20 décembre. Nous accusons : Donald Trump, criminel contre l'humanité
- Dominique Vernis
- il y a 2 jours
- 12 min de lecture

Photo Francisco Seco / AP
« Ce n’est pas une époque qui finit. C’est juste une main qui se retire de la margelle, et la corde du puits qui retombe dans le noir », aurait pu écrire John Steinbeck de la décision de stopper l’aide étrangère américaine. Avec des conséquences déjà terribles. Ainsi, "grâce" à Donald Trump, des petites filles de 12 ans sont aujourd'hui livrées à la prostitution... Le président amerloque rêvait d'un Prix Nobel de la Paix ? Ici, on espère qu'il sera un jour jugé pour crime contre l'humanité. En attendant le procès, on appelle aujourd'hui à la barre, comme témoins de moralité, les derviches d'Istanbul et l'écrivain turc Aziz Nesin, Denise Levertov et John Steinbeck, les frères Grimm et Jean-Luc Godard.
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L'IMAGE DU JOUR
En tête de publication : Des derviches tourneurs de l'ordre Mevlevi se produisent lors d'une cérémonie Sheb-i Arus à Kasimpasa Mevlevihane à Istanbul, en Turquie, le jeudi 11 décembre 2025, pour commémorer la mort de Jalaladdin Rumi, érudit islamique, poète et mystique soufi du XIIIe siècle (Photo Francisco Seco / AP. Photoreportage ICI).
Des silhouettes blanches tournent sur elles‑mêmes, jupes déployées en corolles, une main ouverte vers le ciel, l’autre tournée vers la terre. Les derviches tourneurs ne dansent pas pour le spectacle, même si le monde entier vient les photographier : ils rejouent, dans ce mouvement répétitif jusqu’à la transe, l’un des gestes les plus anciens du soufisme, ce courant mystique de l’islam qui cherche moins à énoncer la vérité qu’à s’y brûler.
Fondé autour de la figure de Jalâl ad‑Dîn Rûmî, le rituel mevlevi fait du corps un compas qui dessine le cercle de l’univers. Tout tourne : les planètes, le sang, les saisons. Le derviche se place au centre de ce tourbillon et, en tournant, essaie d’effacer son ego pour laisser passer quelque chose de plus vaste que lui. Le soufi ne nie pas la loi religieuse, mais il en explore l’intériorité : l’amour divin, la musique, la poésie deviennent des chemins vers le même point invisible.
Dans les salles de cérémonie d’Anatolie, sous les projecteurs et les objectifs, il reste ce silence particulier qui tombe après le dernier pas. C’est là que le soufisme se glisse encore, discret : dans l’instant où le corps s’arrête mais où la rotation continue, quelque part, à l’intérieur.
LES CITATIONS DU JOUR

(extrait d'un poème écrit en prison, en 1950 : "Nous sommes ensemble pour ce réveillon / Je suis heureux. / Nous ne sommes ni à table / ni avec des boissons, / Ni ne dansons. / Entre nous, des murs, / Des bruits de sifflet… / Mais nous sommes ensemble à ce réveillon. / Nous n’avons pas de verres à lever en l’honneur du nouvel an / Ta petite main que tu as abandonnée dans ma paume un soir de printemps / Non pas à l’honneur du nouvel an, / Mais pour l’amour du nouveau jour qui naîtra / Lève ton petit, / Ton joli poing.")
Écrivain, journaliste, chroniqueur, Aziz Nesin a fait de l’humour une arme de démolition massive contre l’absurdité du pouvoir et la lâcheté des conformistes. Né il y a tout juste 110 ans, le 20 décembre 1915, à Heybeliada, une des îles de Princes à Istanbul, il a traversé la Turquie du 20ᵉ siècle en poil‑à‑gratter permanent, entre journaux satiriques saisis, procès politiques et périodes de prison. Son écriture, à la fois populaire et acérée, donne voix aux « petites gens » que l’histoire officielle laisse dans l’ombre. Il y a chez lui une façon de montrer que la bêtise autoritaire ne tient que par la peur qu’on en a : une fois tournée en dérision, elle vacille, tremble, et parfois s’effondre. Mourir humoriste dans un pays qui supporte si mal la satire, c’est, au fond, rester vivant longtemps dans la mémoire des lecteurs.
A lire, en anglais, son autobiographie, Istanbul Boy, ICI

