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Black Friday ou Rafflesia hasseltii ? (le nouvel hebdo Cultures des humanités)

Dernière mise à jour : il y a 5 jours


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Photo Ativa. Biennale de photographie en Guyane


Comme disait le poète haïtien Carl Brouard, « Nous sommes une grande vague qui s'ignore ». Alors, contre vents-Bolloré et marée-Bardella, on lance un nouvel hebdo Cultures (à suivre chaque samedi). Au premier menu du premier jour, un texte inédit de Jean Baudrillard sur la fast-fashion ; la princesse Rafflesia hasseltii qui se réveille de 13 ans de bouderie ; Emmanuel Macron qui préfère le nickel aux êtres vivants ; les esprits rebelles du carnaval guadeloupéen Voukoum ; le tango thérapeutique à Clermont-Ferrand ; le "Place aux jeunes" de Berthe Weill, pionnière oubliée de l’art moderne qui a lancé Picasso, Matisse, Modigliani et des dizaines d’artistes femmes. Et, cerise sur le gateau, portfolio : jusqu’au 24 janvier 2026, la neuvième Biennale des Rencontres Photographiques de Guyane explore la florestania – citoyenneté de la forêt – face aux dystopies écologiques mondiales.


 J-32 : DONS DÉFISCALISABLES JUSQU'AU 31/12/2025  

Compte à rebours : Il nous reste 32 jours pour espérer réunir d'ici le 31 décembre entre 3.500 € et 4.000 €, de façon a améliorer le site et son référencement et pouvoir salarier un.e premier.e journaliste, conditions exigées pour pouvoir espérer (enfin !) de possibles aides publiques en 2026. Depuis le lancement de cette campagne (le 31 octobre), vingt-cinq donateurs, 1.980 €.

Pour mémoire, nous avons fait le choix d'un site entièrement gratuit, sans publicité, qui ne dépend que de l'engagement de nos lecteurs. Jusqu'au 31/12/2025, les dons sont défiscalisables (à hauteur de 66% du montant du don). Un don de 25 € ne revient ainsi qu'à 8,50 € (17 € pour un don de 50 €, 34 € pour un don de 100 €, 85 € pour un don de 250 €). Dons ou abonnements ICI

 LES CITATIONS DU JOUR

« Nous allons rendre l’homme à l’homme. – À la place des cris nous allons mettre l’acte. – Le sang nous a brisés, le sang nous a sauvés. – À nouveau le soleil bronze le corps du peuple… Dans les yeux du soleil plantons notre certitude. » (Jean Sénac, poème "Istiqual El Djezairi")

Né il y a 99 ans, le 29 novembre 1926, Jean Sénac est un poète et écrivain algérien. Son œuvre porte souvent sur la quête d'identité algérienne, la résistance et la liberté, mêlant des thèmes personnels et politiques avec un style intense et passionné.

«  Nous sommes une grande vague qui s'ignore. » (Carl Brouard, poème "Vous")

Mort il y a tout juste 60 ans, le 29 novembre 1965, Carl Brouard est un poète haïtien majeur de l'indigénisme, connu pour son style bohème, sensuel et social, célébrant le vaudou, la vie populaire et ses excès personnels dans des recueils comme Écrit sur du ruban rose (1928) ou Dialogue des dieux (1938). Figure controversée de la littérature haïtienne, il fréquenta les bistrots de Port-au-Prince, collabora à La Revue Indigène et fonda Les Griots en 1938 avec François Duvalier, avant une période de silence due à l'alcoolisme.

« À cette époque incroyablement ancienne, celle de mon enfance, avant que la pollution lumineuse ne rende la plupart des étoiles invisibles aux citadins, un garçon dans un jardin de Bombay pouvait encore lever les yeux vers le ciel nocturne et entendre la musique des sphères et voir avec une joie humble le large ruban de la galaxie. Je l'imaginais dégoulinant de nectar magique. Peut-être qu’en ouvrant la bouche, une goutte pourrait y tomber et alors je serais immortel, moi aussi. » (Salman Rushdie)

Extrait de "La persistance du récit", texte inédit de Salman Rushdie publié au tout début des humanités en mai 2021 (ICI)


