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Le jour des défunts, Pasolini, Jackson Pollock et le bleu de manganèse, entre autres...


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Jackson Pollock, Number 1A, 1948


Miracle ! C’est le jour des défunts (plutôt gai au Mexique) et on est encore vivants. Ce jour, on se souvient de Pier-Paolo Pasolini, assassiné voici tout juste 50 ans, mais aussi de Jackson Pollock (et de son frère aîné, Charles), et encore de Mississippi John Hurt. Et sinon, quoi d’autre ? Pendant que Donald Trump, qui affirme une fois de plus son goût de chiottes, prépare une intervention militaire au Nigéria, la Chine des terres rares empoisonne Laos, Myanmar et Thaïlande ; et l’extrême-droite, en France comme en Israël, protège les violeurs. Il y a quand même de bonnes nouvelles : en Australie, les Aborigènes crient Victoria…


« Il n’y aura jamais assez d’heures pour venir à bout de la mémoire »

Edmond Jabès, Récit, Fata Morgana, 1982.


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Pour qui a déjà souscrit : franchement, on gagnerait à être davantage connus (et pas question, pour ça, de cracher au bassinet de Google). Si cette chronique vous plait (ou d'autres publications), n'hésitez pas à en offrir la lecture à vos connaissances...


L’IMAGE DU JOUR


(en tête de cette publication). Grâce à la chimie, des scientifiques ont identifié l'origine de la couleur bleue dans l'une des peintures de Jackson Pollock, Number 1A (1948), confirmant pour la première fois que l'expressionniste abstrait utilisait un pigment synthétique vibrant appelé bleu de manganèse. Le tableau, actuellement exposé au Museum of Modern Art de New York, mesure près de 2,7 mètres de large. Les scientifiques avaient déjà caractérisé les rouges et les jaunes éclaboussés sur la toile, mais la source du bleu turquoise intense restait difficile à déterminer. Dans une nouvelle étude, les chercheurs ont prélevé des échantillons de la peinture bleue et ont utilisé des lasers pour diffuser la lumière et mesurer la vibration des molécules de la peinture. Cela leur a permis d'obtenir une empreinte chimique unique pour cette couleur, qu'ils ont identifiée comme étant du bleu de manganèse. Le pigment bleu de manganèse était autrefois utilisé par les artistes, ainsi que pour colorer le ciment des piscines.


Il existe des centaines de variétés et nuances de bleu officiellement répertoriées dans les systèmes de classification, avec plus d'une cinquantaine couramment nommées et utilisées en décoration, peinture, mode et impression. Le bleu de manganèse est un pigment bleu à tendance verte, découvert en 1907, dont la fabrication et la commercialisation ont débuté peu avant la Seconde Guerre mondiale. Sa composition repose sur des cristaux mixtes de manganate et de sulfate de baryum (Colour Index PB33). Il a été développé initialement comme substitut moins coûteux au bleu céruléum, et a été progressivement abandonné dans les années 1990 en raison de préoccupations environnementales.


Note bene - Nota bene - Dans l’artistique famille Pollock, il y a aussi le frère aîné, Charles, l’un des grands "oubliés" des avant-gardes américaines, aujourd’hui redécouvert pour la singularité de son œuvre. Charles Pollock débute dans le réalisme social, inspiré par Thomas Hart Benton et les muralistes mexicains (Rivera, Orozco), avant de s’orienter à partir des années 1950 vers une abstraction lyrique et colorée, à laquelle il restera fidèle jusqu’à la fin de sa vie. Installé en France à partir de 1971, Charles Pollock forge une œuvre traversée par les influences du color field américain, du symbolisme calligraphique et de l’impressionnisme français, développant une recherche sur la couleur profonde et la lumière. Plusieurs expositions récentes et rétrospectives lui ont été consacrées, dont "Un Américain à Paris" à la galerie ETC à Paris (octobre-novembre 2024). Sa fille, Francesca Pollock, amie des humanités, n’est pas pour rien dans ce revival. En 2022, elle lui a consacré un très très bel ouvrage, Mon Pollock de père, édité par L’Atelier contemporain (ICI), réédité en 2024 par les éditions Verdier (ICI). On en reparle bientôt…