("Le jour languit après le soir", sur d-fiction.fr)
Denise Levertov s’est éteinte il y a 28 ans le 20 décembre 1997, laissant une œuvre qui relie la poésie lyrique à la protestation politique. Née en Angleterre, naturalisée américaine, elle traverse le siècle en accompagnant les luttes contre la guerre du Vietnam, pour les droits civiques, pour la justice sociale. Sa poésie ne déclame pas des slogans ; elle cherche plutôt la vibration intime où le monde extérieur – les bombes, les exils, les silences officiels – vient heurter une conscience. Vers libres, images précises, attention obstinée aux détails du quotidien : c’est là que se noue sa résistance. Dans ses textes, la foi, le doute, la colère et la tendresse coexistent, comme si aucun de ces registres ne devait annuler l’autre. À l’heure où tant de discours politiques se réduisent à des éléments de langage, Danise Levertov rappelle que la parole peut rester un lieu de scrupule, de nuance, et pourtant de prise de position nette.
En français : La Forme organique, traduction de Isabelle Py Balibar, Les Cahiers des Brisants, 1988 ; Un jour commence, traduction de Jean Joubert, Les Cahiers des Brisants, 1988 ; Poèmes, traduits de l'américain et présentés par Alain Bosquet, Actes sud, 1989.

Six ans après avoir reçu le prix Nobel de littérature, John Steinbeck est mort il y a 57 ans, le 20 décembre 1968. Fils de la Californie rurale, il a porté sur la page la poussière des routes migrantes, la faim, les fermes hypothéquées, et l’obstination têtue de ceux qui n’ont plus que la dignité en partage. Avec Les Raisins de la colère, il fait entrer la Grande Dépression dans la conscience universelle : des paysans chassés de leurs terres, alignés en colonnes de misère vers un Ouest mythique qui ne tient pas ses promesses. Steinbeck n’écrit pas pour édifier, mais pour rendre visible ; ses phrases mêlent un réalisme quasi documentaire à une compassion sans sentimentalisme. Les puissants y apparaissent d’autant plus grands que le système les protège, mais ce sont les vaincus qui restent dans la mémoire. En chroniquant les existences brisées par l’économie, il a montré que la littérature peut être un sismographe social : elle enregistre les secousses que les statistiques effacent.
INÉDIT Ce que John Steinbeck aurait pu écrire après la suppression par Donald Trump de l'aide humanitaire américaine.
« Il y avait d’abord les chiffres, froids comme les colonnes d’un bilan : milliards coupés, programmes « réalloués », personnels « mis en disponibilité ». Puis les camions ont cessé de venir, les dispensaires ont fermé un par un, et les panneaux USAID, qui avaient poussé comme des mauvaises herbes le long des routes de poussière, ont été descendus en silence.
Dans les bureaux climatisés où l’on avait appris à dire « partenaires locaux » plutôt que « clientèle », on proclamait que le temps de la charité impériale était fini, que l’Amérique devait « rentrer chez elle ». Mais là‑bas, dans les vallées où la pluie ne venait plus, dans les camps où les enfants comptaient sur une seringue et un sachet de poudre vitaminée pour tenir jusqu’au lendemain, on ne parlait pas de doctrine : on parlait de faim.
L’Agence avait été fondée pour gagner la guerre froide à coups de puits, d’écoles et de routes, et elle s’en allait par la même porte qu’empruntent les fermiers ruinés de Californie quand la banque reprend la terre : sans s’excuser, en laissant derrière elle des promesses jaunies dans les classeurs. Ceux qui, pendant des années, avaient écrit son nom sur des sacs de farine et des cartons de vaccins, savaient bien que l’aide n’avait jamais été innocente. Mais ils savaient aussi qu’un sac de farine, même marqué du mauvais drapeau, pèse plus lourd qu’un discours sur la souveraineté.
Alors, quand la lumière s’est éteinte dans les bureaux de Washington, on a dit que c’était la fin d’une époque. Pour les gens des pistes et des faubourgs, ce n’était pas une époque qui finissait. C’était juste une main qui se retirait de la margelle, et la corde du puits qui retombait dans le noir. »
(pour copie conforme, Tzotzil Trema, pour les humanités)
ÉPHÉMÉRIDE

