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Une autre COP est possible, elle commence même aujourd'hui


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Photo Eraldo Peres / AP


Scoop : hier, Donald Trump a fait caca ! Sinon, à Belém, un autre sommet s’ouvre en marge de la COP30 : celui des peuples. Face à l’inaction des grandes conférences climatiques et à la mainmise des intérêts économiques, plus d’un millier d’organisations venues du monde entier se rassemblent pour faire entendre une parole alternative. Et aussi, au fil du jour : hommage à Jack Ralite, et à Karl Marx (le musicien) ; nouvelles du vin chinois, du lithium chilien et du "bacha bazi" afghan.

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On ne va pas rouler des mécaniques... Pour espérer aller un peu plus loin, un passage par le contrôle technique s'impose. Le temps de décrasser le moteur, ces éphémérides prennent un peu de champ. Si tout va bien, retour de vacances le dimanche 16 novembre.

ÉPHÉMÉRIDES


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Jack Ralite. Photo DR.


Hommage et respect. Il y a 8 ans, le 12 novembre 2017, disparaissait Jack Ralite, que quelques lignes ne sauraient résumer. En 1981, il aurait pu et dû être ministre de la Culture, mais le rusé François Mitterrand ne voulait surtout pas d'un communiste à un tel poste : il nomma un autre Jack.

Ministre, sénateur-maire d'Aubervilliers, artisan-fondateur des États Généraux de la Culture en 1987, Jack Ralite a été à notre connaissance, le dernier parlementaire français à écrire lui-même, à la main, ses discours. Au Sénat, à la fin de ses interventions, quasiment tous les sénateurs applaudissaient, même de droite, même pas d'accord : ils applaudissaient le verbe.

Car le verbe, Jack Ralite savait s'en nourrir. Le verbe poétique, de préférence. « Toute pensée politique s'enrichit au contact d'une pensée poétique », disait-il. Emmanuel Macron, et beaucoup d'autres, auraient dû en prendre de la graine. « Parler ne suffit pas toujours mais si l'on ne dit pas n'importe quoi, c'est déjà quelque chose », disait encore Jack Ralite : «  Écrire, c'est une révolution de la pensée, ce n'est pas la même temporalité, cela ne prend pas la même voie. La politique, parce qu'elle est une chose qui s'écrit, puis qui se dit, a à faire avec la question du signe. (...) Cela tient à ma nature propre, mais la poésie a sa part. En parlant de poésie, Bernard Noël dit qu'elle est "le foyer de résistance de la langue vivante contre la langue consommée, réduite, univoque".

C'est tout à fait ça. Une résistance. L'inverse de "la communication triviale", l'inverse d'un "ouvre boîte", d'un "passe-partout universel" comme le soulignait si bien Julien Gracq. Je cite souvent les poètes parce qu'ils savent mieux dire que moi et parce qu'ils m'ont éclairé. Je me dis que puisqu'ils m'ont éclairé, ils peuvent en éclairer d'autres. Un politique qui se prive de cela mutile sa pratique. »


A lire : Karelle Ménine, La Pensée, la poésie et le politique (Dialogue avec Jack Ralite), édition Les Solitaires intempestifs, 2015, ICI.


Ce même 12 novembre, mais en 1897, naissait Karl Marx, mais pas celui que vous connaissez. Un autre Karl Marx ? Oui. Né à Munich, mort à Stuttgart en 1985, compositeur et chef d'orchestre. Dans les années 1930, il dirige le chœur du Bachverein de Munich (d'abord avec Edwin Fischer, puis Carl Orff) et signe ses premières compositions sur des textes de Rainer Maria Rilke. Dans le collimateur de la presse nazie (qui le confondait peut-être avec l'autre Karl Marx (issu d'une famille juive ayant rompu avec le judaïsme et adopté le protestantisme) et ayant refusé d'adhérer au parti national-socialiste, il disparut progressivement des programmes de concerts. Après guerre, il enseigna l’harmonie, le contrepoint et la composition à l’École supérieure de musique de Stuttgart, tout en continuant de composer : la cantate Und endet doch alles mit Frieden d'après des paroles de l'Hyperion de Friedrich Hölderlin pour solistes, chœur et orchestre op. 52 a été créée en 1953. Dans Hyperion, Hölderlin écrit notamment : « Ah ! qu’il est doux de souffrir, quand c'est pour la noble cause du cœur, / quand les tourments deviennent la source de l’espérance ! / Ô toi, tendre et sublime feu, éclaire mes pas. / Dans l’ombre des temps, je cherche ta lumière invisible, / je tends mes bras vers l’horizon où s’arrête la douleur. »