 ÉPHÉMERIDES


On ne saurait déroger à une respectable tradition, fût-elle établie il y a perpète, au XIe siècle, par le pieux Odilon (994-1049), alors abbé du monastère bourguignon de Cluny. Penser aux morts, ce n’était pas alors seulement question de charité. Les moines de l’époque, qui furent le plus souvent de grands seigneurs, trouvèrent dans le soin accordé aux défunts de quoi asseoir leur puissance politique et économique. Dans le circuit des échanges qui s’instaure entre Ici-bas et Au-delà, ce sont les dons octroyés par et pour les morts qui permettent d’assurer la bonne marche de l’« entreprise » clunisienne : les services funéraires constituent l’une des principales ressources propres à faire vivre le monastère.

 

Nota bene – Ce « jour des défunts » est spécifique au catholicisme. Dans l’islam, les funérailles et rites du deuil sont marqués par des prières spécifiques (Janazah) et le recueillement, souvent au cimetière.​ Il n’existe pas de « jour universel des morts » annuel, mais plusieurs traditions locales incluent des périodes de commémoration telles que la cérémonie des 40 jours après le décès, durant laquelle la famille se réunit, prie et offre un repas en mémoire du défunt. Dans le judaïsme, la commémoration principale est le Yahrzeit, date anniversaire du décès, à laquelle la famille récite des prières et se recueille au cimetière.​ Plusieurs rites ponctuels existent : la récitation du kaddish, l’allumage d’une bougie, et le jeûne à la mémoire des parents.​ De grandes commémorations collectives existent aussi, comme Yom HaShoah (mémoire des victimes de la Shoah) et Tisha BeAv (destruction des temples), mais il n’y a pas de jour universel et annuel consacré à tous les morts. Dans le bouddhisme, les rituels accordent une importance à l’accompagnement spirituel post-mortem, marqué par des cérémonies à la pagode et des prières visant à aider l’âme du défunt dans son voyage vers une future réincarnation ou vers le Nirvana.​ Il n’existe pas un jour universel de commémoration globale dans le calendrier bouddhiste, mais de nombreuses familles et communautés pratiquent des cérémonies annuelles ou occasionnelles pour les ancêtres, notamment lors de festivals comme l’Obon au Japon ou le Ullambana en Asie. Dans le manichéisme, on ne sait pas : cette religion dualiste, fondée au IIIᵉ siècle par le prophète Mani en Perse, a disparu sous la pression des grandes religions monothéistes et des persécutions à partir du VIe siècle.

 

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Lors de la Fête des Morts, au Mexique, le 31 octobre 2025. Photo Claudia Rosel / AP.


On n’a pas trop le temps, pour aujourd’hui, de parler la Fête des Morts [Día de los Muertos] au Mexique, bien que le jeu en eût valu la chandelle. Pour faire trop vite, disons que celle-ci, inscrite par l’UNESCO au patrimoine culturel immatériel de l'humanité, mêle rites indigènes et traditions catholiques, célébrant les défunts dans la joie. Les familles dressent des autels colorés, décorent les tombes de fleurs et de bougies, offrent nourriture et objets chers aux disparus. La fête, ponctuée de danses, musiques et symboles comme les crânes en sucre ou La Catrina (voir ci-dessous), reflète un rapport à la mort : celle-ci unit vivants et ancêtres dans la mémoire et le partage collectif.

 

Nota bene – La Catrina : il s’agit d’un élégant squelette féminin, coiffé d’un large chapeau et vêtu à la mode européenne. Créée en 1910 par le caricaturiste José Guadalupe Posada sous le nom de « Calavera Garbancera », elle incarne d’abord une satire sociale – une critique des Mexicains de la classe populaire cherchant à imiter l’aristocratie européenne et à nier leurs origines indigènes…

Sur la Fête des Morts au Mexique et dans d'autres pays, très beau photoreportage d'Associated Press, ICI.


