Feuilleton Hernán Cortés #1. Le convive de pierre
- Anna Never

- il y a 12 heures
- 13 min de lecture

Jorge Gonzalez Camarena, La fusion de dos culturas (titre original : La conquista), réalisé en 1960
et conservé au Musée national d’histoire du château de Chapultepec, à Mexico.
Voyage en terre mexicaine sur les traces de Hernán Cortés, 1er épisode. Le ministre espagnol des Affaires étrangères a fini par concéder après moult dénégation, le 31 octobre dernier, qu’il y a bien eu « de l’injustice et de la douleur » dans la conquête espagnole du Mexique. À l’heure où les restes de figures historiques disputent encore leur place dans la mémoire collective, Hernán Cortés, l’un des conquistadores les plus controversés de l’Histoire, demeure au centre d’une querelle mémorielle brûlante. Entre contestations diplomatiques, querelles identitaires et légendes autour de deux squelettes célèbres — l’un attribué à l’empereur aztèque Cuauhtémoc, l’autre au conquérant espagnol — ce premier épisode explore comment, cinq siècles après la chute de Tenochtitlan, les ossements et les récits continuent d’alimenter débats et passions autour de l’héritage de la conquête.
« Il faut rendre justice à Cortés, héros de l’Espagne et du Mexique, et éviter la falsification anti-espagnole de notre rôle dans le monde ». Ainsi Santiago Abascal, chef du parti espagnol d’extrême droite Vox, réagissait-il le 4 avril 2019 au message vidéo par lequel Andres Manuel López Obrador, alors président du Mexique, annonçait avoir envoyé une lettre au pape et au roi d’Espagne « pour que le récit des abus soit fait et qu’une excuse soit présentée aux peuples indigènes [du Mexique] pour les violations de ce qu’on nomme aujourd’hui les droits de l’Homme ». « López Obrador, renchérissait Abascal, imprégné d’un socialisme indigéniste, ne comprend pas qu’en demandant à l’Espagne des réparations, il insulte en réalité le Mexique. » Mystères de l’hétérogénèse des fins…
Le gouvernement espagnol, lui aussi piqué au vif, répondait à la même occasion au président mexicain que « l’arrivée, il y a 500 ans, des Espagnols sur le territoire mexicain actuel ne peut pas être jugée à l’aune de considérations contemporaines », en regrettant que des extraits de la missive incriminée - et incriminante - aient fuité dans la presse : « Le gouvernement d’Espagne regrette que la lettre envoyée par le président mexicain à sa majesté le roi, dont elle rejette fermement le contenu, ait été rendue publique ». Il est notoire, en effet, que l’extermination par les armes et les maladies de 90 % de la population autochtone pré-mexicaine pendant le premier siècle de la domination coloniale, ait été restée jusque-là cantonnée aux seules coulisses des relations diplomatiques bilatérales !
Débutait ainsi une querelle mémorielle brûlante, que les mots indulgents du ministre des Affaires étrangères espagnol ne vinrent que partiellement apaiser. Au lendemain de ces déclarations (que les humanités signalaient ICI), le quotidien catalan La Vangardia recommandait la prudence contre les excès d’enthousiasme, car le ministre, tout en reconnaissant « l’injustice » et « la douleur » infligées aux indigènes il y a cinq siècles, s’était bien gardé de mettre dans la même phrase aussi les mots « conquête » et, surtout, « pardon ». « Des clairs-obscurs », analysait Albares - plutôt obscurs que clairs, dirait-on. « L’Espagne ne s’excusera jamais pour sa geste civilisatrice ni pour son œuvre d’universalité fraternelle », aboyait de son côté, dans sa véhémence habituelle, Santiago Abascal, champion de l’ultra-nationalisme hispanique, en réagissant aux paroles du ministre espagnol comme il l’avait fait à celles du président mexicain.

