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Raoul Vaneigem, 90 printemps

Dernière mise à jour : 22 mars



Raoul Vaneigem en 1960. Photo DR


Situationniste avec Guy Debord, soixante-huitard avant et avec les soixante-huitards, Raoul Vaneigem reste un vivant insoumis et un insoumis du vivant. En ce 21 mars 2024, il a aujourd'hui 90 ans. 90 printemps. A nos lectrices et lecteurs-lucioles, les humanités offrent à cette occasion un bouquet de mots. Une chanson "historique" (interprétée par Fanchon Daemers) ; une inédite "Adresse aux libraires", pour déjouer la "censure par saturation" ; et deux textes anciennement jeunes (2005 et 2020) dont la vigueur manifeste reste éminemment printanière.


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"L'époque où nous tentons de vivre parmi les ruines

est celle d'une mutation dont les séismes ébranlent le monde entier :

la vieille civilisation n'en finit pas d'agoniser, l

a nouvelle tarde à éclore comme si elle redoutait sa propre audace"

Raoul Vaneigem, Retour à la base, éditions Cactus inébranlable, 2021. ICI


Il a "fait" mai 1968. Certes, il n'était pas tout seul. Dit autrement : il est l'auteur de mai 1968. Là aussi, c'est excessif. Il n'empêche : Son Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations, paru en 1967, a été l'un des puissants détonateurs du mouvement de mai 1968. Avec La vie s'écoule, la vie s'enfuit, il est aussi l'auteur d'une chanson qui fut alors sur toutes les lèvres insurgées du Quartier Latin. De 1961 à 1970, il fut aussi, avec Guy Debord -auteur en 1967 de la Société du spectacle- et quelques autres, l'un des principaux agitateurs-penseurs de l'Internationale Situationniste dont l'objectif, rappelons-le, était "l'accomplissement des promesses contenues dans le développement de l'appareil de production contemporain et la libération des conditions historiques par une réappropriation du réel, et ce, dans tous les domaines de la vie." S'il a démissionné en 1970 de l'Internationale Situationniste, Raoul Vaneigem n'a jamais abdiqué face à l'exigence d'un vivant insoumis. Avec son Dictionnaire des citations pour servir au divertissement et à l'intelligence du temps (1998), Nous qui désirons sans fin (Le Cherche-Midi,1996) est l'un des livres de chevet des humanités. Le chevet n'est pas fait pour dormir, mais pour veiller. Et les mots de Raoul Vaneigem aident à veiller aux présents, au présent passé,au présent présent et aux présents à venir.


On ne va pas ici égrener la biographie et la bibliographie (imposante) de Raoul Vaneigem : pour cela, il y a Wikipédia et moult autre source sur Internet. Né le 21 mars 1934 à Lessines (Belgique), Raoul Vaneigem a aujourd'hui 90 printemps. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Raoul Vaneigem est aujourd'hui un auteur censuré. Certes, il publie encore, et des éditeurs ont encore l'honneur de l'imprimer, mais en librairies, ses ouvrages sont quasiment introuvables : un effet de cette "censure par saturation" que dénonçait Bernard Noël, et qui motive une "adresse aux libraires", texte inédit que nous publions aujourd'hui, en sus de deux textes époustouflants que Raoul Vaneigem nous avait jadis confiés, en 2005 et 2020, avant les humanités.


Cher Raoul Vaneigem, pour vos 90 ans, sachez que, tant que vivant et même après, les humanités, modeste journal-lucioles (jugé incapable de pouvoir "éclairer le jugement des citoyens") vous offrira table d'hôte chaque fois que possible. Parce que oui, en dépit de tout ce que nous voyons et savons, nous désirons sans fin. Jean-Marc Adolphe


Pour un dépassement de la culture (2005)


Critiquer la culture ne consiste ni à brandir le revolver de Goebbels ni à oublier qu’elle est une idéologie, une pensée coupée de la vie, un élément essentiel de l’aliénation spectaculaire.


Ce qui est en cause n’est pas l’ensemble des modes d’expression, de coutumes, de comportements dans lesquelles une communauté se reconnaît, c’est l’usage qui en est fait.


Parmi les composantes économiques et sociales, les impératifs idéologiques et religieux, les interdits, les traditions comportementales, les détermination psychologiques qu’une culture propre au milieu où il se développe enracine chez l’enfant, nous savons bien que tout ne contribue pas à favoriser l’intelligence sensible, l’ouverture, la curiosité, la prééminence du vivant, sans lesquelles une éducation incite davantage à la prédation qu'à l’humanité.


Certes, il y a lieu de se réjouir de la spécificité des musiques, des danses, des cuisines, de l’artisanat, de l’art, de la littérature, de la langue, des formes de pensée, que pratiquent une région, une collectivité, un pays. En revanche, je ne vois pas pourquoi nous irions tolérer des comportements barbares qui, au nom du respect de la culture, perpétuent l’excision, la circoncision, le traitement de la femme comme un être impur ou inférieur, le mépris de la faune, de la flore, du paysage.