Il y a 62 ans, le 20 décembre 1963 : sortie dans les salles parisiennes du film Le Mépris, de Jean-Luc Godard.
Godard et les frères Grimm. Il y a 213 ans, le 20 décembre1812, les frères Grimm publiaient la première édition des Contes de l’enfance et du foyer. Ce sont des histoires collectées dans les campagnes allemandes, où l’on rencontre loups, sorcières, ogres, marâtres et enfants abandonnés. Mais derrière la naïveté supposée du conte, il y a une violence sourde : peur de la faim, arbitraire paternel, fatalité sociale. Cent cinquante ans plus tard, en 1963, Jean‑Luc Godard sort Le Mépris. Le décor a changé – Capri, le cinéma, la modernité – mais l’ogre a pris la forme d’un producteur, et la princesse, celle d’une épouse qui s’éloigne. On peut voir Le Mépris comme un anti‑conte de fées : pas de happy end, pas de morale apaisée, mais la désagrégation d’un couple au milieu d’une industrie qui avale les mythes pour mieux les recracher en images rentables. Des Grimm à Godard, le récit populaire glisse du foyer au plateau de tournage, et le destin ne passe plus par la forêt mais par les contrats, les malentendus, la marchandisation des corps et des histoires. Pourtant, il reste une parenté : le sentiment que, derrière les apparences, quelque chose ne va pas dans l’ordre du monde – et que c’est au récit, encore et toujours, de le faire sentir.
Les émeutes de la Baltique. Il y a 55 ans, en décembre 1970, la Pologne est secouée par une vague de grèves et de manifestations ouvrières sur les chantiers navals de la Baltique. Hausse brutale des prix des denrées de base, pénuries, discours mensongers : le « socialisme réel » montre son visage d’économie de guerre en temps de paix. La répression est sanglante, les chars entrent en scène, mais le pouvoir vacille. De cette colère sortiront, dix ans plus tard, les forces qui donneront naissance à Solidarność. En Europe de l'Ouest, on se rassure alors en se disant que ces explosions sont lointaines ; elles annoncent pourtant une fissure durable dans le bloc de l’Est.
La Bosnie, un laboratoire. Il y a trente ans, fin 1995, la Bosnie‑Herzégovine sort à peine de trois années de siège, de nettoyages ethniques, de camps, de viols de masse. Les accords de Dayton viennent d’être signés, et, avec eux, la passation officielle de la « gestion » militaire : l’ONU, discréditée par ses casques bleus impuissants, cède la place à l’OTAN, le 20 décembre 1995. Changement de drapeau, changement de règles d’engagement, changement de vocabulaire : on parle désormais de « stabilisation » plus que de paix. Ce transfert de pouvoir illustre la mutation de l’après‑guerre froide : l’humanitaire armé, la diplomatie sous parapluie militaire, les interventions sous mandat multilatéral. Entre la promesse de protéger les civils et la réalité des compromis géopolitiques, la Bosnie devient un laboratoire de ce que seront, plus tard, le Kosovo, l’Afghanistan, la Libye : des conflits où les institutions internationales se cherchent un rôle, sans toujours trouver le chemin de la justice.

