Playground : la danse comme terrain de liberté

Cour de récré, "performance surprise" et proposition chorégraphique de Bouziane Boutedja, sera présenté les 13 et 14 novembre

dans des cours d'écoles et de collèges, à La Courneuve et Paris, dans le cadre du festival Playground. Photo DR

Né de l’ambition des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, le festival Playground transforme l’Île-de-France en vaste terrain d’expérimentation artistique. Tout au long du mois de novembre, jeunes spectateur·rices et artistes s’y rencontrent pour explorer la danse sous toutes ses formes — du récit à l’abstraction, de la performance physique à l’installation immersive.

Volià un festival XXL, à destination des jeunes spectateur·rices (de la toute petite enfance à l’adolescence), qui se déploie tout le moins de novembre dans trente villes et une cinquantaine de lieux de toute l'Ile-de-France. Né en 2022 de l’ambition des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis de nourrir plus étroitement le dialogue avec la jeunesse d’aujourd’hui, Playground investit des salles de spectacle, mais aussi écoles, collèges et lycées, avec des ateliers du regard – pour préparer au spectacle – et des bords plateau – pour favoriser l’échange après la représentation.

Ici, le public n’est plus simple spectateur, il est convié à une expérience immersive où la frontière entre l’artiste, le passant et l’espace public s’efface. L’identité de Playground se forge autour de la création émergente. Soutenant les jeunes chorégraphes, le festival privilégie la prise de risque et l’inattendu. On y découvre des performances audacieuses et des projets inédits, souvent portés par des artistes internationaux et par une nouvelle génération qui souhaite réinventer les codes traditionnels de la scène. La diversité y est revendiquée, tout comme le décloisonnement des disciplines, avec des créations mêlant danse, arts plastiques, installation sonore et vidéo.

« Playground est une réponse collective à une double demande : celle du territoire et celle des artistes qui investissent de plus en plus la création jeunesse en danse », commente Frédérique Latu, directrice des Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis, dans un entretien avec Agnès Izrine pour dansercanalhistorique (ICI), où elle donne quelques pistes pour suivre un parcours particulièrement copieux. « Ce qui frappe, c’est la pluralité des langages », indique-t-elle. « Certains projets sont narratifs, d’autres abstraits, certains très frontaux, d’autres immersifs. Nous retrouvons des écritures très physiques, comme chez Raphaëlle Boitel ou Thomas Chopin, des approches plus conceptuelles comme Echos en couleurs de Youness Aboulakoul, ou des formes hybrides comme Les Songes d’Angèle de Clédat & Petitpierre, qui réactivent des figures surréalistes surgies d’un tableau de Max Ernst, dans des dialogues chantés et chorégraphiés. La danse devient ici un outil de relation, de transmission, de transformation. Elle permet d’aborder des sujets complexes — justice sociale, mémoire, corps discriminés — avec des niveaux de lecture multiples ».

Et enfin : « L’art n’est pas la cerise sur le gâteau. C’est un espace de liberté, de construction, de réappropriation. Les spectacles abordent des sujets cruciaux : justice sociale, justice climatique, discriminations, corps dans l’espace public, mémoire décoloniale… Playground affirme que les enfants et les jeunes ont droit à des œuvres exigeantes, à des récits qui les concernent, à des espaces où ils peuvent penser, rêver, revendiquer. C’est une contribution humble, mais essentielle ». On ne saurait mieux dire.

• Festival Playground, en Ile-de-France, du 4 au 30 novembre 2025. Tout le programme ICI

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