C’est un leurre que de prétendre sauvegarder la particularité d’une culture sans entreprendre de l’arracher à l’emprise du consommable, au spectacle, qui éviscère le meilleur pour en faire le pire.


Comment éviter à la richesse du patrimoine humain de se trouver engrangée dans le broyeur de l'affairisme mondial ? En la restituant aux enfants du monde entier en sorte qu’elle nourrisse leur créativité et pallie cette carence de l’imagination qui est une des plaies de notre époque.


La richesse de l’apprentissage tient essentiellement à l’exercice de la créativité individuelle, à la façon d’user du matériau dont chaque collectivité hérite de génération en génération, un matériau brut qu’il s’agit d’ordonner, de trier et d’affiner afin d’en tirer un usage profitable au bonheur de tous.


Tant que l’enseignement du vivant ne se l’appropria pas, la culture restera le musée des idées mortes, un savoir mécanique, collé sur du vivant, l’inversion de la vie, le reflet d’une existence vidée de sa substance et de son sens humain.


"C’est un leurre que de prétendre sauvegarder la particularité d’une culture sans entreprendre de l’arracher à l’emprise du consommable, au spectacle, qui éviscère le meilleur pour en faire le pire."

La culture n’est pas la tolérance de l’intolérable. Elle est un chantier planétaire où les connaissances soient dispensées gratuitement, mises à la disposition de tous. Que chacun y puise, en toute curiosité et en toute liberté !


Elle n’a été jusqu’à présent qu’une carapace dont se trouve captive une créativité, réduite à une activité artistique spécialisée. Pendant des siècles, le discrédit dont l’économie accablait l’artiste l’avait incité à revendiquer sa puissance créatrice et à l’opposer au despotisme de la rentabilité comme la seule valeur dont puissent s'honorer un individu et une société.


L’économie a marginalisé l’art et l'a exclu de sa rationalité lucrative jusqu’à la vogue du consumérisme, qui en a fait un produit soumis aux lois du marché, au mode déterminé par le cycle de l’offre et de la demande.


La transformation graduelle des artistes en producteurs d’œuvres mercantiles a suscité un mouvement contradictoire qui a remis en lumière cette faculté créatrice, dont personne n’est dénué. Tandis que nombre d’acteurs culturels se renient en tant que créateurs pour obéir aux impératifs du spectacle et s'y tailler une renommée éphémère, l'idée d’un dépassement de l’art, avancée par Dada, fait son chemin. 


Beaucoup prennent timidement conscience de leur capacité de créer et de se créer, ils découvrent, en dehors et à l’encontre du marché, que la seule valeur sûre et non sujette à cotation est leur propre vie. C’est elle qu’il s’agit d’embellir en lui offrant un environnement favorable.


S’identifier à ce que l’on a en soi de plus humain dispense de cette identification culturelle qui est, avec l’identification à une religion, à une idéologie, à une nationalité, une des impostures de l’émancipation. Il faut le répéter sans trêve : s'identifier à ce que l’on a de plus vivant dispense de toute identification. Tel est l’acte créateur, capable de puiser dans la diversité des composantes ethniques et familiales, dont sont bâties les cultures, ce qui sert au bonheur de chacun et de tous.


la base d’un tel projet, c’est l’enseignement. Le premier devoir d’un régime démocratique devrait être de consacrer la part la plus importante de son revenu global à l’enseignement. Je ne conçois pas que la défense des valeurs culturelle ne se donne pas pour objectif prioritaire d’en finir avec la privatisation de l’enseignement ; avec les restrictions budgétaires qui l'apparentent à un élevage concentrationnaire de bovins ; avec l’avènement d’une mentalité formatée par l’ordinateur, avec l’orientation clientéliste d’un enseignement mené comme une campagne promotionnelle de supermarché ; avec les programmes assujettis à la demande mercantile de patrons et de financiers qui se moquent d’Aristote, de Villon et de Shakespeare mais n’hésiteraient pas à en prescrire l’étude, pourvu qu’ils fussent côté en bourse ; avec ceux qui tirent une plus-value de la crétinisation systématisée et transforment les écoles et les universités en succursale du marché mondial.


Comment parler de la sauvegarde du patrimoine culturel sans exiger plus d’écoles et d'enseignants qualifiés, plus de classes et moins d’élèves par classe. L’enseignement n’est pas un secteur séparé de l’activité sociale. Il s’inscrit dans la vision plus large d’une éducation permanente où adultes, adolescents, enfants, et quiconque possède des connaissances et une expérience à faire partager se rencontrent, multipliant les zones de savoir et les points de coordination entre apprentissage social, familial et scolaire. Nous avons tous des aptitudes à transmettre, car, tous, nous sommes en proie à cette passion si universelle et si souvent encore corrompue en inquisition : la curiosité.


