Ukraine : des livres pour le front. Entretien avec Tetyana Ogarkova
- Jean-Marc Adolphe

- 17 juil.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 6 août

Tetyana Ogarkova en mars 2025 à Clermont-Ferrand, lors d'une journée spéciale dédiée à l'Ukraine.
Photo Sebastien Bonnetot / France 3 Auvergne Rhône Alpes.
Responsable de l'unité internationale de l’Ukraine Crisis Media Center, Tetyana Ogarkova nous avait accordé un entretien, le 24 février dernier. Tout juste de retour du front, où elle avait acheminé des livres avec son mari, président du PEN Ukraine, elle soulignait notamment la mobilisation de la société civile ukrainienne.
Journaliste et universitaire, responsable de l'unité internationale de l’Ukraine Crisis Media Center, Tetyana Ogarkova participait, le 15 juillet dernier à Avignon, à la Maison Jean Vilar, à la table ronde "L'identité ukrainienne à l'épreuve de la guerre : chronique d'une résistance quotidienne", dans le cadre de l'événement "Avignon avec l'Ukraine" organisé par l'association Pour l'Ukraine, pour leur liberté et la nôtre !
Le 24 février dernier, dans le cadre de la journée spéciale "Slava Oukraini" que nous avions consacrée à l'Ukraine (ICI), nous nous étions entretenus (en français) avec Tetyana Ogarkova, depuis Kyiv, mais pour des questions techniques, nous n'avions pu mettre en ligne cet entretien. Voilà qui est aujourd'hui chose faite.
Des livres dans la guerre
Ce jour-là, 24 février 2025, Tetyana Ogarkova revenait tout juste d'un festival littéraire à Mykolaïv puis de Kherson où avec son mari, le philosophe, écrivain et journaliste Volodymyr Yermolenko, président du PEN Ukraine, ils avaient notamment apporté des livres aux militaires déployés sur le front. Des livres dans la guerre ? Dans la région de Kherson, où beaucoup de bibliothèques ont été détruites, la mission consiste notamment à déposer des livres dans les abris anti-aériens où les gens se réfugient en cas d'attaque, notamment près des arrêts de bus. Mais les soldats qui sont sur le front sont eux aussi demandeurs : des livres d'histoire militaire, mais aussi le fiction, et souvent de poésie, indique Tetyana Ogarkova.
L'Ukraine Media Crisis Center
L’Ukraine Crisis Media Center, dont Tetyana Ogarkova es responsable du développement international, est une ONG créée début mars 2014, au lendemain de l'occupation de la Crimée par les troupes russes. Acteur clé dans la diffusion quotidienne de l’actualité, dans la lutte contre la désinformation et dans la mobilisation internationale en faveur de l'Ukraine, l’Ukraine Crisis Media Center publie des mises à jour régulières sur la situation politique, militaire et humanitaire de l’Ukraine, à destination du public ukrainien comme international, et organise des conférences de presse, des tables rondes et des événements visant à mieux faire comprendre les enjeux du conflit, en collaboration avec des ONG, des diplomates, des journalistes et des responsables ukrainiens et internationaux (https://uacrisis.org/fr/).
L'Ukraine Crisis Media Center produit également des contenus podcasts et multimédias sur la résistance civile et la vie en Ukraine en temps de guerre, dont une chaine YouTube en français : https://www.youtube.com/@ukraineenfrancais4018.
Auto-organisation et résilience de la population ukrainienne
Pour Tetyana Ogarkova, le sens de l'auto-organisation et de la mobilisation de la société civile ukrainienne puise ses racines dans les années 1990 avec ce que l'on a appelé la Révolution de granit : avant même la chute de l'Union soviétique, une série de manifestations étudiantes majeures sont organisées principalement à Kyiv, sur l'actuelle place de l'Indépendance (Maidan), du 2 au 17 octobre 1990. Il s'agit alors du premier mouvement social de grande ampleur en Ukraine ayant pour but de s’opposer au pouvoir soviétique et de réclamer des transformations démocratiques radicales. Les étudiants, acteurs centraux du mouvement, exigent des réformes politiques profondes et initient une grève de la faim installée sur les dalles de granit de la place centrale de Kyiv (d’où le nom du mouvement). Les manifestations de 2004 (contre la falsifictation des résultats de l'élection présidentielle), et évidemment la Révolution de la Dignité (ou Révolution de Maïdan) ont construit, pour Tetyana Ogarkova, une expérience positive de la manifestation et de l'action horizontale : « c'est ce qui nous permet de le moral aujourd'hui, alors que le contexte est très grave. Pendant les épreuves, il faut se souder, il faut être ensemble, quitte à sacrifier parfois des ambitions personnelles. Il y a aujourd'hui beaucoup de raisons de se désespérer, mais malgré cela, je constate qu'il n'y a pas de désespoir ».
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