JOURNAL DE COP


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Lors de l'ouverture de la COP30 à Belém. Photo Eraldo Peres / AP


Une parole alternative face à l’urgence climatique mondiale


Un Karl Marx peut en cacher un autre ? C'est pareil avec la COP30. La conférence climatique mondiale, c’est un peu comme Avignon, il y a un festival OFF. Ce 12 novembre débute à Belém une "contre-COP", rassemblement alternatif organisé en marge de la COP30. Cette contre-COP veut porter une parole alternative face à l’urgence climatique mondiale. Regroupant plus d’un millier d’organisations de la société civile venue des quatre coins du globe, ce Sommet des peuples incarne la défiance grandissante envers des COP devenues, pour nombre d’observateurs et d’activistes, des vitrines où dominent les intérêts industriels et économiques au détriment d’une action réelle et ambitieuse.


Inspirée des luttes autochtones et des mouvements populaires, la contre-COP place au centre des débats la protection des forêts, de l’eau, des territoires et des droits des populations lourdement impactées par la destruction accélérée des écosystèmes. Les milliers de militants qui y participent dénoncent une décennie d’inaction aggravée depuis l’Accord de Paris, alors même que le seuil critique de 1,5°C de réchauffement planétaire est en passe d’être dépassé.


Ce rassemblement se veut aussi un appel à la justice climatique, sociale et environnementale, fondée sur la reconnaissance des savoirs autochtones et la défense des communs naturels face à la privatisation croissante soutenue par les États et les multinationales. Il vise à impulser une transition écologique radicale, juste et solidaire, rompant avec les compromis faiblards et les promesses non tenues qui ont marqué les COP institutionnelles depuis leur création.


Parmi les organisations qui participent à ce « Sommet des peuples » :

  • Des mouvements autochtones et populations traditionnelles, notamment la Rede Pan Amazônica (REPAM) et le Mouvement des peuples autochtones brésiliens (APIB) avec leur "COP autochtone".

  • Des organisations paysannes et agricoles, telles que la Confédération paysanne et Via Campesina.

  • Des ONG environnementales et mouvements de défense des droits humains, à l'image de Climate Action Network et du Mouvement des Affectés par les Barrages (MAB).

  • Des institutions universitaires et de recherche qui soutiennent le dialogue entre société civile et savoirs académiques, comme le CREDA (Centre de recherches et de documentation sur l'Amérique) et l’Université Sorbonne Nouvelle.

  • Des réseaux et coalitions thématiques pour la justice raciale, les droits des migrants, la justice sociale et la transition écologique juste.

  • Des acteurs locaux et internationaux, militants, scientifiques, artistes et représentants des mouvements sociaux, engagés dans des campagnes transnationales.

 

Quelques portraits brésiliens :


 


Joana Menezes (ci-dessus à gauche) est une mobilisatrice et articulatrice active de la Rede Eclesial Pan Amazônica (REPAM), une organisation catholique engagée dans la défense des peuples et des territoires de l’Amazonie. Elle a présenté un processus de dialogue et d’écoute mené avec plus de 60 mouvements sociaux, peuples autochtones, communautés quilombolas, ribeirinhas et universités. Ce travail a abouti à la rédaction de la "Carta de Demandas dos Povos da Amazônia", un document qui rassemble les revendications des peuples amazoniens et a été remis aux négociateurs de la COP30.


Ruth Corrêa da Silva (ci-dessus à droite) est sociologue et articulatrice du Programme de protection PROVITA-Pará ainsi que du Grupo de Mulheres Brasileiras (GMB). Elle est une figure importante du Sommet des peuples à Belém, où elle intervient notamment sur les défis pour la protection des mouvements sociaux dans le cadre de la contre-COP. Son travail se concentre sur la défense des populations locales, la protection des territoires amazoniens et la promotion des droits des femmes dans ces luttes.