Dans une photo publiée en 2021 sur son compte Twitter, Santiago Abascal, leader du parti d'extrême droite Vox,
posait avec un casque à la façon d'Hernán Cortés.
Santiago Cortés dit Hernán Abascal
En 2021, à l’occasion du 500e anniversaire de la chute de la capitale aztèque Tenochtitlan, aujourd'hui Mexico -qui, soit dit en passant, coûta la vie à 100.000 à 240.000 indigènes - et alors que le président Obrador réitérait sa demande d’excuses sans aucun effet, notre paladin de la cause pan-hispanique revenait à la charge : « L’Espagne ne doit pas s’excuser pour l’œuvre de Cortés, ni pour la construction de la civilisation hispanique en Amérique ». Une œuvre civilisatrice qu’il décrivait ainsi, dans un message posté sur Facebook le 13 août 2021, jour anniversaire de la conquête : « Il y a 500 ans aujourd’hui, une armée espagnole menée par Hernán Cortés et des alliés indigènes obtenait la reddition de Tenochtitlan. L’Espagne réussissait à libérer des millions de personnes du régime sanguinaire et terroriste des Aztèques. Fiers de notre histoire ».
Cela aurait pu s’arrêter là, mais non. Le 9 octobre 2021, alors que les tensions causées par la démarche d’Obrador frôlaient l’incident diplomatique, Vox déposait devant le Congrès espagnol deux motions, l’une tendant à demander au Mexique de restaurer la tombe de Cortés, qui se trouve sur son territoire, l’autre exigeant que ses institutions ingrates se décident enfin à lui rendre hommage, témoignant du « respect dû à l’un des plus grands représentants de la civilisation occidentale » (ICI). Décidément, ce défenseur de la conquête, qui promeut par ailleurs l’hispanicité de l’Amérique Latine dans le cadre d’une initiative au nom évocateur de Reconquista (ICI) ne souffre point du virus « indigéniste » ayant brouillé la vision historique de l’ancien président mexicain.
En revanche et de toute évidence, ce même virus doit sévèrement frapper l’actuelle présidente du Mexique, Claudia Sheinbaum, qui refusa en 2024 d’inviter le roi d’Espagne Felipe VI à sa cérémonie d’investiture, la lettre de son prédécesseur étant restée sans réponse. En guise de représailles, le gouvernement espagnol, qui, lui, avait bien été invité, annonçait qu’il n’allait envoyer aucune délégation, en estimant que l’exclusion de sa majesté relevait d’un affront inexcusable. Trop d’indulgence pour Santiago Abascal qui maugréait dans un communiqué publié sur Facebook le 30 septembre 2024 : « Le gouvernement ne défend ni notre histoire ni nos symboles. Exclure le roi, c’est humilier l’Espagne devant le monde et céder à un agenda idéologique hostile à notre nation. »

L'église de l'Hôpital de Jésus, à Mexico, où reposent les restes de Hernán Cortés
Hernán Cortés, qui ressurgit constamment dans cette longue diatribe, gît oublié de tous dans une niche creusée dans le mur de la nef nord d’une petite église secondaire de Mexico, attenante à l’hôpital de Jésus Nazaréen, que le conquistador avait fait construire pour les soldats espagnols en terre mexicaine en 1524. La seule indication de sa présence est une plaque, portant une inscription on ne saurait plus laconique : « Hernán Cortés. 1485-1547 ». Enfin, si la majeure partie de lui repose dans cette niche, sous cette plaque, quelques poignées de poussière sont toutefois retournées en Espagne en 1947, dans la valise d’un pharmacien.. On y reviendra.

Le Monumento al mestizaje, dans le parc de Xicotencatl, à Coyoacán (Mexique).
Volée en 2013, la statue de l'enfant n'a jamais été retrouvée.
Le premier métis de l’histoire mexicaine
Un jour de 1982, lorsque le président mexicain d’orientation hispaniste José López Portillo (1) fit installer dans le centre de Coyoacán, près de la maison où Hernán Cortés vécut tout de suite après la conquête (le temps que la capitale qu'il avait rasée soit reconstruite), un monument destiné à célébrer l’identité du Mexique en tant que nation métisse. La sculpture avait été commandée à un artiste hispano-mexicain, Julián Martínez Soros, reconnu pour son engagement, qui s’était déjà fait remarquer avec des statues de Cardenas (2) et Zapata (3). Mais le choix était tombé sur lui aussi pour une autre raison : Julián Martínez Soros faisait partie des Niños de Morelia, le groupe de 451 enfants de Républicains espagnols envoyés au Mexique en 1937 pour fuir la guerre civile. Ils avaient embarqué à Bordeaux, et sur le navire français Mexique, ils étaient arrivés à Veracruz, le 7 juin de la même année, pour être accueillis à Morelia, dans l’État de Michoacán. Ils avaient d'abord été logés dans des écoles transformées en pensionnats de fortune, la solution étant censée n’être que temporaire. Malheureusement, les parents républicains perdirent la guerre, et les enfants ne purent jamais plus revenir. Beaucoup parmi eux finirent par se faire une place dans le milieu intellectuel et culturel mexicain, en ayant généralement un engagement politique plutôt orienté à l’apaisement de la mémoire coloniale. Ce fut le cas pour Julián Martínez Soros, ce niño de Morelia décédé en mai 2000, qui voulut incarner par son art cet esprit de réconciliation, au nom de la solidarité que le Mexique avait démontrée à l’endroit des enfants comme lui. Lorsque le président Portillo lui demanda de sculpter Hernán Cortés pour remémorer au pays que tout, dans la colonisation, n’était pas venu pour nuire, il se l’imagina flanqué de deux autres personnages, ou mieux, quatre : dans l’ordre, un lion représentant l’empire espagnol, la Malinche - la princesse indigène qui fut maîtresse et interprète du conquistador, en jouant d’ailleurs un rôle crucial dans les contacts entre Cortés et les tribus autochtones qu’il parvint à rallier à sa cause -, un aigle représentant l’empire aztèque, et un peu plus loin, sur le devant, un enfant, un bras levé vers l’horizon, comme à montrer l’avenir. Et l’avenir du Mexique, c’était lui-même, car la statue représentait Martin Cortés, fils du conquistador et de La Malinche, et donc, selon le mythe, premier métis de l’histoire mexicaine. Cette statue a disparu en 2013, volée par des inconnus et jamais retrouvée depuis...