"Fét kaf" : abolition de l'esclavage. À La Réunion, le 20 décembre (ou "20 désamb") est jour de « fét kaf », commémoration de l’abolition de l’esclavage dans l’île. Le décret de 1848 est appliqué avec retard, mais c’est cette date qui reste dans les mémoires : celle où, officiellement, l’ordre esclavagiste cesse d’avoir cours dans ce morceau de France ultramarine. Le terme « kaf » vient d’une insulte coloniale, retournée comme un gant pour devenir un marqueur d’identité, de fierté, de culture créole.
La « fét kaf », ce sont des concerts, des cérémonies, des marches, des prises de parole, des gestes de mémoire pour examiner les cicatrices : la terre accaparée, les noms changés, les familles brisées, les hiérarchies de couleur qui, longtemps, ont prolongé l’esclavage par d’autres moyens. Ce n’est pas seulement un devoir de mémoire, mais un moment politique vivant : interroger le racisme contemporain, le mal‑logement, les inégalités économiques qui prolongent, sous d’autres formes, l’ancien système. Dans les danses, les maloyas, les poèmes, il y a la volonté de célébrer la joie d’être enfin libre, sans jamais oublier le prix de cette liberté.
Acte de naissance : le 20 décembre 1971. Ce jour-là, quelques médecins et journalistes, marqués par les images de la guerre du Biafra, décident de créer une organisation qui ne se contenterait plus de soigner en silence : Médecins sans frontières. Soigner, oui, mais aussi témoigner, rompre le huis clos des conflits, nommer les famines, les bombardements, les massacres. L’« ingérence humanitaire » n’est pas encore un concept, mais elle se dessine là : une équipe médicale qui franchit les frontières et, si nécessaire, bouscule la diplomatie pour sauver des vies.
Journée internationale de la solidarité humaine
Le 20 décembre est proclamé Journée internationale de la solidarité humaine par les Nations unies. L’expression sonne, à force d’être répétée, comme un slogan un peu usé. Pourtant, si l’on gratte, la solidarité reste une idée dangereuse : elle implique qu’on ne se contente pas de charité, mais qu’on reconnaisse des liens, des interdépendances, des responsabilités. La solidarité n’est pas seulement l’émotion devant un drame lointain ; c’est ce qui oblige à s’interroger sur la manière dont nos modes de vie fabriquent des catastrophes ailleurs : dérèglement climatique, chaînes d’approvisionnement fondées sur la sous‑traitance, guerres alimentées par les ventes d’armes. Elle suppose de passer du « je donne ce que je peux » au « que faut‑il changer pour que cette injustice cesse ? ».
En ce 20 décembre, la tentation est grande de réduire la solidarité à des campagnes de dons ponctuelles. Mais la journée pourrait aussi servir à cartographier nos dépendances : qui produit ce que nous consommons, dans quelles conditions, avec quels droits ? Elle pourrait être l’occasion de croiser les luttes : celles des soignants sous‑payés, des travailleurs migrants, des peuples autochtones expulsés, des habitants de territoires rendus inhabitables par l’extractivisme.
Entre l’idéalisme diplomatique des résolutions onusiennes et le cynisme assumé de certains gouvernements, la solidarité humaine tient parfois à peu de choses : un syndicat qui refuse une livraison d’armes, une ville qui déclare l’accueil inconditionnel, un collectif qui documente les morts aux frontières. Ce sont ces gestes, minuscules à l’échelle de la planète, qui donnent un contenu concret à une journée sinon vouée à s’évaporer dans les discours.