L’école a été jusqu’à présent un nid de prédateurs. Dès l’instant où elle deviendra un lieu d’individus libres, initiés par des individus libres à l’art de créer les conditions d'une liberté toujours plus grande, ne vous souciez pas du sort de la culture. Elle échappera à l’idéologie, au marché, au spectacle, elle sera partout dans la rue, dans la vie. Elle sera faite par tous et pour tous.


Raoul Vaneigem. Texte publié in Culture publique opus 4. "La culture en partage", co-édition (mouvement)SKITe /Sens & Tonka, 2005.



© John Dykstra, Penalty Box


Peuples du monde, encore un effort ! (avril 2020)


Le monde change de base.


Le choc du coronavirus n’a fait qu’exécuter le jugement que prononçait contre elle-même une économie totalitaire fondée sur l’exploitation de l’homme et de la nature.


Le vieux monde défaille et s’effondre. Le nouveau, consterné par l’amoncellement des ruines, n’ose les déblayer ; plus apeuré que résolu, il peine à retrouver l’audace de l’enfant qui apprend à marcher. Comme si avoir longtemps crié au désastre laissait le peuple sans voix.


Pourtant, celles et ceux qui ont échappé aux mortels tentacules de la marchandise sont debout parmi les décombres. Ils s’éveillent à la réalité d’une existence qui ne sera plus la même. Ils désirent s’affranchir du cauchemar que leur a asséné la dénaturation de la terre et de ses habitants.


N’est-ce pas la preuve que la vie est indestructible ? N’est-ce pas sur cette évidence que se brisent dans le même ressac les mensonges d’en haut et les dénonciations d’en bas ?


La lutte pour le vivant n’a que faire de justifications. Revendiquer la souveraineté de la vie est en mesure d’anéantir l’empire de la marchandise, dont les institutions sont mondialement ébranlées.


Jusqu’à ce jour, nous ne nous sommes battus que pour survivre. Nous sommes restés confinés dans une jungle sociale où régnait la loi du plus fort et du plus rusé. Allons-nous quitter l’emprisonnement auquel nous contraint l’épidémie de coronavirus pour réintégrer la danse macabre de la proie et du prédateur ? N’est-il pas manifeste pour toutes et tous que l’insurrection de la vie quotidienne, dont les gilets jaunes ont été en France le signe annonciateur, n’est rien d’autre que le dépassement de cette survie qu’une société de prédation n’a cessé de nous imposer quotidiennement et militairement ?


Ce dont nous ne voulons plus est le ferment de ce que nous voulons.


La vie est un phénomène naturel en ébullition expérimentale permanente. Elle n’est ni bonne ni mauvaise. Sa manne nous fait cadeau de la morille tout autant que de l’amanite phalloïde. Elle est en nous et dans l’univers comme une force aveugle. Mais elle a doté l’espèce humaine de la capacité de distinguer la morille de l’amanite, et un peu plus ! Elle nous a armés d’une conscience, elle nous a donné la capacité de nous créer en recréant le monde.

« La vie et son sens humain sont la poésie faite par un et par toutes et tous. Cette poésie-là a toujours brillé de son éclat dans les grands soulèvements de la liberté. »

Pour nous faire oublier cette extraordinaire faculté, il a fallu que pèse sur nous le poids d’une histoire qui débute avec les premières Cités-Etats et se termine – d’autant plus hâtivement que nous y mettrons la main – avec l’effritement de la mondialisation marchande.


La vie n’est pas une spéculation. Elle n’a que foutre des marques de respect, de vénération, de culte. Elle n’a d’autre sens que la conscience humaine, dont elle a doté notre espèce pour l’éclairer.

La vie et son sens humain sont la poésie faite par un et par toutes et tous. Cette poésie-là a toujours brillé de son éclat dans les grands soulèvements de la liberté. Nous ne voulons plus qu’elle soit, comme par le passé, un éclair éphémère. Nous voulons mettre en œuvre une insurrection permanente, à l’image du feu passionnel de la vie, qui s’apaise mais jamais ne s’éteint.


C’est du monde entier que s’improvise un chant des pistes. C’est là que notre volonté de vivre se forge en brisant les chaînes du pouvoir et de la prédation. Des chaînes que nous, femmes et hommes, nous avons forgées pour notre malheur.


Nous voici au cœur d’une mutation sociale, économique, politique et existentielle.  C’est le moment du "Hic Rhodus, hic salta, Ici est Rhodes, ici tu sautes". Ce n’est pas une injonction à reconquérir le monde dont nous avons été chassés. C’est  le souffle d’une vie que l’irrésistible élan  des peuples va rétablir dans ses droits absolus.