La Marina ou Malinche, huile sur toile d'Alonso Sánchez Coello, XVIe siècle. Collection privée.
Quant à La Malinche, reconnue par les milieux académiques et intellectuels comme une figure historique complexe et nuancée, elle est en réalité perçue dans la culture populaire plutôt comme le symbole du pêché originel d’un Mexique qui se rend à l’envahisseur, que comme celui de l’union et de l’apaisement. Comme le racontait en 1997 le New York Times, ce sentiment de mépris mal dissimulé est aussi enraciné que le mot « malanchista », qui désigne un amateur des étrangers un peu traître sur les bords... Ajoutons encore que la maison dans laquelle La Malinche vécut avec Cortés, au numéro 57 de la rue Higuera, à Coyoacán, qui fait partie du circuit touristique officiel de la ville, est boudée par les locaux qui la considèrent hantée. Peut-être non à tort : la légende veut que Cortés y écrivit certes ses chroniques pour le roi, mais aussi qu’il y étrangla Catalina Suárez, sa première épouse (5). Vive l’ambiance !
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui Cortés et sa belle esclave regardent l’horizon - cherchant peut-être à savoir où se serait passé leur fils - sous les verdures d’un parc de Coyoacán qui porte le nom de Xicotencatl, non pas l’Ancien, qui fut un allié de Cortés, mais le Jeune, qui lui fit la guerre, en finissant par se faire exécuter en 1521 après la chute de Tenochtitlan. Lors de l’inauguration du monument, en 1982, les protestations outragées des habitants du quartier, choqués qu’on veuille célébrer le génocide et l’esclavage sexuel, furent si virulentes que les autorités furent contraintes de déplacer le monument, et le "cacher" sous les arbres du parc (ICI). On dit que l’opération se fit à la faveur de la nuit.

Le buste de Hernán Cortés dans le patio de l'église de l'Hôpital de Jesus, Mexico
Le buste de la discorde
José López Portillo était le même qui avait, une dizaine d’années auparavant, dans les années 1970, célébré l’inauguration des rénovations ayant permis à l’Hôpital de Jésus, dont l’église abritant les restes de Cortés est une annexe, de se refaire une beauté. À cette occasion, on avait fait installer dans le patio de l’hôpital un buste en bronze représentant le conquistador, buste qui s’y trouve encore aujourd’hui. Il s’agit d’une copie d’une autre sculpture, beaucoup plus ancienne, que le vice-roi de Nouvelle-Espagne avait commandée à l’artiste Manuel Tolsá à la fin du XVIIIe siècle. La démarche inspirant cette inauguration officielle de travaux de rénovation relevait de la même logique que l’installation du Monumento al mestizaje sur la place de Coyoacán : la conquête est la conquête, personne ne nie qu’elle eut des terribles conséquences sur les populations indigènes mexicaines, mais elle fait partie de l’histoire du pays tout comme de son identité culturelle. Sauf que, à cette occasion aussi, une foule de citoyens mexicains, pas du tout d’accord avec cette vision édulcorée de ce qu’ils considéraient comme un ensemble d’atrocités sans nom, manifestèrent sans filtres leur hostilité à la manœuvre consistant à réhabiliter le passé, au lieu d'exiger qu’on s’en excuse : les autorités durent fermer le portail de l’hôpital pour éviter que les manifestants y pénètrent, surement pour s’emparer du buste et le jeter aux orties, avec la mémoire de celui qu’il représentait avec.