 MINI ÉPHÉMÉRIDE


La Lindosa, chapelle Sixtine des Andes


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Pour rappel : il y a 5 ans, le 29 novembre  2020, la découverte publique d'un site majeur d'art rupestre était annoncée dans la Serranía de La Lindosa, en Amazonie colombienne, avec des milliers de peintures datées d'environ 12 500 ans.​ Les peintures rupestres de la Serranía de La Lindosa, une chaîne de falaises de 13 km dans le département de Guaviare, ont été signalées dès le XIXe siècle par Agustin Codazzi et documentées en 1943 par Richard Evans Schultes, avec les premières photos prises dans les années 1980. Son importance exceptionnelle—environ 75 000 peintures sur 40 falaises—a été rendue publique en 2020 via des fouilles et publications scientifiques, surnommée la « chapelle Sixtine des Andes ».​ Ces œuvres en ocre rouge et jaune représentent humains, animaux (dont mégafaune disparue comme paresseux géants et mastodontes) et scènes de chasse dans des abris sous roche.


 Le cours des choses


Voilà, c'est bientôt fini.

Novembre, on veut dire. Nous, aux humanités, sauf si vous y voyez un inconvénient, on continue encore un peu. Même que Bolloré, même pas peur, on va voir ce que va voir. Pareil pour Bardella et toute la facho-clique à claques. Même qu'à 32 jours de la fin de notre "compte à rebours", on est est à peu près à moitié de notre objectif "pour mettre un peu de beurre". Même que la confiance, qui n'est pas cotée en bourse, nous accompagne. Même que de nouveaux renforts nous arrivent, d'ici et des ailleurs, dont une quantité non négligeable de moins de 30 ans. Si la jeunesse nous rejoint en humanités, pour sûr, ça va dépoter...


Un texte inédit de Jean Baudrillard



GALERIE. De gauche à droite : A Woodstock (ça ne s'invente pas), en Géorgie états-unienne, la petite Eva Klein est assise au fond du caddie de sa grand-mère tandis que les clients parcourent les rayons du grand magasin Kohl's à l'occasion du Black friday,

le vendredi 28 novembre 2025 (Photo Megan Varner / AP). A Bloomington, dans le Minnesota, les acheteurs font la queue

pour entrer dans le Mall of America afin de profiter des promotions du Black friday (Photo Adam Bettcher / AP).

A Woodstock (bis), un tee-shirt à l'effigie du Black friday (Photo Megan Varner / AP)


Hier, aux États trumpo-désunis (et, hélas, partout dans le monde), c'était Black friday. Certains ont ainsi pu dépenser les sous qu'ils n'ont pas, pour acheter des trucs dont ils n'auront jamais besoin. Comme disait le camarade Reiser, On vit une époque formidable ... Nonobstant, notre enquête certainement exclusive sur Shein va bon train. Elle devrait être cuite à point pour lundi ou mardi. En attendant, Jean Baudrillard (mort le 6 mars 2007), auteur de La Société de consommation (1970), nous a d'ores et déjà fait parvenir un texte forcément inédit :


« Shein n’est pas seulement une enseigne : c’est la perfection numérique du simulacre textile. Rien n’y existe vraiment, sinon l’ombre d’un vêtement projetée à la vitesse algorithmique. L’ultra-fast fashion n’imite plus la mode ; elle imite l’imitation elle-même, jusqu’à abolir toute origine. Chaque robe, chaque haut, n’est que la reproduction accélérée d’un désir déjà épuisé au moment où il apparaît.

L’objet vestimentaire y perd son statut. Il ne signifie plus rien : il circule. Flux pur, sans mémoire, sans intention. Le tissu n’est qu’un prétexte pour faire tourner la machine des clics, un support provisoire pour une image aussitôt remplacée. L’obsolescence n’est plus une conséquence : c’est le moteur symbolique du système.

Shein réalise le rêve de la mode contemporaine : produire non pas des vêtements, mais l’illusion infinie de nouveauté. Le corps lui-même disparaît derrière l’écran, réduit à un mannequin statistique que l’algorithme habille et déshabille à volonté. Le consommateur devient spectateur de sa propre dépossession, se laissant absorber par un catalogue infini où les différences ne sont que des variations microscopiques destinées à maintenir l’illusion du choix.