Ici donc, après le 1er novembre, jour de tous les saints, le 2 novembre est donc celui des défunts, mot dont l’étymologie vient du latin defunctus : « qui a accompli ou achevé sa vie » ; il s’agit du participe passé du verbe latin defungi, qui veut dire « accomplir, s’acquitter de ». Nous avons choisi, pour ce jour, deux personnalités qui se sont fort bien acquittées. Par ordre de disparition :

 

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Mississippi John Hurt. Photo Charmian Reading

 

Mississippi John Hurt, mort le 2 novembre 1966 à Avalon (Mississippi), à  74 ans : une des figures majeures du blues et du folk américain. Autodidacte, il développe un jeu de guitare fingerpicking distinctif, marqué par douceur et raffinement, et traverse le blues, la country et le folk. Découvert en 1928, il enregistre alors plusieurs titres légendaires comme Avalon Blues et Candy Man. Oublié pendant des décennies, il est ressuscité dans les années 1960, devenant l'idole du revival folk et influençant des générations d'artistes, dont Bob Dylan. Sa musique, entre ballades rurales et spirituals, incarne la mémoire tranquille du Mississippi. Pour l’écouter, dans Avalon Blues : ICI.


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Il y a tout juste 50 ans, dans la nuit du 1er au 2 novembre 1975, Pier-Paolo Pasolini était assassiné, à seulement 53 ans, sur la plage d’Ostie, près de Rome. On ne va pas épiloguer. Bien que mort, Pasolini reste encore bien vivant, comme il nous le confiait le 5 mars 2022, pour le centenaire de sa naissance : « Aujourd’hui, je vois bien. Vous avez peur. La guerre, dites-vous, que vous ne vouliez voir au lointain des déserts, des afriques et des yémens, et qui là toque à votre porte. La menace nucléaire, dites-vous, sans voir que le problème n’est pas tant le nucléaire que le noyau, et le noyau c’est Pétrole, le carburant de votre extinction, qui se répand en marée dans toutes nos cellules. » (Lire ICI). Lire aussi, sur les humanités, « Pasolini et les migrants », publié le 6 mars 2022 (ICI).

Pier-Paolo, reviens pour de vrai : ils sont devenus encore plus fous qu’avant !


Nota bene – Parmi les ouvrages récemment parus sur Pasolini : Transhumaner et organiser ("Trasumanar e organizzar"), recueil de poésie traduit pour la première fois en français par Florence Pazzottu, publié chez Lanskine en octobre 2025 (dernier recueil original écrit par Pasolini, enfin accessible dans une édition annotée pour le public français) ; Pasolini en clair-obscur (Flammarion, 2024), livre-catalogue accompagnant l’exposition éponyme à Monaco et explorant l’influence de l’art classique et contemporain sur sa création cinématographique ; et Pasolini, un songe fait en Italie (Éditions de Minuit, 2024), un numéro spécial de la revue Critique consacré à l’actualité politique et littéraire de Pasolini en France et en Italie, incluant des contributions de nombreux spécialistes italiens et français. Et même si moins récent (2022), aux éditions Macula, Le grand chant : Pasolini - Poète et cinéaste, d’Hervé Joubert-Laurencin, l’un des meilleurs connaisseurs en France de l’œuvre de Pasolini. Organisé de façon chronologique, l'ouvrage révèle comment la poésie et la littérature ont nourri les films de Pasolini en mettant au jour un système qui s'apparente à de l'orfèvrerie - à la manière d'un vitrail dont les détails de fabrication de chaque couleur nous seraient exposés.


Pour respecter la nécessaire parité, il eut aussi fallu mentionner le passage de la vie à trépas de l’écrivaine chinoise Nien Cheng (le 2 novembre 2009) dont l’ouvrage Vie et mort à Shanghai reste une œuvre essentielle pour comprendre la condition humaine face au totalitarisme en Chine, et de la chanteuse américaine Eva Cassidy (à 33 ans, le 2 novembre 1996), reconnue pour son interprétation poignante de standards du jazz, du blues, du folk, du gospel et de la pop. Mais pour être sincères, on manque un peu de billes pour en dire davantage.


LE FAIT DU JOUR En Israël, Yifat Tomer-Yerushalmi vient de présenter sa démission. Ça fait un peu de bruit, et pour cause : cette dame de 51 était rien moins que procureure générale militaire. Diplômée en droit de l’Université hébraïque de Jérusalem et de l’Université de Tel Aviv, elle a intégré le département juridique militaire en 1996 et gravi les échelons sur plusieurs affaires sensibles, devenant la seconde femme à atteindre le grade de major général dans l’armée israélienne. Au long de sa carrière, Tomer-Yerushalmi s’est illustrée comme experte en droit militaire et défense des droits des femmes dans l’armée. Selon le quotidien Haaretz, lors de concertations organisées au sein de l’armée au mois d’août, Yifat Tomer-Yerushalmi s’était opposée à l’invasion de la ville de Gaza annoncée par Benyamin Nétanyahou. Dans son éditorial du 12 août dernier, Haaretz décrivait la magistrate comme la dernière « ennemi publique » discréditée par la base de droite et d’extrême droite de l’actuel gouvernement.


