Les enfants rohingyas ont-ils droit à l'éducation ?
- La rédaction

- il y a 2 jours
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Une écolière dans l'un des centres d'apprentissage pour les enfants rohingyas réfugiés que l'UNICEF gère à Cox's Bazar, au Bangladesh
(janvier 2025). Photo Kruglinski / UNICEF
Dans les camps surpeuplés de Cox’s Bazar, au sud-est du Bangladesh, où survivent plus d’un million de réfugiés rohingyas, l’éducation devient un luxe en voie d’extinction. Les espaces d’apprentissage gérés par l’UNICEF, déjà précaires, ferment les uns après les autres faute de financements internationaux.
« Quand on ferme une salle de classe, on ferme l’avenir d’un enfant » : en une phrase, le message vidéo de l’acteur Orlando Bloom, "ambasadeur de bonne volonté" pour l’UNICEF rappelle que l’éducation reste un luxe fragile pour les enfants réfugiés roynghias de Cox’s Bazar, au Bangladesh. Dans ces camps où s’entassent plus d’un million de personnes, dont plus de la moitié sont des mineurs, les coupes budgétaires forcent l’organisation à trier l’indispensable : soigner, nourrir, ou scolariser.
L’école en sursis dans les camps. À Cox’s Bazar, l’UNICEF et ses partenaires gèrent depuis des années des espaces d’apprentissage de fortune, souvent les seuls lieux où les enfants peuvent retrouver un semblant de routine et de protection. La réduction des financements internationaux entraîne la fermeture progressive de ces structures, transformant des classes déjà surchargées en privilège réservé à quelques-uns.
À Cox’s Bazar, au sud‑est du Bangladesh, s’étend aujourd’hui le plus grand ensemble de camps de réfugiés au monde, constitué d’un réseau de camps dont le méga‑camp de Kutupalong‑Balukhali. Ces camps accueillent principalement des Rohingyas ayant fui les persécutions et les opérations militaires menées depuis des décennies contre cette minorité musulmane dans l’État de Rakhine, au Myanmar.
Environ 1 à 1,1 million de réfugiés rohingyas vivent dans les camps du district de Cox’s Bazar, dont la majorité concentrée à Kutupalong et dans les camps avoisinants. La densité y est extrême : dans le seul méga‑camp de Kutupalong, on dépasse 40 000 personnes par km², avec une population composée à plus de moitié d’enfants et une forte proportion de personnes vulnérables.
Les familles vivent dans des abris de bambou et bâches, sur des collines déboisées, exposées aux moussons, aux inondations, aux glissements de terrain et aux incendies récurrents. L’accès à l’eau potable, à l’assainissement, aux soins de santé et à l’éducation dépend entièrement de l’aide humanitaire.
Les Rohingyas n’ont pratiquement pas le droit de travailler légalement ni de circuler librement hors des camps, ce qui crée une situation d’enfermement durable et de dépendance totale. Huit ans après les grandes vagues d’exode de 2017, aucune solution politique crédible (retour sûr au Myanmar, réinstallation ailleurs, intégration locale) ne se dessine, et de nombreuses organisations décrivent Cox’s Bazar comme un « camp de l’attente » où une génération entière grandit sans horizon.
Des choix « impossibles ». Face à des enveloppes en baisse, l’UNICEF doit prioriser les services vitaux comme la santé, l’eau potable et la nutrition, au détriment des programmes éducatifs. Or, l’agence rappelle que l’école est elle aussi une aide d’urgence, car elle protège les enfants des violences, du travail forcé et des mariages précoces qui prolifèrent dans les camps. « À l’heure actuelle, dans les camps de réfugiés de Cox’s Bazar, au Bangladesh, la crise financière menace de réduire à néant des années de progrès accomplis pour les enfants rohingyas » alertait déjà en octobre 2025 Carla Haddad Mardini, Directrice de la collecte de fonds privée et des partenariats de l’UNICEF.
Un appel à la responsabilité des donateurs. L’UNICEF cherche aujourd'hui à réactiver la solidarité des États et des donateurs privés, dont la mobilisation a fléchi à mesure que les crises se multiplient. L’organisation, présente dans plus de 190 pays, insiste sur le fait que chaque euro coupé se traduit concrètement par une classe qui ferme, un enseignant qui disparaît et une génération qui voit son avenir s’obscurcir un peu plus (voir ICI).
La rédaction des humanités





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