Rahamot Ullah, un réfugié rohingya âgé de 13 ans, l'œil ensanglanté après avoir été transpercé par un bâton de bambou dix jours plus tôt alors qu'il pataugeait dans les eaux usées, dans le camp de réfugiés rohingyas de Cox's Bazar, au Bangladesh, le 21 novembre 2025. Photo Mahmud Hossain Opu / AP
Et en ce jour de "solidarité humaine" : dans les camps rohingyas du sud du Bangladesh, le silence a remplacé les rires d’enfants. Depuis que Donald Trump a taillé à la hache dans l’aide étrangère américaine, les écoles financées par USAID ont brutalement fermé par milliers (lire sur les humanités). Et les mariages forcés, le travail des enfants et la traite sexuelle explosent, selon une récente enquête d'Associated Press (ICI). Privés d’espaces sûrs pour apprendre ou jouer, des enfants de dix ans se retrouvent sur des chantiers, tandis que des adolescentes d’à peine douze ans sont poussées vers la prostitution.
Santé, nutrition, assainissement : tous les programmes humanitaires sont touchés, laissant quelque 600.000 enfants encore plus vulnérables. Et pendant que Washington affirme avoir versé « 168 millions de dollars d’aide » aux Rohingyas, les chiffres onusiens révèlent une chute dramatique du financement effectif sur le terrain.
De l'aide à l'abandon
Depuis vingt ans, l’aide américaine représente moins de 1 % du budget fédéral, loin des fantasmes d’une « générosité ruineuse » martelée par la droite US. Sous George W. Bush, la création de PEPFAR contre le sida ou du Millennium Challenge Corporation a pourtant fait bondir les crédits, confirmés et consolidés sous Barack Obama.
Avec Joe Biden, les montants restent globalement stables, dopés ponctuellement par la réponse internationale au Covid‑19, mais sans changement d’échelle. La vraie rupture intervient avec Donald Trump : ses budgets successifs visent des coupes d’un tiers dans l’international, puis la mise à mort de USAID, malgré la résistance du Congrès. En 2025, la « réduction des gaspillages » se traduit par l’élimination de plus de 90 % des contrats de l’agence et la suppression de dizaines de milliards de dollars d’aide, du Bangladesh au Vietnam.
Derrière le discours sur la « sagesse budgétaire », c’est un choix politique assumé : sacrifier l’un des principaux instruments de soft‑power américain au nom d’une croisade idéologique contre le multilatéralisme et les droits humains.
Au Congrès, Marco Rubio affirmait, le 21 mai 2025, que « personne n’est mort » des coupes imposées à USAID. Pourtant, sur le sol birman, Mohammed Taher serre dans ses bras le corps de son fils de deux ans, mort de diarrhée et de malnutrition après la fermeture des dispensaires (Lire ICI). En Arakan, la proportion de familles incapables de subvenir à leurs besoins alimentaires a presque doublé en quelques mois. Le Programme alimentaire mondial a dû cesser d’aider un million de personnes.

Des jeunes femmes sont assises à côté d'un champ contaminé par la dioxine avant une cérémonie marquant
le début d'un projet de nettoyage de la dioxine laissée par la guerre du Vietnam, dans une ancienne base militaire américaine
à Danang, au Vietnam, le 9 août 2012. Photo Maika Elan / AP
Les conséquences s’étendent bien au‑delà du Bangladesh et de la Birmanie. À Bien Hoa, au Vietnam, la décision de geler les fonds a stoppé du jour au lendemain la décontamination de sols empoisonnés par la dioxine de l’Agent Orange. Le déminage, l’aide médicale aux victimes et les efforts de mémoire bilatéraux ont été suspendus dans la foulée. Seule une portion du budget a été rétablie après coup, trop tard pour sauver la confiance patiemment reconstruite depuis la guerre.
Des camps d’internement aux jungles frontalières, les récits s’accumulent : dispensaires fermés, enfants morts de faim ou livrés aux trafiquants, projets environnementaux gelés. L’Amérique se félicite d’un « partage du fardeau » entre bailleurs ; sur le terrain, c’est la faillite morale d’une puissance qui fait désormais un tri sélectif entre ceux qui méritent d’être sauvés et les autres. En d'autres termes : un crime organisé.
Dominique Vernis





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