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La Libertad ne devrait pas être un endroit pour mourir

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Illustration : Cartooning for Peace

Abattu en rentrant d’un reportage, Fernando Nuñez est le troisième journaliste tué au Pérou depuis janvier 2025, symbole d’une spirale meurtrière nourrie par le crime organisé et l’effondrement sécuritaire. Son assassinat, survenu dans la région de La Libertad — épicentre des homicides — met en lumière l’extrême vulnérabilité de ceux qui documentent les dérives du pouvoir et l’impuissance d’un État fragilisé par la crise politique. Alors que la presse paie un tribut inédit, les organisations professionnelles exigent que son travail soit enfin reconnu comme une cible délibérée, et non comme un dommage collatéral.


Le journaliste péruvien Fernando Nuñez, reporter pour le média en ligne Kamila TV (média local basé à Guadalupe, dans la région de La Libertad, au nord du Pérou), a été abattu par des hommes armés samedi dans le district de Guadalupe, région de La Libertad (nord du Pérou), alors qu’il rentrait d’un reportage à moto avec son frère. Ce dernier se trouve dans un état critique. L’Association nationale des journalistes (ANP) exige que les autorités privilégient la piste de son travail comme mobile, dénonçant une « escalade intolérable de la violence contre ceux qui informent ».

 

Troisième cas en 2025. Fernando Nuñez est le troisième journaliste assassiné au Pérou depuis janvier 2025, un record sans précédent dans l’histoire récente du pays. La région de La Libertad, théâtre du crime, concentre une violence endémique : 236 homicides y ont été recensés de janvier à octobre.


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Fernando Nuñez. Photo DR


Hausse alarmante des homicides. Les statistiques officielles font état de 1.888 homicides au Pérou jusqu’en octobre 2025, soit une augmentation de près de 13 % par rapport à 2024. Cette flambée s’inscrit dans un contexte de crise sécuritaire plus large, exacerbée par le crime organisé et l’affaiblissement de l’État. Une crise sécuritaire qui met à mal le gouvernement, impuissant face à la montée de la violence. En octobre dernier, la présidente Dina Boluarte, à la tête du pays depuis 2022, a été destituée par le Congrès pour « incapacité morale permanente » face à l’insécurité galopante. Le président du Parlement, José Jeri, assure l’intérim, dans ce pays andin où la presse continue un tribut trop lourd à la criminalité.


La rédaction des humanités


Fernando Nuñez, journaliste péruvien basé dans la région de La Libertad (nord du pays), travaillait comme reporter pour le média en ligne Kamila TV, couvrant principalement l'actualité locale, les questions de sécurité et les faits divers dans une zone minée par la violence criminelle. Âgé d'une quarantaine d'années, il était connu pour son engagement de terrain, se déplaçant souvent à moto pour ses reportages, ce qui l'exposait aux risques dans un district comme Guadalupe, épicentre d'homicides liés au crime organisé. Sa carrière s'inscrivait dans le journalisme indépendant péruvien, marqué par des enquêtes sur la criminalité et les dysfonctionnements sécuritaires locaux. Cinq jours avant sa mort, Nuñez avait publié une vidéo critiquant vivement les retards et dysfonctionnements dans la construction de l’Estadio Municipal de Ciudad de Dios, un projet d’infrastructure sportive emblématique pour la communauté, soulignant les lenteurs administratives et les fonds mal gérés. Quand il a été abattu, Fernando Nuñez rentrait d’une couverture à Ciudad de Dios, un quartier de la province de Pacasmayo (région de La Libertad), où il s’était rendu pour enquêter sur un fait divers.

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