8 décembre : "Nous sommes le pouvoir"
- Jean-Marc Adolphe

- il y a 3 jours
- 15 min de lecture

Photo Misper Apawu / AP
Ce 8 décembre 2025, en deux temps quatre mouvements, l'éphéméride du jour : depuis la Fashion Week de Dakar, avec les mots puissants de l'activiste amérindien John Trudell, en voix et en maori avec le New Zealand Youth Choir, et en hommage à l'immense Tadeusz Kantor, qui s'est éclipsé voici tout juste 35 ans.
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L'IMAGE DU JOUR
En tête de publication : Des mannequins présentent leurs créations dans un bateau de pêche traditionnel lors de la Dakar Fashion Week à Dakar, au Sénégal, le samedi 6 décembre 2025. Photo Misper Apawu / AP
Aujourd'hui, on remballe tout : hier s'est achevée la Dakar Fashion Week, née en 2002 à l’initiative de la créatrice sénégalaise Adama Paris, qui s’est imposée en deux décennies comme l’un des laboratoires les plus stimulants de la mode africaine contemporaine. Pensée d’emblée comme une plateforme panafricaine, elle relie créateurs, mannequins, artisans, médias et acheteurs, dans un écosystème où la mode devient à la fois industrie culturelle, outil économique et manifeste politique. Au fil des éditions, l’événement a accompagné la montée en puissance du discours « fashion made in Africa », en assumant une position de contre‑champ face aux capitales historiques que sont Paris, Milan ou New York. Dakar n’y joue pas seulement le rôle de décor, mais celui d’une capitale créative, capable de produire ses propres récits, ses codes esthétiques et ses réseaux de production, des ateliers de couture aux plateformes médiatiques lancées par Adama Paris (ICI).
Cette année, la Dakar Fashion Week a mis plus que jamais en avant les enjeux d’éthique et de durabilité, en faisant du recyclage textile et de la transformation des déchets en matières nobles un axe central de ses défilés. Loin du simple slogan « green », cette orientation s’appuie sur des pratiques déjà présentes dans de nombreux ateliers africains, où l’upcycling et le réemploi relèvent autant de la contrainte économique que d’une esthétique assumée.
En coulisses, la fondatrice poursuit un projet plus vaste : structurer une véritable filière, de la création à la production, avec l’ambition de développer au Sénégal des capacités industrielles capables de fabriquer localement des collections labellisées Afrique. En misant sur les coopératives de femmes, les savoir‑faire textiles régionaux et la montée en compétence des jeunes créateurs, la Dakar Fashion Week se situe à la croisée du soft power culturel et du développement économique (Lire ICI).
Dans un contexte où le continent africain multiplie les fashion weeks, de Lagos à Johannesburg, celle de Dakar conserve une dimension pionnière et militante, en revendiquant la mode comme espace de souveraineté symbolique. Sur les podiums comme dans la ville, c’est l’idée même d’une modernité africaine plurielle, urbaine et connectée, qui se donne à voir – loin des clichés folklorisants, et au plus près des tensions qui traversent aujourd’hui les scènes créatives du continent.
LA (LONGUE) CITATION DU JOUR

John Trudell. Photo issue du site qui lui est consacré : https://www.johntrudell.com
Discours prononcé par John Trudell le 18 Juillet 1980 au centre de survivances interculturel Amérindien, l'un des discours les plus puissants et visionnaires de l'histoire récente des États-Unis.
Militant politique, poète et acteur amérindien d’orgine Sioux Santee du Dakota, John Trudell est mort il y a tout juste 10 ans, le 8 décembre 2015, à 69 ans. Porte-parole de l’A.I.M., l’American Indian Movement, de 1973 à 1979, ayant milité très tôt au sein de plusieurs mouvements de défense des droits des Amérindiens, il avait participé en 1971 à l’occupation d’Alcatraz par des centaines de militants amérindiens et avait pris la tête le 11 février 1979, de la marche des Indiens sur Washington. L’occupation du site Wounded Knee, en 1973, avait fait de lui l’activiste le plus surveillé du FBI. En 1979, sa maison fut brûlée et sa famille périt dans cette incendie, après qu’il a brûlé la bannière étoilée devant le bureau fédéral de Washington.C’est suite à ce drame qu’il quitta l’AIM et trouva dans l’écriture le seul moyen de poursuivre son combat pour la dignité humaine. Le musicien et militant Jackson Browne l’encouragea à faire de la musique. John Trudell enregistra alors des cassettes dans lesquelles il récite ses textes en étant accompagné par des chants et percussions traditionnelles indiennes. L’une de ces cassettes, AKA Graffiti Man, a été remarquée par Bob Dylan, qui la diffusait avant ses concerts. Cet enregistrement a été réédité en disque en 1992 sur Rykodisc. John Trudell s’est fait connaître sur la scène internationale en faisant les premières parties de Midnight Oil. Sa musique prit alors une tournure plus électrique, tendance blues-rock, composée avec le guitariste Mark Shark et le chanteur indien Quiltman.
