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Post-urbain : l’heure des alternatives


Post-apocalyptic City © Chan Kai Hong


Comment cultiver la vie hors des grandes villes ? A Nedde, en Haute-Vienne, se tiennent du 1er au 3 octobre les premiers États Généraux du Post-urbain.


Les grandes villes sont-elles encore attractives ? Selon La Gazette des communes, « opportunistes ou prévues de longue date, les stratégies menées par les petites et moyennes villes pour tenter d’appâter les citadins lassés de la vie dans les métropoles ont reçu un vrai coup d’accélérateur dans le contexte de crise sanitaire ». Aux États-Unis, le Washington Post a même parlé de « grande migration improvisée » pour qualifier les mouvements de populations provoqués par le confinement de 2020 : « des millions de personnes se sont déplacées, une migration de masse qui semble urgente et temporaire mais qui pourrait contenir les graines d'un changement global dans le lieu et la façon dont les Américains vivent. »

Pas sûr que la désertion généralisée soit pour demain, mais un mouvement de fond est bel et bien enclenché. L’heure du « post-urbain » est-elle venue ? Ce mot nouveau, presque excessif (Il ne s’agit pas tant d’éradiquer l’urbain en soi, mais certaines de ses formes, celles des métropoles), est néanmoins utile pour imaginer une société écologique fondée sur trois valeurs, trois communs : le vivant, la coopération, l'autonomie.

Or, écrivent les auteurs les auteurs d’une tribune sur The Conversation, « la métropolisation a réduit l’autonomie de chacun·e au profit de comportements dont on peut interroger les vertus écologiques. Nous y avons troqué le vivant contre les commodités du mouvement incessant, du divertissement permanent ou encore des connexions continues. » De fait, la grande ville devient l'ultime lieu d'accumulation du capital pour peser dans la compétition urbaine planétaire ; cela implique une expansion urbaine incessante et l'accélération des flux et des rythmes de vie. Mais en marge des grandes villes, une multitude de résistances ordinaires ou d’«initiatives de l'alternative» construisent de nouveaux liens avec la terre, allant de la relocalisation de la production maraîchère à l'occupation de zones à défendre (ZAD).

Du 1er au 3 octobre à Nedde en Haute-Vienne, sur les contreforts du plateau de Millevaches, en plein cœur du Limousin aux limites de la Haute-Vienne, de la Corrèze et de la Creuse, les Premiers États Généraux du Post-urbain viendront fertiliser le travail conduit depuis 2019 par une trentaine d’organisations de l’alternative écologique et sociale : « Nous appelons à réunir et mutualiser toutes nos différences, altérités, histoires, expériences, à coopérer fertilement loin des grandes villes. » Il s’agira de donner du souffle et du corps à cette société écologique post-urbaine, de donner à voir et ressentir ce monde hors de la métropole, riche de cultures paysannes et vivantes, tenues éveillées par de multiples collectifs agissant pour bâtir un programme pluriannuel d’actions.

L’ancien château de Nedde, devenu VVF « Le Château sur la Vienne », attend plus de 160 personnes qui seront accueillies par l’équipe organisatrice, rassemblée autour de Guillaume Faburel (professeur de géographie quelque peu activiste, à l’université Lumière Lyon 2 et auteur des Métropoles barbares. Démondialiser la ville, désurbaniser la terre : prix de la Fondation d’Écologie politique en 2018).

Fanny Ehl, l’une des participantes à ces États Généraux du Post-urbain, a choisi de rejoindre Nedde depuis Paris en vélo (un Motobécane 1986, précise-t-elle). Doctorante à l’Université Lyon 2, elle prépare une thèse en géographie et design qui porte sur l’idée d’un «Survivalisme métropolitain», et est membre du Réseau des Territorialistes, qui « cherche à renseigner les expériences pratiques et la créativité sociale des habitants qui fondent une alternative à l’évolution métropolitaine. » (Lire ICI) : « Ce périple vise plus particulièrement à interroger les limites du possible dans la mutation des modes de vie urbains, en plaçant le corps au centre, moteur premier de toute action et sujet principal de cette démarche. (…) À travers cette expédition, il s’agira d’éprouver le caractère concret de la distance, de le confronter à l’effort physique et réel, à la lenteur qui s’oppose indéniablement aux modes de vie des urbain·e·s, à la forme sédentaire et assisté du vécu métropolitain. » Les Humanités tâcheront de rendre compte de sa « traversée pour se désurbaniser », avant de rejoindre les États Généraux du Post-urbain.


Isabelle Favre


États Généraux du Post-urbain, programme et inscriptions : https://www.post-urbain.org/


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