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La bière qui fait enrager Coca-Cola



La multinationale gazeuse accuse une communauté indigène » de Colombie de « concurrence déloyale ».


En Colombie, Coca-Cola n’aime pas les syndicalistes. En 2002, le leader du syndicat Sinaltrainal, Adolfo Múnera, avait été assassiné par un tueur à gages. Il a fallu attendre 18 ans pour que, le 19 mai 2020, le Comité des droits de l’homme des Nations Unies condamne l’État colombien pour violation du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (Lire ICI). Mais Coca-Cola, que tout désigne comme commanditaire du meurtre, n’a pas été inquiété. Adolfo Múnera est loin d’être un cas isolé. Les travailleurs de Coca-Cola syndiqués à Sinaltrainal, mais aussi d’autres, sont souvent pris pour cible, sans réaction de la part des employeurs ou de l’Etat. « L’histoire de Coca Cola en Colombie est celle d’une attaque permanente contre le droit du travail et les droits syndicaux qui s’est, entre autres, traduite par l’assassinat de plus de dix syndicalistes et des liens présumés entre Coca Cola et des groupes paramilitaires », écrivait en 2014 le Centre Europe Tiers-Monde (lire ICI)


Les liens entre la multinationale gazeuse et les groupes paramilitaires, qui assassinent en Colombie syndicalistes, leaders sociaux et indigènes, a été mis en lumière en 2009 par un documentaire de German Gutierrez et Carmen Garcia, « L’Affaire Coca-Cola ». A voir sur Dailymotion : https://www.dailymotion.com/video/xx9avw


En Colombie, Coca-Cola n’aime pas les peuples indigènes. Il faut dire que les Indiens Nasa du département de Cauca ont eu la bonne idée de chercher querelle. Ici-même, il était question voici peu d’une bière artisanale, La Roja, brassée par d’ex-combattants des FARC qui ont signé l’Accord de Paix (Lire ICI). C’est une autre bière qui défraie aujourd’hui la chronique. Dans le Cauca, la société Coca Nasa, fondée par la communauté Nasa, propose toute une gamme de produits élaborés à partir de la feuille de coca, une plante sacrée pour les communautés indigènes : alimentation, médicaments traditionnels, boissons aromatiques et autres (voir ICI). Il y a même, un cocktail en cannette, Coca Libre, un rhum, Coca Ron, et, donc une bière, Coca Pola (« pola » veut dire bière en Colombie), une bière entièrement réalisée à partir de feuilles de coca macérées, sans additifs ni conservateurs. Production moyenne : 7.000 bouteilles par mois.

Coca-Cola a vu rouge, et a enjoint la communauté Nasa « de cesser et de s'abstenir définitivement d'utiliser le nom Coca Pola ou tout autre terme similaire qui pourrait être confondu avec les marques commerciales détenues par Coca-Cola. » Dernier avertissement avant d’envoyer quelque groupe paramilitaire ? Le responsable juridique de la communauté Nasa a déjà fait connaître leur réponse : « Nous irons aussi loin que Coca-Cola nous mènera. Nous danserons sur n'importe quel air qu'ils joueront. S'ils nous menacent de notre existence même, nous résisterons. » D’ici à ce que Coca-Cola fasse valoir devant les tribunaux que ses ingénieurs ont inventé la feuille de coca, que les peuples andins consommaient voilà déjà 5.000 ans…

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