Ce mélange unique de blues électrique, de récitatif et de chant natif s’est poursuivi sur les albums ultérieurs, Johnny Damas and me, Blue Indians, Descendant Now Ancestor (DNA), Bone Days, Madness & The Moremes, Crazier Than Hell, Through the Dust (avec KWest) et le tout dernier, Wazi’s Dream (2015), auxquels s’ajoutent un Live à FIP. Ses premières cassettes avaient été également rééditées dans un coffret CD The Collection 1983-1992. En tant qu’acteur, John Trusdell s’était fait remarquer pour son rôle quasi autobiographique dans Thunderheart (1992), inspiré par les faits qui se sont déroulés durant l’occupation de Wounded Knee.
Le site internet qui lui est consacré : https://www.johntrudell.com
Certains de ses poèmes (en anglais) sur le site de The Poetry Foundation : https://www.poetryfoundation.org/poets/john-trudell
Je tiens à vous remercier tous d’être venus à cet endroit, et je tiens à vous remercier pour avoir été accueilli ici moi-même. Je voudrais vous parler ce soir en l’honneur de chacun d’entre nous dans la lutte qui nous oppose à ceux qui ont perdu toutes relations avec le monde des Esprits. Je voudrais parler en l’honneur du Vent, et de tous les éléments naturels.
Il s’agit d’un rassemblement de survie et l’une des choses que je vous souhaite à tous d’apprendre pendant que vous êtes ici, c’est d’apprécier l’énergie et la puissance des éléments que sont le soleil, la pluie et le vent. J’espère que vous allez sortir d’ici en ayant compris ce qu’est vraiment le pouvoir, la seule vraie puissance.
Le seul vrai Pouvoir, la seule vraie connexion que nous n’aurons jamais au Pouvoir, c’est notre relation à la Terre-Mère.
Nous ne devons plus nous perdre dans la confusion. Nous ne devons plus nous laisser berner par leurs illusions. Il n’y a pas de puissance militaire, il n’y a que du terrorisme militaire, il n’y a pas de puissance économique, il y a seulement une économie et un marché d’illusions, de leurres, dont nous sommes devenus les esclaves. C’est cela qu’il nous faut réapprendre à regarder. Ceux à qui vous déléguer le pouvoir n’ont que le pouvoir que vous leur portez, mais en réalité ils n’ont aucun véritable pouvoir dans leurs mains, ce prétendu pouvoir n’est que de l’oppression.
La puissance est en nous car nous sommes une partie naturelle de la Terre, nous sommes une extension de la terre, nous ne sommes pas séparés d’elle, nous en faisons partie. La Terre est notre mère, la Terre est un Esprit, nous sommes un prolongement de cet Esprit. Nous sommes Esprit. Nous sommes le pouvoir.
Ils peuvent nous faire croire que nous devons croire en eux, que nous devons assumer ces identités de consommateurs, ces identités politiques, ces identités religieuses, ces identités raciales, ils veulent nous séparer de l’essence même de la Vie, ils veulent nous séparer de qui nous sommes. C’est un Génocide perpétuel. Ils ont essayé de prendre et de supprimer notre identité naturelle, notre lien spirituel avec la Terre. Mais nous sommes toujours présents, nous avons survécu.
Nous avons toujours survécu parce que nous avons appris à vivre dans l’harmonie et le respect de la Nature, nous n’avons jamais oublié qui nous étions.