Particulier du mural de Diego Rivera Historia del Estado de Morelos - Conquista y Revolucion, au Palais de Cortés à Cuernavaca, Mexique
Un muraliste au palais
Mais celui qui "prit le plus cher" est sans doute le Palais de Cortés à Cuernavaca, ancienne demeure du conquistador d’où il exerça son pouvoir sur la Nouvelle-Espagne. Il le fit construire entre 1523 et 1528 sur les ruines d’un ancien (pour nous) site aztèque qui avait servi avant la conquête comme centre de collecte des tributs, et que Cortés avait fait raser pour asseoir symboliquement son autorité. Resté dans le patrimoine des descendants de Cortés jusqu’au XVIIIe siècle, le palais fut utilisé comme prison pendant la guerre d’indépendance, puis comme entrepôt. Depuis le XXe siècle, il est inscrit au patrimoine historique - constituant l’édifice colonial le plus ancien encore conservé sur le territoire américain - et abrite le musée régional d’histoire des peuples de Morelos. À part la valeur architecturale - construit en un mélange de gothique et mudéjar, le style typique des demeures nobles de l’Espagne du XVIe siècle, avec grandes arcades, murs de pierre et fortifications témoignant de sa fonction civile et à la fois militaire - le Palais de Cortés est aussi très important pour le patrimoine culturel mexicain car il abrite les murales parmi les plus connus de Diego Rivera, que l’artiste y réalisa en 1931 (ICI). Son Historia del Estado de Morelos – Conquista y Revolución a ainsi inscrit à jamais dans le corps même du bâtiment le récit anticolonialiste de la résistance indigène, et ce qui plus est, grâce à la main habile de l’un des défenseurs les plus acharnés et militants du passé et de l’identité préhispanique du Mexique. « J’ai décidé de représenter des scènes de l’histoire de la région sur seize panneaux consécutifs, en commençant par la conquête espagnole, expliquait l’artiste. Les épisodes comprenaient la prise de Cuernavaca par les Espagnols, la construction du palais par le conquistador et la création des raffineries de sucre. Le dernier épisode était la révolution paysanne menée par Zapata. Sur les panneaux illustrant les horreurs de la conquête espagnole, j’ai dépeint le rôle inhumain de l’ancienne Église dictatoriale. » Pas mal pour la maison du symbole de la conquête espagnole, que celui-ci avait de plus conçue comme une ultime gifle à la dignité des peuples soumis, la faisant surgir de terre précisément sur les restes de leur culture meurtrie.