L’alliance avec la nature exige la fin de son exploitation lucrative


Nous n’avons pas assez pris conscience de la relation concomitante entre la violence exercée par l’économie à l’encontre de la nature qu’elle razzie, et la violence dont le patriarcat frappe les femmes depuis son instauration, il y a trois ou quatre mille ans avant l’ère dite chrétienne.


« La prédation recourt de longue date à la pratique du gant de velours. »

Avec le capitalisme vert-dollar, le pillage brutal des ressources terrestres tend à céder la place aux grandes manœuvres de la subornation. Au nom de la protection de la nature, c’est encore la nature qui est mise à prix. Ainsi en va-t-il dans les simulacres de l’amour lorsque le violeur se pomponne en séducteur pour mieux agripper sa proie. La prédation recourt de longue date à la pratique du gant de velours.


Nous sommes à l’heure où une nouvelle alliance avec la nature revêt une importance prioritaire. Il ne s’agit pas évidemment de retrouver – comment le pourrait-on ?-  la symbiose avec le milieu naturel dans laquelle évoluaient les civilisations de la cueillette avant   que vienne les supplanter une civilisation fondée sur le commerce,  l’agriculture intensive, la société patriarcale et le pouvoir  hiérarchisé.


Mais, on l’aura compris, il s’agit désormais de restaurer un milieu naturel où la vie soit possible, l’air respirable, l’eau potable, l’agriculture débarrassée de ses poisons, les libertés du commerce révoquées par la liberté du vivant, le patriarcat démembré, les hiérarchies abolies.


Les effets de la déshumanisation et des attaques menées systématiquement contre l’environnement n’ont pas eu besoin du coronavirus pour démontrer la toxicité de l’oppression marchande. En revanche, la gestion catastrophique du cataclysme a montré l’incapacité de l’État à faire preuve de la moindre efficacité en dehors de la seule fonction qu’il soit à même d’exercer : la répression, la militarisation des individus et des sociétés.


La lutte contre la dénaturation n’a que faire des promesses et des louables intentions rhétoriques, qu’elles soient soudoyées ou non par le marché des énergies renouvelables. Elle repose sur un projet pratique qui mise sur l’inventivité des individus et des collectivités. La permaculture renaturant les terres empoisonnées par le marché des pesticides n’est qu’un témoignage de la créativité d’un peuple qui a tout à gagner d’anéantir ce qui a conjuré sa perte. Il est temps de bannir ces élevages concentrationnaires où la maltraitance des animaux fut notamment cause de la peste porcine, de la grippe aviaire, de la vache rendue folle par cette folie de l’argent fétichisé que la raison économique va une fois de plus tenter de nous faire ingurgiter sinon digérer.


Ont-elles un sort si différent du nôtre ces bêtes de batteries qui sortent du confinement pour entrer dans l’abattoir ? Ne sommes-nous pas dans une société qui distribue des dividendes au parasitisme d’entreprise et laisse mourir hommes, femmes et enfants faute de moyens thérapeutiques ?  Une imparable logique économique allège ainsi les charges budgétaires, imputables au nombre croissant de vieilles et de vieux. Elle préconise une solution finale qui les condamne impunément à crever dans des maisons de retraites dénuées de moyens et d’aides-soignants. Il s’est trouvé à Nancy, en France, un haut responsable de la santé pour déclarer que l ‘épidémie n’est pas une raison valable pour ne pas supprimer plus de lits et de personnel hospitalier. Personne ne l’a chassé à grands coups de pieds aux fesses. Les assassins économiques suscitent moins d’émoi qu’un malade mental courant les rues en brandissant le couteau de l’illumination religieuse.     


« Je demande seulement que la générosité humaine rende impossible le retour de la raison marchande. (…) Le désespoir a changé de camp, il appartient au passé. Il nous reste la passion d’un présent à construire »

Je n’en appelle pas à la justice du peuple, je ne préconise pas de septembriser les pouacres du chiffre d’affaire. Je demande seulement que la générosité humaine rende impossible le retour de la raison marchande.


Tous les modes de gouvernement que nous avons connus ont fait faillite, délités par leur cruelle absurdité. C’est au peuple qu’il appartient de mettre en œuvre un projet de société qui restitue à l’humain, à l’animal, au végétal, au minéral une unité fondamentale.


Le mensonge qualifiant d’utopie un tel projet n’a pas résisté au choc de la réalité. L’histoire a frappé la civilisation marchande d’obsolescence et d’insanité. L’édification d’une civilisation humaine n’est pas seulement devenue possible, elle fraie l’unique voie qui, passionnément et désespérément rêvée par d’innombrables générations, s’ouvre sur la fin de nos cauchemars.


Car le désespoir a changé de camp, il appartient au passé. Il nous reste la passion d’un présent à construire. Nous allons prendre le temps d’abolir le time is money qui est le temps de la mort programmée.