Quand je parcours l’Europe ou l’Amérique et que je vois la majeure partie de la population blanche, je me rends compte qu’ils ne se sentent pas opprimés, ils se sentent impuissants. Quand je retourne au sein de mon peuple, je constate que nous ne nous sentons pas impuissants, nous nous sentons opprimés. Nous ne voulons pas participer à ce commerce, nous l’avons toujours refusé.
Ainsi, par-delà le génocide psychologique qu’ils tentent d’infliger à nos vies, nous comprenons le génocide psychologique qu’ils ont déjà infligé à leur propre peuple. Nous comprenons le compromis qu’ils veulent que nous fassions pour notre survie : que nous soyons asservis à eux, que nous perdions comme eux notre véritable connexion au Pouvoir, notre véritable connexion à la Terre.
Nous tous, Amérindiens, Autochtones, Peuples premiers, nous allons avoir à agir en tant que passeurs et messagers. Nous allons devoir courir et agir comme autant d’enseignants, nous allons avoir à parler à tous les gens qui daigneront écouter ce que nous pensons, ce que nous savons être juste. Nous allons devoir trouver et inventer des façons de communiquer. Ils ont peur de nous.
Nous devons toujours nous rappeler que chaque fois qu’ils ont crée un système, ce système s’est construit sur des mensonges et des trahisons, tel est le propre de leurs commerces, la manipulation. Leurs pouvoirs ne sont que des faiblesses, nous devons persister dans notre lutte et rester engagés dans notre résistance, comme nous l’avons toujours fait. Peu importe combien de cellules de prison ils construisent et construiront. Peu importe la corruption, le racisme, les mensonges et les coups qu’ils nous porteront, nous devons veiller par-dessus tout à ne jamais leur ressembler, à ne jamais devenir comme eux.
Peu importe leurs détournements de sens et leurs inversions de la Vie, peu importe leurs nombres et peu importe leurs positions illusoires de respectabilité. C’est notre droiture et notre intégrité qui fera la différence. Nous prenons la décision, nous sommes le Pouvoir. Peu importe qu’ils nous exterminent car à quoi bon vivre sur ce lieu sacré, à quoi bon être ici si nous ne pouvons pas vivre avec dignité et respect ? Peu importe ce qu’ils font de nous, peu importe comment ils nous frappent, nous devons continuer dans la dignité, nous ne devons jamais devenir comme eux.
La seule chose qui m’a toujours fait réfléchir au sujet des révolutions, c’est que chaque fois que j’ai rencontré des révolutionnaires, ils agissaient simplement par haine de l’oppresseur. Ce que nous devons faire, c’est agir par amour pour notre peuple, par amour pour notre Mère-Terre.
Peu importe qu’ils n’éprouvent jamais d’amour pour eux-mêmes ou pour la Terre, nous devons quant à nous toujours agir par amour pour le Peuple et pour la Terre. Nous ne devons jamais réagir comme ceux qui ont perdu leur spiritualité. Quelles que soient les chaînes, un esclave est un esclave. Nous devons évaluer nos valeurs, partager nos connaissances, nous devons nous débarrasser des concepts qu’ils nous ont obligés à apprendre, nous ne devons pas nous laisser entraîner dans leurs pièges. Quoi que nous fassions, nous devons le faire en tant que résistant. Tout ce que nous faisons en tant que Peuple, tout ce que nous faisons au nom du Peuple et de la Terre, nous devons le faire avec humilité et avec gratitude de ce que nous avons et de ce que nous sommes, mais nous ne devons pas le faire avec fierté.
John Wayne est fier, les marines sont fiers. Les bombardiers B-52 sont fiers, comment allons-nous obtenir notre libération, si nous imitons leur façon d’être. Il est temps pour nous tous de penser par nous-mêmes. Nous devons comprendre qu’ils veulent que nous soyons paresseux dans nos esprits, serviles dans nos vies, vides et avides dans notre réflexion. Ils veulent nous garder dans la confusion de sorte que nous continuions à croire en leurs mensonges, les uns après les autres, comme ils ont pu les programmer dans leurs esprits, et dans leur société.
Mais regardez bien, tout leur système ne repose que sur des illusions. Nous sommes le pouvoir, et c’est la façon dont nous utilisons notre énergie qui permet à l’ennemi de nous abuser. Ou pas… Notre résistance et notre lutte pour la survie doit être totale, absolue, il ne peut y avoir de demi-mesures, ils ont interféré dans notre vie depuis le moment où nous sommes nés.