Dans cette accélération, la mode cesse d’être un langage : elle devient un bruit, un fond continu, un vertige. L’ultra-fast fashion n’habille plus le monde ; elle le dissout. Et peut-être que la véritable nudité contemporaine consiste précisément à être saturé de vêtements qui ne signifient plus rien. »

pour copie non conforme, Jean Baudrillard


Les petits plats dans les grands : un nouvel hebdo cultures


En ce samedi de fin novembre, qui était jour du genièvre (*) dans le calendrier révolutionnaire, on a décidé de mettre les petits plas dans les grands. Contre toute attente, et pour peu raisonnable que ce soit, on lance un nouveau magazine : l'hebdo cultures des humanités. De cera désormais chaquec samedi, parce que ça nous dit (bien). On sait d'avance que l'on risque fort de décevoir car ce ne sera pas trop mainstream.


(*) - Le genièvre : eau-de-vie traditionnelle originaire des Pays-Bas et de Belgique, aromatisée aux baies de genévrier (Juniperus communis), considérée comme l'ancêtre du gin moderne. Inventé vers 1650 par le médecin hollandais Franciscus de le Boë comme potion médicinale diurétique et tonique à base de vapeurs d'alcool de grain passées sur des baies de genévrier, il s'est popularisé au XIXe siècle avec la révolution industrielle. Introduit en France après la Révolution, il compte une centaine de distilleries dans le Nord-Pas-de-Calais et la Picardie dès 1800, aujourd'hui avec une IGP. Servi en digestif (ou apéritif pour les versions blanches), il parfume la gastronomie régionale : gaufres, pâtés, potjevleesch, sauces, ou flambages. Les baies de genévrier, aux notes résineuses et poivrées, servent aussi d'épice en cuisine nord-européenne. Voir par vexemple le site de la distillerie Meunier, à Voiron, en Isère (ICI).


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Rafflesia hasseltii, l’une des fleurs les plus rares au monde


Avec ou sans genièvre, au premier menu du premier jour :


  • Les plantes, ça fait bien partie de la culture, non ? Après treize ans de recherches, une équipe indonésienne-britannique a redécouvert en pleine jungle de Sumatra la Rafflesia hasseltii, l’une des fleurs les plus rares au monde. Observée pour la première fois depuis plus d’une décennie, cette éclosion fugace relance l’alerte sur la fragilité des forêts tropicales et l’urgence de préserver les derniers refuges de biodiversité hors des zones protégées.

    https://www.leshumanites-media.com/post/rafflesia-hasseltii-la-princesse-se-r%C3%A9veille


  • La vie humaine aussi, ça fait partie de la culture. Son peuple de chasseurs-cueilleurs voit son territoire et sa culture s’effondrer sous la pression du boom du nickel destiné aux batteries de la transition énergétique. À 64 ans, Ngigoro, membre de la communauté Hongana Manyawa, a quitté pour la première fois l'île de Halmahera, en Indonésie, pour venir jusqu’à Paris supplier la France de stopper l’expansion de la mine géante de Weda Bay, en partie contrôlée par Eramet.

    https://www.leshumanites-media.com/post/halmahera-paris-le-cri-de-ngigoro-contre-la-ru%C3%A9e-vers-le-nickel-qui-menace-son-peuple

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  • Berthe Weill : "Place aux Jeunes". Pionnière oubliée de l’art moderne, Berthe Weill fut la première femme galeriste de Paris et l’une des découvreuses les plus audacieuses de l’avant-garde. Née en 1865 dans une famille modeste, elle lança Picasso, Matisse, Modigliani et des dizaines d’artistes femmes, défendant sans relâche la « nouvelle peinture » malgré les scandales, les crises et l’antisémitisme. De sa minuscule boutique de Pigalle à ses galeries successives, Weill a façonné l’histoire de l’art tout en disparaissant presque des mémoires.

    https://www.leshumanites-media.com/post/berthe-weill-place-aux-jeunes


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PORTFOLIO. Et pour la fin, on a gardé la cerise sur la gâteau :

Dans la dense Amazonie guyanaise, la photographie devient vigie et laboratoire politique. Jusqu’au 24 janvier 2026, la neuvième Biennale des Rencontres Photographiques de Guyane explore la florestania – citoyenneté de la forêt – face aux dystopies écologiques mondiales. Luiz Braga et une dizaine d’artistes d’Amérique latine, des Caraïbes et d’Afrique tissent des récits visuels où humains, arbres et esprits coexistent, offrant une utopie vivante au cœur de l’Amazonie.

nos  thématiques  et  mots-clés

Conception du site :

Jean-Charles Herrmann  / Art + Culture + Développement (2021),

Malena Hurtado Desgoutte (2024)

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