou sans pesticides ?
Vigiliance des canicules. Ceci n’est pas une fake news. Le ministère de la Transition écologique annonce la création d’un « comité de vigilance des canicules ». Sa mission : observer la température grimper, puis rédiger des communiqués tièdes. D’après le Premier ministre, c’est un grand pas vers l’adaptation : puisqu’on ne refroidira pas la planète, autant chauffer les communiqués.
Vidéobienveillance. Ceci n’est pas une fake news. Gérald Darmanin veut instaurer la « vidéoprotection affective », un dispositif de caméras bienveillantes censé « resserrer le lien entre citoyens et forces de l’ordre ». Les images circuleront librement — sauf, bien sûr, quand elles montrent des policiers. L’idée est simple : la confiance, c’est beau, surtout quand c’est surveillé.

Valeur ajoutée festive. Ceci n’est pas une fake news. Malgré la chute du prix du cacao, le chocolat reste hors de prix avant Noël. Miracle de la « valeur ajoutée festive ». Les industriels expliquent que le coût émotionnel du plaisir, lui, ne baisse jamais. Selon un expert du secteur, « les Français achètent désormais du pourcentage de cacao comme autrefois on achetait du carat ». On ne se sucre plus avec du sucre, mais avec du storytelling.
Victor Hugo en stream. Ceci n’est pas une fake news. Netflix prépare une série sur la vie de Victor Hugo. Un Hugo jeune, bodybuildé, en perfecto, qui déclame Les Misérables depuis une trottinette électrique. Produit par un studio américain, le programme promet un « regard inclusif » sur le XIXᵉ siècle : Cosette y devient influenceuse écoféministe, et Javert travaille à la préfecture de police de Paris en 2025. La littérature française n’en est pas morte — elle stream.
Le selfie, tout un art. Le Louvre ouvrira prochainement une salle dédiée à l’art du selfie. Objectif : replacer la culture dans le champ contemporain et, surtout, à hauteur de bras. Les visiteurs pourront immortaliser leur reflet devant la Joconde grâce à des anneaux lumineux fournis par la boutique. Dans quelques années, on parlera du « Grand Siècle du narcissisme français ».
Touche humaine. Ceci n’est pas une fake news. Radio France expérimente des chroniques écrites par intelligence artificielle, « mais avec une touche humaine ». Les journalistes restants se disent ravis : ils auront enfin le temps de corriger les fautes de syntaxe des robots. D’ici 2027, les matinales pourraient être intégralement animées par des voix synthétiques. On n’entendra plus la différence — sauf peut-être dans les moments d’émotion, mais il y en a de moins en moins.
Calibri, trop woke. Ceci n’est pas une fake news. L’administration Trump a décidé de protéger l’Amérique d’une menace silencieuse : la police de caractère Calibri. Trop « woke », trop inclusive, trop lisible pour les malvoyants et les dyslexiques, elle est priée de sortir des documents officiels au profit d’un retour triomphal de Times New Roman, empattements compris. Dans la croisade culturelle, chaque détail compte : après les programmes de diversité, on abroge la typographie accessible. Demain, on expliquera que les empattements défendent la civilisation occidentale. Et qu’entre deux atteintes à l’État de droit, on aura au moins sauvé la dignité de la mise en page.
Le casino des Nations Unies. Ceci n’est pas une fake news. Les États-Unis ont proposé de transférer le siège de l’ONU à Las Vegas. Motif : « plus pratique pour négocier et parier en même temps ». Le Pentagone soutient le projet à condition que les conférences sur le désarmement se tiennent dans le hall du Caesar Palace. António Guterres, lui, a déclaré qu’il irait « jusqu’au bout du bluff diplomatique ».
X-Truth sur orbite. Ceci n’est pas une fake news. Donald Trump annonce un partenariat stratégique avec Elon Musk : la création d’un réseau social commun baptisé X-Truth. Objectif : « concentrer la liberté d’expression sur un seul serveur ». Le projet prévoit une intelligence artificielle chargée de vérifier la véracité des mensonges — mais seulement ceux des autres.





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