Nous sommes une partie naturelle de la terre, et tous nos ancêtres, et toutes nos relations qui sont allés dans le monde des Esprits, sont là aussi, présents en nous. Ils ont le pouvoir, ils vont nous aider, ils nous aideront à voir, à entendre, à comprendre, si nous sommes disposés nous-mêmes à voir, à écouter, à penser. Nous ne sommes pas séparés d’eux parce qu’il n’y a nul autre endroit où aller. Notre seul endroit, c’est la Terre. Il s’agit de notre Mère. Regardez, il n’y a pas d’espoir pour nous dans ce système politique et économique. La classe dirigeante, ces 1% qui contrôlent aujourd’hui l’ensemble de l’économie mondiale en exploitant le vivant, ne va pas changer avec les règles politiques, et économiques existantes.
Ils vont continuer à nous mentir, à faire des promesses et ils vont continuer à créer l’illusion des changements, tout en nous manipulant et en nous poussant les uns contre les autres. Nous devons comprendre notre rôle en tant que puissance naturelle du Peuple de la Terre. Nous devons comprendre que lorsque notre oppresseur nous traite de cette façon nous sommes responsables, parce qu'en acceptant ses mensonges, nous lui permettons de le faire. Aussi longtemps que nous tolérerons ses mensonges, aussi longtemps que nous tolérerons sa brutalité, aussi longtemps que nous lui permettrons de nous manipuler, de nous maltraiter, nous serons responsables.
Regardez bien, ils n’ont pas de vrais pouvoirs, ils utilisent la peur, l’illusion, l’oppression, ils manipulent la vie et exploitent le vivant, ils déforment et inversent les sens, dénaturent le vivant. Ils appellent cela être fort, être puissant. Mais ce ne sont que des faiblesses, des bassesses et des illusions. Ils ne peuvent pas arrêter le vent, ils ne peuvent pas arrêter la pluie, ils ne peuvent pas arrêter les tremblements de terre ni les volcans ni les tornades.
Nous devons être prêts dans notre vie à faire face à la réalité. Ce n’est pas la révolution que nous recherchons, c’est la libération. Il y a eu beaucoup de révolutions sociales en Amérique et en Europe, il y a eu de nombreuses organisations sociales, il y a eu des mouvements des droits des femmes, il y a eu des mouvements de défense des droits égaux, il y a eu des mouvements syndicaux, et pourtant regardez qui contrôle encore nos vies aujourd’hui. Nous avons à faire face à cette réalité.
Beaucoup sont passés avant, beaucoup ont parlé avant, beaucoup ont essayé avant, mais ils n’ont pas réussi à rassembler, la raison étant qu’ils ont toujours tenté de changer les conditions sociales sans aborder la vrai question de notre relation primordiale à la Vie, à la Terre, au Vivant. Ce n’est pas la révolution que nous recherchons, c’est La Libération. Nous voulons être libres d’un système de valeurs qui nous a été imposé. Nous ne voulons pas participer à ce système de valeurs. Nous ne voulons pas changer ce système de valeurs. Nous voulons le retirer de nos vies à jamais. Ce n’est pas la révolution que nous recherchons, c’est La Libération. Nous voulons être Libres.
Mais, pour que nous soyons libres, nous devons assumer nos responsabilités en tant que puissance, en tant qu’individu, en tant qu’Esprit, en tant que Peuple de la Terre. Nous devons aller au-delà de l’arrogance des droits de l’homme. Nous devons aller au-delà de l’ignorance des droits civils.
Nous devons entrer dans la réalité des droits naturels, l’ensemble du monde naturel a droit à l’existence. Nous sommes seulement une petite partie de celui-ci, reprenons notre vrai place. Nous sommes le lien spirituel avec la Terre. En tant qu’individus nous avons le pouvoir, collectivement nous avons la même puissance que le tremblement de terre, la tornade, et l’ouragan. Nous avons ce potentiel. Nous ne devons plus faire aucun compromis avec eux. Ils ne peuvent pas arrêter le vrai pouvoir de cette Terre et de la Vie, ils ne peuvent que continuer à la détruire jusqu’à ce qu’ils n’aient plus de supports, plus de vies à exploiter. Alors ils apparaîtront tels qu’ils sont en réalité : dénués de sens. Nous devons être prêts dans notre vie pour faire face à la réalité. Nous ne devons plus nous leurrer. Nous ne devons plus nous laisser berner.