La statue de Hernán Cortés à Medellin, Estrémadure, Espagne. Getty Images
Avoir ou pas une "tête d’indigène"
Malgré les doléances de Santiago Abascal, il ne faut pas penser qu’en Espagne les choses se passent beaucoup mieux. Cortés est un personnage incommode, et peu sont les marques mémorielles qui témoignent de son passage et de son entreprise dans sa mère patrie. En 1890, à Medellín, sa ville natale d’Estrémadure, on avait fait ériger un monument qui, s’il était tout à fait dans l’esprit du temps à l’époque, a fini, au fil des années, par devenir quelque peu odieux aussi aux Espagnols contraints de le voir. En effet, c’est impossible de ne pas le voir. La statue, conçue sur commande de l’État par l’artiste Eduardo Barrón González, fait 8 mètres de hauteur et pèse 3 193 kilos. En bronze, elle a été réalisée en faisant fondre d’anciens canons de guerre, fournis grâce à l’intervention du député libéral Carlos Groizard, homme politique et historien reconnu de son époque, qui souhaitait ainsi faire un lien entre la grandeur du conquistador et l’honneur militaire national. Eduardo Barrón s’était déjà, d’ailleurs, distingué par ses sculptures inspirées du style classique, représentant les figures historiques sous un jour noble et majestueux.
Ce ne fut pas l’allure majestueuse de Cortés représenté en conquérant qui, en 2010, embêta un groupe de militants anticolonialistes se signant « Citoyens anonymes », mais la tête coupée d’un indigène que Cortés semble indéniablement écraser sous ses pieds, une expression de souveraine indifférence figée sur son visage de pierre. Raison pour laquelle ils poussèrent la statue au bout de son raisonnement en l’éclaboussant de peinture rouge sang. « Une glorification cruelle et arrogante du génocide et une insulte au peuple mexicain », pouvait-on lire dans un tract largué en plusieurs exemplaires dans les rues de Medellín pour que le vent emporte une autre vision de l’histoire. Il est vrai que la ville natale d’Hernán Cortés a une allure plutôt conservatrice, et c’est probablement le seul lieu au monde où la mémoire du conquistador est conservée avec une certaine fierté. « Mais ce n’est pas la tête d’un indigène ! » s’écria le maire de Medellín à l’occasion de cet acte de vandalisme, qui, selon lui, témoignait d’une ignorance formidable de l’histoire, s’agissant en réalité de la tête d’une idole. Il est vrai qu’en la regardant de près le doute est permis, mais, quoi qu’il en soit, c’est vrai aussi que Cortés coupa majoritairement des têtes d’indigènes. « Je ne sais pas si c’est une offense culturelle, confiait le maire indigné à El Mundo, qui s’était aussitôt rendu sur les lieux du crime. Mais [le monument] [ou cette tête coupée] n’a pas l’intention d’offenser, mais plutôt de rendre hommage à un enfant de cette ville »...
Au fait comment le conquistador en est-il arrivé à faire des vieux os au Mexique ? Et que s’est-il passé entre-temps, pour qu’en Espagne on le barbouille de peinture rouge et qu’au Mexique on le boude à un tel point qu’un élu espagnol aux allures sinistres se préoccupe autant de son sort, 500 ans après ? C’est une longue histoire, qui commence par un testament et se poursuit par un voyage transocéanique, un complot contre le roi et une dissimulation de cadavre...
La suite au prochain épisode : on partira sur les traces d’un squelette à la bougeotte digne de la relique d’un saint.
Anna Never
NOTES
(1). José López Portillo, membre du Parti révolutionnaire institutionnel (PRI), a exercé la présidence du Mexique du 1er décembre 1976 au 30 novembre 1982. Par « orientation hispaniste », on entend ici une conception qui met l’héritage espagnol (linguistique, culturel, parfois religieux) au cœur de la nation et de sa diplomatie, plutôt qu’une valorisation prioritaire des composantes indigènes ou d’une identité latino-américaine plus métissée. Portillo fut en effet un ardent défenseur de la place centrale de la langue et de la culture espagnoles dans l’identité mexicaine et dans les relations du Mexique avec le monde hispanophone.
(2). Lázaro Cárdenas del Río (1895‑1970) fut une figure majeure de la politique mexicaine du XXe siècle, et président du Mexique entre 1934 et 1940. Il est surtout connu pour sa grande réforme agraire, la nationalisation du pétrole en 1938 (avec la création de la compagnie Pemex) et son positionnement à gauche, favorable aux paysans, aux ouvriers et aux exilés de la guerre d’Espagne.
(3). Emiliano Zapata, paysan révolutionnaire originaire de l’État de Morelos, fut une figure emblématique du sud du pays pendant la Révolution mexicaine (1910-1920). Il mena notamment la lutte armée pour la restitution des terres collectives aux villages indigènes, spoliées suite à des réformes agraires soutenues par la dictature de Porfirio Díaz, qui avaient nationalisé les propriétés collectives indigènes pour les revendre aux grands exploitateurs fonciers, en instaurant un régime de latifundisme.
(4). La Malinche, aussi appelée Malintzin ou Doña Marina (née vers 1500-1505, morte vers 1529-1551) était issue d’une famille noble de Veracruz. Elle fut vendue enfant aux Mayas de Tabasco après la mort de son père, et elle fut offerte à Cortés en 1519 avec d’autres esclaves ; ses talents linguistiques (nahuatl, maya, puis espagnol) lui permirent de jouer un rôle clé dans les négociations et alliances contre les Aztèques.
(5). Née vers 1485-1490 à Cuba, Catalina Suárez épousa Hernán Cortés en 1514 ou 1516 à Santiago de Cuba, dans un mariage arrangé pour des raisons sociales et économiques. Peu après le départ de Cortés pour le Mexique en 1519, elle le rejoignit à Veracruz en mai 1522, malgré les dangers, et s’installa avec lui à Coyoacán. Elle mourut subitement en novembre 1522 (peu après son arrivée), à l’âge de 32-37 ans ; des rumeurs contemporaines et postérieures, alimentées par les ennemis de Cortés, accusèrent le conquistador de l’avoir étranglée lors d’une dispute conjugale. Mais Les historiens modernes considèrent cela comme une calomnie non prouvée : les autopsies d’époque (effectuées par des médecins espagnols) conclurent à une mort naturelle. Cortés fut interrogé mais jamais condamné.
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