Et pourquoi démissionne-t-elle aujourd’hui ? Elle a reconnu avoir secrètement autorisé la diffusion dans une émission de la Chaîne 12, en août 2024, d’une vidéo prise par une caméra de surveillance montrant un groupe de soldats israéliens qui entourent un détenu palestinien pour le brutaliser et le violer, en juillet 2024, dans la base militaire de Sde Teiman. Le 29 octobre dernier, Israël Katz, le ministre de la Défense, annonçait qu’une enquête criminelle était en cours, non pas sur la torture et le viol de détenus palestiniens par des soldats de l’Etat hébreu, mais sur la fuite de la vidéo… « Celui qui calomnie les soldats de Tsahal n'a pas sa place dans l'armée », a-t-il commenté… Connu pour ses positions d’extrême droite, ouvertement nationalistes et suprémacistes juives, Israël Katz défend l’expulsion des Palestiniens de Gaza, l’annexion totale de la Cisjordanie et prône l’affaiblissement voire le démantèlement de la Syrie. En mars 2024 et 2025, il a publiquement menacé les Palestiniens de Gaza de "destruction totale", leur laissant le choix entre l’exil et la mort — des propos ouvertement génocidaires.



 LE TOUR DU JOUR EN 80 MONDES,

NOUVELLES D’ICI ET DES AILLEURS / REVUE DES PRESSES


FRANCE. Le Rassemblent national, contre les juifs, pour le viol, et pour les « enfants blancs »

A l’Assemblée nationale, le Rassemblement national a fait bloc contre la taxe Zucman : "Touche pas à mes riches".  Accessoirement (comme chacun sait, les chambres à gaz n’étaient qu’un détail de la Seconde Guerre mondiale), le RN n’est pas antisémite, c’est juste qu’ils n’aiment pas les juifs. Or, Gabriel Zucman même s’il n’en fait pas étendard, est d'origine juive ashkénaze. Par ailleurs, et ça a été beaucoup moins médiatisé, à la même Assemblée nationale, le 23 octobre dernier, les 27 députés RN présents dans l’hémicycle ont voté contre l’intégration de la notion de consentement dans la définition pénale du viol (le texte a tout de même été adopté par 155 voix pour, 31 contre, dont l’écrasante majorité du RN et de l’Union des droites pour la République, et 5 abstentions). Les députés RN ont estimé que la notion de consentement introduite par la loi est « subjective, mouvante, difficilement saisissable ». Ils craignent que la réforme pourrait « nuire aux femmes » car elle déplacerait l’attention du fait lui-même vers les « intentions supposées et les ressentis », instaurant une « culture du soupçon ». Ben voyons. Ce qui, surtout, « nuit aux femmes », c’est le viol lui-même, mais ça, au RN, ça dépasse l’entendement.


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Affiches du Parti de la France, en Meurthe-et-Moselle, en juin 2024 (capture d’écran X)

 

Les violeurs, c’est bien connu, sont surtout des Arabes, surtout des Algériens, vu que l’OAS n’a pas réussi à tous les éliminer. Alors que les petits Blancs, eux, sont au-dessus de tout « soupçon ». « Donnons un avenir aux enfants blancs » : c’était l’un des slogans d’affiche de Pierre-Nicolas Nups, candidat d’extrême droite soutenu par le RN aux élections législatives anticipées de 2024 dans la 5e circonscription de la Meurthe-et-Moselle. En 2017 ; le même zozo avait posté une vidéo intitulée « On va casser du pédé ». Il avait alors été condamné à six mois de prison avec sursis, confirmés en appel et en cassation. Là, alors qu’il était poursuivi par la LICRA pour incitation à la haine raciale, il vient d’être relaxé par le tribunal correctionnel de Nancy pour « exceptions de nullité touchant à la procédure »