Nous sommes le lien Spirituel avec la Terre. Il faut d’abord apprendre à penser individuellement avant de pouvoir penser collectivement. Réapprendre à penser avec ses intuitions, dans un monde qui joue avec nos faiblesses, pour sans cesse nous piéger. Dans un monde où la loi du plus fort s’appuie justement sur la manipulation et sur le saccage de nos émotions. Nous devons d’abord nous recentrer sur nos propres énergies, afin de ne plus laisser nos émotions êtres parasitées, manipulées, dévorées. Nous devons réapprendre à percevoir avec le cœur. Ce qui nous est livré comme étant « la Loi », « la règle », « la logique universelle » ou « supérieure » du plus fort, n’est que la loi de l’oppresseur, la logique de notre propre oppression, c’est de ces prétendues Lois dont nous devons nous libérer pour redevenir des Êtres Humains. Le véritable pouvoir est au-delà des gouvernements et de leurs directives, le véritable pouvoir de l’Homme est dans sa capacité à aimer, dans sa capacité à assumer ou pas sa propre responsabilité à la Vie.
Mais il nous faut plus que de bonnes intentions, il nous faut prendre un engagement, notre devoir doit être supérieur à notre volonté d’agir. Cela signifie que, à un certain moment dans nos vies, nous allons devoir décider du mode de vie que nous voulons vivre sur cette Terre, et nous allons devoir vivre ce mode de vie, même en étant minoritaires, même si nos ennemis nous entourent totalement, même si nos ennemis continuent d’agir contre nous avec leurs brutalités, leurs duretés et leurs bassesses emplies de mensonges et de corruptions.
Nous avons à nous élever face à la brutalité et la dureté, face aux bassesses, face à tous ces mensonges et ces corruptions. Nous vivons dans une société technologique qui crée beaucoup d’illusions de la réalité. Cette civilisation est l’entité la plus irresponsable qui ait jamais vécu sur cette planète. Cette civilisation n’est pas une question de responsabilité, elle est fondée sur la manipulation, la culpabilité, l’agressivité, la perversité et la banalisation de tous les comportements malsains qui en découlent. C’est un monde d’ombres.
Le monde réel ne retrouvera sa lumière que lorsque chacun d’entre nous assumera sa propre responsabilité à la vie. Telle est la lutte, tel est le but : La libération. La libération de la Terre, de notre Mère, de la Mère du vivant.
C’est seulement en libérant la Terre, en nous libérant de ceux qui la détruisent et la méprisent en exploitant le vivant, que nous pourrons enfin nous libérer. C’est la seule manière d’agir au présent, à travers notre passé, notre Histoire, c’est ainsi que nous déterminerons le futur, et le futur c’est maintenant.
Nous pouvons le faire. Nous devons le faire. C’est notre devoir. Nous sommes le pouvoir.
John Trudell
Traduit par Cyril Cossu pour arizona-dream.com
En version originale :
AU JOUR LE JOUR
Aujourd'hui, c'est la Journée mondiale du chant choral, une initiative portée par l’IFCM (International Federation for Choral Music) bat le rappel pour la prochaine Journée mondiale du chant choral, fixée cette année le 14 décembre. Les chœurs du monde entier sont invités à organiser des concerts ou événements participatifs le même jour (ou autour d’une même date) pour promouvoir le chant choral comme vecteur de paix, de dialogue interculturel et de solidarité (voir ICI).
Prenant un peu d'avance, on appelle à la barre le New Zealand Youth Choir, avec un chant maori, « Te Iwi E » (enregistré en 2016 à Londres) :
« Titiro ki ngā iwi me nga mahi matou e horo ake nei e ruana te whenua takiwa ki te moana e aue te aroha te mamae i ahau e » / « Regardez les gens et notre travail Faisons cela ensemble Comme le grondement de la terre et de la mer Peu importe la douleur, l'amour sera là ».