La renaturation est un bouillon de cultures nouvelles où nous aurons à tâtonner entre confusion et innovations dans les domaines les plus divers. N’avons-nous pas accordé trop de crédit à une médecine mécaniste qui souvent traite  le corps comme un garagiste la voiture confiée à son entretien ? Comment ne pas se défier d’un expert qui vous répare pour vous renvoyer au travail ?


Si longtemps martelé par les impératifs productivistes, le dogme de l’anti-nature n’a-t-il pas contribué à exaspérer nos réactions émotionnelles, à propager panique et hystérie sécuritaire, en exacerbant en conséquence le conflit avec un virus que l’immunité de notre organisme aurait eu quelque chance d’amadouer ou de rendre moins agressif, si toutefois elle n’avait été mise à mal par un totalitarisme marchand, auquel rien d’inhumain n’est étranger ? 


On nous a bassinés à satiété avec les progrès de la technologie. Pour aboutir à quoi ? Les navettes célestes vers Mars et l’absence terrestre de lits et de respirateurs dans les hôpitaux.


Assurément, il y aura plus à s’émerveiller des découvertes d’une vie dont nous ignorons tout, ou presque. Qui en douterait ? Hormis les oligarques et leurs larbins, que la diarrhée mercantile vide de leur substance, et que nous allons confiner dans leurs latrines.


En finir avec la militarisation des corps, des mœurs, des mentalités


La répression est la dernière raison d’être de l’État. Lui-même la subit sous la pression des multinationales imposant leurs diktats à la terre et à la vie. La prévisible mise en cause des gouvernements répondra à la question :  le confinement eût-il été pertinent si les infrastructures médicales étaient demeurées performantes, au lieu de subir le délabrement que l’on sait, décrété par le devoir de  rentabilité.


« Les gouvernements vont tout tenter pour nous faire transiter du confinement à la niche.  Mais qui acceptera de passer docilement de l’austérité carcérale au confort de la servilité rafistolée ? »

En attendant - force est de le constater - la militarisation et la férocité sécuritaire n’ont fait que prendre le relais de la répression en cours dans le monde entier. L’Ordre démocratique ne pouvait souhaiter meilleur prétexte pour se prémunir contre la colère des peuples. L’emprisonnement chez soi, n’était-ce pas le but des dirigeants, inquiets de la lassitude qui menaçait leurs sections d’assaut de matraqueurs, d’éborgneurs, de tueurs salariés ? Belle répétition générale que cette tactique de la nasse employée contre des manifestants pacifiques, réclamant entre autres la réhabilitation des hôpitaux.


Au moins sommes-nous prévenus : les gouvernements vont tout tenter pour nous faire transiter du confinement à la niche.  Mais qui acceptera de passer docilement de l’austérité carcérale au confort de la servilité rafistolée ?


Il est probable que la rage de l’enfermé aura saisi l’occasion de dénoncer le système tyrannique et aberrant qui traite le coronavirus à la façon de ce terrorisme multicolore dont le marché de la peur fait ses choux gras.


La réflexion ne s’arrête pas là. Pensez à ces écoliers qui, dans le pays des Droits de l’Homme, ont été contraints de s’agenouiller devant la flicaille de l’État. Pensez à l’éducation même où l’autoritarisme professoral entrave depuis des siècles la curiosité spontanée de l’enfant et empêche la générosité du savoir de se propager librement. Pensez à quel point l’acharnement concurrentiel, la compétition, l’arrivisme du « pousse-toi de là que je m’y mette » nous ont confinés dans une caserne.


La servitude volontaire est une soldatesque qui marche au pas. Un pas à gauche, un pas à droite ? Quelle importance ? L’un et l’autre restent dans l’Ordre des choses.


Quiconque accepte qu’on lui aboie dessus, ou par en-dessous, n’a dès à présent qu’un avenir d’esclave.


SORTIR DU MONDE MORBIDE ET CLOS DE LA CIVILISATION MARCHANDE


La vie est un monde qui s’ouvre et elle est ouverture sur le monde. Certes, elle a souvent subi ce terrible phénomène d’inversion où l’amour se change en haine, où la passion de vivre se transforme en instinct de mort. Pendant des siècles, elle a été réduite en esclavage, colonisée par la fruste nécessité de travailler et de survivre à la façon d’une bête.


Cependant, on ne connaît pas d’exemple d’un enfermement, en cellules d’isolation, de millions de couples, de familles, de solitaires que la faillite des services sanitaires a convaincus d’accepter leur sort sinon docilement du moins avec une rage contenue.


Chacun se retrouve seul, confronté à une existence où il est tenté de démêler la part de travail servile et la part de désirs fous. L’ennui des plaisirs consommables est-il compatible avec l’exaltation des rêves que l’enfance a laissé cruellement inaccomplis ?


La dictature du profit a résolu de tout nous ôter à l’heure même où son impuissance s’étale mondialement et l’expose à un anéantissement possible.


L’absurde inhumanité qui nous ulcère depuis si longtemps a éclaté comme un abcès dans le confinement auquel a mené la politique d’assassinat lucratif, que pratiquent cyniquement les mafias financières.