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Ronaldo Amanayé (ci-dessus) est un leader autochtone du peuple Amanayé en Amazonie, particulièrement actif dans la région de Pará, au Brésil. Il est coordinateur exécutif de la Fédération des peuples autochtones de Pará (FEPIPA) et engagé dans la défense des droits territoriaux et culturels des peuples autochtones amazoniens. Ronaldo Amanayé défend les savoir-faire traditionnels comme base de la protection de la forêt amazonienne face à la déforestation et aux intérêts économiques qui la menacent. Il joue également un rôle clé dans les négociations et les discussions autour des projets de crédits carbone, avec un souci marqué pour que les communautés autochtones bénéficient pleinement des initiatives de compensation et conservent leur autonomie. Il milite pour la reconnaissance des territoires autochtones et pour un partage équitable des bénéfices issus des actions climatiques. Sa parole est critique à l'égard du gouvernement et des entreprises quand ces derniers tentent d'imposer des projets sans consultation ni transparence réelles.


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La 5e Foire Nationale de la Réforme Agraire initiée en mai 2025 par le Mouvement des Travailleurs Ruraux Sans Terre du Brésil (MST).


Pablo Neri est le coordinateur national du Mouvement des travailleurs ruraux sans terre (MST) au Brésil. Il est une figure engagée dans les luttes pour la réforme agraire et la justice sociale, militant activement pour la défense des droits des populations rurales et paysannes face aux dérives capitalistes et extractivistes. Membre de la Via Campesina, il œuvre pour la souveraineté alimentaire, la protection des terres agricoles et la promotion d’un modèle d’agriculture durable et respectueux des communautés locales.

Son implication dans le Sommet des peuples à la COP30 reflète l’importance de l’agriculture paysanne et des mouvements de la terre dans les débats climatiques, dénonçant la responsabilité des grands acteurs agro-industriels dans la dégradation environnementale et sociale. Pablo Neri met en avant la nécessité d’une transition écologique qui intègre les droits des travailleurs ruraux et lutte contre les inégalités structurelles liées au foncier et à l’usage des ressources.https://www.leshumanites-media.com/post/le-chili-avec-ou-sans-lithium


LE TOUR DU JOUR EN 80 MONDES


CHILI. Le lithium d'Atacama

A l'approche de l'élection présidentielle (lire ICI), Le Chili s’apprête à créer une coentreprise géante d’exploitation du lithium entre Codelco, la société minière publique, et SQM, privée, après l’accord validé par la Chine, principal marché. Ce projet vise à renforcer le contrôle étatique sur cette ressource stratégique extraite du désert d’Atacama, deuxième producteur mondial. Mais il suscite des critiques environnementales, notamment liées à la consommation excessive d’eau et à l’affaissement du sol, ainsi qu’une opposition politique à l’approche de l’élection présidentielle. La finalisation de la coentreprise est attendue avant la transition gouvernementale.

Le Chili occupe la deuxième place mondiale dans la production de lithium, principalement extrait du désert d’Atacama (voir ICI). La France aurait pu avoir une carte à jouer, mais après avoir longtemps snobé Gabriel Boric (président de gauche élu en décembre 2021), Emmanuel Macron s'est finalement rendu au Chili les 20 et 21 novembre 2024, notamment pour signer "un accord stratégique visant à développer un partenariat axé sur les métaux critiques, l'hydrogène vert, le stockage d'énergie et la filière des batteries". Trop tard : sur la route d'Atacama, la Chine était déjà en train de doubler tout le monde par la bande d'arrêt d'urgence.


CHINE. Du vin "made in China"

Pendant longtemps, les vins de Chine ont été un mystère pour l’Occident, synonyme d’imitation ou de curiosité exotique. Mais en quelques années, une génération de domaines menés par des entrepreneurs formés à Bordeaux, Montpellier ou Adelaide a changé la donne. 