Nota bene – Logiquement, à la suite de ces quelques lignes, le RN devrait poursuivre les humanités pour "diffamation". Chouette ! Ça fera parler de nous…


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Marbre et robinetterie dorée : les nouvelles toilettes de Donald Trump à la Maison-Blanche


ÉTATS-UNIS. Un goût de chiottes. RAS, enfin si : Trump se félicite de la rénovation d’une salle de bain de la Maison Blanche. Même qu’il a publié des photos sur Truth Social : marbre blanc au sol et sur les murs, robinetterie dorée et chandelier au plafond. Il y a quand même un truc qui cloche : les chiottes sont placées tout près d’une grande baie vitrée, sans rideaux ni volet. Ce n’est pas bien prudent : un drone-espion intrusif pourrait venir rappeler au président amerloque la célèbre maxime de Montaigne : « Sur le plus haut trône du monde, on n'est jamais assis que sur son cul » (version modernisée de « Et au plus élevé trône du monde, si ne sommes assis, que sus notre cul ». Essais (livre III, chapitre 13, "De l’expérience").


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Sculpture mexicaine précolombienne figurant un personnage squelettique, probablement liée au culte de la mort

ou à une divinité de l’au-delà dans les cultures indigènes du Mexique. Les yeux ornés d’incrustations turquoises

rappellent les caractéristiques des effigies associées à Mictlantecuhtli, le dieu aztèque des morts,

une figure centrale dans le panthéon mésoaméricain.​ Cette œuvre, typique de la statuaire funéraire mexicaine,

s’inscrit dans l’exposition madrilène "La moitié du monde. La femme dans le Mexique indigène",

qui présente des pièces rituelles et artistiques illustrant les croyances ancestrales

autour de la vie, la mort, et le rôle des femmes dans la perpétuation des traditions autochtones.


AMÉRIQUES LATINES. C’est pas trop tôt ! Après des siècles de déni, l’Espagne, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, vient de reconnaître « la douleur et l'injustice » causées aux « peuples autochtones » pendant la Conquista, la conquête espagnole de l'Amérique, alors que la présidente mexicaine Claudia Sheinbaum a de nouveau réclamé des excuses de Madrid sur le sujet. Cette déclaration a été fait vendredi, lors de l'inauguration à Madrid d'une exposition intitulée "La moitié du monde. La femme dans le Mexique indigène", qui se tient jusqu’au 22 mars 2026 à la Fundación Casa de México en España, au Museo Arqueológico Nacional, à l’Institut Cervantes et au Museo Nacional Thyssen-Bornemisza, à Madrid. Cette exposition, qui célèbre le rôle des femmes indigènes, leur héritage et leurs luttes dans la société mexicaine, avec mise en avant aussi bien de figures historiques que d’art contemporain, sert également de plateforme pour la réflexion sur les relations entre l’Espagne et le Mexique, en promouvant une lecture critique du passé colonial et en valorisant la mémoire et la dignité des femmes autochtones dans l’histoire partagée entre les deux pays. A voir ICI.


En Colombie, le village flottant de Nueva Venecia, au nord de la Colombie, fait face à une catastrophe écologique : Hydrilla verticillata, une plante aquatique invasive, envahit la lagune de la Ciénaga Grande, asphyxiant l’eau, tuant les poissons et menaçant un mode de vie construit autour de la pêche. La prolifération rapide de cette espèce, accélérée par un déséquilibre écologique hérité de la construction d’une route en 1956, réduit l’oxygène, multiplie les cas d’allergies et rend la navigation impossible. Les habitants, épaulés de quelques biologistes, tentent de nettoyer à la main, épuisés et inquiets de voir leur village disparaître (source : Reporterre, reportage Camille Bouju et Charlie Cordero).