« Les chaînes que nous avons forgées dans la peur et la culpabilité, ce n’est ni par la peur ni par la culpabilité que nous les briserons. C’est par la vie redécouverte et restaurée. »

La mort est la dernière indignité que l’être humain s’inflige. Non sous l’effet d’une malédiction, mais en raison de la dénaturation qui lui fut assignée.


Les chaînes que nous avons forgées dans la peur et la culpabilité, ce n’est ni par la peur ni par la culpabilité que nous les briserons. C’est par la vie redécouverte et restaurée. N’est-ce pas ce que démontre, en ces temps d’oppression extrême, l’invincible puissance de l’entraide et de la solidarité ?


Une éducation serinée pendant des millénaires nous a enseigné à réprimer nos émotions, à briser nos élans de vie. On a voulu à tous prix que la bête qui demeure en nous fasse l’ange.


Nos écoles sont des repaires d’hypocrites, de refoulés, de tortionnaires ratiocinants. Les derniers passionnés de savoir y pataugent avec le courage du désespoir. Allons-nous, en sortant de nos cellules carcérales, apprendre enfin à libérer la science du carcan de son utilité lucrative ? Allons-nous nous employer à affiner nos émotions, non à les réprimer ? A réhabiliter notre animalité, non à la dompter, comme nous domptons nos frères dits inférieurs ?


Je n’incite pas ici à la sempiternelle bonne volonté éthique et psychologique, je pointe du doigt le marché de la peur où le sécuritaire fait entendre son bruit de bottes. J’attire l’attention sur cette manipulation des émotions qui abrutit et crétinise les foules, je mets en garde contre la culpabilisation qui rôde en quête de boucs émissaires.

  

Haro sur les vieux, les chômeurs, les sans-papiers, les SDF, les étrangers, les gilets jaunes, les en-dehors ! C’est le mugissement de ces actionnaires du néant qui font boutique du coronavirus pour propager la peste émotionnelle. Les mercenaires de la mort ne font qu’obéir aux injonctions de la logique dominante.


Ce qui doit être éradiqué, c’est le système de déshumanisation mis en place et appliqué férocement par ceux qui le défendent par goût du pouvoir et de l’argent. Il y a longtemps que le capitalisme a été jugé et condamné. Nous croulons sous la pléthore de plaidoiries à charge. Cela suffit.


L’imagerie capitaliste identifiait son agonie à l’agonie du monde entier. Le spectre du coronavirus a été, sinon le résultat prémédité, du moins l’illustration exacte de son absurde maléfice. La cause est entendue. L’exploitation de l’homme par l’homme, dont le capitalisme est un avatar, est une expérience qui a mal tourné. Faisons en sorte que sa sinistre plaisanterie d’apprenti sorcier soit dévorée par un passé dont elle n’aurait jamais dû surgir.


Il n’y a que l’exubérance de la vie retrouvée qui puisse briser du même coup les menottes de la barbarie marchande et la carapace caractérielle qui estampille dans la chair vive de chacun la marque de économiquement correct.


LA DÉMOCRATIE AUTOGESTIONNAIRE ANNULE LA DÉMOCRATIE PARLEMENTAIRE


Il n’est plus question de tolérer que, juchés à tous les étages de leurs commissions nationales, européennes, atlantiques et mondiales, les responsables viennent nous jouer le rôle du coupable et du non-coupable. La bulle de l’économie, qu’ils ont enflée de dettes virtuelles et d’argent fictif, implose et crève sous nos yeux. L’économie est paralysée.


Avant même que le coronavirus révèle l’étendue du désastre, les « hautes  instances »  ont grippé et  arrêté la machine, plus sûrement que les grèves et les mouvements sociaux qui, si utilement contestataires qu’ils fussent, n’en demeurèrent pas moins peu efficaces.


« Nous ne voulons pas juger et condamner le système oppressif qui nous a condamnés à mort. Nous voulons l’anéantir. »

Assez de ces farces électorales et de ces diatribes de pacotille. Que ces élus, emmanchés par la finance, soient balayés tels des immondices et disparaissent de notre horizon comme a disparu en eux  la parcelle de vie qui leur prêtait figure humaine.


Nous ne voulons pas juger et condamner le système oppressif qui nous a condamnés à mort. Nous voulons l’anéantir.


Comment ne pas retomber dans ce monde qui s’effondre, en nous et devant nous, sans édifier une société avec l’humain qui demeure à la portée de nos mains, avec la solidarité individuelle et collective ? La conscience d’une économie gérée par le peuple et pour le peuple implique la liquidation des mécanismes de l’économie marchande.


Dans son dernier coup d’éclat, l’État ne s’est pas contenté de prendre les citoyens en otages et de les emprisonner. Sa non-assistance à personne en danger les tue par milliers.