Née sur les ruines de la viticulture d’État, la région du Ningxia concentre désormais plus de cent caves modernes et des dizaines de projets sous financement privé. Dans cette province, l’État central a vu un double intérêt : freiner la désertification et stimuler des filières agricoles à haute valeur ajoutée. Chaque barrique installée représente aussi une promesse d’emploi rural, là où la migration vers les grandes villes dépeuple les campagnes du Nord-Ouest. Avec ses 4.000 fûts en chêne importés de France et plus de 2.000 hectares, Xige Estate produit chaque année plusieurs millions de bouteilles vendues en Chine et à l’export. Face à la chute de la consommation liée à la campagne anticorruption de Xi Jinping, le vignoble adapte son offre, du vin haut de gamme aux canettes pour jeunes urbains. Derrière la réussite technique se cache aussi une mutation culturelle. Le vin n’était pas, traditionnellement, une boisson de convivialité en Chine, mais de prestige et de distinction. Sa popularisation récente s’explique par la mondialisation du mode de vie urbain : apéritifs entre amis, gastronomie fusion, attrait pour les produits “authentiques”. 

(source : Les Échos)


AFGHANISTAN. Le "bacha bazi"

En Afghanistan, la tradition séculaire du "bacha bazi" continue à transformer de jeunes garçons en divertissements sexuels. Bien qu'il soit totalement interdit, le "bacha bazi" reste une pratique courante, notamment parmi les talibans. L'invisibilisation des femmes accroît l'exploitation sexuelle de ces enfants. Pratiqué depuis des siècles dans le pays, le bacha bazi – qui signifie "garçons-jouets" en dari – relève de l'esclavage sexuel pédophile, asservissant majoritairement de jeunes garçons. "C'est le paradoxe et les contradictions de l'islamo-tribalisme en Afghanistan. D'un côté, l'homosexualité est condamnée et, d'un autre côté, le bacha bazi est une pratique assez courante. Mais, dans cette tradition, les jeunes garçons imberbes ne sont pas considérés comme des hommes", précise Firouzeh Nahavandi, spécialiste des pays musulmans non arabes et professeure honoraire à l'Université libre de Bruxelles.

(source : La Libre)


ÉTATS-UNIS. Exclusif : Donald Trump a fait caca

Ce n'est pas demain la veille que le FBI enquêtera sur Shein... Kash Patel, directeur du FBI nommé par Donald Trump, intrigue par ses activités financières. Entre avril 2024 et janvier 2025, il a été consultant pour Elite Depot Ltd, maison mère du géant chinois Shein basée aux îles Caïmans, recevant des stock-options valant jusqu’à 5 millions de dollars. Actionnaire du groupe non coté, il a refusé de céder ses parts, invoquant un faible risque de conflit d’intérêts, tout en s’engageant à rester à distance des dossiers concernant Shein. L’ancien juriste, proche de Trump et ex-chef de cabinet au Pentagone, revendique un goût pour les affaires : il a récemment boursicoté sur les titres ON Semiconductor et Krispy Kreme, ce dernier lui rapportant 45 % en quelques mois.


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Dessin Mike Moreu


Et scoop : hier, Donald Trump a fait caca ! Comme tous les jours, dira-t-on. Certes, mais hier, il paraît que ça sentait particulièrement mauvais. Peut-être qu'il a mal digéré les dernières élections, que ça flatule exagérément en son for intérieur... Un petit bilan de santé devrait s'imposer...


LE MOT DE LA FIN


Le mot de la fin revient, comme il se doit, à Jack Ralite :

« Si je me souviens bien je terminais chacune de mes allocutions par ces mots de Matisse : « Il faut que le peintre [... ] accepte que surgisse, sur sa toile, l'imprévisible. » Comment voudriez-vous que je dise cela mieux que lui ? La politique est souvent l'analyse de constats ; la poésie, l'art, une histoire d'horizon. Un discours politique doit s'écrire avec les deux... Je n'ai pas non plus oublié ce que disait le poète Philippe Jaccottet : « Platon voulait bannir les poètes de l'État. D'autres États les engagent à leur service, ce qui revient au même. Un État véritablement sage devrait, mais c'est beaucoup demander, leur réserver une place mais que cette place fût celle du gêneur perpétuel [...]. Oui, le poète n'est nécessaire que s'il demeure profondément inutile et inutilisable. »

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