AFRIQUE. Trump annonce une intervention militaire au Nigéria. « J'ordonne par la présente à notre ministère de la Guerre de se préparer à une éventuelle action. Si nous attaquons, ce sera rapide, violent et efficace ». C’est le dernier caca nerveux du président amerloque. Hier, Donald Trump a menacé le Nigéria d’une intervention militaire, affirmant que, dans ce pays, « le christianisme est confronté à une menace existentielle ». « La liberté religieuse et la tolérance ont toujours été au cœur de notre identité collective et le resteront toujours », a répondu le président nigérian, Bola Ahmed Tinubu : « Le Nigéria s'oppose à la persécution religieuse et ne l'encourage pas. Le Nigeria est un pays qui garantit constitutionnellement la protection de ses citoyens de toutes confessions. »

 

Nota bene - La population du Nigéria, qui compte 220 millions d'habitants, est répartie de manière presque égale entre chrétiens et musulmans. Le pays est depuis longtemps confronté à l'insécurité sur plusieurs fronts, notamment celle du groupe Boko Haram, qui cherche à imposer son interprétation radicale de la loi islamique. Les attaques au Nigéria ont des motivations diverses. Certaines sont motivées par des raisons religieuses et visent à la fois les chrétiens et les musulmans, d'autres sont des affrontements entre agriculteurs et éleveurs pour des ressources qui s'amenuisent, des rivalités communautaires, des groupes sécessionnistes et des conflits ethniques. Si les chrétiens font partie des cibles, les analystes affirment que la majorité des victimes des groupes armés sont des musulmans dans le nord du Nigéria, à majorité musulmane, où la plupart des attaques ont lieu.


 

ASIE. Terres rares : quand la Chine empoisonne le Laos, le Myanmar et la Thaïlande. Les eaux du Mékong sont menacées par la ruée chinoise vers les terres rares. Au Laos, l’exploitation illégale de vingt‑sept nouvelles mines, révélée par images satellite selon Mongabay, provoque une pollution inquiétante : arsenic dans les rivières Nam Khan et Nam Ngiep, atteignant la Thaïlande voisine. Sur la rivière Kok, les pêcheurs tombent malades et les enfants s’empoisonnent, relate SBS News. Ces contaminations sont liées aux extractions opérées en Birmanie par des compagnies chinoises partenaires de milices locales. Pour le New York Times, ce commerce illégal, issu du chaos birman, alimente Pékin — importatrice de 42 000 tonnes de terres rares en 2023 — et renforce son monopole mondial.

 

Sources : France Culture (ICI), Mongabay (ICI), The New York Times (ICI) et le site de l’ONG Global Witness (ICI). Lire aussi, sur The Conversation, « China and the US are in a race for critical minerals » (ICI)


OCÉANIE. Victoria pour les aborigènes. Il n’y a pas que de mauvaises nouvelles… On en parlait voici peu (ICI). En Australie, l’État de Victoria a signé un accord historique reconnaissant officiellement ses peuples autochtones. Ce texte, adopté le 30 octobre, crée une assemblée d’élus aborigènes et un organe consultatif chargé de réduire les inégalités de santé. Jill Gallagher, militante autochtone, salue « un moment d’histoire ». Dans un pays où le référendum de 2023 avait rejeté la reconnaissance constitutionnelle, Victoria devient le premier État à franchir ce cap. L’accord reconnaît la souveraineté des peuples premiers avant la colonisation de 1788, après qu’une enquête a conclu à un « génocide » perpétré par les colons. Jacinta Allan, cheffe du gouvernement local, promet qu’il « redéfinira la relation » entre l’État et les communautés autochtones.

 

Bonus – A cette occasion, ne pas hésiter à voir ou revoir notre portfolio, "A Adelaïde, 10 ans d'art aborigène contemporain", publié le 22 octobre (ICI).


C’est tout pour aujourd’hui, et a on a bien conscience que c’est déjà trop beaucoup, mais on a une excuse : le Tout-Monde, c’est vaste ! Demain qui est un autre jour, on sera hyper cool, vu que ce sera la journée mondiale de la gentillesse. Dans l’éphéméride, on ira notamment au Japon fêter Bunka no hi ( 文化の日), autrement dit le « jour de la culture ». Et au menu de votre journal-lucioles, il y aura aussi : Journal de Madagascar avec le poète et chroniqueur Elie Ramanankavana ; voyage en Ukraine avec Guillaume Sauzedde, réalisateur du film De ma fenêtre - Carnets de Lviv ; et une plongée en aux profondes (et saumâtres) du vocabulaire du poutinisme. A domani !


Pour les humanités, Jean-Marc Adolphe, Nadia Mevel, Dominique Vernis.

 

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