L’État et ses commanditaires ont bousillé les services publics. Plus rien ne marche. Nous le savons en toute certitude : la seule chose qu’il réussit à faire fonctionner, c’est l’organisation criminelle du profit.


Ils ont mené leurs affaires au mépris du peuple, le résultat est déplorable. Au peuple de faire les siennes en achevant de ruiner les leurs.  A nous de tout faire repartir sur des voies nouvelles.


Plus la valeur d’échange l’emporte sur la valeur d’usage, plus s’impose le règne la marchandise. Plus nous accorderons la priorité à l’usage que nous souhaitons faire de notre vie et de notre environnement, plus la marchandise perdra de son mordant. La gratuité lui portera l’estocade.


L’autogestion marque la fin de l’État dont la pandémie a mis en lumière et la faillite, et la nocivité. Les protagonistes de la démocratie parlementaire sont les croque-morts d’une société déshumanisée pour cause de rentabilité.


On a vu en revanche le peuple, confronté aux carences des gouvernements, faire preuve d’une solidarité indéfectible et mettre en œuvre une véritable autodéfense sanitaire. N’est-ce pas là une expérience qui laisse augurer une extension des pratiques autogestionnaires ?


Rien n’est plus important que de nous préparer à prendre en charge les secteurs publics, jadis assumés par l’État, avant que la dictature du profit les envoie à la casse.


« Notre richesse, c’est notre volonté de vivre »

L’État et la rapacité de ses commanditaires ont tout mis à l’arrêt, tout paralysé, sauf l’enrichissement des riches. Ironie de l’histoire, la paupérisation est désormais la base d’une reconstruction générale de la société. Celui qui a affronté la mort, comment aurait-il peur de l’État et de sa flicaille ?


Notre richesse, c’est notre volonté de vivre.


Refuser de payer taxes et impôts a cessé d’appartenir au répertoire des incitations subversives. Comment seraient-elles en mesure de s’en acquitter, ces millions de personnes qui vont manquer de moyens de subsistance alors que l’argent, chiffré en milliards, continue d’être engloutis dans l’abîme des malversations financières et de la dette creusée par elles ? Ne l’oublions pas, c’est de la priorité accordée au profit que naissent et les pandémies et l’incapacité de les traiter. Allons-nous en rester à l’enseigne de la vache folle sans en tirer de leçon ? Allons-nous admettre enfin que le marché et ses gestionnaires sont le virus à éradiquer ?


Le temps n’est plus à l’indignation, aux lamentations, aux constats du désarroi intellectuel. J’insiste sur l’importance des décisions que les assemblées locales et fédérées prendront « par le peuple et pour le peuple » en matière d’alimentation, de logement, de transport, de santé, d’enseignement, de coopérative monétaire, d’amélioration de l’environnement humain, animal, végétal.


Allons de l’avant, même en tâtonnant. Mieux vaut errer en expérimentant que régresser et réitérer les erreurs du passé. L’autogestion  est en germe dans l’insurrection de la vie quotidienne. Souvenons-nous que ce qui a détruit et interrompu l’expérience des collectivités libertaires de la révolution espagnole, c’est l’imposture communiste.


Je ne demande à personne de m’approuver, et moins encore de me suivre. Je vais mon chemin. Libre à chacune et à chacun d’en faire autant. Le désir de vie est sans limite. Notre vraie patrie est partout où la liberté de vivre est menacée. Notre terre est une patrie sans frontière.


Raoul Vaneigem, 10 avril 2020.

(texte écrit pour le blog "Au jour d'après" sur Médiapart)




Illustration choisie par Raoul Vaneigem

 

Adresse aux libraires (mars 2024, inédit)


Au XVIIIe siècle, éditeurs, libraires, colporteurs se révélèrent assez épris de liberté pour assurer à la philosophie des Lumières une fulgurance qui allait, avec la Révolution française, bouleverser les mentalités et changer le monde.


La conscience des libertés naturelles ne s’éteint jamais. Comment ne pas le rappeler alors que chefs d’État, gouvernants, gestionnaires politiques, intellectuels, loin de dissimuler leur sottise et leur corruption s’en glorifient avec une ostentation qui fera date dans les annales des carences mentales du Pouvoir ?


J’ai toujours refusé les interviews, les débats publics, les prestations radiodiffusées ou télévisées. J’évitais ainsi le podium où l’on fait vite figure de maître à penser, de gourou, de tribun, de donneur de leçons. J’ai toujours accepté, en revanche, de répondre par écrit à des questions transmises par courrier informatique. Les progrès de la veulerie journalistique incitent désormais à refuser un tel accommodement. Mais, par ailleurs, il est devenu évident que le problème ne se pose plus, tant il y a de trouble et de confusion ménagés pour la parole qui dérange. Avouerais-je que cela m’agrée de ne pas exister pour ce monde que je veux bannir du mien ?