Créé en 1979 par le chef de chœur Guy Jansen, le New Zealand Youth Choir est l’un des premiers chœurs nationaux de jeunesse au monde et rassemble une cinquantaine de chanteurs âgés d’environ 18 à 25 ans, sélectionnés à l’échelle de tout le pays. Pensé comme un tremplin d’excellence, il offre à de jeunes voix la possibilité de travailler à un niveau quasi professionnel, tout en demeurant un symbole fort de l’identité culturelle d’Aotearoa (le nom māori de la Nouvelle‑Zélande).
Le chœur s’est imposé sur la scène internationale par une série de tournées et de distinctions, de son premier passage remarqué à Wembley aux côtés de Dame Kiri Te Kanawa jusqu’aux grands concours européens. Il remporte notamment le titre de « Choir of the World » au Llangollen International Musical Eisteddfod en 1999, puis à nouveau cette année, ainsi que plusieurs Grands Prix, ce qui en fait l’un des ensembles de jeunes les plus primés de la planète chorale.
Artistiquement, le New Zealand Youth Choir conjugue répertoire choral international, créations de compositeurs néo‑zélandais et mise en avant des cultures maorie et pasifika, mêlant waiata, kapa haka et écriture chorale occidentale. Cette hybridation lui permet de se présenter comme un ambassadeur musical d’un pays pluriel, où la tradition chorale s’ouvre aux langues et aux gestes des peuples du Pacifique.
Site internet : https://www.nzyouthchoir.com
Chaîne YouTube : https://www.youtube.com/@NZYouthChoir
UN HOMMAGE POUR FINIR

Tadeusz Kantor
Il y a exactement 35 ans, le 8 décembre 1990, l'immense Tadeusz Kantor quittait ce bas monde...
Né en 1915 à Wielopole Skrzyńskie en Galicie, alors dans l’Empire austro-hongrois, Kantor se forme à la peinture et à la scénographie à l’Académie des beaux-arts de Cracovie. Pendant l’occupation nazie, il fonde à Cracovie un théâtre clandestin, le Teatr Niezależny, avant de devenir après-guerre l’une des figures de l’avant-garde polonaise. Il crée en 1955 le théâtre Cricot 2, qui devient son laboratoire scénique principal jusqu’à sa mort à Cracovie en 1990, au retour d’une répétition. Son œuvre reste profondément marquée par la Seconde Guerre mondiale, la violence politique en Pologne et la mémoire de son village natal.
Kantor s’inspire du constructivisme, du dadaïsme, du surréalisme, mais aussi de l’art informel pour élaborer un théâtre où l’objet, le déchet, le mannequin acquièrent une valeur centrale. Il théorise notamment le « bio-objet », forme hybride où se confondent corps vivant et matière inanimée, brouillant les frontières entre acteur et objet. Son « théâtre de la mort » ne vise pas un naturalisme psychologique, mais une confrontation avec les fantômes du passé, la répétition mécanique des gestes et la présence insistante des morts parmi les vivants. L’acteur y apparaît comme une figure étrangère, parfois traitée comme un cadavre ou une marionnette, ce qui rapproche son travail des arts de la marionnette au sens élargi.
Parmi ses spectacles les plus célèbres, plusieurs jalonnent l’histoire du théâtre contemporain :
La Classe morte ("Umarła klasa", 1975-1976), tableau hanté d’anciens élèves retournant dans une salle de classe, encadrés de mannequins-enfants.
Wielopole-Wielopole (1980), plongée dans les souvenirs d’enfance et l’histoire familiale sur fond de guerre et d’occupation.
Qu’ils crèvent les artistes ("Niech sczezną artyści", 1985), méditation ironique et violente sur la figure de l’artiste et le spectacle.
Aujourd’hui c’est mon anniversaire ("Dzisiaj są moje urodziny"), laissé inachevé à sa mort en 1990.
Ces pièces, souvent montrées en France (Nancy, Avignon, Festival d'automne à Paris...), ont fortement marqué la critique et la pratique théâtrale européenne. Kantor laisse aussi une œuvre écrite importante : manifestes, notes de mise en scène et textes théoriques sur le théâtre et l’art, dont plusieurs volumes d’« Écrits » sont disponibles en français.
Le site internet qui lui est dédié : http://www.tadeuszkantor.com.pl





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Grand merci de nous rappeler Kantor !