Ce n’est pas d’hier que le libraire est tenu d’encombrer sa vitrine d’ouvrages dont la nullité est commercialement promotionnée. Il est plus atterrant que les diverses formes de censure, qui étaient dans la logique de la société dominante, trouvent maintenant droit de cité dans cette frange sociale, prétendument progressiste où, pour assurer le bonheur du peuple, il ne s’agit que de changer de Pouvoir. Le refus des chefs, des délégués autoproclamés, des appareils politiques et syndicaux qui marque la rupture des nouvelles insurrections avec les impostures révolutionnaires du passé ne plaît guère aux experts en dictature du prolétariat.


Quoi de plus exaltant, en revanche que la persistance de ces insurrections des rues et des cœurs où sont joyeusement mis à mal censure, silence, hypocrisie, mensonge ?


Voici le moment où la parole et le livre se retrouvent, voici le lieu où la libre critique s’appuie sur l’inaltérable vérité de l’écrit. Mon Adresse aux libraires n’a que faire d’une défense et illustration de mes idées. Celles-ci n’en auront nul besoin, tant qu’il leur suffira « d’être là » à l’instar du sens humain qui partout s’éveille.

La librairie est un lieu et un cri de liberté.


En ces temps gémellaires de grâce et de disgrâce, j’en appelle, à une simple annonce de parution pour tous les livres, quelles que soient les opinions qu’ils défendent. La liberté a tous les droits, la tyrannie n’en a aucun.


Raoul Vaneigem


Dernières parutions

Du Traité de savoir-vivre à l’usage des jeunes générations à la nouvelle insurrection mondiale, Le Cherche-Midi éditeur, 304 pages, 18,90 €. Pour commander : ICI

A paraître :

Acratie et autogestion. Vers une société en rupture avec tous les modes de gouvernements oppressifs, éditions Acratie, 70 pages, 10 €. Voir ICI

en septembre 2024 : Abolir la prédation. Redevenir humain, aux éditions Grevis. https://editionsgrevis.com


UNE CHANSON CULTE (VIDÉ0)


La vie s'écoule, la vie s'enfuit. C'est une chanson (sur une musique de Francis Lemonier). Une chanson qui a une histoire. Elle a au moins 56 ans, pensez donc !


En mai 1968, elle se fredonnait anonyme. Écrite à l'Institut pédagogique national pendant le Mouvement des occupations de mai 1968, elle semblait ne pas avoir d'auteur. Elle était sur toutes les lèvres, n'appartenait à personne. Libertaire, déjà : "La vie s'écoule, la vie s'enfuit Les jours défilent au pas de l'ennui. Parti des rouges, parti des gris Nos révolutions sont trahies".

Lors de sa première édition vinylesque, en 1974, dans un LP de chants révolutionnaires édité par le producteur de cinéma anarchiste Jacques Le Glou avec des notules de Guy Debord, la pochette du disque indique que « c’est parmi les travailleurs de chez Ratgeb, à Linkebeek, dans la banlieue bruxelloise, entreprise bien connue pour la radicalité et la fermeté constantes de ses luttes quotidiennes, qu’a été composée la chanson. » Sauf que... cette usine Ratgeb, à Linkebeek, n'a jamais existé. Ratgeb, n’était pas le nom d’une usine au sud de Bruxelles mais le pseudonyme de l’époque de Vaneigem, d’après un peintre et révolutionnaire allemand des XVe et XVI e siècles : Jörg Ratgeb (littéralement "donneconseil") lié à la Révolte des Rustauds de 1525 et écartelé sur une place de marché l’année suivante.


Parmi plusieurs interprétations possibles de La vie s'écoule, la vie s'enfuit, les humanités ont choisi celle de Fanchon Daemers, qui plus est issue d'un film tourné en 2020 par le génial Boris Lehman, Fantômes du passé, (comment l'histoire est entrée en moi). (Sur Boris Lehman, voir l'excellent reportage de Tracks, sur Arte).


A partir de textes de Raoul Vaneigem, et d'autres auteurs, Fanchon Daemers a composé le récital "Terre Libre". Prochaines dates, en Belgique, le 22 mars 2024 au Centre Culturel René Magritte à Lessines (lieu de naissance de Raoul Vaneigem ; le 13 avril au Cabaret Fassotte à Trooz. Dates à Paris à venir.



Cette publication sur Raoul Vaneigem le prouve à nouveau : Les humanités ne contribuent en rien à "éclairer le jugement des citoyens". Tel fut le verdict de la Commission paritaire des publications et agences de presse, fermant ainsi la porte à de possibles aides publiques réservées aux médias en ligne. Pour continuer à obscurcir, les humanités ne peuvent donc compter que sur le bon vouloir de lectrices et lecteurs-lucioles. Abonnements de soutien (5 € par mois ou 60 € par an), ou dons, essentiels à la poursuite de cette aventure éditoriale :  ICI


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